Doubles fonds
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Aperçu du livre
Doubles fonds - Marjolaine Makelele
Doubles fonds
Marjolaine Makelele
Doubles fonds
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Remerciements à Isabelle Figoli
Photo de couverture : Gérard Perret
marjolaine.makelele@laposte.net
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01335-0
... elle navigue ainsi toutes voiles dehors, en haute mer, alors que je louvoie le long des côtes ; [...] bref elle est ce que je n'ai jamais été : une vraie femme. Et puis une certaine sensualité se dégage de sa personne (les raisins sont mûrs)...
Virginia Woolf, Journal
Le coup de feu, même depuis l’autre côté de la rue, me froisse au moins deux tympans. Fou comme une voiture fait caisse à résonnance. Et un deuxième coup, et un troisième. Et puis, courtois, le flic referme la portière arrière sur le filet de fumée s’échappant. Il dit quelques mots au chauffeur et le regarde repartir ; et va tranquillou s’acheter des clopes ou des chwingues à l’estanco du coin.
Il s’est passé quelque chose ?
La piazza est toujours aussi ensoleillée, c’est beau ces larges avenues pavées, tracées droites avec frondaisons immenses ombrant magnifiquement contre-allées et trottoirs ; et toujours cette tranquillité du Sud où sieste, lenteur, bonhommie, herbounette pointant entre les pavés, donnent le tempo.
Moi j’ai la tête virée coton, les jambes qui flageolent. Une peur panique me bouffe les entrailles. Cette fille, qui m’avait toute chamboulée terrible, c’est...
Mais autant raconter l’histoire{1}.
Prologue
— Moun Dieù que c’était bèau{2} ! Aviait mèsme les alliés à la Malou qu'aviaient venu, tous avé leurs... pichouns coumpaìngs. Tu me coumprènds heìngue, « pichouns coumpaìngs » ! Ils aviaient venu d'autres quartiés de la ville, pèr cause qu’elle en a plein des alliés, la Malou, et qué restent dìns les bèaux quartiés. Que c'ès quéqu'un, la Malou, sàsse, la chèfe-de-sànt du saloun. Elle assure dìns sa partie.
— Alliés ?
On est à Piranhà, le Quartier, les bas-fonds, vrai pays de la loose cocotant grave la misère à la périphérie de Chailles. Chailles-les-Bains, « Caïau- leis-Aïgo » comme ils disent, pays bout du monde, plein cagnard les lundis parfois de déluge les mar- dis. Tchatchant avec une habitante de Piranhà je la presse de questions.
Elle, c’est Mirèïo. Elle me narre par le menu tout ce qui se passe. En particulier les fèstes, ces dates balisant l'usuel des se´ances de possession de leur fameuse santouriade : je brûle de savoir. En chaillou et avec accent ai¨òli elle me de´crit tous les de´tails d’une soire´e.
— C'ès des allie´s pèr cause qu’ils travai¨ent des fois ave´ elle, la Malou, et qu’ils disent la mèsme douctrine qu'elle.
« Et dounc, les... pichouns coumpaìngs des allie´s, ils sont bèaux, mais bèaux ! Ils se frìnguent slim coumme des girelles, ave´ du glossy pèrtout ! Et tu verrais quand lou cirque coummènce pèr de bon, ave´ les tambourinai¨res faisant pe´ter les tutu-panpan à toute berzìngue, coumme qu'ils virent de pèr tout lou saloun de pie´te´ !»
— Vraiment une grande fèste, alors ?
— Vouèi¨, ave´ plein de mounde, clafì de mounde qu’aviait venu. Pèr cause que c'e´tait la fèste à la Tourtourelle Viroulèje, la proumière espouse au Baroun lou Pourtau. Sàsse que j'y suis e´te´ ! Et tu lou sais lou pourque´ Elle{3} vient, Elle, la Tourtourelle, la Tourtourelle Viroulèje, heìng ?
La Viroulèje, Tourtourelle quoi. Oui je la con- nais, la... Tourterelle Virevoltante. Tout sur la Tourtourelle Viroulèje j'ai trouve´, en farfouillant dans des livres rayon du haut. De´vore´ même. Force´ment : la première e´pouse de Baron la Porte – Baroun lou Pourtau –, mascara à la truelle, bouche peinturlure´e goulue, bas re´silles, brushing mère des batailles, de´collete´ vertige. Elle qui fait tourner la tête aux mecs, leur fait raquer ça de magnums de Champ’ de vingt-deux heures à potron-minet. Les laisse ensuite frits-confis sur la plage ou dans un caniveau. Particulièrement ceux maridas Elle embarque en bringue, la bombasse blonde en capeline rouge et string panthère. Aimante´s ils sont, les faux-bourdons.
— Et alors, ensuite ?
— La Malou, c’ès elle qui a coummèncie´, qu’elle ès la cheffe. Tout de suite elle a eu sa tèste de prise, sa matière, sa matière èncavale´e pèr M'ssu Chèfe-de-Gare. Et lou M'ssu, à travers la matière d'elle, la Malou, Il a fait les pre´sènta-tiouns, saluant tout lou mounde, lou poutoun ou la grande tape dìns la maìn en te regardant dre´ dìns l'œil, et c¸a ave´ tous les pre´sènts l’un après l’autre. Puis Il a reparti, remounte´ pre´venir les autres là-haut, les grossioums. Pre´venir que c¸a brassait chez la Malou et qu'Ils pouviaient descèndre, lou couvert mis tout bièn pèr Eux. Sainte Vierge ! Què fèste c¸a a fait quand Ils sont arrivie´s !
— Toi aussi, tu recevais des Guides dans ta... matière, tu e´tais... encavale´e ?
— Heu... moi... vouèi¨. Vouèi¨, mais, guère, enfìn... si mais noun. De noun, pèr cause que c'ès leur manière à eux, à la bande à la Malou et à ses allie´s, qu'eux ils mèstrisent la douctrine coumme tu peux pas t'imaginer. Tout ils counniaissent, de M'ssu Chèfe-de-Gare à M’dame Me-Reviens-Icì et mèsme la Maria Caiàs-des-Sept-Croisements, ou autres, ils te savent tout sur tous ces esprits myste´rieux. De tous ils savent les douctrines à chascun, savent chànter les airs qui vont ave´ chascun, et recounniaître lou quel ès-ce quand Ils descèndent, les Guides, et qu'ès-ce c'ès on peut Leur demànder ou pas lou dre´ de Leur demànder.
— Mais toi, tu sais aussi ?
— Si, si fait, mais bon, ès-ce qu’on ès sûre qu’on sache toujours tout ? Si que tu es pas de cette bànde de ceux qui savent, forme´e et tout, je veux dire initie´e pareille eux, la tèste faite à leur manière à eux, alors rièn vaut se mêler dìns ces cas-là, que tu arrisques la vergogne davànt tout lou mounde. Car alors tu t'èmberlificotes lou mèntal entre oun Guide et oun autre, et bon, à pas bièn mèstriser les nuances, les distintiouns, tu t'èmbronches mal davant tout lou gratìn.
Re´sultat : tu passes pèr oun coui¨òn.
_______
Chapitre 1
Jeudi après-midi
Sortie du bus j’ai entrepris l’avenue sableuse entaillant la dune jusqu'à la mer. Piranhà s'étale de part et d'autre.
Chaleur. Bruit : rumeur des voix à l’infini ressortant des toits de tôle, des télés et des radios, des gamins débaroulant en bandes hurlantes. En fond, ces friselis et claquements des lignes électriques secouées par le vent, sacs plastiques échevelés dans leurs réseaux en fouillis (inmanquables plastiques, que même les chèvres du programme Chêvres Commounautaïres en mastiquent à chaque coin de rue). Et puis grondement du trafic en haut sur le périphe. En bas celui de la mer et ses rouleaux se brisant sur les entablements rocheux devant la plage. Entablements de basaltes luisants, déchiquetés. Algues et lambeaux de sacs plastiques, encore eux, épuisés à leurs arêtes.
Vue de loin elle séduirait, la plage. Kilomètres de sable clair et fin et si déserte hors les quelques gamins s’agitant, torses de bronze, petits caïds gueulant. Passés les agrégats de boites de conserve et de sommiers démantibulés, passées les cuvettes retenant estrons et mousses moirées, ça patouille et s’es-claffe sur les affleurements où s’amarinent les eaux usées descendant de la dune surpeuplée. Là qu’il doit y en avoir, des bouzigues et arapèdes qui se font du gras.
Une dune surpeuplée... Image absurde, hein ? Tellement inimaginable qu’il faut la voir pour le croire, tellement réelle que c’en est désespérant. Et qu’il faut embrasser la mer tout devant pour réaliser qu’on est bien sur un rivage, tant l’air klaxonne de remugles.
De ruelle crasseuse en caniveau craignos je descends, bien en-dessous du périphe, son béton son trafic. Bien en-dessous, jusqu’au bas où débaroulent toutes les cagades du monde : à la saison des averses imaginez les baraques en pisé sur lesquelles dévalent les égouts à ciel ouvert grossis de chaque pâté au-dessus. Plus on descend moins c’est du quartier classe, forcément. Déjà qu'en haut, alors là... N’em-pêche, pour galéger ils n’en loupent pas une.
— Vé la Françounette qué proumène. Bièn lou bounjour, pichoune Marjolaine ! Espère què l’a pas encore oublié moun chèque ? !
Tous les jours j’arpente le coin, tenant au chaud nos partenaires bénévoles, des mères et responsables associatifs. Alors pas inaperçue, la Marjo.
— Adièu, madamiselle Marjolaine ! Dévale pas tant vite, què vas tomber dìns la mer, là d’en-bas ! L’a, son pichoun maillot ?!
Qui me charrie c’est le Gètou, animateur laïc de la pastorale commounautaïre. Je l’apprécie, impression qu’il sort du lot avec ses idéaux de générosité tout ça, c’est un langage qui se comprend idem chez nous autres, non ? Enfin, langage, quoi. A condition qu’il ne me gonfle pas trop longtemps avec. Qu’il est... des fois un peu lourd, à me tenir la jambe avec les bondieusades. A la mode locale je lui rends sa courtoisie, en chaillou charabié :
— Hò Gètou, si moun pichoun maillot il t’inté-resse tant, lou curé il va te crier !
Calade Sant-Gèqui, là que j’aboutis. Reconnaissable à l’oreille, la Sant-Géqui : la Radiò Commounautaïre de mestre Ciscoun y donne toute sa mesure. Le Ciscoun, il s’est récupéré un ampli et deux haut-parleurs de stade avec un bon métrage de câble, un micro, platine et lecteur CD. Bon pour chauffer à mort les oreilles de ses contemporains. Les deux HP ont été installés aux croisements marquant sa rue, son territoire, et envoyez la purée. Zique à fond, mais alors vraiment à fond – bien couvrir le reste – entrecoupée de rappels d’horaire pour une prochaine réu. Réu de quoi ? De la glorieuse Unioun des Habitants de la Sant-Gèqui. Une association tenue d’une poigne paternelle par son caudillo, renard rompu à toutes les ruses, mestre Ciscoun. Quand je dis « paternelle » ce n’est pas affectueux : on est dans la culture de la Grande Bleue, version catho/macho/cono, et transposée tropicalitude, avec patron et affidés. Qui est-ce qui dit ici, c’est le pater : si fait, Patroun, comme ça qu’on cause et qu’on s’écrase (et on serait aux beaux quartiers, pareil mais : si fait, M'ssu lou Colonèu).
Heureusement, pas les décibels du Ciscoun qui empêchent le bon peuple de la Sant-Gèqui de vaquer, les mères de lessiver, les marmailles de baruler en bandes hurlantes entre flaques, détritus et tessons. Ni, d’un carrefour l’autre appuyés à un chambranle, les désœuvrés pas rasés de me suivre d'un œil en trou de bite. Arobases d’un geste bref vérifiées à leur poste, regards de mafalous supputant de la fente des paupières si ça se tire ou se pointe,
