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Contes et traditions d'Algérie
Contes et traditions d'Algérie
Contes et traditions d'Algérie
Livre électronique274 pages1 heure

Contes et traditions d'Algérie

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire d'Algérie

Un sultan aimait son cheval plus que tout au monde. L'animal fut atteint d'un mal incurable. Au comble du désespoir, le monarque perdit la raison : - Je ferai trancher le cou à quiconque dira : " Il est mort ". Un grand hakim (médecin) fut convoqué au chevet du cheval. Il le trouva agonisant, couché sur le flanc, les pattes antérieures et postérieures dressées en avant. Le sultan torturé par la douleur, attendait le diagnostic. Hélas le cheval rendit son dernier souffle et rejoignit les prairies éternelles de ses ancêtres. Mais comment apprendre la nouvelle au monarque sans y laisser sa tête ? Le hakim trouva la parade et déclama ces vers Sire ! Le cheval s'est allongé et étendu ! Dans le vide ses pieds se sont tendus Le roi s'écria - Donc, il est mort! - C'est de votre bouche que la nouvelle sort!


À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Burkina-Faso
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800166
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    Aperçu du livre

    Contes et traditions d'Algérie - Susanne Strassmann

    LES HUMAINS

    1.

    L’homme : du paradis à la terre

    Il découvre la musique

    Après avoir été chassé du paradis, l’homme refusa de partir. Il pleurait et se lamentait. Les anges chargés de le descendre sur terre durent user de malice. Ils le bercèrent en chantant et doucement l’éloignèrent de son berceau originel. Depuis, ce souvenir demeura dans la mémoire humaine. C’est pourquoi, l’homme aime danser, chanter et écouter la musique.

    L’origine de son ombilic

    L’homme chassé du paradis était esprit et non matière. Il fallait à Dieu lui fabriquer un corps. Il le modela dans la glaise. On le sait, Dieu éprouve de l’amour pour l’homme qu’il considère comme son « vicaire » sur terre. Satan, qui était un être de feu, un djinn élevé au rang des anges, en éprouva une violente jalousie. Il descendit sur terre pour voir la forme attribuée à cette créature préférée de Dieu. Il l’observa et la trouva si laide qu’il expulsa un crachat en sa direction. Ce crachat se déposa sur le ventre de l’être en glaise. Lorsque les anges arrivèrent, berçant l’homme et chantant pour l’introduire dans le corps qui lui était destiné, ils découvrirent la tache. L’un d’eux arracha le morceau de glaise souillé et le jeta au loin. L’esprit put enfin être introduit dans le corps, mais l’homme en garda la marque. C’est le trou de l’ombilic.

    L’homme et le chien

    Mais cette partie de l’homme, même souillée, ne devait pas être perdue. Dieu la transforma en chien. Depuis, cet animal est considéré comme impur par les musulmans puisqu’il vient de la salive de Satan, mais aussi comme le meilleur ami de l’homme puisqu’il est une partie de lui-même, qu’il vient de son ventre.

    Pourquoi les humains sont impatients

    C’est par les pieds que les anges commencèrent à insuffler, progressivement, l’esprit dans le corps en glaise. Quand l’esprit était à peine au genou, l’homme tenta de se lever. Les anges l’en empêchèrent. Une fois l’esprit à la ceinture, il recommença à vouloir se mettre debout. De nouveau il fut retenu. Et c’est ainsi qu’ils atteignirent la tête et qu’enfin, il se redressa. Debout, sur ses deux pieds, il marcha. Cette impatience caractérise les humains.

    2.

    Pourquoi l’orteil et la dent sont fragiles

    Jazia de la tribu des Bnou Hillal¹ était réputée pour sa beauté, son intelligence et son éloquence. La légende veut qu’elle soit née d’une mère djennia (être de feu) et d’un père vaillant chef nomade. On la disait lumineuse et extraordinaire, sa chevelure était si épaisse et longue qu’elle pouvait, du haut du chameau, toucher le sol si elle venait à être relâchée.

    On raconte aussi que Jazia était emprisonnée par l’amour possessif de son deuxième mari, le roi Chérif Bnou Hachem, qu’elle boudait et méprisait. Un jour, l’appel de sa tribu devint le plus fort et Jazia imagina une ruse pour contraindre son mari à la conduire auprès des siens. Elle se fit belle, et pour la première fois accueillit le roi en souriant. Elle lui proposa une partie de kharbqa (échecs)².

    – Celui qui perdra se dévêtira devant son adversaire, lui dit-elle.

    Cherif Bnou Hachem, qui avait une réputation d’invincibilité et qui rêvait de voir sa femme nue, accepta avec jubilation, ignorant que Jazia maîtrisait le jeu d’échecs autant que lui. La partie s’engagea et Jazia le laissa gagner.

    – Déshabille-toi, ô Jazia, ordonna le roi, sûr de lui.

    Avant d’ôter ses vêtements, la Hillalienne dénoua doucement sa longue et opulente chevelure qui se déversa sur son corps, de telle sorte que le roi ne put apercevoir qu’une dent sur le côté et un orteil qui dépassait. Furieuse de cette indiscrétion, Jazia maudit et son orteil et sa dent :

    – Va ô toi mon orteil ! Que s’abattent sur toi les coups aigus ! Va ô toi la pointe de ma dent ! Que s’abatte sur toi le venin glacé du vent.

    On dit que c’est depuis ce temps que l’on se cogne l’orteil facilement et que notre dent est sensible au froid du vent.

    Jazia remporta la partie suivante, et exigea de revoir sa tribu (voir conte n° 94 « L’origine des éclairs dans le ciel »).

    3.

    Le lobe de l’oreille, l’orteil et la jambe

    ³

    Un sultan avait sept filles. Six avaient épousé de preux chevaliers, la septième avait choisi un idiot surnommé le Teigneux car il se coiffait d’une panse de brebis. Aussi ce dernier poussait-il le ridicule jusqu’à chevaucher un âne galeux, à l’envers, en le tenant par la queue. Un jour, le roi voulut éprouver ses gendres. Il fit semblant d’être malade et réclama, pour sa guérison, du lait de lionne. Les six chevaliers, fiers et imbus de leur personne, filèrent ensemble en crachant sur le Teigneux qui fut obligé de prendre un autre chemin. Ils ignoraient que c’était le grand roi Haroun Rachid, contraint de vivre ainsi car Dieu lui avait prescrit sept années de malheur.

    Plus loin sur la route, un miracle se produisit et le grand saint, Sidi Abdelkader⁴, apparut au roi déchu. Il lui offrit une outre remplie de lait de lionne, le métamorphosa en magnifique chevalier, et disparut.

    Sur le chemin du retour, Haroun Rachid rencontra ses six beaux-frères qui n’avaient pas réussi à trouver le lait. Ils ne le reconnurent pas. C’est alors qu’il leur proposa de leur donner le lait contre un bout du lobe de l’oreille de chacun. Ils acceptèrent et Haroun Rachid garda les six lobes dans une musette. Au retour, le sultan fut satisfait de ses six gendres et déçu du septième. Ce dernier avait repris son aspect de Teigneux et s’en revenait les mains vides chevauchant son âne.

    La fois d’après, le sultan exigea pour sa guérison une pomme qui se trouvait dans le jardin de la terrible ogresse Allia Bent-Mansour sekna cheg sebaâ bhour (Alia la fille de Mansour qui habite au-delà des sept mers). Les six, comme à leur habitude, prirent la route ensemble espérant croiser le chemin du chevalier. Le Teigneux de son côté rencontra le saint qui, cette fois, lui dit :

    – Tiens ! Voilà deux fois sept perdrix. Tu découvriras, au bord des océans un aigle géant qui te les fera franchir sans se poser. Pour qu’il accomplisse la traversée, tu lui offriras à manger une perdrix à chaque étape.

    Ainsi, le roi déchu suivit les conseils du saint. À l’aller, tout se déroula dans les meilleures conditions. L’aigle reçut comme convenu une perdrix après avoir franchi chacun des sept océans. L’aigle le déposa dans le jardin d’Allia Bent-Mansour, il y cueillit une pomme et s’en retourna. Comme pour l’aller, il offrit à l’aigle les perdrix. Mais à la septième et dernière étape la perdrix lui échappa des mains et tomba dans l’eau. Sans hésiter Haroun Rachid sortit son couteau et se trancha un bout de chair, derrière le genou. Il le mit dans le bec de l’oiseau qui dit, écœuré :

    – Hum ! Cette viande est salée, que m’as-tu donné ?

    – De ma chair, car j’ai perdu la perdrix.

    – Reprends ta chair, et estime-toi heureux. Cette négligence aurait pu te coûter la vie.

    Le roi recolla en hâte le morceau sur sa jambe. L’aigle le mena à bon port. De nouveau, sous l’apparence d’un chevalier, il proposa l’échange aux six, qui avaient échoué, et obtint de chacun un bout du cinquième orteil qu’il mit également dans la musette.

    Arriva le moment où Haroun Rachid réalisa que les sept ans de malheur venaient de s’achever. Il se présenta au sultan. Il se fit reconnaître sous sa véritable identité et confondit ses six beaux-frères en montrant leurs lobes d’oreilles et leurs bouts d’orteils qu’il sortit de la musette. Haroun Rachid fut rétabli dans ses honneurs et son épouse recouvra sa fierté. De ces miracles, il resta trace. Ainsi les humains ont le lobe plus petit que le reste de l’oreille et le cinquième orteil plus petit que les autres. Quant à notre jambe, elle présente un creux derrière notre genou. C’est la partie qui fut tranchée pour nourrir l’aigle. Et le mollet est plus gros car c’est à cet endroit que le morceau fut recollé en hâte par le héros.

    4.

    Les cycles de la vie de l’homme

    Lorsque Dieu distribua les années de vie à ses créatures, il consentit à l’homme trente ans. À l’âne, il proposa vingt ans. Ce dernier refusa en expliquant :

    – Vingt ans ! C’est trop pour moi. Tant d’années de labeur me seraient pénibles. Je ne veux que dix ans.

    L’homme, avide, cria :

    – Je les veux ! Je les veux !

    Dieu les lui accorda. Ensuite, vint le tour du chien. Comme l’âne, il trouva qu’il avait trop d’années à vivre et dit :

    – Non, non ! Je

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