Breton ancré à Tahiti, il est partout chez lui. Et nous dispense sa sagesse dans un livre-testament
Olivier de Kersauson « Ce n’est pas le monde qui vacille. C’est juste le mien. Avec leur logiciel, les enfants le gèrent très bien »
De notre envoyé spécial à Tahiti Nicolas Delesalle
Des leurres multicolores glissent dans le sillage du navire. « Il n’y a rien qui mord, tu nous portes la poisse, pauvre tache. » La voix d’Olivier de Kersauson tonne. Il se tient à la barre, sur un bateau en forme de vaisseau spatial. Nous naviguons sous un ciel maussade. On dirait Quimper un mauvais jour d’hiver. Nous sommes pourtant en Polynésie française, où vit le marin, onze tours du monde à son compteur et l’ancre jetée ici, pour de bon. Le trimaran s’appelle « Titaïna Explorer », il a 24 ans, 800 chevaux sous la coque, une glisse incomparable. Kersauson l’a dessiné pour ça, naguère. L’animal est capable de rallier avec un seul plein Sydney depuis Panama (quatre fois l’Atlantique). Aucun confort à bord. Les sièges sont dessinés pour des culs de Playmobil. Le navigateur regarde d’un œil mauvais ses lignes de pêche au gros. Pas de thon ou d’espadon à l’horizon.
Kersauson sort un nouveau livre, « Veritas tantam ». Nous sommes à Tahiti pour ça. Pour en parler. Dans cette bulle spatio-temporelle perdue au milieu d’un vide bleu. Sur le port, le marin nous a reniflé, scanné de haut en bas, et