« LE DANDYSME, C’EST LE COURAGE INTELLECTUEL »
L’avantage des entretiens au téléphone, c’est qu’ils laissent de la place à l’imagination. Floc’h, 66 ans, a quitté Paris il y a un an environ pour le Pays basque et Biarritz, mais il n’a certainement pas renoncé au style flamboyant qu’on lui connaît. On le devine tiré à quatre épingles et contemplatif sur le rocher de la Vierge, mi-lord anglais mi-dandy fin de siècle, confondant les embruns océaniques avec ce bon vieux fog londonien. Illustrateur, auteur de dizaines de livres, il a sublimé, de sa ligne claire et amoureuse, une Angleterre encore en prise avec les sortilèges de la société victorienne dans deux séries d’albums co-signés avec François Rivière.
La première, Une trilogie anglaise – même si elle compte désormais quatre volumes (peut-on faire plus british que cela ?) – consiste en une succession d’enquêtes menées par un inséparable tandem de détectives mondains, le journaliste Francis Albany et la romancière Olivia Sturgess, personnages de fiction, certes, mais évoluant souvent au contact d’un gratin bien réel, de leurs pairs en écriture au capitaine du Titanic. La seconde, La Trilogie du Blitz, explore Londres lors de la Seconde Guerre mondiale, quand ses habitants se réfugiaient dans le tube pour échapper aux bombardements allemands : quelle meilleure scène de théâtre qu’un quai de métro ?
Ces récits réunis aujourd’hui dans un ouvrage unique, sont plus en phase avec les expérimentations littéraires de l’époque où ils ont été enfantés (le Nouveau Roman en tête) qu’avec l’implacable linéarité de l’école de bande dessinée franco-belge. Mises en abyme, ellipses, temporalité éclatée... la nouveauté irradie d’autant plus fort qu’elle se fond sans peine dans une imagerie qui rappelle celle des aînés admirés, Hergé et Edgar
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