“Lelong de l’autoroute, annoncées au loin par d’énormes silos à grains ou des clochers d’église, défilaient de petites villes discrètes, isolées, tranquilles. La radio s’éveillait, puis se faisait silencieuse, proposant des plages rock ou de musique classique avant de disparaître au milieu de parasites. Je passais de la FM à l’AM. Rapports fermiers, publicités locales pour quincailleries, promotion sur râteaux, engrais, fourrage. Je vérifiais et marquais ma progression sur une carte. Les réserves y étaient représentées par de simples carrés presque incolores entourés de pointillés. J’essayais d’imaginer une Amérique vue depuis ces petites îles perdues au milieu d’une mer de villes et de fermes envahissantes.”
Tout commence par un coup de fil longuede plusieurs ouvrages sur la communauté indienne. Le vieillard veut absolument lui parler et lui demande de venir le voir, dans sa réserve perdue au milieu des grandes plaines du Dakota. Quelques mois plus tard, Nerburn débarque en face d’une petite cabane en planches, devant laquelle une bagnole sur cale sert de niche à une vieille chienne. Dan, le visage fendillé et ridé, ses longs cheveux gris attachés en queue de-cheval, lui demande d’écrire sur sa vie, et lui sort une liasse de feuilles volantes et de notes gribouillées sur des morceaux de serviettes en papier ou au dos d’enveloppes. Nerburn prend alors conscience de là où il vient de mettre les pieds: ” Flanqué de sa vieille chienne et d’un ami d’enfance, Dan embarque alors l’écrivain dans un étonnant road trip à travers prairies et champs, au cœur de l’ouest américain, au volant d’une vieille Buick verte aux amortisseurs subclaquants, et lui raconte, au gré du voyage, son histoire et celle de son peuple.