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Astrée: Un voyage céleste
Astrée: Un voyage céleste
Astrée: Un voyage céleste
Livre électronique236 pages2 heures

Astrée: Un voyage céleste

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À propos de ce livre électronique

Astrée est une jeune bibliothécaire qui mène une vie solitaire et tranquille dans le Paris des années 60. Un beau jour, elle rencontre un vieil homme qui lui remet un étrange manuscrit… Son existence bascule alors dans un monde onirique mêlant mythes et symboles.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Professeure certifiée de lettres classiques, Manohari est passionnée par la poésie et la mythologie. Depuis son enfance, elle écrit des textes lyriques qui mêlent sentiments et culture antique. Elle voyage souvent, notamment en Inde, où elle puise une grande partie de son inspiration.
LangueFrançais
Date de sortie16 juin 2021
ISBN9791037719478
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    Aperçu du livre

    Astrée - Manohari

    Chapitre 1

    Clio

    Voilà de nombreuses années que je forme le projet d’écrire une aventure extraordinaire que j’ai vécue il y a fort longtemps.

    On me nomme Astrée. Quatre-vingts printemps se sont succédé depuis que je suis venue au monde, ma peau est à présent toute fripée, mon dos, affaissé par le poids des années, mais on dit que j’ai gardé un sourire enfantin. Je n’ai jamais été très grande mais à présent je dépasse à peine du sol, et il arrive très souvent que l’on ne me remarque même pas dans la rue ! Tant mieux, je préfère passer inaperçue, désormais.

    J’habite une ancienne maison entourée d’un charmant jardin, au milieu de la grande ville de Paris, petit havre de paix, préservé de toute l’agitation du monde extérieur.

    Au printemps, je vois les arbres depuis ma fenêtre s’habiller de fleurs chamarrées, je savoure en été leurs fruits parfumés, en automne je recueille leurs feuilles fatiguées, et, lorsque vient l’hiver, j’admire le spectacle du repos de la nature, blottie dans son blanc manteau…

    Comment blâmer une quelconque solitude pour qui a la chance de vivre ainsi, au gré des saisons, en harmonie avec elles ?

    Étoiles

    L’histoire que je m’apprête à relater m’est arrivée alors que j’étais âgée de vingt-sept ans, elle résonne encore dans mon cœur et dans mon esprit, même après toutes ces années.

    C’est une aventure fabuleuse qui a duré neuf jours et que nul ne pourrait oublier. Je suis reconnaissante de l’avoir vécue !

    À cette époque, j’étais plus que jamais passionnée par la littérature, la poésie et l’antiquité. J’avais lu de nombreuses fois les œuvres de Mme de Staël, de Chateaubriand et de Lamartine. Mon cœur résonnait à la lecture des plaintes romantiques, des larmes roulaient le long de mes joues lorsque les amants de leurs romans étaient séparés par une destinée cruelle, et je rêvais en secret de partager le sort de l’un de ces héros.

    Mon imagination se nourrissait de toutes mes lectures, elles me faisaient voyager, aimer et sentir, c’est pourquoi j’étais devenue bibliothécaire. Ce métier mêlait ma passion des livres et de la culture à celle de la transmission de mon savoir, de mes avis et de mes idées avec les lecteurs.

    J’habitais déjà cette maison que j’évoquais tout à l’heure, et la bibliothèque du Chêne – car c’est ainsi qu’elle se nommait – se trouvait au bout de la grande avenue menant à ma petite rue des Pins.

    Il était agréable pour moi de marcher chaque jour quelques kilomètres pour me rendre dans ce lieu que j’affectionnais tant. Chaque jour, à chacun de mes pas, je remerciais l’Univers de m’offrir l’occasion de faire ce que j’aimais le plus au monde. Je traversais une partie du Jardin des Plantes et je rendais grâces à la nature d’être si belle et si bienveillante envers moi.

    Parfois, après une journée passée dans mon petit temple de culture, je m’asseyais sur un banc et composais un poème en vers dont j’étais souvent très fière. Puis, en rentrant à la maison, je retrouvais mon doux compagnon, Hésiode¹, qui m’aimait si tendrement. Le jeune chat noir se blottissait avec affection dans mes bras et me jetait des regards suppliants afin que je caresse l’étoile blanche qui ornait son cou et contribuait à sa magie. Ensemble, nous menions une existence douce et paisible.

    Il m’arrivait, bien sûr, de temps à autre, de revenir fatiguée, triste ou même malade, mais mon cœur savait toujours que ces états passagers ne sauraient durer. J’étais heureuse car je l’avais décidé.

    Le 18 septembre 1965, alors que les rayons du soleil caressaient déjà délicatement la ville de Paris tout ensommeillée, j’ouvris les yeux et m’émerveillai du spectacle qui se dressait face à moi. Le ciel rosé était baigné de la lumière de l’astre du jour, et je pouvais voir, au milieu des quelques nuages clairsemés, se rassembler une nuée d’hirondelles, prêtes à s’envoler vers les pays chauds, entourées, çà et là, de quelques étoiles solitaires.

    Je m’imaginais à la place de ces oiseaux nomades et mon âme s’envolait en leur compagnie vers de divines contrées.

    Étoiles

    Sur le chemin menant à la bibliothèque des Chênes, tout semblait me sourire avec délicatesse, les arbres, les fleurs, les insectes mêmes que je croisais sur mon chemin : tout semblait conspirer à me préparer un jour inoubliable. J’avais le pressentiment que je me souviendrais à jamais de la journée que je m’apprêtais à vivre. Pourtant, j’étais loin de me douter de ce qui m’attendait !

    La bibliothèque représentait pour moi un refuge, une seconde maison.

    Ce petit édifice de trois étages avait une histoire. Fait de briques rouges, il avait été bâti au XVIIIe siècle et Voltaire lui-même, raconte-t-on, aurait inauguré cette bibliothèque. Je ne sais s’il s’agit d’une fable ou d’un fait réel mais je me plais encore à imaginer que j’ai foulé les mêmes pavés que ce grand homme. Cette maisonnette possédait un charme hors du commun. Beaucoup de personnes n’y posaient les pieds que pour admirer sa belle bâtisse, mais une fois qu’ils avaient consulté les ouvrages emmagasinés, ils ne repartaient que rarement les mains vides et rejoignaient le cercle de nos fidèles lecteurs. Chacun pouvait trouver ce qu’il cherchait, à condition de le faire avec précision et détermination. Le rez-de-chaussée était consacré à la littérature, à l’histoire et à la philosophie. Quant au premier étage, il recelait des ouvrages dédiés aux arts, sciences et loisirs. Enfin, le dernier étage était un lieu enchanteur pour les enfants, regorgeant de contes de tous les pays du monde. Chacun chez nous était satisfait.

    Étoiles

    Notre bibliothèque était dirigée par madame Aphaïa, notre directrice bien-aimée. Elle était assez âgée, par conséquent, elle ne venait pas souvent sur place, mais elle savait résoudre tous les problèmes avec fermeté et efficacité. C’était une amie d’Agathe qui lui avait recommandé de me sélectionner parmi les membres de son équipe, cinq ans auparavant. Nous avions de suite sympathisé et elle m’exprimait souvent sa joie de travailler avec moi. Depuis, je la rencontrais tous les vendredis, jour de sa venue, et nos échanges étaient bienveillants et chaleureux. Elle semblait sortie d’un autre siècle, avec ses longs cheveux blancs, fins comme de la soie et ses robes tissées à la main, mais elle savait imposer le respect. C’était elle qui avait fait rénover la vieille bâtisse effondrée par les rudes années, et qui, en son sein, avait fait revivre l’amour des livres et de la culture. Nous ignorions son prénom, car elle n’avait jamais souhaité nous le communiquer. Nous respections son désir de conserver son intimité.

    Étoiles

    Nous étions trois bibliothécaires chargés de prendre soin de ce lieu précieux. Amarylle s’occupait de l’étage consacré aux enfants. Elle s’adonnait avec passion à l’éducation de ceux qui formaient l’avenir de notre pays. Plus jeune que moi de quelques années, elle arborait toujours un immense sourire et sa bonne humeur se décuplait à l’arrivée des enfants. Elle illuminait leurs jours et ils lui rendaient cette affection bienveillante.

    Le premier étage était placé sous la responsabilité d’un homme d’une cinquantaine d’années, passionné par les sciences et les secrets de l’univers. Il se nommait Arthur et sa compagnie était aussi imprévisible que la météo qu’il étudiait avec un immense intérêt. Il avait autrefois enseigné la physique-chimie à des adolescents, mais son cœur fatigué avait choisi de s’établir dans un lieu plus tranquille qu’une salle de classe. Pourtant, loin de se murer dans un silence de marbre, il parlait avec un enthousiasme débordant des astres et des révolutions solaires à qui voulait bien l’écouter. Parfois même, il chantait des airs d’opéra à tue-tête, ce qui charmait les lecteurs et les faisait sourire, après les avoir grandement surpris. Il était tantôt joyeux tantôt maussade et sombre, mais une belle harmonie nous unissait, Amarylle, lui et moi. J’étais ainsi chargée de m’occuper des livres qui me passionnaient le plus, l’histoire, la littérature, la philosophie… quel bonheur !

    Étoiles

    Ce jour-là, j’arrivai un peu plus tôt que mes deux fidèles amis et je m’occupais à ranger les rayons en fredonnant un air de Tchaïkovski lorsque, à l’heure de l’ouverture habituelle, je vis une silhouette se dessiner à travers la porte vitrée de l’entrée du bâtiment. Je crus reconnaître Arthur qui arrivait tout juste à l’heure et j’ouvris la porte en m’apprêtant à lui faire de douces remontrances. Mais, je me trouvais face à un homme qui fit naître en mon cœur un sentiment tout autre : il ne s’agissait pas d’Arthur, mais d’un très vieil homme qui ne semblait plus avoir d’âge. Autour de lui, je pus apercevoir une lumière orageuse, à la fois splendide et terrible. Il dégageait force et douceur tout à la fois. Son visage, bien que marqué par les années, témoignait d’une réelle harmonie : ses grands yeux noirs, profonds, semblaient transpercer les secrets de mon âme, son nez droit, grec en quelque sorte, ajoutait encore de la noblesse à son visage. Son sourire, bien qu’il fût seulement esquissé, aurait pu aisément conquérir ma grande sensibilité. Quelques cheveux blancs épars voletaient autour de son large front. Du haut de son immense stature, semblable à une création de Michel-Ange, il abaissa son regard bienveillant sur moi. Comme je m’étais sentie petite en cet instant si infime face à lui !

    Il portait un large manteau vert sapin et semblait cacher quelque chose de précieux sous son bras gauche.

    Curieuse, impressionnée, je lui fis signe d’entrer. Les mots me manquaient. Je sentais même mes jambes se dérober. Un mélange d’enthousiasme et d’appréhension m’envahissait. Il s’assit sur une petite chaise et déposa l’objet en question sur la table, face à lui. Il s’agissait d’un vieux grimoire médiéval écrit à la main par des moines du XIIIe siècle, d’après mon analyse. Ce manuscrit ne comportait ni couverture ni chapitres, ils semblaient avoir été effacés.

    Sans dire un mot, il le plaça solennellement entre mes mains, me regarda à nouveau fixement pendant de longs instants, puis partit dans les rayons voisins.

    J’étais abasourdie. Je savais que quelque chose d’important venait de se produire. Immobile, j’étais incapable d’articuler quelque mot que ce soit.

    Après quelques minutes passées ainsi, je retrouvai une partie de mes esprits. Je résolus donc d’aller m’entretenir avec lui. Je le cherchai dans les rayons, mais c’était en vain, il avait disparu sans faire un bruit. Interdite, je me dirigeai vers la fenêtre et j’aperçus au loin sa majestueuse silhouette. Il marchait d’un pas rapide, s’éloignant de moi à grandes enjambées. Arrivé au bout de la rue, il se retourna, me fit un geste amical de la main, assorti d’un sourire bienveillant, puis disparut à nouveau.

    Le grimoire entre les mains, je résolus d’en parler avec mes collègues, mais tous deux étaient occupés ; Arthur haranguait de jeunes lycéens sur son sujet favori : les trous noirs. Il m’était impossible d’interférer dans un échange aussi passionné. Amarylle, quant à elle, chantait une berceuse à des jumeaux âgés de deux ans.

    Je considérai donc que ce livre m’était destiné. Après tout, c’était à moi que le vieil homme l’avait remis, pas à eux. Je tentai donc de l’ouvrir, mais sans succès. Les pages étaient comme scellées entre elles. Je me remis alors au travail, me faisant la promesse d’élucider ce mystère le soir même, à la maison, en compagnie d’Hésiode. Peut-être pourrait-il me conseiller…

    Étoiles

    Ce soir-là, à dix-neuf heures, je partis presque en courant de la bibliothèque, tant le désir que je nourrissais de déchiffrer le manuscrit me tenaillait le cœur ! En arrivant rue des Pins, je vis à peine le panier de légumes que ma voisine avait déposé sur mon perron. Je le ramassai d’un geste machinal et me précipitai à mon bureau, ayant attrapé Hésiode, au passage, qui se blottit sur mes genoux.

    Les derniers rayons de l’astre du jour éclairaient la tranche du vieux grimoire et des motifs semblaient apparaître, ressemblant à des visages féminins… À peine avais-je posé mes deux mains sur l’objet tant convoité que le livre s’ouvrit de lui-même : le titre du premier chapitre se dessina en lettres d’or. Il était écrit en grec ancien : Κλειώ. Je comprends le grec ancien, l’ayant étudié durant de nombreuses années, ainsi que le latin. Je savais que Clio était la muse de l’histoire, mais j’étais curieuse de découvrir des détails à son sujet, détails que je n’aurais trouvés nulle part ailleurs. À peine avais-je penché mon visage vers le livre, pour lire les minuscules inscriptions, que je me trouvai comme aspirée par le parchemin lui-même ! Prise de vertige, je fermai les yeux…

    En les ouvrant à nouveau, je n’étais plus chez moi, mais dans un lieu paisible, ancien, et qui me semblait en même temps familier. Je n’étais pas seule : face à moi, je reconnus le mystérieux vieillard. Vêtu d’une toge écrue, il était assis

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