Longtemps autrice et traductrice de livres pour enfants, Agnès Desarthe choisit cette fois-ci de célébrer la vieillesse. Au diable les « qu'est-ce que tu feras plus tard? », le temps n'est ni un défi ni un rival dans ce roman qui superpose les âges et les époques, les rêves et les histoires de famille. Le titre, Le Château des Rentiers, est aussi le nom d'une rue du 13e arrondissement de Paris, bordée de barres d'immeubles, reliant les boulevards Masséna et Vincent-Auriol. C'est là qu'ont vécu Boris et Tsila Jampolski, les grands-parents de l'autrice. Dans ce phalanstère, au sens que lui donne l'utopiste Charles Fourier, ils ont reconstitué une étonnante et joviale communauté de personnes âgées. Agnès Desarthe a 56 ans, et se remémore ses années passées auprès d'eux. Comment s'imagine-t-on vieillir lorsque l'on est enfant? Comment perçoit-on son enfance lorsque l'on est adulte? Les souvenirs se mêlent à l'imaginaire, au projeté, à l'espéré. La romancière brouille habilement les reflets de ce « miroir à projections dans le passé, le présent et le futur; elle dialogue avec elle-même, rejette l'appréhension de l'âge. Les fantômes de la vie d'Agnès Desarthe entament une ronde enjouée autour d'elle, qui, inconsciente de sa , signe un hommage à la vieillesse, aux souvenirs, une réconciliation avec le temps qui passe. Parce qu'être vieux, ce n'est pas être « presque mort », c'est être toujours là.
Agnès Desarthe Le Château des Rentiers
Jun 29, 2023
8 minutes
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