L’enfer, c’est le silence

La chorale de l’église a chanté l’Ave Maria de Schubert… Moment très

émouvant.

J’ai apprécié, mais je ne suis pas certaine que tout ce joli monde soit réellement venu pour moi. Bien sûr, il y a mes amis de la fac de lettres, ma chère Lucie, l’âme sœur qui a tout partagé avec moi depuis notre rencontre à la maternelle de la République, quelques cousins, cousines, oncles et tantes, mon frère et ma sœur, Nicolas, le benjamin, Marie, mon aînée de dix ans, et surtout mes parents, effondrés. Je voudrais pouvoir les consoler, les serrer encore une fois dans mes bras, mais c’est impossible. Quelle injustice pour eux ! Aller à l’enterrement de son enfant devrait être interdit. J’aurais dû leur dire plus souvent et plus fort combien je les aimais. On ne dit jamais assez « je t’aime ».

C’est triste un enterrement, surtout lorsque la mort vous fauche dans la fleur de l’âge. 30 ans, ce n’est pas un âge pour mourir.

J’avais à peine fait cinq pas dans la vie d’adulte… J’avais encore tant à de choses à vivre. Et mon enfant, mon petit Fabien, n’a que deux ans et demi. Je ne le verrai pas grandir. Alex l’a confié à Marie pour quelques jours, le temps de se retourner et de s’organiser. Marie est mariée avec Luc, un ami d’enfance, par ailleurs journaliste d’investigation très efficace. Ils ont deux enfants de 7 et 5 ans et s’aiment comme au premier jour. Fabien serait heureux avec eux, tout comme je l’ai été avec mes parents.

J’ai eu une enfance merveilleuse et des parents fantastiques.

On dit toujours que dans une fratrie de trois, celui du milieu a tendance à être négligé par les parents. Ce ne fut pas le cas pour moi. Pour mes parents, chacun de leurs enfants fut accueilli comme le Messie et baigné d’amour. Le corbillard vient de s’arrêter un peu avant le caveau familial. Les employés des pompes funèbres sortent mon cercueil, un beau cercueil en merisier. J’ai toujours aimé la blondeur du merisier. Je dois reconnaître qu’Alex a