Dans la chambre d’hôpital, le temps semblait s’être figé. Ce fut Marie-Louise qui brisa le silence :
– René, quelle surprise ! Ma fille est là aussi ?
René hocha la tête, amusé. Sans cesser de sourire, de sa jolie voix posée, il répondit :
– Non, c’est moi. Seulement moi.
Une infirmière entra, un vase à la main :
– Et voilà le vase que vous m’avez demandé, monsieur ! Vous en avez de la chance, madame, j’ai rarement vu un aussi beau bouquet ! Votre mari…
Mais elle ne finit pas sa phrase, elle venait de voir Oscar, assis à côté du lit, qui assistait bouche bée à la scène.
Gênée par ce trio, elle tendit le vase à René et repartit en trottinant.
Marie-Louise avait le cœur qui battait à mille à l’heure. Pendant que René disposait tranquillement les fleurs, Oscar la fixait d’un air interloqué.
– Oscar, je te présente René, un ami d’enfance. René, je te présente Oscar… mon compagnon.
Les deux hommes se serrèrent la main et Oscar rompit la glace :
– Un ami d’enfance? Vous êtes breton, donc?
– Ha, ha, oui, un ami d’enfance, c’est ça ! Un vieil ami d’enfance !
René riait de bon cœur, comme si le tutoiement qu’avait employé Marie-Louise pour la première fois et l’évocation de leur enfance suffisaient à effacer, voire à rendre risible l’autre information qu’elle venait de lancer : elle avait donc quelqu’un dans sa vie, et c’était ce grand maigre en costume de lin