2 – RÉSUMÉ : René, pâtissier à la retraite, a cru apercevoir Marie-Louise, son amour d’enfance, alors qu’il visitait à Pont-Aven une maison que sa fille Fabienne voudrait qu’il achète. Sa mémoire le fait-elle délirer ? Quand Fabienne réunit son père et Marie-Louise lors d’un dîner, le rêve devient réalité : ils se reconnaissent tous les deux. Mais peut-on construire une histoire sur des retrouvailles après plus de soixante ans sans s’être vu ? (Voir Veillées n o 3553.)
Les voyages en train avaient toujours porté Marie-Louise à la rêverie, voire à la mélancolie. Si les avantages de la technologie moderne font souvent perdre leur charme à bien des aspects de notre quotidien, elle trouvait que ce n’était pas le cas du TGV. Il lui rendait l’incroyable service de relier confortablement la Bretagne à Paris en moins de cinq heures, et en même temps, elle pouvait toujours s’accouder à la fenêtre et laisser défiler librement pensées et souvenirs au rythme du paysage silencieux, comme dans les bons vieux tacots d’autrefois. Et ce samedi matin, avant de retrouver sa vie parisienne, Marie-Louise avait vraiment besoin de s’accorder un moment de répit et d’introspection ! Après cet extraordinaire dîner chez Fabienne, ces intenses retrouvailles secrètes avec son amour d’enfance, elle avait l’impression de sortir d’un rêve qui ne lui permettrait plus de reprendre tout à fait pied dans sa vie réelle. Et pourtant, il le fallait : dans quelques heures, Oscar serait sur le quai.
Quand, l’année de leurs soixante ans, le père de Géraldine l’avait quittée pour une jeunette de quarante-cinq avec qui il vivait toujours, Marie-Louise avait accusé le coup d’autant plus mal qu’il avait cru bon, en guise d’excuses, de lui révéler qu’il entretenait cette relation adultère depuis de nombreuses années !
Marie-Louise s’était jetée à corps perdu dans son travail de psychiatre et, comme la retraite approchait, dans la création d’une association d’art-thérapie qui organisait des ateliers encadrés par des artistes et des psychothérapeutes. C’est