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Messages de l'au-delà: La renaissance ou la foi dans la vie
Messages de l'au-delà: La renaissance ou la foi dans la vie
Messages de l'au-delà: La renaissance ou la foi dans la vie
Livre électronique388 pages4 heures

Messages de l'au-delà: La renaissance ou la foi dans la vie

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À propos de ce livre électronique

La vie se poursuit-elle après la mort ?
Sous quelle forme et dans quel but ?

Telles sont les interrogations d’un professeur d’université de médecine d’aujourd’hui.
Le grand apport de ce livre réside dans la qualité de l’échange entre le disparu - grand prix de la recherche scientifique – qui, de la Maison des morts, livre à son fils rationaliste des réponses d’une haute teneur philosophique et scientifique.
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2012
ISBN9782897210069
Messages de l'au-delà: La renaissance ou la foi dans la vie
Auteur

Bernard Herzog

Docteur en médecine (spécialiste en électro-radiologie ) et licencié ès sciences (études supérieures en biologie, en physiologie et chimie générales, en physique et en chimie biologique), Bernard Herzog a été chef de service du Centre universitaire de Nantes et professuer à la faculté de médecine de l’Université de Nantes. Diplômé de psychothérapie, il exerce la psychanalyse et la psychothérapie et poursuit des recherches en musicothérapie. Conférencier prisé, il est aussi écrivain reconnu, ayant publié huit autres ouvrages.

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    Aperçu du livre

    Messages de l'au-delà - Bernard Herzog

    Titre

    Version ePub réalisée par :

    Amomis.comAuteurTitre

    Les Éditions du CRAM

    1030 Cherrier, bureau 205,

    Montréal, Qc. H2L 1H9

    514 598-8547

    www.editionscram.com

    Conception graphique

    Alain Cournoyer

    Illustration de couverture

    © Bernard Herzog

    II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l'autorisation de la maison d'édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d'auteur.

    Dépôt légal — 4e trimestre 2011

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Copyright © Les Éditions du CRAM inc.

    Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.

    Image 02

    Distribution au Canada : Diffusion Prologue

    Distribution en Europe : DG Diffusion (France) ;

    Caravelle S.A. (Belgique) ; Servidis (Suisse)

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Herzog, Bernard

    Messages de l'au-delà : la renaissance n'est que la foi dans la vie

    (Collection Psychologie)

    Comprend des réf. bibliogr.

    ISBN Imprimé: 978-2-923705-21-7

    ISBN PDF : 978-2-923705-64-4

    ISBN EPUB : 978-2-89721-006-9

    1. Vie future. I. Titre. II. Collection: Collection Psychologie (Éditions du CRAM).

    BL535.H47 2010          236'.2          C2010-942175-2

    Table des matières

    Préface

    Chapitre I - Voyage de la Toussaint

    Chapitre II - Portrait impressionniste d'Eugène H.

    Chapitre III - La poésie du maître des forges

    Chapitre IV - L'inéluctable cheminement vers l'Orient

    Chapitre V - Comment Edma Dasar Lume me fit revivre la renaissance de mon père ?

    Lettre à mon père n° 1

    Lettre à mon père n° 2

    L'histoire de Gilles de St Albin

    Lettre à mon père n° 3

    Le départ de Fernand

    Lettre à mon père n°4

    Lettre à mon père n° 5

    Lettre de mon père n°1

    Lettre de mon père n°2

    Lettre de mon père n°3

    Lettre de mon père n°4

    Lettre à mon père n°6

    Lettre à mon père n°7

    Lettre à mon père n°8

    Lettre à mon père n°9

    Lettre à mon père n°10

    Lettre de mon père n°5

    Lettre à mon père n°11

    Lettre à mon père n°12

    « Les Jardins de la Lumière »

    Annexe n° 1

    A- L'histoire d'un homme modèle

    B - L'éducation dans la peur et le culte des morts

    C - L'homme qui s'envole (3ème entretien)

    Annexe 2

    Post-Face

    Messages de l'AU-DELA: Illustrations de l'auteur

    Le pêcheur et son filet

    Préface

    Mes chers amis,

    Je me permets de vous communiquer la suite des réflexions que j'ai pu mener tant dans mes entretiens avec mon père, qu'avec ma douce et tendre épouse prénommée Christine.

    Comme les tapis de feuilles en automne ces réflexions se sont accumulées avec le temps. En les colligeant, elles ont pris d'elles-mêmes un sens, aussi ai-je ressenti le désir d'écrire ce volume du moins de le composer par l'adjonction de différentes lettres personnelles.

    Le décès brutal d'un jeune enfant d'une douzaine d'années dont les parents m'ont apporté quelques documents, notamment des dessins, m'a bouleversé.

    Il avait dressé une carte ressemblant à une toile d'araignée où il avait incorporé sous forme symbolique sa vie passée et sa vie présente.

    C'est son souvenir vivace en moi, comme un immense regret qui a soulevé la grande houle d'une révolte trop contenue devant des centaines d'autres départs posant de nouveau la question fondamentale du« pourquoi de la vie ? »

    Il était beau, il était intelligent et vivait en harmonie avec ses parents, de braves gens et ses nombreux amis. Simplement il allait trop souvent peut-être dans sa cabane au fond du jardin rêvasser comme des milliers d'autres, ainsi que je le faisais à son âge, comme le Grand Meaulnes sûrement.

    Il avait tapissé les planches de sa cabane de dessins représentant ses chimères et une toile d'araignée qui symbolise notre galaxie mais mille autres choses encore.

    Après avoir composé ses graphismes étonnants il leur donna vie par des couleurs, et il apposa en dernier, au centre, une tache rouge.

    Quelques jours après, il fut frappé par le monde de l'Enku, suite à l'attitude irresponsable d'un vieil idiot qui avait ingurgité quelques pintes d'eau de vie.

    Ce dernier dessin restait donc comme l'indice d'un départ imminent mais aiguillonnait aussi une résonance intérieure qui était comme une obligation d'établir un parchemin pour éclairer suivant une démarche cartésienne et rationnelle, la suite de mes documents et extraits oniriques, bref la synthèse de ma démarche personnelle sur un sujet si tabou que notre civilisation veuille l'ignorer à tout prix.

    En effet, nous assistons toujours à cette lutte fratricide entre le monde ancien et le moderne. On oppose toujours la Science à la Connaissance intuitive de chaque être qui est unique.

    Nous vivons donc bien dans la période du nihilisme scientifique de la vie, tout en faisant l'éloge de la Science. Si elle nous permet d'avancer avec certitude sur des thèmes aussi précis qu'abstraits, notre fascination d'hommes de Savoir nous précipite dans un aveuglement qui nous fait oublier jusqu'au respect même de la vie.

    Cette émotion volcanique d'une révolte vécue quelques dizaines d'années plus tôt ressurgissait, c'est pourquoi aujourd'hui j'ose vous la faire partager.

    J'avais permis à un ami d'enfance d'accéder à ses rêves, devenir professeur d'Université.

    Un jour je le croise dans un couloir hospitalier, un plateau à la main. Après les propos chaleureux d'une amitié vivace en moi je lui demande ce qu'il tient sous le linge vert qui recouvre l'objet de ma curiosité. Il le lève et j'aperçois le cœur d'un jeune adolescent. Il venait cesser de battre à n'en pas douter.

    «  C'est le cœur d'une fillette de douze ans décédée au cours de l'examen il y a quelques minutes. C'est une tumeur du cœur, je vais vite au service d'anatomie pathologique pour que les coupes et les imprégnations soient excellentes : c'est pour la recherche scientifique ! »

    Son sourire ne laissait aucune place au doute : elle était repartie pour l'Au-delà !

    Je ne laissai pas paraître mon vertige, ni ma nausée.

    J'avais aidé un nouveau prêtre, semblable à l'Ancêtre aztèque, à assumer son rôle et je m'étais fourvoyé sur l'essentiel. Décontenancé, je ne voyais pas comment il avait pu interrompre le cours du fleuve d'une vie sans en être ému.

    Je fus gêné par mon sentiment, l'afflux impérieux de mes émotions. Il devait me conter que la jeune patiente s'était agitée durant l'examen ce que l'expérimentateur l'avait considéré comme un outrage alors qu'elle asphyxiait. Après l'avoir vivement admonestée, il l'avait giflée…

    Notre amitié était morte à l'instant même, et nos chemins se sont séparés depuis sans que je lui fasse la moindre remarque : c'était ma façon de le respecter car il avait aussi le droit, malgré ma réprobation, à mon respect.

    J'espère et souhaite à l'ami lecteur un parcours aisé de ces quelques pages mais aussi la sérénité et la certitude que j'ai moi-même éprouvées.

    Aussi, je le confie à vos bons soins sachant que ce fragment de mon jardin intérieur est comme un petit trésor qui vous permettra au risque de faire hérisser les cheveux à certains, de dénouer le fil d'Ariane de notre vie.

    «  A mon très sensible et brave ami qui m'a confié le soin de critiquer son œuvre, je me permettrai d'ajouter ceci : au travers du désespoir on retrouve le chemin des cimes. »

    A.C.A.

    «  Pour l'honneur qu'il m'a fait de lire son œuvre je me permets de donner ce conseil : si le sommeil n'est qu'un songe, l'éveil des abrutis n'est qu'un mauvais songe car dans le songe du naïf on retrouve le miroir de la vie. »

    P.R.

    «  A mon ami, cher Professeur, qui m'a fait l'obligeance d'accorder sa première lecture, de tout cœur je le remercie pour l'immense travail accompli pour récolter toute cette synthèse et avoir l'honnêteté de communiquer des entretiens fort personnels. En quelques mots je dirai ceci : à la vie il apporte non seulement sa joie et sa foi de vivre, il raye d'une plume le nihilisme révolutionnaire de l'intégrisme imbécile. »

    J.A.G.K.

    Lac Toba à Sumatra

    Chapitre I

    Voyage de la Toussaint

    La succession des paysages observés à travers une vitre de train donne l'impression du changement intérieur et notre imaginaire s'active. Il se nourrit de cette excitation très particulière semblable aux arômes précieux de l'enfance. Alors le passé affleure en surface. Ces effluves visuelles se mêlent aux odeurs des gares, aux impressions bigarrées d'une population inconnue ; cela prête à la réflexion tout comme le fait de boire à la terrasse des bistrots parisiens par une belle après-midi d'été en regardant passer les jolies femmes…

    J'allais retrouver mes frères à Paris afin de gagner avec eux le cimetière de Bruay-la-Buissière où reposent les restes de nos parents. Cela me laissait un avant-goût de brouillard, de chrysanthèmes, bref, de Toussaint sur fond de terrils et de souvenirs des gueules noires. Je croisais ceux-ci le matin, ils rentraient à la mine et moi je partais à l'école.

    Je me laissais aller à cette réflexion que la vie ressemble au jeu de la mère l'Oie ! Mieux vaut prendre un bon départ, éviter certaines situations où l'on risque de perdre des années, voire de retourner à la case initiale ou de subir diverses mortifications vexatoires.

    Je revois à cet instant la photographie de mon père tenant un nouveau-né rigoureusement vertical : je rejetais le lait de ma mère le jour même de ma naissance sur le dos de mon père ! …

    Combien le conflit avec elle fut rude ! Elisabeth était une mère très possessive, cela explique l'intensité du conflit qui devait durer près d'un demi-siècle !

    Je naquis difficilement avec un double circulaire autour du cou et je dus la vie à la prouesse opératoire du Pr. Vermelin qui, à la maternité Pinard de Nancy, réussit la manœuvre difficile de Champetier de Ribes, une tentative de retournement intra-utérin et de libération de ce fichu cordon semblable à la corde des pendus qui entraîne une foule de conséquences désagréables.

    Je devais donc impérieusement compter sur mon père pour me défendre et faire face au phénomène invasif maternel ! Lorsque je découvris Folcoche, d'Hervé Bazin, je devais en rire, car j'avais, aux mauvaises heures, surnommé ma mère Staline ! Je la contemplais cependant avec admiration, mais de loin le reste du temps, comme les Corses admirent leurs mères, les Italiens leurs mamas, ambivalence oblige ! J'étais fier d'elle, l'essentiel étant de pouvoir lui faire face.

    Elle était une solide Française native du Nord. Mon père l'avait connue à Lille. Elisabeth était très intelligente et intuitive, comme mon père du reste, mais d'une possessivité extrême doublée d'un autoritarisme sans appel !

    À vrai dire, notre père constituait à la maison une pâle figure face à sa présence temporelle sans faille. Le brave homme planait à quelques vingt mille lieues de la planète qu'on appelle Terre, c'est-à-dire notre lieu d'incarnation où la mer et les terres se mêlent dans une horizontalité sans fin où règne la Déesse mère, une situation somme toute habituelle sur le pourtour méditerranéen, mais également sur les terres de Bretagne, d'Allemagne, de Flandres, du Japon… entre autres !

    Ce que je désire évoquer aujourd'hui, ce n'est pas tellement une fuite ou une résistance viscérale face à cette autorité, mais ce désir farouche semblable à une soif permanente et jamais satisfaite d'un contact réel avec le père.

    On attend de lui d'être semblable au passeur qui mène sur l'autre rive, de rendre justice, d'instaurer la paix et d'édifier une digue de protection entre le petit poisson et la baleine, si je peux exprimer ainsi les relations telles que j'aurais dû les vivre au cours de ma tendre enfance après être sorti de l'épreuve des eaux… On a bien besoin de respirer, de se remplir d'air, d'espace. Le père c'est cela : l'éternel impalpable, celui qu'on ne voit pas, mais qui est absolument nécessaire à la survie !

    La figure du père, examinée sous cet aspect, a cette constance habituelle ordinaire de rimer souvent avec l'absence ! Je suis toujours le témoin quotidien des innombrables doléances reçues à son égard, lesquelles ont toutes réveillé bien évidemment mon désir éternel d'une vraie conversation avec l'auteur de mes jours !

    Il est également possible de constater, en vieillissant, après avoir maugréé contre ce père et ses diverses manies, parfois fort risibles, que nous, ses fils nous lui ressemblons de plus en plus dans notre façon de nous raser, de manipuler certains instruments, dans le choix des aliments, mais aussi dans diverses attitudes comportementales telles que la réponse à une agression, la façon de nous protéger ou de nous mettre en garde, etc.

    C'est dire combien en raison des identifications inconscientes, l'imprégnation paternelle pour les fils est extrême.

    Les grands hommes qu'il vénérait comme des Dieux furent également les nôtres : Claude Bernard, Lavoisier, Mendeleïev, et principalement Louis Pasteur. Mon père avait le goût de la rigueur extrême des physiciens et des chimistes sans avoir le côté farceur d'un Feynman. C'était un homme effarouché par la violence, effrayé par les conflits. Il n'aurait pas tué une mouche et se mettait en colère pour masquer sa faiblesse face à l'agressivité. Il était sans armes face à la stupidité ! La société traversait l'époque sombre du nazisme, de la délation. Certes à toutes époques le thème de la bête humaine, selon l'expression de Zola, est une constante. Rabelais, Paracelse l'ont également vécu.

    Enfant, je regardais mon père se raser, cela m'intriguait de le voir agiter son blaireau, fabriquer sa mousse dans un petit bol. Il avait un grand rasoir semblable à celui des coiffeurs d'autrefois. Il le repassait longuement afin d'affûter la lame. Cela me terrorisait car parfois je voyais sourdre du sang de son visage, il se blessait surtout lorsqu'il était énervé car nous, les enfants, nous le tracassions beaucoup…

    Je le contemplais souvent dans un état méditatif, sans concevoir que, plus tard, j'aurais moi aussi à devoir me raser car on n'imagine pas que le système pileux puisse un jour vous préoccuper.

    La brillance de son regard attirait mon attention mais pas la ligne de son corps car il était maigre et son crâne se dégarnissait ! Il n'obéissait pas aux canons de la beauté grecque, et ne ressemblait en rien aux sculptures de Phidias, ni aux guerriers. Ces personnages-là on en avait vite fait le tour, tandis que mon père demeurait toujours une énigme, même après sa renaissance !¹

    Il avait de gros yeux de myope et par conséquent des lunettes à verres épais. Sans son optique, il ne voyait rien et ne pouvait se diriger, aussi il en prenait grand soin, lavait ses lentilles chaque jour et évitait précautionneusement de les rayer.

    «  La méthode et la rigueur scientifique en toute chose… » Disait-il, même lorsqu'il lui arrivait – c'était rarissime – de faire de la cuisine lors d'une absence de notre mère.

    Je me souviens des quelques tartes aux quetsches ou aux mirabelles de notre jardin; après avoir réparti les fruits il ajoutait au-dessus des morceaux de pâte, ce qui choquait mon sens esthétique. Je ne voyais plus que ces affreux rectangles. Ils gênaient mon regard et quand je lui soulignais leur présence incongrue, il me disait :

    «  C'est pour savoir si la pâte est cuite ; ce sont comme mes éprouvettes au laboratoire, elles me donnent avec précision l'état de la cuisson. » C'était des tartes d'ingénieur en chimie physique !

    Là, je différais de sa rigueur, chez moi l'esthétisme primait, du moins avait ses exigences.

    Je devais lui causer pas mal de tracas car j'avais aussi mon caractère. Par exemple, à l'école primaire je ne voyais pas pourquoi l'institutrice se permettait de juger mon travail et osait placer un chiffre avec une encre rouge sur mon cahier puisque ce cahier m'appartenait et que j'étais tout aussi capable qu'elle d'y mettre une note ! Aussi, il m'arrivait souvent de biffer la note de l'institutrice et de la remplacer par un chiffre qui m'agréait davantage !

    Quelquefois, devant les zéros, j'ajoutais l'unité ou une queue tantôt vers le haut, tantôt vers le bas et il m'arrivait aussi de mettre des commentaires « très bien, excellent ! ». Tout cela vint aux oreilles de ma mère qui devait gentiment me caresser avec un instrument d'usage maternel exclusif qui faisait partie de l'ordinaire quotidien, un manche muni de lanières de cuir qui vous active sérieusement la circulation des jambes quand il ne s'agit pas du reste !

    Comme je récidivais, mon père exaspéré d'un rejeton aussi têtu, s'en remit de nouveau à l'autorité maternelle qui derechef dut s'exercer mais cette fois devant toute la classe. Elle devait m'accompagner à cette occasion à l'école et raconter mes méfaits devant l'institutrice et les camarades et, non contente de me morigéner, elle m'attribua, devant eux, une solide raclée de martinet, démonstration d'autorité habituelle quotidienne dont je me serais fortement bien passé. J'avais six ans et nous habitions le village de Pompey, proche de Nancy, une cité grise et ocre qui sentait le soufre, la suie et les gaz de fonderie. Le ciel était celui de la Lorraine envahie par les vert-de-gris. Tout était acide car l'invasion était là, bien présente, et la mort rôdait partout.

    Je n'ai plus guère de souvenirs de l'époque heureuse de mes premières années avant la déferlante guerrière. Ma mère me racontait que j'étais un gosse d'une curiosité impossible et d'une ténacité sans faille. Comme elle suivait les conseils du Pr. Vermelin et non les besoins exprimés par son rejeton, elle me pesait entre chaque tétée et je connus le rationnement avant la lettre ; ainsi je pouvais brailler d'une tétée à l'autre pour réclamer d'être nourri à ma faim, sans me fatiguer.

    Mon père intervenait mais sans résultat. À peine debout, je déménageais la vaisselle, aussi les portes et les placards furent vite fermés à clé. Les robinets des radiateurs du chauffage central m'intriguaient et les fuites d'eau furent si nombreuses que ma mère imagina de me terroriser en me disant qu'il y avait un vilain crocodile dans les radiateurs. Mon père laissa faire. Elle me vanta les crocs de l'animal et sa rapacité insatiable, mais cela n'eut pour effet que d'aiguiser ma curiosité, aussi je débouchais tous les radiateurs à ma portée afin de voir l'horrible animal et trouver enfin de la compagnie… L'inondation générale des parquets devait alarmer mon père mais sans guérir ma soif de m'informer sans cesse des choses nouvelles. J'étais un enfant parti à la conquête de l'espace, à la découverte de toutes les singularités ou bizarreries de ce monde.

    La vie n'est-elle pas un magasin de curiosités ? Et derrière chacune, n'y a-t-il pas de bonnes choses à prendre… ou à apprendre ?

    J'en voulais beaucoup à mon père de me laisser totalement à la merci d'un pouvoir maternel que je ressentais comme intolérable et cœrcitif.

    Dès ma première année j'avais pour ami Diak, un chien berger allemand. Je dormais couché contre lui, ce que ma mère ne supportait pas.

    «  Lorsque tu étais entre la vie et la mort du fait d'une otite compliquée d'une mastoïdite, ton chien ne te quittait pas d'un pouce. Il veillait jour et nuit sur toi… »

    Tel était le témoignage de ma mère à son égard. Elle prit ombrage de notre affection réciproque et la jalousie aidant, elle trouva la solution de donner le chien à la fille d'une voisine afin de m'éloigner de lui ! Mon père laissa faire… L'animal manifestait par des grognements sa réprobation quand elle exerçait ses brutalités envers moi…

    J'eus quelques années plus tard un coq pour ami. Blanqui était tout blanc, je l'avais baptisé ainsi pour cette raison. Il y avait entre lui et moi une relation étrange semblable à celle d'un cavalier dont le cheval agit selon la pensée de son maître. Il m'attendait toujours derrière la grille de la maison quand je rentrais de l'école, en me faisant la fête à sa façon.

    Il surgissait du jardin situé à l'arrière de notre maison d'habitation et se trouvait toujours là dès que j'arrivais. Cela était surprenant, car il ne pouvait pas me voir arriver.

    Si je lui désignais mentalement un acte à effectuer, par exemple, aller picorer des mirabelles tombées, il s'affairait aussitôt dans la direction que je lui avais indiquée, sans aucune dérive.

    Si je lui demandais d'aller morigéner une poule trop bruyante à mon goût et fort éloignée du groupe de ses congénères, aussitôt il se dirigeait vers elle et agissait comme je le lui avais indiqué en pensée… C'était mon copain, mon pote, après le chien éloigné par ma très chère mère…

    Elle devint jalouse de ce nouvel ami et profita de l'absence qu'elle avait elle-même organisée avec un médecin pour me faire opérer des amygdales.

    Durant ce temps, elle fit tordre le cou à mon ami gallinacé et le servit à mon retour de clinique sous forme d'un rôti… On imagine les conséquences psychologiques et le sentiment qui en résultèrent chez l'enfant…

    Elle a dû avoir mauvaise conscience car elle me fit cadeau en dédommagement, si je puis dire, d'une maquette de bateau à laquelle je ne voulus jamais toucher. Un enfant ne trahit pas un ami de la sorte… !

    Je vomissais littéralement ce comportement et j'étais furieux de la faiblesse de mon père qui une millième fois me laissait à la merci de son Général…

    Vous comprendrez aisément pourquoi je ne voulus plus manger de poulet ou de volailles jusqu'à l'âge adulte, ni pourquoi je versais dans l'allergie aux militaires, aux despotes et aux brimades administratives. On retrouve chez les anarchistes espagnols les mêmes relations envers des mères un peu trop phalliques…

    Comme je n'avais pas le droit d'avoir des camarades de jeu à la maison, encore moins de m'échapper à l'extérieur pour jouer et qu'il n'y avait pas l'alternative d'un animal fétiche, je parlais aux arbres ! Je les prenais pour amis et j'allais dans le jardin respirer un peu hors de la sphère maternelle ou scolaire pour ne pas périr d'asphyxie…

    Ma mère avait observé la qualité de ma mémoire. En classe, il suffisait qu'un gamin récite sa leçon avant moi, pour que, interrogé en second, j'obtienne la moyenne. Si deux élèves passaient avant moi, je parvenais à 16/20, après trois je décrochais aisément 18 ou 19/20. Il en était de même au catéchisme. Ma mère se rendit au presbytère comme auprès de l'instituteur, ce qui me donna l'occasion d'être systématiquement interrogé en premier. Il en résulta une série mémorable de zéros, notamment au catéchisme où le curé était aussi rigide que ma mère.

    Comme je me moquais bien d'effectuer ma communion, la série s'éternisa. Par contre, à l'école, la méthode eut un effet positif en ce sens que je fus bien obligé de lire mes leçons ! Au lycée, je trouvais aisément la parade : j'étais responsable de classe et donc de la feuille de notes, ce qui devait s'avérer très utile… D'ailleurs j'avais découvert la solution : j'imitais à la perfection la signature de mon père, très simple, ce qui évitait d'avoir à présenter chaque mois ou chaque semaine le bulletin de notes générateur de fessées et de réprimandes verbales.

    J'étais donc un enfant qualifié de forte tête ou de meneur qui errait en fait dans ses rêveries en refus de la réalité humaine trop humaine, adorateur de belles choses tout à fait inaccessibles. En cela je ne différais pas de mes semblables mais à cette époque plus souvent que de coutume le ventre criait famine.

    Mon père était un véritable aristocrate, du moins j'en jugeais ainsi en le voyant toujours vêtu d'une chemise blanche, immaculée et d'une cravate dans un siècle de grisaille et de meurtres ou le peuple se terrait, assoupi dans une ambiance de peur latente et de lourde oppression. Comment ne pas rêver aux oiseaux chanteurs parmi les marguerites et les iris du jardin dont les coloris comme les odeurs m'attiraient tout comme celles des roses, des pivoines, des pois de senteur… ? J'allais un peu trop souvent me perdre dans les groseilliers ou sous les mirabelliers et lorsque mon père rentrait fort tard de l'usine, il me demandait parfois, mais très

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