Michel Pastoureau est un enfant qui a réussi. C’est la conclusion à laquelle on arrive en refermant la porte de son appartement. On s’attendait à échanger avec un historien reconnu pour ses travaux sur les couleurs et les animaux, mais on retient surtout un visage, des yeux ronds et un sourire enfantin. Étudiant, il voulait « faire du Pastoureau » ! Mais qu’est-ce donc, du « Pastoureau »? Peut-être parvenir à combiner toutes ses passions d’enfant en un métier. À de nombreuses questions, il commence à répondre par: « Ça remonte très loin… Chez moi, tout remonte très loin. » Voilà un bon résumé.
La culture, l’écriture, la lecture, l’art, il est tombé dedans quand il était petit. La bibliothèque est effectivement imposante, des livres en latin, sur son nouvel ouvrage. Un pèlerinage dans sa propre jeunesse: Les questionnements du jeune auteur, le directeur de collection invisible, les envois presse inexistants… L’aventure racontée par le septuagénaire est tendre et plutôt drôle quand il moque les colloques inutiles ou se souvient de conférences pour lesquelles il n’avait pas préparé le bon sujet. Il s’agit croit-il, savoir - de son 89e livre. On trouve le chiffre un peu dingue. Ses 30000 livres sont maintenant répartis entre la Gironde, la Bretagne… et le garage de son appartement de la banlieue chic parisienne où nous nous trouvons. Dans le salon, cossu et lumineux, des porcelaines appartenant à sa femme, nombreuses. Lui, ce sont On en compte près d’une dizaine.