Le 17 mars 2031, dans une morgue de Montréal, un homme tire deux balles dans le cadavre de son père. Pour ce geste, il écope d’une année d’« obligation de soin » qui le contraint à « rouvrir les plaies de toute une vie ».Car s’il est un homme qui connaît « l’origine des larmes », c’est bien Paul Sorensen. Privé de sa mère et d’un frère jumeau dès sa naissance, Paul grandit aux côtés d’un père qui, loin de la combler, creusera cette double absence. Sa vie durant, Thomas Lanski n’exerça qu’une profession, « le Mal », n’eut qu’une vocation, « être un salaud ». Avec son fils en particulier, auquel il dissimule toute trace de l’existence de sa mère et invente une filiation glorieuse construite sur un mensonge. De telle sorte qu’à 52 ans Paul Sorensen a pour seule amie une intelligence artificielle, pour seule activité la gestion de Stramentum, la fabrique de housses mortuaires dont il a hérité. « Est-ce la pire des souffrances que de ne pas aimer ? Je ne sais plus. Il me semble que l’on finit par s’y habituer. Quand on traverse l’enfance, et plus tard l’âge adulte, dans l’ignorance d’un sentiment pareil, j’imagine que, ne sachant pas ce Rythmé par les séances d’analyse de Paul avec le docteur Guzman, interroge la possibilité d’une vie épanouie face à cette injustice fondamentale que représente le manque d’amour.
Jean-Paul Dubois L’Origine des larmes
Feb 22, 2024
8 minutes
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