«LA VIE EXIGE QU’ON SURMONTE SES PERTES»
des « êtres multicouches » aux facettes cachées, inexplorées ou inattendues que Richard Ford s’efforce de creuser dans le creuset de son encrier. Rien ne le prédestinait, a priori, à devenir un écrivain phare, lauréat du Pulitzer – pour (1996) – ou du Femina étranger pour (2013). Non seulement les livres ne faisaient pas partie de son univers, mais en plus il a failli virer du côté des voyous ou des guerriers. La vie et une volonté de fer se sont chargées de l’orienter vers une autre voie. Un parcours comme les Américains les aiment, si ce n’est qu’il a tendance à révéler les revers des rêves. Y compris dans son nouveau recueil de nouvelles, (Éditions de l’Olivier). Un condensé d’histoires qui nous livrent le regard de personnages face à leurs miroirs intérieurs. Tel un bilan existentiel comprenant des parcelles de la vie de l’auteur. Existe-t-il un baromètre pour dire qu’on a assez vécu? Ou est-ce inévitable de cumuler des rendez-vous manqués? Qui peut se vanter de ne jamais avoir eu de désillusions, de désirs inavoués, de morts ou de chagrins insurmontés? Quel que soit l’âge, il n’est peutêtre pas trop tard pour continuer à écrire sa propre histoire, chaque jour. C’est incontestablement ce que Richard Ford s’efforce de faire. Cet homme a l’allure d’un roc, pourtant il creuse ses fêlures et celles de son pays, qui apparaît ici sous forme de mosaïque. Son bureau-bibliothèque comporte un masque de singe, « une figure antique et iconique qui s’avère binaire ». Il en va de même de cette ère du Covid, « une période propice à l’écriture », qui l’a confronté à lui-même. Ce bon vivant,
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits