VOUS NE CONNAISSEZ pas forcément son nom, mais vous avez sans doute déjà vu ses “Mickey”, comme il dit. Des installations mix-médias qui lui ont valu de se faire un nom dans le monde très fermé de l’art contemporain et qui lui ont ouvert les portes vénérables de plusieurs galeries et hôtels prestigieux. Mais Jaouad est tout sauf un artiste qui a trouvé un “bon filon” et qui, sous couvert d’avoir réussi à un peu désacraliser le pop art, n’a plus rien à faire. Ce plasticien complètement autodidacte vit pour l’art depuis toujours et quand il nous raconte son histoire, on aurait presque tendance à croire que l’univers a bel et bien un plan en ce qui le concerne. Un plan qui se construit à mesure qu’une ligne se dessine sans jamais s’arrêter. Évidemment, il en devient fascinant.
Ligne 4, Puces de Saint-Ouen
C’est là que tout commence. Jaouad raconte aujourd’hui avec fierté sa jeunesse dans les jupes de Clignancourt, à chiner aux côtés de son père et de son frère, à écouter les chiffonniers mentionner du Kandinsky, Klee et autres stars. Nous sommes dans les années 1990, Jaouad à 9 ans. Il se balade sur tous les stands, tous les week-ends. C’est en voyant des peintures, des objets, c’est en écoutant ces spécialistes discuter, que Jaouad prend conscience du pouvoir de l’art, sans pour autant imaginer qu’un jour, lui aussi, pourra se vanter d’avoir la cote. Sa “foi” artistique grandit mais il ne le comprendra que des années plus tard, à un moment crucial de son parcours. “La Porte de Saint-Ouen, c’était pas une tare, en fait, c’était un cadeau culturel incroyable.” Pour l’instant, il faut grandir et trouver sa place. Oui mais voilà, Jaouad ne la trouve pas.
Il crayonne sur ses cahiers de classe et repique trois fois sa cinquième. “Au collège je suis en échec scolaire. Je commence le dessin vers 10-11 ans. Je fais beaucoup de traits. Les : en gros je prenais mon feutre, je faisais un trait, guidé par mon inconscient et ça faisait une forme et dans cette forme je laissais mon imaginaire