du trou numéro 1 le dernier jour, on sait qu’elle va gagner. Ça ne peut se passer autrement. Elle a beaucoup d’avance, d’accord, mais elle est dans un tel process que l’accident ne peut pas lui arriver. C’est impossible.” Trémolos dans la voix, le monsieur Golf de , Thierry David se souvient parfaitement de sa journée du 30 juillet 2023. Il était arrivé tôt sur place pour organiser avec son équipe les six heures de retransmission de la chaîne cryptée de l’un des cinq Majeurs du circuit féminin, le Masters d’Évian, équivalent de Roland-Garros en golf. Céline Boutier, 29 ans et alors 15 joueuse mondiale, a 3 coups d’avance quand elle tape son premier drive à 12 h 25. Quatre heures vingt et dix-huit trous plus tard, elle a terrassé tous ses adversaires (6 coups d’avance) et devient la première Française depuis vingt ans à remporter un tournoi du Grand Chelem (Patricia Meunier-Lebouc en 2003), la 3 au total, avec Catherine Lacoste en 1967. Un exploit majuscule qui fait littéralement pleurer en direct le journaliste de , dévasté de bonheur à l’antenne. “Ce n’est pas que Céline en fait, nous dit-il. L’émotion est globale. Quand elle remonte le trou 18, la victoire en poche, je pense à Canal : ça fait quarante ans qu’on diffuse le golf, quarante ans que l’on court après ça, jamais on a vu à la télé un Français ou une Française décrocher la lune. Je pense aux collègues qui m’ont précédé aux commentaires, aux anciens champions qui ont raté de très peu la victoire en Grand Chelem comme Thomas Levet en 2002 et Jean Van de aujourd’hui, ndlr).” Ce n’est donc pas “que Céline”, mais c’est bien la native de Montrouge (dans le département des Hauts-de-Seine) qui a exorcisé le golf français et l’a propulsé dans une autre dimension, lui ôtant, enfin, l’étiquette douloureuse de looser dans les grandes compétitions internationales.
