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Lucas
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Livre électronique236 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.



«Crosby, Lemieux, Gretzky, Richard: c’est la liste des plus grands attaquants de l’histoire du hockey.

Un jour, on ajoutera Moreau à cette énumération.

Moreau, c’est moi.

Lucas Moreau, 15 ans, centre, meilleur joueur des Mambas.

La partie va débuter dans quelques minutes. Je suis assis dans le vestiaire, au milieu des vingt guerriers de mon équipe midget, et j’essaie de me concentrer. C’est notre dernier match avant le congé de Noël et si on gagne, on sera premiers au classement de la ligue pendant au moins trois semaines.

C’est une partie importante et tout le monde en ressent la pression. Et tous mes coéquipiers comptent sur moi, parce que je suis le meilleur joueur des Mambas.»
LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2017
ISBN9782897583507
Lucas
Auteur

Mathieu Fortin

Mathieu Fortin est un auteur québécois. Après une courte carrière dans l’enseignement, il consacre désormais son temps à l’écriture et à sa famille, en plus de faire de l’animation dans un musée. Son premier roman, Le loup du sanatorium, publié sous forme de Novella, s’est mérité une mention d’honneur au Prix Cécile-Gagnon en 2008. Il a reçu plusieurs distinctions pour ses ouvrages dans le domaine du fantastique et de la science-fiction. Mathieu a signé plusieurs romans fantastiques, notamment deux titres dans la collection Clowns Vengeurs. Il a presque une vingtaine de romans à son actif.

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    Aperçu du livre

    Lucas - Mathieu Fortin

    Épilogue

    PARTIE 1

    Chapitre 1

    22 décembre

    Crosby, Lemieux, Gretzky, Richard: c’est la liste des plus grands attaquants de l’histoire du hockey.

    Un jour, on ajoutera Moreau à cette énumération.

    Moreau, c’est moi.

    Lucas Moreau, 15 ans, centre, meilleur joueur des Mambas.

    La partie va débuter dans quelques minutes. Je suis assis dans le vestiaire, au milieu des vingt guerriers de mon équipe midget, et j’essaie de me concentrer. C’est notre dernier match avant le congé de Noël et si on gagne, on sera premiers au classement de la ligue pendant au moins trois semaines.

    C’est une partie importante et tout le monde en ressent la pression. Et tous mes coéquipiers comptent sur moi, parce que je suis le meilleur joueur des Mambas. Et moi, je m’appuie sur eux, car je suis un gars d’équipe.

    — Hey, Moreau, tu marques dans le bon filet ce soir?

    Tous les joueurs éclatent de rire. C’est Bilodeau qui vient de me lancer cette remarque. Il aime bien rappeler cette histoire ancienne pour me narguer: au premier match de l’année, j’avais involontairement fait dévier une rondelle dans notre propre but.

    Je ne l’avais pas fait exprès, c’est certain; le disque avait frappé mon bâton, ce qui l’avait fait dévier. Depuis ce moment-là, les gars de l’équipe m’écœurent en disant qu’il manque un but à ma fiche.

    Je m’en fous un peu, parce qu’ils savent que je suis indispensable à l’équipe. Je n’étudie pas en sport-études, comme presque tous les autres joueurs, qui sont en secondaire 3. Moi, j’ai redoublé mon secondaire 1, alors je suis en secondaire 2. Je suis un peu en dehors de la gang du hockey et ça ne me dérange pas: je suis plutôt du genre solitaire, avec un cercle très restreint de vrais copains.

    À côté de Bilodeau, il y a Olivieri, son meilleur ami. Ils jouent toujours ensemble, sur le même trio. Ils sont bons, deux joueurs vedettes de l’équipe, comme moi, mais ils sont baveux. Ils se vantent constamment, sans aucune modestie. Je suis certain qu’ils vivent en fait de la frustration de me voir trôner au sommet du palmarès des compteurs. La différence entre eux et moi, c’est que je ne ressens pas le besoin de toujours dire aux autres à quel point je suis excellent.

    À côté de moi, il y a mon meilleur pote, Biaggio Lagacé, surnommé Big, celui qui m’accompagne sur mon trio depuis que nous avons commencé à jouer au hockey, il y a 10 ans. C’est le plus gros joueur de l’équipe et s’il est plus lent sur ses patins, il s’assure que je ne sois jamais en danger. Si je marque autant de buts, c’est grâce à lui. Il fait de bonnes passes, mais surtout, il dégage toujours l’espace autour de lui. Il est tellement large que nos adversaires le craignent.

    Le coach Boulay entre dans le vestiaire. Avec sa moustache et sa calvitie, il a l’air d’une parodie d’entraîneur, mais il est efficace: c’est grâce à lui si on est disciplinés. Il aime dire qu’il nous traite comme des professionnels, comme des adultes, qu’il nous fait confiance et qu’on doit se montrer dignes de cette foi-là.

    — Les gars, le match va commencer dans une couple de minutes, nous dit-il. Vous êtes bons, vous allez gagner, j’en suis certain. Comme d’habitude, on suit les jeux qu’on a pratiqués et tout va bien aller.

    J’acquiesce. Le coach sait ce qu’il fait.

    Quelques instants plus tard, je suis grisé par la sensation de glisser à toute vitesse sur la patinoire.

    Je regarde dans les estrades, au même endroit qu’à l’habitude, derrière le banc des punitions, dans la cinquième rangée, au centre de l’allée. Mon père, William, facile à reconnaître avec sa longue barbe poivre et sel, porte sa casquette noire et rouge des Mambas. Je suis toujours très content de le voir aussi admiratif de l’équipe. C’est mon fan numéro un. Il ne manque jamais une partie, il est souvent là pendant les pratiques et il me paye même un coach privé pour s’assurer que j’obtienne ce qui est le mieux pour mon avancement.

    Et je suis le meilleur. Ce n’est pas pour me vanter, mais depuis que je suis haut comme trois pommes et que j’ai mes premiers patins, je me démarque des autres sur la glace.

    À côté de lui, ma blonde, Océane Gagnon, ma fan numéro deux, qui ne manque presque jamais une partie, elle non plus. Je l’ai rencontrée après un match, il y a un peu plus d’un an, et ça a été un coup de foudre entre nous. On va à la même école, mais je ne l’avais jamais remarquée avant qu’elle ose me parler. Elle était timide et j’ai trouvé ce trait de caractère charmant. Moi, je suis réservé, mais Océane fait de moi un bon amoureux, je pense. C’est ma première blonde officielle, après quelques fréquentations d’une semaine ou deux, mais avec elle, c’est différent. J’ai envie de passer du temps à ses côtés, j’ai envie qu’elle soit fière de moi.

    Je leur envoie la main, au moment où Bilodeau passe à côté de moi.

    — Moreau, concentre-toi! Pense à la game, lâche ta blonde!

    Je baisse la tête sur la glace et je continue le réchauffement. Bilodeau veut me déconcentrer, mais il n’y arrivera pas. Il n’est pas aussi travaillant que moi, même s’il est talentueux. C’est un bon joueur, mais paresseux. Et grande gueule. Je n’aime pas beaucoup les vantards. «Grand parleur, petit faiseur», comme l’affirme mon père.

    Bilodeau et moi, on ne s’entend pas tout le temps, mais le coach Boulay se trouve béni de nous avoir tous les deux dans son alignement; Bilodeau est presque du même calibre que moi. Mon père croit que c’est bien d’avoir ce joueur-là dans l’équipe parce que ça m’empêche de me reposer sur mes lauriers. Sa présence m’incite à m’améliorer pour rester devant lui.

    Je ne pense pas que je puisse travailler plus fort: toute ma vie tourne autour du hockey.

    Je suis déçu que ma mère ne soit pas là, même si je sais qu’elle n’assiste jamais aux parties. Je garde espoir qu’un jour, elle sera capable de gérer le stress que lui cause mon sport. Elle dit que ça l’énerve trop, qu’elle a peur que je me blesse parce que, pour elle, le hockey est un sport violent, où les blessures sont trop fréquentes.

    Juste avant le début de la partie, l’arbitre siffle. C’est le moment d’aller rejoindre nos bancs respectifs. Je retrouve les gars et le coach me fait signe de rester sur la glace.

    — Le trio de Lucas en premier.

    Cette nouvelle me fait plaisir, parce que c’est rare que ça arrive.

    — Coach! s’exclame Bilodeau. C’est ma ligne qui commence d’habitude.

    — Les Goliaths s’attendent à ce que ce soit toi qui sois sur la glace. On va les surprendre un peu.

    Il lève une main et appelle l’arbitre tandis que moi, j’espère que cette décision n’affectera pas l’esprit d’équipe. Bilodeau et moi, on a une relation ponctuée de hauts et de bas, mais cette énergie nous nourrit tous. Sauf que si le trio de Bilodeau ne commence pas la partie, c’est parce que ses ailiers et lui n’ont pas connu de bons matchs dernièrement. Il va devoir arrêter de parler pour ne rien dire et devenir plus efficace. D’ici là, ma ligne fera le travail!

    Les joueurs partants se rendent au point de mise au jeu, au centre de la glace.

    Juste avant que la rondelle quitte la main de l’arbitre, je tente de faire le vide. Je dois être le plus rapide, saisir le disque dès qu’il touche la glace, avec le revers de ma palette, pour l’envoyer derrière, à ma droite. Ensuite, le déroulement se déploiera selon les scénarios qu’on a pratiqués. Si je perds la mise au jeu et que la rondelle se retrouve dans les mains ennemies, je devrai foncer droit devant en espérant l’intercepter et me replier en vitesse si les Goliaths se lancent à l’attaque.

    Je lève les yeux une dernière fois vers les estrades.

    Ma mère ne m’a pas fait la surprise d’être là. Mon père garde en tout temps un siège vide à côté de lui, dans l’espoir qu’elle se présente, mais c’est toujours en vain.

    Je dois me concentrer. Je serai bon. Je vais lui prouver, à ma mère, qu’elle manque un excellent spectacle et que je réussirai à me rendre dans la grande ligue. Je ne lâcherai pas, jusqu’à ce qu’elle me dise que j’ai fait le meilleur choix.

    La rondelle quitte les mains de l’arbitre et tourbillonne jusqu’au centre du point rouge. J’avance mon bâton rapidement et je réussis à toucher la rondelle en premier. Elle ne se dirige pas vers le défenseur, comme j’aurais voulu qu’elle le fasse; elle s’en va plutôt vers Biaggio, mon ailier fidèle. Ce dernier pousse le joueur des Goliaths et récupère le disque. Il l’envoie vers notre ligne bleue et notre défenseur en prend le contrôle.

    L’attaque s’organise. Je n’ai plus le temps de penser, je dois agir.

    La partie se déroule à toute vitesse. J’ai le contrôle de la rondelle de nouveau, je patine vers le but adverse. Je me fais intercepter. Le joueur des Goliaths me pousse. Un de ses coéquipiers en profite pour me prendre le disque. Big est là; il lui bloque le chemin. Contact. L’adversaire n’est pas assez grand ni assez gros. Il tombe.

    L’arbitre siffle. Le jeu s’arrête. Biaggio sera chassé pour deux minutes. Je ne suis pas d’accord. La situation m’échauffe le sang. Elle m’aide à être compétitif, parce que je n’aime pas l’injustice.

    À la nouvelle mise au jeu, on dégage la rondelle en zone adverse et le coach nous rappelle au banc. Des joueurs reposés nous remplaceront pendant presque toutes les deux minutes que durera le désavantage numérique.

    Je respire un peu et je prends une gorgée d’eau alors que la partie continue. Je vois Biaggio, dans le cachot à ma droite, et en tournant la tête, j’aperçois mon père et Océane en grande discussion.

    Elle m’a déjà raconté que mon père étudie chaque fait et geste sur la glace. Je le reconnais bien là-dedans: absorbé par l’analyse de mon jeu et capable de me citer toutes mes erreurs, à quel moment elles ont eu lieu, ce que j’aurais dû faire pour ne pas les commettre… Pour quelqu’un qui ne joue pas, il connaît bien le hockey!

    Les Goliaths causent un hors-jeu. On en profite pour effectuer un changement de nos effectifs. Les quatre joueurs qui étaient sur la glace pendant la pénalité de Biaggio reviennent au banc. Le coach Boulay nous fait signe: moi et Jutras, mon autre ailier, sautons sur la patinoire. Quand la pénalité sera terminée, dans 15 secondes, notre troisième joueur d’avant sera libéré de sa prison.

    Et nous lancerons l’attaque.

    Le jeu est parfait. J’intercepte une passe, il reste deux secondes à notre désavantage numérique. Je patine, je déjoue un joueur adverse, Biaggio sort du cachot. Je lui envoie le disque.

    La rondelle glisse directement sur sa palette. Je m’élance à toute vitesse vers le but. Je réussis à contourner le défenseur. Biaggio me renvoie le disque. Je l’attrape et je tire. La rondelle suit une trajectoire parfaite et passe pardessus l’épaule du gardien, qui s’était jeté par terre.

    La lumière rouge s’allume.

    J’ai compté!

    Tous nos partisans se lèvent et applaudissent. Je suis grisé, comme chaque fois que j’envoie la rondelle au fond du filet.

    Je m’appelle Lucas Moreau et, en ce moment, je me sens comme le roi du monde.

    Chapitre 2

    On a gagné la partie! On est premiers au classement! J’ai compté deux buts et récolté deux passes. Je suis la première étoile du match, mais ce n’est pas seulement cette réussite qui me rend fier. Je suis toujours content après un affrontement au cours duquel j’ai bien performé. Je sais que mon père sera fier de moi. Voir ses yeux briller après une bonne partie me fait toujours aussi plaisir, même si je ne suis plus un petit garçon.

    Dans le vestiaire, les gars sont heureux; je reçois un paquet de félicitations. Même Bilodeau fait un effort pour être sincère et non pas ironique en me disant: «Bravo, Moreau, belle game

    Maintenant lavé, je demeure fatigué, mais sur un high incroyable. Je n’ai pas envie d’aller me coucher.

    — On se rejoint chez nous, les gars! lance Bilodeau en enfilant son manteau. Y’aura de la bière pour tout le monde!

    Il me regarde un moment avant de sourire en ajoutant:

    — Et y’aura aussi de l’eau pour ceux qui dérogent pas à leurs restrictions alimentaires.

    Cette attaque est gratuite, mais je ne réplique pas. Chacun ses combats! J’irai à la fête chez Bilodeau, parce que j’ai quand même envie de célébrer. Nous savions tous avant le match que le père de mon coéquipier nous invitait ce soir pour souligner le début des vacances de Noël. Comme nous avons gagné, c’est une occasion supplémentaire de fêter.

    Pour moi, des vacances de Noël, ça veut principalement dire pas d’école, parce que le hockey, lui, n’arrête jamais. Même l’été, je m’entraîne et je participe à des camps spécialisés.

    Quand je sors du vestiaire, Océane m’attend dans le couloir et elle se précipite dans mes bras.

    — T’étais le meilleur, mon beau Lou!

    Elle m’embrasse et je la serre contre moi. Je ne me tanne jamais de la voir après les matchs, de savoir qu’elle m’encourage dans ma passion pour le sport.

    Appuyé contre un mur, mon père nous observe. Nos regards se croisent et il me sourit.

    Il s’avance vers moi, et Océane lui laisse de la place. C’est un rituel, tout ça: Océane en premier, mon père en deuxième, après chaque partie.

    Il me tend la main et je la serre. Il m’attire vers lui pour qu’on se donne un coup d’épaule. Mon père est bâti et fort comme un bœuf: son travail dans le domaine de la construction n’est pas étranger à sa carrure.

    — Je suis tellement fier de toi, mon fils! me glisse-t-il à l’oreille.

    — Merci, p’pa.

    — Je vous amène chez Bilodeau?

    Je sais qu’il voudrait que je rentre avec lui à la maison, mais je jette un coup d’œil à Océane. Je la

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