À la dérive (37)
Par Nadine Poirier
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À propos de ce livre électronique
A seize ans, après avoir passé la moitié de son existence dans le « système », Nolan est toujours convaincu qu'il réussira à retourner auprès de sa mère. Même si celle-ci ne lui témoigne plus aucun intérêt, il ne peut envisager sa vie sans elle et n'offre son attachement à personne d'autre. Jamais une nouvelle mère ne pourra être plus aimante que celle qu'il s'est fabriquée dans son imaginaire.
Son agressivité grandissante et ses séjours fréquents au centre jeunesse lui confèrent un statut de délinquant, de rebelle. Qui donc voudrait d'un adolescent pareil sous son toit ? Une famille, pourtant, semble finalement croire en lui… Et il y a Laurie. Si forte et courageuse. Se pourrait-il que cette rencontre parvienne à tout changer ?
L'abandon, qu'il soit vécu au sein d'une cellule familiale ou en institution, est souvent responsable du trouble de l'attachement. Des comportements défiant les règles établies par la société s'ensuivent, ainsi que les sanctions qui s'imposent. Il devient alors difficile de penser à l'avenir de façon optimiste. S'ouvrir aux autres peut être la solution pour réussir à repartir sur de nouvelles bases.
Nadine Poirier
Je suis née en 1965 à Bonaventure en Gaspésie. Cinquième d’une famille de 7 enfants, je n’étais pas particulièrement intéressée par les livres. Après une enfance à jouer avec les crabes au bord de la mer, à me rouler dans la glaise, à courir dans le champ derrière les vaches, et ensuite à travailler dans une base de plein air, je me suis installée à Trois-Rivières pour obtenir mon baccalauréat en récréologie. Durant 15 ans, j’ai organisé les loisirs dans une école secondaire. Mais depuis que j’ai une famille de 4 jeunes lecteurs, j’ai découvert l’univers sensationnel des livres jeunesse. J’ai trouvé une autre façon d’exploiter mon imaginaire débordant. Par le biais de l’écriture, je découvre une grande liberté de penser et de m’exprimer. Mon écriture évolue au rythme de mes enfants. Elle prend de l’âge, se refait une beauté, change selon mes humeurs. Je n’aime pas la routine. Souvent, mes récits aboutissent dans ma collection d’idées abandonnées. Dans ce métier, j’apprends aussi à tourner la page. J’aime aborder des sujets qui touchent l’être humain et ses complexités, sa nature imperfectible et son grand potentiel. Les petites choses de la vie quotidienne qui me font sourciller, rager ou sourire se retrouvent bien souvent à la pointe de mon crayon. J’en profite pour exprimer ce qui me trotte dans la tête. Mes personnages reflètent toujours une partie de moi, même les plus détestables!
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À la dérive (37) - Nadine Poirier
Prologue
Zoé, ma petite sœur, avait sept ans, et moi, huit ans, lorsque les employés de la protection de la jeunesse sont venus nous chercher. Même si j’ai tout essayé pour défendre maman, en jurant que le coup de couteau était un accident, rien de ce que j’ai dit n’a fait de différence.
– Ma mère a trébuché derrière moi avec le couteau.
– Je me suis fait cette blessure en tombant de mon lit.
J’avais une explication pour chacune de mes ecchymoses, chacune de mes cicatrices, même si certaines remontaient à si longtemps que je ne me souvenais pas de comment je les avais eues. Zoé n’avait rien, elle, parce que je la protégeais. Je me rappelle m’être placé entre elle et maman pour prendre les coups. Malgré mes objections, les médecins étaient catégoriques : nous souffrions aussi de malnutrition. Et puis, il y avait le dossier de notre école. Madame Marie-Christine et madame Janice, nos professeures, avaient l’œil pour ces choses-là.
À cette époque, je ne pouvais pas concevoir que ma mère nous ait laissés partir. C’était plus facile pour moi de penser que nous avions été enlevés, plutôt que de comprendre que nous avions été « placés » dans une autre famille.
Le jour de notre « enlèvement », Zoé n’a pas pleuré. Elle allait habiter dans une vraie maison. Comme ses poupées, pour qui elle inventait la vie de château. La réalité était trop difficile pour ma sœur. De mon côté, ç’a été le commencement d’un long refus, la naissance d’une colère indescriptible. Ma mère n’a rien fait pour les en empêcher. Comme si nous n’avions pas plus de valeur à ses yeux que les bouteilles vides qui traînaient sur le balcon.
- 1 -
On arrive, maman !
Je n’en peux plus d’attendre. Enfin, Zoé et moi allons passer la fin de semaine avec maman. Elle a assuré à Marco, notre travailleur social, que cette fois-ci serait la bonne. Elle est prête à lui prouver qu’elle peut nous reprendre. Huit ans d’attente et d’espoirs ! Ce n’est pas trop tôt. Ça fait un mois qu’on ne l’a pas vue. Un mois que je patiente. Je peux compter sur les doigts d’une main les occasions où nous avons parlé à maman depuis mes quinze ans. Elle a dit à Marco qu’elle avait trop de travail. Je pense qu’elle fait des efforts pour arrêter de prendre de la shit. C’est pour ça qu’elle ne peut pas tout le temps communiquer avec nous. Elle doit se taper les thérapies et des séjours dans un centre de désintox. Au téléphone, elle a promis qu’elle allait changer, qu’on allait vivre avec elle de nouveau.
De mon côté, je suis prêt à 100 %. Je suis capable de ramasser de l’argent pour l’aider à nous garder. Maman ne peut pas tout payer seule. Si je l’aide, nous retournerons enfin chez nous. J’ai hâte de lui dire que j’ai trouvé une façon de faire de l’argent pas mal plus safe que de dévaliser des commerces. Une façon qui ne m’obligera pas à étudier durant des années.
Zoé et moi montons dans la voiture de Marco. Ma sœur boude. Elle a fait exprès de s’habiller tout croche. Ses cheveux décoiffés, son maquillage d’hier qui a coulé sous ses yeux… Franchement, on dirait qu’elle veut que maman se foute d’elle.
Elle joue avec le bouton de la fenêtre. Monte, descend, monte, descend. Elle claque ses cuisses ensemble à répétition.
– Arrête ! Tu m’énerves.
Marco nous jette un œil dans le rétroviseur. Je sens que le voyage va être long. Ça ne lui tente pas, à ma sœur, d’aller voir maman. Mais moi, faut que j’y aille.
Je ne le dis pas à Zoé, mais j’ai besoin de savoir si maman a déménagé sans nous le dire, comme la fois d’avant. Carole, la T.S. de l’année dernière, avait passé des jours à essayer de la joindre. Les policiers n’avaient pas beaucoup d’informations sur elle. Pas de voiture, plus de permis de conduire, aucune carte de crédit ; allez donc retrouver quelqu’un. Son numéro d’assurance sociale est inutile, car, dans le domaine de maman, il n’y a pas d’emplois rémunérés normalement. Putain de métier, ça ne laisse pas beaucoup de traces.
Il a fallu attendre que maman se pointe au bureau de l’aide sociale pour avoir son chèque. C’est là que les autorités l’ont interceptée. Son proprio l’avait foutue à la rue parce qu’elle n’avait pas payé son loyer depuis trois mois. Maman avait sûrement peur que les gens de la DPJ sachent qu’elle avait perdu son appart. Elle a tout fait pour en trouver un autre. Mais ce n’était pas facile, comme elle n’avait pas de quoi payer le premier mois d’avance. C’est du moins ce qu’elle m’a raconté au téléphone.
Le nouvel appart qu’elle a dégoté est trop petit pour nous tous. Il n’y a qu’une chambre. Maman a dit que nous pourrions dormir sur le divan du salon. Elle a convaincu Marco que c’était passager et qu’aussitôt que nous allions retourner chez elle, elle aurait de quoi se payer un vrai logement, étant donné qu’elle recevrait un plus gros chèque de BS, avec deux enfants à sa charge. Elle pense à tout, maman.
Le mois dernier, elle ne s’est pas présentée au rendez-vous. Le jour de mes seize ans, le 20 février, la date la plus plate après Noël et le jour de l’An. Des fêtes qui me rappellent constamment que notre famille n’est pas comme les autres. Nous avions prévu passer l’après-midi au cinéma avec elle. Marco avait réussi à la convaincre de faire une activité en famille pour mon anniversaire. On ne peut pas dire qu’on va souvent voir des films, Zoé et moi. Avec ma mère, cette sortie aurait été une première. Nous l’avons attendue une heure à la table du casse-croûte, en face du cinéma. Finalement, c’est Marco qui nous a accompagnés. Je ne me souviens plus du film. Mon esprit était trop occupé à cauchemarder, à imaginer ce que ma mère avait fait pour nous oublier. Je voudrais qu’elle me laisse la chance de la convaincre d’arrêter de prendre ses saloperies de merde qui la détruisent et qui lui font dépenser tout son argent. Mais, pour ça, faudrait que j’arrive à la voir.
Je regarde par la fenêtre givrée de la voiture en me demandant encore si elle va parvenir à se désintoxiquer. Une raffinerie. Une autre. Un paysage aussi morne que ma vie.
Mon front collé à la vitre, j’essaie de geler mes pensées, mais ça ne marche pas. Je songe au jour où tout a basculé. Je n’aurais jamais dû montrer ma piqûre de couteau à mon professeur. On n’en serait pas là, aujourd’hui. Même si j’ai répété un million de fois que c’était un accident, personne n’a voulu me croire. J’étais trop stupide quand j’avais huit ans. Pauvre maman ! L’enquête a révélé qu’elle n’était pas apte à prendre soin de nous parce qu’elle était toxicomane, violente et négligente. Qu’elle nous utilisait pour voler. Elle avait beau se défendre en disant qu’elle était tombée avec le couteau, que c’était par manque d’argent que nous n’avions pas toujours de quoi manger ou ce qu’il fallait pour nous vêtir, que c’était la faute du gouvernement, rien ne pouvait dissuader les gens de la DPJ de nous enlever à notre mère. Je les hais viscéralement de nous avoir séparés. Quand ils me font la morale ou tentent de m’expliquer le pourquoi du comment, je les envoie tous se faire foutre du plus profond de mon être.
La voiture ralentit. Maudit trafic. Ça irait plus vite à pied. J’étire le cou pour regarder par le pare-brise. La déneigeuse nous empêche d’accélérer.
– Fallait s’y attendre, nous dit Marco en m’entendant soupirer. Vendredi soir, c’est toujours une grosse heure de pointe, et encore plus quand il neige autant.
Patienter encore m’est insupportable. J’ai toujours en tête la dernière fois que maman nous a oubliés.
Nous prenons l’autoroute après d’interminables minutes. Enfin. Je place mon sac à dos sur mes genoux, prêt à descendre.
– Tu vas voir, maman va être gelée pis soûle ! T’aurais pas dû faire tes bagages pour la fin de semaine. On va revenir plus vite que tu penses chez madame J’me-crois-tout-permis !
Je sors de mes rêveries.
– Elle a promis, Zoé.
Marco intervient :
– C’est possible, Zoé. Mais laissons-lui la chance de nous démontrer le contraire, OK ?
– Elle va réussir ! lui répliqué-je avec des fusils dans les yeux.
C’est plus fort que moi : avant chaque visite, un stress immense me tord les tripes. Je deviens impatient et m’énerve pour rien, comme un bâton de dynamite prêt à exploser. Et, entre les visites, j’ai peur que maman fasse une gaffe. Il m’arrive de penser qu’elle meurt pendant mon absence et que, à ce moment-là, nous nous retrouvons vraiment seuls au monde, Zoé et moi. Toute cette attente et mes craintes, ça me ronge de l’intérieur. Je joue nerveusement avec la sangle de mon sac à dos. Marco me jette un bref coup d’œil.
– Tu veux écouter de la musique ?
Je n’en peux plus ! Il me propose tout le temps de la musique pour me détendre. Ça ne marche pas ! C’est comme s’il m’invitait à manger un raisin sec pour calmer mon ventre affamé.
– Non. Je n’en veux pas, de ta maudite musique ! Mets-toi-la où je pense, craché-je sur un ton agressif.
– Ouais, fais donc ça, Marco, ajoute ma sœur.
– Être impolis avec moi ne changera rien. Personne ne vous oblige à rencontrer votre mère. Zoé, tu avais le choix.
– Ouais, ouais. C’est pour Nolan que je suis venue, pas pour ma mère.
– Si vous préférez faire demi-tour ici, ça ne me dérange pas.
– Non ! Arrête tes menaces ! On y va !
J’ai presque crié. Zoé est contrariée de me voir si décidé. Elle s’enfonce dans son siège, ses écouteurs sur les oreilles. J’ai un feu au ventre qui pourrait faire fondre les derniers soubresauts de l’hiver. Il est temps qu’on arrive.
Sur la route, je dessine dans un calepin que m’a remis Marco quand je suis monté dans son auto. Je ne l’ai pas remercié. C’est quand même lui qui m’empêche de voir ma mère quand je veux. Huit ans que maman vit toute seule et que moi, j’angoisse, que je me faufile comme une anguille pour revenir chez moi.
Mon calepin bouge au rythme des mouvements du véhicule. Je parviens malgré tout à créer ce que j’ai en tête.
– On arrive dans quinze minutes. Vous m’attendrez dans la voiture le temps que j’aille dire un mot à votre mère.
Marco zyeute mon carnet.
– C’est beau, ce que tu as fait. C’est moi de profil ?
– Tiens. Je te le donne, déclaré-je en lui remettant le dessin d’un geste désintéressé.
– Merci. Je vais le montrer à ma femme. Une petite voix me dit qu’elle voudra l’encadrer.
– Ah oui ?
– Oui, elle adore les dessins style croquis en noir et blanc. Et puis, elle me reconnaîtra, avec mes cornes et mes dents de vampire. Elle va adorer.
– Arrête de me niaiser…, soupiré-je.
– OK. Mais, sans blague, hormis le fait que tu viens de me transformer en monstre, tu as énormément de talent. Tu pourrais même en faire un métier, prétend-il.
– Non. Ma mère m’a toujours dit que ce n’était pas payant de dessiner et moi, j’ai besoin de beaucoup d’argent pour m’offrir une liberté.
Je garde le reste pour moi. Je suis tanné qu’on me dise quoi faire, qu’on surveille mes faits et gestes, qu’on décide où et quand j’ai le droit de voir ma mère. Je n’en peux plus de devoir toujours demander des maudites permissions pour tout ! Même pour m’acheter une liqueur. Je veux ma liberté !
Mais, pour atteindre cet objectif, j’ai besoin de gagner de l’argent ! Et le moyen d’en avoir plus serait de continuer mes activités de revendeur et de trouver un travail qui rapporte. Le problème, c’est que je ne sais pas trop comment m’y prendre pour en décrocher un sans mon diplôme. J’ai de très mauvaises notes à l’école depuis que je suis au secondaire. Marco m’a assuré que, si j’étudiais plus, je pourrais réussir dans n’importe quel métier. Il dit que je suis brillant, mais que je ne fais pas d’efforts. Erreur ! J’en fais, des efforts, mais pas dans ce secteur. Le secondaire, ce n’est pas du tout ce que je croyais. Pas moyen de faire un pas de travers sans avoir la psychoéducatrice sur le dos. On dirait que je me promène avec une pancarte « en famille d’accueil ». Je n’étais même pas encore entré à l’école qu’il y avait déjà un plan d’intervention mis en place pour « m’aider ».
Je fixe les chiffres de ma montre. Les quinze minutes sont passées. Mon cœur s’emballe. J’ai peur, j’ai hâte, j’ai un nœud dans la gorge. Zoé semble rester indifférente. Tellement certaine d’avoir fait le voyage pour rien alors qu’elle avait prévu une sortie au cinéma avec ses amies.
La voiture s’arrête. Le nez collé à la portière, j’essaie de voir s’il y a du mouvement à la fenêtre de l’appartement de ma mère. J’ai tant d’espoirs, encore. Parfois, j’aimerais ne plus en avoir. Mes espoirs copinent trop souvent avec mes déceptions. Mais c’est plus fort que moi. Dès qu’une visite se prépare, je me refais le même scénario. Elle aura changé, ne racontera plus de mensonges et se sera désintoxiquée. Elle se souviendra qu’on existe. Et la totale ? Elle nous sautera dans les bras pour nous couvrir de tendresse et d’excuses. Bof ! La tendresse de ma mère, ça fait longtemps que je me demande à quoi ça ressemble. Je me déteste d’être aussi dépendant d’elle.
De l’extérieur, son nouvel appartement est aussi laid que le précédent. Maman ne peut même pas se payer un logement qui a du bon sens depuis qu’on n’est plus avec elle. Le balcon semble sur le point de tomber et la peinture écaillée ne laisse rien présager de bon. Maman a toujours rêvé d’une maison. Ce n’est pas pour cette fois-ci.
Marco sort de la voiture.
– Je reviens dans deux minutes.
Il prend son temps. Je me retiens de lui crier de se grouiller. Je suis tanné d’attendre, moi ! La neige qui tombe et le vent lui font courber le dos. Il tient son dossier sous son manteau pour ne pas le mouiller. À sa place, j’aurais déjà monté les marches et cogné à la porte. Mais non, il marche lentement et regarde tout autour. Il aurait dû devenir enquêteur au lieu de T.S. ! Comme si ma mère allait laisser des indices de sa vie de fou un peu partout autour de l’appartement. Il y a juste des caisses de bière empilées sur le balcon. Elle a fait le ménage ou quoi ? Je sens une lueur d’espoir refaire surface. Marco a cogné. Il attend. Je fixe la porte, retenant ma respiration. Marco se retourne vers nous, puis cogne de nouveau. Zoé a déjà abandonné. Sa main s’est posée sur mon sac.
– Je te l’avais dit. Elle a oublié qu’on venait, ou bien elle ne voulait pas nous voir. C’est comme d’habitude. Arrête de penser à elle tout le temps.
– C’est faux ! Je ne pense pas à elle tout le temps. T’exagères !
Je commence à sentir la vapeur monter. Zoé descend son index sur sa joue pour me montrer son désaccord.
– Mon œil ! Moi, je suis contente. Je vais pouvoir aller au cinéma ce soir ! Yes ! Ce sera plus cool que d’écouter maman nous raconter des mensonges. Viens avec nous, me propose-t-elle. Tu ne sors jamais.
Sa gang m’énerve. Toujours en train de me voler le temps que je pourrais avoir avec ma sœur.
– Non. Je garde mon argent, dis-je avec un débordement d’impatience qui s’accentue. Je vais m’acheter une voiture.
– Une voiture ! Depuis quand tu veux ça ?
– Si tu n’avais pas tout le temps tes écouteurs sur les oreilles, tu le saurais.
– C’est bien mieux que de me taper tes sautes d’humeur.
C’est tellement rare que Zoé me fasse des reproches… Un poignard en plein cœur n’aurait pas causé plus de ravages. Elle poursuit :
– Tu ne serais pas un peu intense, là ? Hé ! Une voiture ! Maman n’a même pas réussi à en garder une tellement ça coûte cher. Et elle travaille en plus de recevoir son chèque de BS !
– Son argent passe ailleurs, tu le sais. Avec une voiture, Zoé, nous serions libres. Nous pourrions aller partout et la voir quand nous voudrions. Je connais plein de façons de faire de l’argent rapidement.
Elle me fixe comme si je venais de lui annoncer que j’allais commettre le vol du siècle.
– On va encore te pogner. Coudonc, tu veux passer ta vie en prison ?
– Tu vas changer d’idée