Éducation, santé, écologie… Les règles, c’est un vrai, gros, et surtout très important sujet de société. Une société patriarcale qui a construit tout un système de croyances autour des règles dont nous récoltons les conséquences aujourd’hui aux quatre coins du monde. Mettons du sang bleu dans les pubs pour serviettes hygiéniques, ça passera mieux ; si une femme a mal durant ses règles, on lui dira que c’est normal ; si elle demande un tampon à une amie, elle le fait en chuchotant tellement elle est gênée. Pourquoi ? Parce que nous avons été conditionnées comme cela. Parce qu’une perception erronée d’elles-mêmes a fait perdre aux femmes le contact avec leur cycle menstruel, son potentiel d’enseignement et de connexion à soi. Parce qu’un phénomène on ne peut plus naturel s’est transformé en une tache dans une société où tout devait se ressembler, être bien linéaire. Sauf que la femme est cyclique, c’est physiologique. Et c’est précieux. Chassez le naturel, il revient au galop. Réseaux sociaux qui ont ouvert des espaces de parole et de partage, multiplication des ressources vers lesquelles se tourner afin d’accompagner ses règles et son cycle avec plus de conscience, de confiance, de dignité… Le chemin est long, mais les choses bougent enfin. Aujourd’hui, essentiellement grâce à des femmes – soyons honnêtes –, les règles font parler d’elles. Il le faut, le plus tôt possible, auprès des jeunes générations, des femmes, des hommes. Pour transmettre. Pour que la connaissance du cycle menstruel se diffuse et que les règles soient respectées. Car sans transmission et sans savoir, il n’y a ni choix éclairé, ni transformation. Alors, libérons les images, libérons les paroles, libérons les règles pour plus « d’épanouissement menstruel ». Plus d’épanouissement tout court.
ON LUTTE CONTRE LES TABOUS…
, explique Laury-Anne Bellessa de l’ONG Care qui s’engage depuis des années dans cette lutte contre les non-dits entourant les règles. Une femme a ses règles entre). Il y a quelques années, nous en étions là. Fausses croyances aberrantes autour des règles qui ont traversé les millénaires, stéréotypes sexistes, discriminations : les répercussions sont parfois terribles sur la vie de jeunes filles et de femmes. En 2019, une Kényane a mis fin à ses jours après avoir été humiliée à l’école à cause de ses règles (son uniforme était taché). La même année, Care France lançait une campagne de sensibilisation #respecteznosrègles : un film, puis une opération sur les réseaux sociaux avec le collectif féministe Les Nanas d’Paname pour montrer ce que l’on n’ose pas montrer. 12 influenceuses y dévoilaient des photos d’elles en vêtements blancs où le rouge s’affichait sans complexe entre leurs jambes. Un coup de gueule afin de clouer le bec aux tabous et pour que les femmes vivent leurs règles en liberté. Deux ans plus tard, soutenir cet engagement est toujours d’actualité.