Pars, cours ! Léo

Par Nadine Poirier et Manuella Côté

Un jour, je serai médecin. Appelez-moi DOCTEUR Léo! Je sauverai des tas de gens… même ceux qui sont insupportables comme Alexis! Après, il n’aura pas le choix d’arrêter de me traiter de gros et d’être gentil avec moi.

Une seule chose pourrait m’empêcher de réaliser mon rêve : une indigestion FATALE. Nom d’une patate frite sauce! Il faut vraiment que je mange mieux et que je me mette en forme, sinon mon projet « médecine » risque de se transformer en buffet de racines de pissenlit.

Une chance qu’il y a la course des champions, le hip-hop, et mon idole suprême, Laurent Duvernay-Tardif, pour me motiver… parce que c’est diablement plus difficile que prévu!

Léo vous étonnera par sa motivation, sa bonne humeur et… son appétit de vivre!

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 13 oct. 2021
• ISBN: 9782897922894

Nadine Poirier

Je suis née en 1965 à Bonaventure en Gaspésie. Cinquième d’une famille de 7 enfants, je n’étais pas particulièrement intéressée par les livres. Après une enfance à jouer avec les crabes au bord de la mer, à me rouler dans la glaise, à courir dans le champ derrière les vaches, et ensuite à travailler dans une base de plein air, je me suis installée à Trois-Rivières pour obtenir mon baccalauréat en récréologie. Durant 15 ans, j’ai organisé les loisirs dans une école secondaire. Mais depuis que j’ai une famille de 4 jeunes lecteurs, j’ai découvert l’univers sensationnel des livres jeunesse. J’ai trouvé une autre façon d’exploiter mon imaginaire débordant. Par le biais de l’écriture, je découvre une grande liberté de penser et de m’exprimer. Mon écriture évolue au rythme de mes enfants. Elle prend de l’âge, se refait une beauté, change selon mes humeurs. Je n’aime pas la routine. Souvent, mes récits aboutissent dans ma collection d’idées abandonnées. Dans ce métier, j’apprends aussi à tourner la page. J’aime aborder des sujets qui touchent l’être humain et ses complexités, sa nature imperfectible et son grand potentiel. Les petites choses de la vie quotidienne qui me font sourciller, rager ou sourire se retrouvent bien souvent à la pointe de mon crayon. J’en profite pour exprimer ce qui me trotte dans la tête. Mes personnages reflètent toujours une partie de moi, même les plus détestables!

Aperçu du livre

Chapitre 1

Un petit gueuleton

— M’maaan ! J’ai faiiiiim ! Quand est-ce qu’on mange ?

Mon ventre gronde, à faire craquer la calotte glaciaire du Groenland !

— Il y a des pommes sur le comptoir.

— Des pommes ? Mais j’avalerais un brontosaure en sauce !

J’ouvre le garde-manger, mais je n’y trouve rien d’assez consistant pour calmer mon bedon.

— Attends, le poulet achève de cuire dans le four.

Je prends mon mal en patience jusqu’au repas, mais ça triple ma faim. Je me sers deux portions de poulet. Parce que c’est trop bon ! Et comment résister au délicieux gâteau au chocolat ?

— Mon chéri, ralentis… Tu vas t’étouffer !

Saut espace temps

Une heure après… j’ai un p’tit creux. Je m’accorde une dernière gâterie.

Miam ! Un sac de crottes au fromage fera l’affaire. CRUNCH-CRUNCH-CRUNCH !

— Léo ! Mais qu’est-ce que tu manges ? Pas avant de te coucher, voyons ! Tu vas être malade !

Oups ! Surpris en flagrant délit, avec mes doigts pleins de poudre orange !

Saut espace temps

Au matin, BEUUURK ! Mon estomac en arrache. Ma mère avait raison… Quand j’entre dans l’autobus scolaire, une chaleur désagréable parcourt mon corps, de mes orteils dodus jusqu’à ma tête échevelée. Enfin, j’imagine qu’elle l’est, parce que j’ai oublié de me brosser les cheveux avant de partir.

Je m’assois à côté de Félix en inspirant profondément.

— Dis donc, ça ne va pas ? me demande-t-il.

— Oui… non… je ne sais pas trop.

Dans la cour d’école, je mesure chacun de mes déplacements. Les crampes au ventre me tordent en quatre et Félix continue son interrogatoire.

— Qu’est-ce que tu as, Léo ? Tu marches comme un zombie !

— J’ai mal au cœur. J’espère ne pas dégobiller dans la classe…

Félix grimace. Mais pas autant que moi !

— Assieds-toi dans les escaliers. Je vais aller prévenir un prof.

— NON ! Arrête !

J’ai presque crié. Aller raconter à un enseignant que je me suis empiffré hier soir, au point d’avoir des haut-le-cœur ? Wooo !  On se calme ! Félix me regarde sans comprendre ma réaction. J’imagine que, si ça lui arrivait, il en profiterait pour prendre congé de l’école.

— Félix, ça va mieux, là. C’est le trajet en autobus qui m’a donné la nausée.

— Bon, si tu le dis.

Il déguerpit pour aller jouer au soccer en attendant la cloche. Ouf !!!!

Saut espace temps

Durant tout l’avant-midi, mon estomac gargouille. Au dîner, j’arrive à peine à manger mon lunch. Après ? Éducation physique ! Mes membres s’affaiblissent. Mes crampes s’intensifient. J’ai de plus en plus mal au cœur. Que faire ? Informer mon prof d’éduc que je ne me sens pas bien pour qu’il téléphone à mes parents ? Subir le sermon de maman à propos de mes crottes au fromage ? Ça, non !

BrUUuuuuu ! Le sifflet de monsieur Adam résonne jusque dans mes tripes.

— OK, gang, on joue au basket ! Formez les équipes ! Damien, descends de la corde à grimper ! Alexis, va chercher le ballon. Léo et Louis, poussez les bancs jusqu’au mur.

Alors que nous nous exécutons, une millième crampe me fait fléchir les genoux.

La partie commence. J’ai de la misère à courir. Habituellement, j’arrive à jouer avec mes amis même si je ne suis pas un athlète, sauf que, là, c’est ARCHIDIFFICILE ! Faut vraiment que j’aille au petit coin… D’autant plus que les joueurs s’activent autour de moi comme des mouches et que ça me donne encore plus la nausée. C’est décidé ! Au prochain coup de sifflet, je vais demander l’autorisation de sortir.

Placé sous le panier pour attraper le ballon, je lève les yeux. Tous les murs du gymnase se mettent à tourner. Soudain, mon ventre se contracte comme si j’avais avalé des couteaux ! J’ose à peine imaginer ce que ressentent les personnes qui font vraiment ça dans les cirques !

— POUSSEZ-VOUS, TOUT LE MONDE !

Mon cri n’a aucun effet sur les élèves qui m’entourent. Un missile chargé de nourriture monte dans ma gorge… Il prend la mauvaise direction, celle du quartier général de la dégustation : ma BOUCHE !

Puis, SPLASH ! Le gymnase reçoit gratos mes crottes au fromage extra sauce !

Chapitre 2

À l'hôpital !

— Monsieur Adaaam ! Léo vient de vomiiiir !

C’est Bernadette. Elle est gentille d’avertir notre professeur, mais je pense que c’était inutile. Absolument PERSONNE n’a pu manquer ma prestation ! Dix sur dix !

BrUUuuuuu !

Le sifflet retentit encore. Monsieur Adam donne les consignes d’urgence. Au lieu du basket, une autre activité retient l’attention de toute la classe : se boucher le nez à deux mains.

— Arrgh !  J’en ai sur mes souliers !

Je ne sais même pas qui a dit ça, trop occupé à chercher mon air ! Au lieu de « Poussez-vous, tout le monde », j’aurais dû crier des mots plus convaincants comme :

UNE BOMBE !

DES POUX !

AU FEU !

UNE GUÊPE !

UN ZOMBIE !

— Monsieur Adam ! Damien saigne du neeez !

Comme d’habitude, Bernadette voit tout… et répète tout !

— Monsieur Adam ! Lenny va tomber dans les pommes !

Après… ça se passe très vite. Bernadette a le regard horrifié, comme si elle se sentait responsable de mon malaise. J’entends d’abord la secrétaire à l’interphone :

Oh ! Lord ! Oh ! Lord ! Mister Albert ! Venez ! C’est une urgence !

Puis des CLICK-A-TA-CLOCK-A-TA-CLICK-A-TA-CLOCK-A-TA-CLICK-A-TA-CLOCK… C’est sûrement miss Kathy, qui arrive avec ses talons hauts.

Le concierge se pointe avec son chariot pour tout nettoyer. Les adultes ont une volonté de fer quand il s’agit de se débarrasser de ce qui sent mauvais. Je passe le reste de la période d’éducation physique sur un banc, une poubelle devant moi. Monsieur Adam voudrait appeler mes parents, mais je le convaincs que vomir m’a complètement remis sur pied. GROS mensonge. Peu fier de moi, je retourne en classe et j’essaie d’afficher une mine de « Léo le gars qui pète le feu ». Je suis même capable de réconforter Bernadette quand elle se fait couper une tresse par Damien.

Mais, au souper, l’odeur de la nourriture, sa couleur, sa texture dans ma fourchette, ma chemise trop serrée… il fait donc bien chaud dans la maison…

M’man… M’man… j’pense que je vais… Buuuuurk !

Encore ! Je viens de vomir dans mon assiette. Une image que je voudrais oublier pour toujours. Puisque je suis malade à répétition, mes parents me conduisent illico à l’hôpital. Inutilement, à mon avis… Mais bon, je dois avoir la peau verte et une gueule de zombie pour que ma mère panique à ce point !

Saut espace temps

Dans la salle d’attente de l’urgence, elle applique des compresses d’eau froide sur mon front. Mon père, lui, use les semelles de ses chaussures à faire les cent pas.

— Léo, j’ai un rendez-vous, mais maman va rester avec toi, OK ?

— Oui,