Pars, cours ! Alice

Par Aimée Verret et Manuella Côté

Quand est-ce que ma mère va me laisser faire ce que je veux?
Elle est toujours en train de me sermonner : porte une robe, tiens-toi avec des filles, ne rentre pas trop tard, fais attention à ne pas te blesser…
Mais moi, j’ai envie de vivre des aventures! De découvrir des choses. Pour ça, il faut que je me mette en forme! Grâce à la course des champions, j’ai l’excuse idéale pour bouger et essayer de nouvelles activités.
Il me reste à convaincre Lenny de se joindre à moi! Je vais l’aider à se défendre contre Alexis l’intimidateur. Celui-là, il n’a qu’à bien se tenir : la course, nous allons la gagner, et il va arrêter de nous écœurer. C’est décidé!
C’est au tour d’Alice de prendre la parole. Sa détermination, sa créativité et son empathie font d'elle une héroïne à part entière!

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 23 mars 2022
• ISBN: 9782897923228

Aimée Verret

Née à Montréal, où elle réside toujours, Aimée Verret fait son entrée dans le monde de l’édition en 2009. Réviseuse linguistique, elle est recherchée pour sa connaissance pointue de la langue qui ne sacrifie rien à la musicalité du texte. Elle devient ensuite directrice littéraire, notamment de la collection « La boîte à outils » des Éditions de Mortagne, qui aborde divers sujets d’actualité touchant les enfants, comme le TDA/H, l’anxiété et l’autisme. Au sein de la même maison, elle dirige la série Les Éternels et la reprise du Royaume de Lénacie de Priska Poirier, de même que plusieurs titres de la populaire collection « Tabou ». Parallèlement, Aimée publie quatre recueils de poésie, dont Monstres marins (Del Busso, 2019) et Dans mon garde-robe (La courte échelle, 2021), qui a figuré sur la liste préliminaire du Prix des libraires jeunesse 2022. Elle est aussi très connue pour ses nombreux livres qui s’adressent tant aux enfants du primaire qu’aux adolescents (Déracinée, Éditions de Mortagne, « Tabou », 2022). En 2021, après une résidence de création à la Bibliothèque de Rivière-des-Prairies, elle se joint au Cheval d’août à titre d’éditrice.

Aperçu du livre

Chapitre 1

La petite fille à sa maman

Est-ce que ça se peut, divorcer d’avec son parent ?

Ma mère gâche ma vie, et je ne suis PLUS CAPABLE !

Ce matin, c’est la rentrée, et elle me force à mettre une robe. Pas rose, au moins ; j’ai pu la choisir, au magasin. Bleu foncé, avec des étoiles argentées. C’est toujours mieux que des fleurs !

Sauf que je ne suis pas bien. Je n’ai pas l’impression d’être moi-même, habillée comme ça. En plus, on est au mois d’août : il fait super chaud et collant. Mes cuisses frottent ensemble et j’ai mal.

Je me place devant le ventilateur pour faire bouffer ma jupe en me plaignant :

— Il y a des courants d’air ! Je ne voudrais pas attraper le rhume.

— Avec la canicule ? ricane papa.

J’ai appris une chose, avec le temps : c’est facile d’avoir mon père de mon côté avec des blagues. Mais, cette fois, pas de chance…

— Allez, pour faire plaisir à ta mère, insiste-t-il.

À ses yeux, faire plaisir à ma mère, c’est l’honneur suprême. LA bonne raison d’accomplir quoi que ce soit.

— Allez,  Alice ! s’exclame-t-elle justement. C’est la rentrée, une occasion spéciale. Il faut bien souligner ça !

— Mais je connais déjà tout le monde, à l’école !

—  Dépêche-toi, on part dans deux minutes.

Je bougonne en remontant dans ma chambre. Sans réfléchir, je me dépêche de prendre un pantalon et un t-shirt dans ma commode, puis je les fourre dans mon sac d’école.

—  J’arrive !

Saut espace temps

Dans la cour, j’essaie de me faufiler jusqu’à la surveillante pour demander à aller aux toilettes. Je veux me changer au plus vite et mettre mon vrai linge ! En chemin, je croise Luca, qui a l’air d’être encore plus désespéré que moi. Sa mère est en train de lui ajuster un nœud papillon !

— Tiens,  Alice ! Je ne savais pas que c’était déjà l’Halloween. Tu t’es déguisée en fille ? raille Alexis.

Merde ! Me voilà repérée !

— Tu aurais dû mettre des talons hauts, en plus. Ç’aurait été plus crédible.

Je baisse les yeux sur mes souliers à lacets. Mes parents n’ont jamais réussi à me faire mettre des souliers « propres », en cuir, pour autre chose que les  funérailles de ma grand-mère.

— Moi, je te trouve jolie, intervient gentiment Rosalie.

Facile à dire ! Elle, elle a l’air d’une princesse. Je suis sûre qu’elle serait belle même enroulée dans du papier d’aluminium.

Dans un coin de la cour, Lenny m’observe en ajustant ses lunettes sur son nez. Il détourne la tête dès que je croise son regard. Il semble aussi embarrassé que moi. Je parie qu’il a deviné tout de suite que je ne suis pas à l’aise.

On s’entend bien, tous les deux. Faut dire qu’on se ressemble beaucoup. On est gênés et bons à l’école.

J’aimerais qu’on devienne plus amis.

Au moins, Alexis est déjà parti achaler quelqu’un d’autre. Je parie tout l’argent que j’ai reçu à ma fête que Luca va se faire couper son beau nœud papillon d’ici la fin de la journée…

Finalement, puisque tout le monde m’a vue, ou presque, je juge que c’est moins compliqué de garder ma robe. Sinon, je vais devoir expliquer pourquoi je suis allée me changer aux toilettes.

Je m’assois donc au pupitre assigné par madame Geneviève en grimaçant. Je SAIS que mes cuisses vont rester collées sur le plastique tout à l’heure ! Maudite jupe !

Au moins, je suis contente d’être dans ce groupe-ci. Je suis avec Lenny (mon futur meilleur ami) et la belle Rosalie, toujours si gentille. Sa meilleure amie Adèle est aussi avec nous. C’est une fille fonceuse que j’admire beaucoup ! En plus, notre nouvelle prof, madame Geneviève, est super énergique. Mes grands frères ont tellement eu de plaisir dans sa classe, les années passées ! J’ai hâte de travailler avec elle, parce que j’aime l’école et la science et les maths et le français. Ben oui. Ça existe, une fille comme moi !

— Bonjour, tout le monde ! Je suis vraiment heureuse de vous rencontrer et de mettre un visage sur tous vos noms. Nous allons avoir une année chargée ! Mais, avant qu’on se lance, j’aimerais apprendre à vous connaître. Nous allons faire un tour de classe. Dites-moi comment vous vous appelez, votre principale qualité et votre passe-temps préféré. Je commence : je m’appelle madame Geneviève, je suis une personne attentive, et mon passe-temps préféré est faire la cuisine.

— Je suis Bernadette, s’excite Bernadette. Je suis une fille curieuse et j’aime tricoter.

— Hum, hum, « rapporter », hum, précise Alexis en faisant semblant de tousser.

— Tu veux dire quelque chose, Alexis ? le reprend sévèrement notre enseignante.

— Oui ! Je n’ai pas de qualités, et mon passe-temps préféré, c’est faire des niaiseries !

Je ne peux pas m’empêcher de rire avec les autres.

— Pas de qualités… bon, c’est ce qu’on va voir, répond madame Geneviève en souriant. Et toi, Veronica ?

— Mon passe-temps préféré, c’est la danse. Bien, c’est plus qu’un passe-temps. C’est ma passion ! Donc… je suis une fille passionnée !

Spontanément, Léo se met à applaudir. Tout le monde reste un peu surpris, sauf Vero qui se lève d’un bond et exécute une révérence derrière son pupitre.

Mon tour approche et je ne sais pas trop quoi dire.

« Je suis  Alice, la petite fille à son papa. »

« Je suis  Alice et ma plus grande qualité, c’est que je suis bonne à l’école. »

La chose la plus palpitante que j’ai accomplie dernièrement, c’est chasser des insectes avec mon frère Quentin. Après, on a fait semblant que c’étaient des peuples ennemis qui combattaient sur une planète lointaine, comme dans la série The Mandalorian.

Tu parles d’une vie captivante !

Oh non !  Madame Geneviève me regarde.

— Et toi ?

— Euh…

— T’as oublié ton nom ? me niaise Zack.

Tout le monde rit.

— Non, non. Je suis  Alice. Ce que j’aime faire, c’est… prendre des risques. Je suis… une aventurière !

Je viens de décider ça !

Cette année sera différente des autres…

Chapitre 2

La protectrice des nerds

La semaine d’après, j’ai toute une histoire à raconter au souper !

— Ç’a commencé quand Léo a vomi partout autour du panier de basket ! Mais là, Damien est tombé du mur d’escalade, pis il saignait,