Des bouches à nourrir
Je me souviens très bien du premier jour où je l’ai aperçue. C’était le 3 août dernier, peu après la réception des tableaux prêtés par le musée des Beaux-Arts de Reims qui a dû fermer pour travaux. Elle se tenait debout face à ce fichu tableau de Chaillou, Portrait de ma, qui me rendait si joyeux chaque fois que je passais devant, tant le sourire édenté de la vieille femme est contagieux. Dans ses mains, elle tenait un petit carnet noir sur lequel elle prenait des notes. « Une étudiante en école des beaux-arts », m’étais-je dit en mon for intérieur, à la vue de la sacoche en cuir qu’elle avait déposée au pied du mur. Ils sont si nombreux à venir étudier en détail les trésors du musée, voire parfois même à tenter de les dessiner. Je n’eus pas le temps de vérifier si tel était bien son cas, car à peine étais-je parvenu à son niveau que déjà elle quittait la pièce, enfouissant le carnet dans sa poche.
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