Le manoir des Charmilles
Ma chère Malou
Notre première rencontre a eu lieu le jour de mon anniversaire : tu passais presque inaperçue au milieu des autres cadeaux plus imposants. Lorsque je t’ai déballée, ma grand-mère m’a adressé un clin d’œil complice. « À ton âge, j’écrivais chaque jour dans mon journal pour lui confier mes joies et mes peines. Quand tu auras quitté la région, tu auras certainement beaucoup de choses à lui raconter, toi aussi », m’a-t-elle glissé à l’oreille.
Aujourd’hui, ses mots prennent tout leur sens, car depuis le déménagement, tu représentes un point d’ancrage dans ma vie chamboulée : suite à la mutation de mon père, toute la famille a quitté Toulouse pour s’installer dans une petite ville de province dont j’ignorais l’existence avant d’y mettre les pieds. En débarquant ici, j’ai eu l’impression d’atterrir sur une autre planète. C’est un véritable déchirement de laisser derrière soi les gens qu’on aime et les endroits qu’on a toujours connus. Les premiers jours, je me sentais perdue et nostalgique, je supportais difficilement l’absence de mes grands-parents adorés et de Sophie, ma meilleure amie. Heureusement, tu es là pour recueillir mes états d’âme.
Cela fait maintenant un mois que nous avons emménagé dans notre nouvel appartement. Désormais, tous les meubles ont trouvé leur place et la décoration est à notre goût. Il ne restait plus qu’à créer une étiquette avec nos noms pour l’insérer sous la sonnette. Hier, maman m’a demandé de la réaliser, ce qui m’a permis de mettre à profit mes cours de calligraphie. Après plusieurs essais, je suis plutôt contente du résultat : Pierre, Josiane et Laurine Guibert s’affichent en belles lettres à la porte de chez nous.
J’en profite pour faire les présentations : Pierre et Josiane sont mes parents, et moi, c’est Laurine. Un mètre soixante, cheveux châtains et yeux noisette. Signes particuliers : sensible, émotive, et musicienne dans l’âme. Je joue du violon depuis l’âge de quatre ans et, selon mes professeurs, je suis capable de faire des prodiges avec mon instrument. Si je travaille d’arrache-pied,
