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Annabelle
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Livre électronique175 pages2 heures

Annabelle

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À propos de ce livre électronique

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.

— Souris !
Elle prend une photo. Quand elle la regarde, elle se met à rire.
— Qu’est-ce qu’il y a ? la questionnai-je.
— Regarde-toi, on dirait que tu te fais prendre en photo dans un souper de Noël.
Je me regarde et pourtant, je me trouve bien : je souris, j’ai les deux yeux ouverts, les cheveux bien placés.
— T’as l’air d’une petite fille, Anna. Si t’as envie d’impressionner Éric, va falloir que tu sois un peu plus sexy.
Il s’intéresse déjà à moi, non ? ai-je envie de lui répliquer. Mais en même temps, je veux mettre toutes les chances de mon côté. Et Jessica a plus d’expérience que moi avec les garçons. Il parait qu’elle a même déjà couché avec quelques-uns. Comme on devient plus proches, je pourrai bientôt lui demander si ces rumeurs sont vraies j’imagine.

Psst! L’auteure de ce livre s’appelle Stéphanie. Elle aime les chats (surtout les siens!), se promener pieds nus dans le gazon et manger de la crème glacée enrobée de chocolat (humm!). Elle aimerait voler (dans les airs, pas une banque!), elle déteste avoir des miettes collées sous ses pieds et ne supporte pas les mensonges. Elle parle vite, gesticule beaucoup et écrit super bien!
LangueFrançais
Date de sortie21 sept. 2016
ISBN9782897581985
Annabelle
Auteur

Stéphanie Deslauriers

Stéphanie Deslauriers est psychoéducatrice, conférencière, maman et belle-maman. Depuis 2012, elle a publié près de quinze livres dont Rafael, Le bonheur d’être un parent imparfait et Laurent, c’est moi!, finaliste pour les Prix littéraires du Gouverneur général 2019, catégorie Littérature jeunesse. Elle est chroniqueuse à l’émission Format familial à Télé-Québec. On peut aussi la lire dans divers médias, dont le magazine Véro.

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    Aperçu du livre

    Annabelle - Stéphanie Deslauriers

    Épilogue

    Chapitre 1

    — Annabelle Savaria!

    Ce que ma mère peut m’énerver, quand elle m’appelle par mon nom complet. Je me reconnais quand on m’interpelle seulement par mon prénom, quand même. Surtout qu’elle n’a qu’un enfant. Aucun risque de se tromper sur l’identité de celui ou celle qui a encooore fait quelque chose qui lui déplaît.

    — Annabelle! Je te parle! aboie ma mère.

    Les adultes me font rire: ils veulent qu’on s’adresse à eux de manière douce et gentille, mais ils ne le font pas eux-mêmes. «Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais.» Ouais.

    — Est-ce que tu es sourde, ou quoi? me balance ma mère en entrant dans ma chambre sans cogner.

    — Et toi, es-tu aveugle? Tu n’as pas vu ce qui est écrit sur ma porte: «COGNEZ AVANT D’ENTRER!!!»

    D’ailleurs, ça m’a pris des semaines de négociation pour avoir le droit de poser cette affiche-là sur la porte de MA chambre. Ma mère trouvait que ça ne faisait pas feng shui ou je ne sais trop… et que ça ne fitait pas avec la décoration de SA maison. Bon, OK, elle n’a pas dit ça de cette manière. Jamais au grand jamais ma mère n’utiliserait un «anglicisme de bas niveau». J’ai donc dû «bricoler une affiche qui s’harmonisait avec les couleurs de la maison afin que ça ne détonne pas». Ses mots à elle, pas les miens!

    Et sa maison, mon œil! On est trois à y habiter. Alors, c’est autant ma maison que la sienne ou celle de mon père. C’est NOTRE maison.

    Et Daniella, là-dedans? Elle aussi, elle habite ici. Enfin, presque.

    Daniella, c’est la nounou que j’ai depuis que je suis toute petite. Elle vient des Philippines et a immigré ici pour pouvoir travailler. Elle peut ainsi envoyer de l’argent à sa famille. Mes parents m’ont expliqué, alors que je devais avoir huit ou neuf ans, que plusieurs immigrants agissent de la sorte: ils s’installent au Québec, trouvent un boulot afin de subvenir aux besoins des membres de leur famille restés dans leur pays natal. Je trouve ça très généreux de leur part! Et je me dis que ça ne doit pas être facile, être celui ou celle qui se sacrifie en quittant tout pour un pays inconnu. Daniella, elle s’est fait des copines au Québec qui font le même travail qu’elle, mais elle ne voit jamais ses enfants, son mari, ses parents restés au pays. Même si parfois (souvent, même), mes parents me tapent sur les nerfs, je ne sais pas si j’arriverais à vivre à des milliers de kilomètres d’eux.

    Daniella habite le bachelor au sous-sol et chaque matin, elle monte pour venir préparer le déjeuner, faire le ménage, le lavage, les courses, préparer le dîner, le souper, les collations même. Quand elle a le temps, elle prépare des desserts é-cœu-rants: des cannoli crémeux, des fondants au chocolat onctueux, des brownies moelleux. Juste d’y penser, j’en ai l’eau à la bouche.

    Quand j’étais plus jeune, c’est elle qui venait me reconduire à la garderie, puis à l’école primaire. Elle était présente à tous les spectacles de fin d’année, à mes démonstrations de ballet. Mais pas aux matchs de soccer. Pour la simple et bonne raison que mes parents n’ont jamais accepté de m’y inscrire. «Pas assez féminin», disent-ils. Et aucune discussion n’était possible! Avec eux, quand c’est non, c’est non, point à la ligne. «Oui, mes commandants!»

    Mes parents, ils étaient où, pendant ce temps? Au travail, bien sûr. Encore aujourd’hui, ils travaillent comme des cinglés. Ils disent être passionnés par leur emploi. Moi, j’aurais aimé ça qu’ils soient plus passionnés par mes arabesques et par ma danse hip-hop, mais bon. (En fait, ils ne savent pas pour le hip-hop, car je le pratique en douce. J’aimerais ça ne pas avoir peur de leur dire et pouvoir leur demander de m’inscrire à des cours, plutôt que de me pratiquer à l’école ou dans ma chambre, les écouteurs vissés aux oreilles pour être sûrs qu’ils n’entendent pas ma musique. Eh oui, j’ai peur de leur réaction! Je SAIS ce que leur réaction sera: «NON». Pourquoi? «Pas suffisamment classe, ma chère Annabelle. Ce n’est pas vrai que notre fille chérie va se rabaisser et faire de la danse de quartier ouvrier. Et les paroles de ces chansons! Que de propos orduriers!» Bon, j’exagère peut-être UN PEU.)

    La voix de ma mère me ramène à notre conflit qui menace d’éclater.

    — Pardon? À qui est-ce que tu penses que tu t’adresses, Annabelle Savaria? À une moins que rien? Eh bien, j’ai des nouvelles pour toi: tu t’adresses à ta mère!

    Oups! Je n’aurais peut-être pas dû lui dire qu’elle était aveugle, surtout pas après la semaine de fou qu’elle vient de passer. Mais elle, elle m’a bien traitée de sourde, non? C’est tellement injuste.

    Dans ces moments, elle a vraiment la mèche courte. Alors, je fais quoi? Aucune chance à prendre: je me rends.

    — Je suis désolée, m’man.

    — M’man?

    — Maman. (Je fais très attention de bien articuler.) Je ne t’avais pas entendue.

    — Et pourquoi ça? me demande-t-elle en plaçant ses poings sur ses hanches.

    — Le volume de ma musique était trop fort, que je lui réponds, peu convaincue (et peu convaincante).

    — Exactement. Savais-tu à quel point des décibels trop élevés peuvent endommager le tympan?

    — Oui, maman. Je vais baisser le son.

    — Mieux que ça: tu vas le fermer complètement et venir souper. Daniella nous a préparé un bon repas.

    — Ouais, j’arrive.

    — On dit «oui». Et tu as intérêt à descendre maintenant, me lance-t-elle avant de sortir de ma chambre et de descendre les escaliers.

    Ce qu’elle peut m’énerver!

    >>>

    La tête posée sur l’oreiller, je fais le bilan de cette soirée somme toute plutôt ennuyeuse. Après un souper durant lequel mes parents semblaient complètement absorbés par leurs téléphones intelligents, je me suis rendue à mon cours de ballet que je ne suis plus capable d’endurer! Disons que c’est bien loin de ma passion première: le hip-hop. Je trouve le rythme trop lent, j’ai la bougeotte, j’ai mal aux pieds, je me sens à l’étroit dans mon costume rose pâle qui ne me ressemble pas du tout.

    En plus, il y a trop de règles pour moi. «Non, Annabelle, cambre le dos. CAMBRE le dos! M’écoutes-tu quand je parle? Allez, suis le rythme. Tu as un demi-temps de retard. ALLEZ! Concentre-toi. Tu n’es pas concentrée!»

    Ouais, tu parles! Ce qu’elle peut me tomber sur les nerfs, madame Doutrelepont. Car c’est interdit de l’appeler par son prénom! Doris… ça fait pas mal moins bourgeois que Doutrelepont! C’est sûrement pour ça qu’elle veut qu’on utilise son nom de famille seulement. Et c’est «vous», évidemment.

    Madame Doutrelepont m’enseigne le ballet depuis que j’ai commencé à l’âge de quatre ans. J’en ai maintenant treize! Neuf ans à l’endurer, je mériterais une médaille, un trophée, quelque chose, non?

    Et la prof, ce n’est rien comparé à Anastasia! Anastasia, c’est la petite fille parfaite que tous les parents rêvent d’avoir. Elle est si belle, si douce, si gentille, si raisonnable, si généreuse, si, si, si! Et elle est tellllement bonne en ballet! Toujours la première en avant lors des spectacles. Toujours elle qui a les solos, qui est prise en exemple par la prof, qui est choisie pour être assistante dans les cours des plus petites. «Anastasia par-ci, Anastasia par-là»…

    Dans les faits, nous, les élèves, on le sait que tout ça, ce n’est qu’une image. Elle parle tout le temps dans le dos des autres danseuses, elle se moque de madame Doutrelepont quand elle ne regarde pas et j’en passe.

    J’ai aussi le malheur de devoir supporter Anastasia à l’école. Je dis supporter, car elle adopte la même attitude d’hypocrisie partout où elle va. Tous les élèves voudraient faire partie de son cercle d’amis, mais c’est Anastasia qui choisit. Seules Sophia, Clara et Scarlett en font partie, d’ailleurs.

    Et moi, si j’ai envie de faire partie de sa gang? Nah. De toute façon, j’ai déjà une meilleure amie, Léa, et je l’adore.

    À part madame Doutrelepont et ses «Non, Annabelle, pas comme ça! Reste concentrée. CON-CEN-TRÉE!», Anastasia et sa perfection, le ballet… c’est douloureux! J’ai souvent des maux de dos de m’être tenue cambrée trop longtemps, mal aux bras de les avoir maintenus de longues heures allongés de chaque côté de mon corps et ça, c’est sans parler des ampoules aux pieds. C’est si gracieux, une ballerine. Encore une fois, c’est en apparence. Ce n’est pas très joli, ce qui se cache sous les chaussons; des cicatrices près des orteils, des ampoules sanguinolentes… non, vraiment, rien de très charmant! Ce n’est pas pour rien que je ne porte jamais de sandales. Pas que je n’en ai pas envie, surtout par les journées de canicule. Disons que mes pieds ne sont pas ce qu’il y a de plus beau sur mon corps. En fait, je crois que la seule fois où j’ai osé revêtir des sandales, ma mère a failli tomber sans connaissance avant de m’obliger à aller mettre des chaussures fermées. S’il fallait que je lui fasse honte…

    Une autre chose qui lui ferait honte? Entendre le style de musique que j’écoute en cachette. Elle et mon père souhaiteraient tellement que j’écoute du Chopin, du Mozart et du Beethoven! «C’est bon pour la concentration, plusieurs études le démontrent», me rappelle souvent ma mère. Je ne sais pas si elle a lu d’autres études sur les parents qui tombent sur les nerfs de leurs enfants et à quel point c’est mauvais pour eux? Sûrement pas…

    Mais bon. Pour revenir au souper en famille qui a précédé mon énième cours de ballet, je devrais peut-être voir le côté positif des choses, comme me le recommande souvent ma mère. Je pourrais me contenter d’être heureuse du fait que mes deux parents – oui, oui! – étaient présents pour le repas. Disons que c’est plutôt rare.

    Mon père travaille dans une banque à faire je ne sais trop quoi. Plus jeune, je m’amusais à l’imaginer en banquier dans les tunnels de Gringotts, la banque enchantée dans Harry Potter. Je crois que ça m’aidait à vivre avec ses absences prolongées – car oui, il lui arrivait de rentrer très tard alors que je dormais déjà ou pire encore, de partir à l’étranger quelque temps – de l’imaginer avec des créatures fantastiques, dans un décor qui l’était tout autant! Maintenant, je ne crois plus à toutes ces choses. Je sais simplement qu’il est souvent parti en voyages d’affaires avec je-ne-sais-qui, je-nesais-où. J’ai perdu le fil, à la longue.

    Et ma mère, elle fait souvent des gardes. Elle travaille dans un hôpital en neuro-quelque chose. Je me demande si c’est normal de faire deux à trois gardes par semaine. Il me semble que si c’était une exigence pour travailler dans un hôpital, ça ne serait pas un métier très populaire, non? Je doute que ses collègues en fassent autant qu’elle. Ma mère dit que ça ne la dérange pas, qu’elle adore son travail et qu’elle le fait pour le bien-être de ses patients. Je veux bien, mais à un moment donné, c’est moi qui ne suis plus patiente!

    Plus jeune, ils me manquaient tous les deux: ils n’y étaient pas le soir pour qu’on partage un repas ensemble, pour me faire prendre un bain rempli de bulles ni pour me chanter des berceuses avant de m’endormir ou encore, pour me raconter une histoire. C’est Daniella qui, la plupart du temps, s’en chargeait.

    Aujourd’hui, j’ai appris à faire avec leurs absences. Et disons que parfois, ça m’arrange: je peux mettre de la musique que j’aime vraiment et danser dans ma chambre sans avoir peur de me faire prendre en flagrant délit par mes parents. Daniella ne se plaint jamais du volume de ma musique et lorsqu’elle quitte pour chez elle, vers 19 h, j’ai assez souvent la maison à moi toute seule pour au moins une autre heure. Voir le bon côté des choses, n’est-ce pas? Bon, je me couche: j’ai de l’école demain.

    Chapitre 2

    Le regard dans le vague, je fixe le mur – qui aurait bien besoin d’une nouvelle couche de peinture, d’ailleurs – du local de mathématiques. Alors que je mâchouille l’efface rose de mon crayon HB, je songe à mon cours de ballet d’hier. Sans grande surprise, il m’a confirmé à quel point je serais tellement plus à ma place dans un cours de hip-hop: mon chignon n’était pas parfait, tout comme mon port de tête et ma performance générale. Ça serait chouette de me faire dire ce que je fais de bien parfois, non? Il me semble que c’est ce qu’on appelle «être un bon pédagogue».

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