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Maya
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Livre électronique159 pages2 heures

Maya

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À propos de ce livre électronique

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.

Par la fenêtre de notre maison, on ne voyait pas de rue, pas de voisins. Le paysage se composait d’arbres fruitiers et d’un magnifique jardin fleuri à l’année. Pas de neige, mais le soleil était presque toujours présent. Pourtant, contrairement au silence d’ici, dès qu’on posait le pied en dehors de la maison, on entendait les klaxons sans interruption, les cris des enfants qui jouent au soccer dans la rue, la voix du vendeur de café, les conversations des marchands installés aux abords des rues, les rires des passants et les salutations par dizaines de tous ceux qu’on croisait.

Ici, nous vivons dans un quartier d’immigrants. Dans notre immeuble, les voisins se saluent poliment d’un signe de la tête, c’est tout. Je ne connais pas leur histoire. Qui sont-ils ? D’où arrivent-ils? Ce sont presque tous des étrangers, comme nous, qui apprennent à vivre loin de la maison. À l’école où étudient presque 2000 élèves, à peu près tout le monde est venu d’ailleurs.

Psst ! L’auteure de ce livre s’appelle Laïla: elle est née en Égypte et arrivée avec sa famille au Canada à l'âge de trois ans. Elle aime le chocolat, la plage et le soleil, le sudoku, les comédies romantiques et la musique en général. Elle n'aime pas l’hiver, mais adore les premières tempêtes de neige. Elle déteste l’injustice et tout ce qui est trop amer. Ses amis s’entendent pour dire qu’elle LA bonne personne à appeler en cas de pépin: elle fait des pieds et des mains pour les aider.
LangueFrançais
Date de sortie11 avr. 2018
ISBN9782897584795
Maya
Auteur

Laïla Heloua

Laïla Héloua est née à Alexandrie en 1961, en Égypte, et a immigré au Canada alors qu'elle avait deux ans. Après des études en communications et en linguistique, elle travaille dans une entreprise avant d'ouvrir sa propre compagnie spécialisée en organisation d'événements de toutes sortes. Elle crée en 2001 Mandarine et Kiwi, héros d'albums destinés aux jeunes. Depuis, elle anime des ateliers dans les écoles primaires et dans les centres de la petite enfance.

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    Aperçu du livre

    Maya - Laïla Heloua

    Épilogue

    Prologue

    Quand je regarde autour de moi, je ne peux m’empêcher de réaliser combien ma vie est parfaite.

    Je m’appelle Maya, j’ai 15 ans, j’ai les amies les plus adorables du monde et mes parents ne sont pas trop sur mon dos.

    Mon père Nabil est directeur dans une entreprise d’informatique. Il est très estimé par ses patrons et ses collègues. Il a toujours des gadgets à nous offrir quand il rencontre des représentants de nouveaux produits.

    Ma mère Thalia a un diplôme d’enseignante au primaire, mais elle a arrêté de travailler à la naissance de mon frère. Elle prend soin de nous, elle va boire un café avec ses amies tous les matins après avoir accompagné à l’école ma petite sœur de huit ans, Myriam, puis elle fait du bénévolat à l’église. Elle revient toujours avec Myriam à la fin des classes, vers 13 h 30, pour préparer le repas et s’occuper de la maison.

    Mon frère Georges, qui n’a qu’un an de plus que moi, n’arrive que pour le souper et repart souvent tout de suite après, jouer au soccer avec ses copains.

    Ma maison est vaste. C’est celle où ma mère est née et a grandi. Après son mariage avec mon père, ils ont emménagé avec ma téta¹, qui était déjà veuve. Ma grand-mère est toujours là avec le repas prêt, quand on est de retour de l’école vers 14 h 45.

    Chaque enfant a sa chambre. La mienne a deux fenêtres qui donnent sur le verger. Il y a deux salles de bain, une grande salle à manger à l’intérieur et une autre à l’extérieur. Le salon est réservé pour les occasions spéciales. Ma grand-mère a sa pièce de télévision; la cuisine est l’endroit où elle et ma mère passent le plus de temps. Nous avons un potager, où poussent tomates, concombres, laitues et toutes sortes de fines herbes, et quelques arbres fruitiers: des abricotiers, des poiriers et un verger d’oliviers. Dès les premiers jours d’octobre, c’est le moment de la récolte des olives pour l’huile et les réserves de l’année. Ce travail très dur demande l’aide de tous les membres de la famille élargie. Mes oncles, tantes, cousines et cousins viennent alors pour donner un coup de pouce. Nous, les jeunes, étalons sous les arbres des bâches prévues pour déposer les fruits qui seront cueillis à la main. Le ramassage est fait par certains, et d’autres se mettent au triage: les olives qui serviront à fabriquer l’huile sont séparées de celles destinées à la table. C’est la fête tous les soirs pendant cette période. J’adore ces moments. Nous plaisantons, nous mangeons toujours trop et nous dormons tard. Il y a de la musique et la bonne humeur est contagieuse. J’aime ma famille.

    La semaine, mon quotidien se résume à passer une partie de la journée à l’école, à rigoler avec Yasmine, Marwa et Dina, à faire mes devoirs avec elles après le déjeuner², à me promener à la plage ou à me balader avant de rentrer souper à la maison, vers 19 h 30, après quoi je texte toute la soirée avec mes copines.

    Le samedi, on sort voir la famille, on marche à la plage, je cours les magasins avec les filles, je mange au restaurant avec mes parents ou encore on va au cinéma. Le dimanche, après la messe de midi, je passe la journée avec mes oncles et mes cousins. J’aime cette routine.

    C’est pareil pour Yasmine, Marwa et Dina, nous avons les mêmes occupations. Nos parents se connaissent, tout le monde est au courant de la vie de tout le monde. Chacune négocie ses sorties en donnant en exemple le «oui» de la mère d’une telle ou du père d’une telle.

    Je me vois très bien continuer ma vie d’adolescente comme cela.

    Mes parents n’ont pas la même vision que moi. Ils sont convaincus que notre avenir, à moi, mon frère et ma sœur, est compromis. Ils sont certains que nous n’avons aucune chance de vivre une belle vie au Liban.

    La peur du retour d’une guerre civile, la proximité de la Syrie, où règne la violence, et la baisse des salaires les rendent très nerveux.

    Ma mère nous parle depuis trois ans déjà de leurs démarches pour immigrer au Canada, pour aller rejoindre ma tante, sa sœur Susie, qui vit au Québec. Je n’y crois pas. C’est un refrain qu’elle répète, un peu comme on parle d’un pays qu’on rêve de visiter un jour.

    1Grand-mère en arabe.

    2Les élèves libanais vont à l’école de 7 h 45 à 14 h 30. Ils ont 2 pauses de 35 minutes, ils viennent avec de quoi grignoter et prennent le repas du midi en rentrant à la maison.

    Chapitre un

    L’annonce fatidique

    Je rentre de l’école avec Yasmine et je trouve mon père et ma mère à la maison. Ils sont très silencieux. Je crois un instant qu’il est arrivé quelque chose à ma grand-mère, mais je la vois assise au salon, tournée vers la fenêtre, le regard triste. Mon père m’annonce qu’ils ont une excellente nouvelle.

    — On nous a délivré nos visas pour le Canada. Le Québec a accepté notre demande d’immigration.

    Incrédule, je m’informe sur le sens de tout cela.

    — Nous pouvons acheter nos billets d’avion pour rejoindre Susie, me répond ma mère.

    — On va aller voir tante Susie? questionne Myriam.

    — Oui ma chérie, nous pouvons enfin déménager à côté de chez elle.

    Je sens comme un bourdonnement dans ma tête.

    Je tourne mon regard vers Yasmine: elle est blême et a les yeux pleins d’eau. Elle bredouille qu’elle doit rentrer chez elle tout en sortant rapidement.

    — J’ai parlé avec Susie sur WhatsApp et elle va chercher les appartements libres près de chez elle, ajoute ma mère.

    Je suis sonnée! J’ai de la difficulté à comprendre vraiment ce qui est en train d’arriver. Je regarde tour à tour mon père, ma mère et ma grand-mère, à la recherche d’un signe qui expliquerait cette mauvaise blague.

    — Maya, tu vas bien, ma chérie? me demande mon père.

    — Je ne comprends pas: on va vraiment quitter le Liban? Vous êtes vraiment en train de me dire que nous déménageons au Canada? Êtes-vous sérieux? Mais pourquoi? Je suis bien ici. Je ne veux pas partir. C’est quoi cette histoire?

    Mes jambes, comme deux blocs de ciment, m’empêchent de me précipiter dans ma chambre. Ma petite sœur Myriam me regarde intensément, d’un air paniqué. Je me sens seule au milieu du salon. Mon frère Georges n’est pas là. Il sera aussi atterré que moi quand il va savoir.

    Ma mère s’approche pour me prendre dans ses bras, je l’évite et je pars dans ma chambre. Je suis en colère. Je suis née ici! Il n’est absolument pas question que je quitte mon pays, ma ville, mes amis, mon école, ma VIE!

    Je repasse les paroles de mes parents sans arrêt et je me dis qu’ils sont tombés sur la tête. On ne quitte pas tout, comme ça, d’un coup, sans réfléchir.

    On cogne à ma porte. Ma téta entre et s’installe sur mon lit pendant que je fais les cent pas, les bras croisés.

    — Maya, arrête deux minutes. Viens à côté de moi et regarde-moi. Tu sais combien je vous aime, n’est-ce pas? Tu dois remercier le ciel de ces visas pour le Canada, me dit-elle de son air déterminé, mais de sa voix douce et posée. Tes parents ont travaillé fort et ils ont fait des dizaines de démarches pour obtenir ces bouts de papier. S’ils font tout ça, c’est pour vous, les enfants.

    — Je comprends, mais je ne veux pas partir. Je tiens à rester ici, ai-je répondu en m’assoyant sur le lit, près d’elle.

    — Il faut penser à votre avenir! Il n’y a pas de futur possible au Liban! Tu sais que l’éducation est meilleure là-bas. Tu devrais avoir honte de réagir de cette façon!

    Au fur et à mesure qu’elle parle, je me calme et je réalise que cela fait des mois que ma mère nous en parle et que c’est moi qui faisais semblant de ne pas comprendre tout ce temps. C’est donc vrai. Je vais partir.

    Ma grand-mère me sourit et me caresse la main avant de sortir. Une fois seule, je prends mon carnet de dessins et je griffonne tout en réfléchissant à cette nouvelle qui changera ma vie.

    > > >

    Ce matin, en route vers l’école avec mes amies, elles ne parlent que de mon déménagement. Elles semblent avoir plus hâte que moi!

    «Comme tu es chanceuse», «Tu vas en Amérique», «Tu vas être libre», «Tu vas faire ce que tu veux», «Tu vas devenir riche…»

    Moi, je regarde le chemin que je parcours tous les jours depuis que je vais à l’école. À droite, il y a le boulanger, qui termine sa journée au moment où nous commençons la nôtre. Sa femme et ses employés arrivent pour servir les clients. Les klaxons des voitures, les gens en ligne pour un café chez Amir. Le boucher qui ouvre tranquillement son magasin. Les poissonniers qui nettoient leurs prises du jour. Les mères qui traînent leurs enfants par la main, qui portent un sac à dos presque plus grand qu’eux. Je pense aussi à Georges. Hier soir, quand il est rentré et qu’il a appris la nouvelle, il n’a pas réagi comme je croyais. Bizarrement, il semblait content.

    La journée d’école passe sans que je m’en rende compte, mon esprit vagabondant ailleurs. En finissant les cours, Marwa propose d’aller courir vers la plage après le déjeuner.

    — Nous pourrons en profiter pour manger une glace, pour voir le beau Walid qui y travaille, propose Dina.

    — Bonne idée. On se texte quand on est prêtes? demande Yasmine.

    — D’accord. À plus, mes amies, dis-je en me dirigeant vers la maison.

    En rentrant chez moi, je vois ma mère et ma grand-mère faire du ménage. Elles écrivent des listes de ce que nous allons prendre avec nous.

    Un grand sac posé à côté de ma mère est plein. Elle y dépose des papiers, des enveloppes, puis elle ouvre une boîte en plastique qui contient tous nos dessins et bricolages. Elle les regarde à peine et jette le tout dans le sac.

    — Mais maman, qu’est-ce que tu fais? Tu t’es trompée. Tu viens de mettre nos souvenirs à la poubelle.

    — Je suis désolée, Maya, mais nous ne pouvons pas déménager la maison. Nous partirons avec peu d’objets, à vrai dire. Que les choses essentielles.

    Tous les souvenirs de mon enfance disparaîtront: mes dessins, mes bricolages, mes toutous, mes jouets doivent prendre le chemin de la poubelle. Ma sœur doit choisir un seul jouet.

    — Myriam, quel jouet veux-tu apporter au Canada? On va laisser les autres ici, avec téta.

    C’est comme si je venais de recevoir un coup de poing au ventre.

    — Comment ça rester ici avec téta? ai-je balbutié.

    — Je suis trop vieille, ma chérie, pour partir. Je n’ai pas reçu mon visa. Susie ne pouvait pas nous parrainer tous, me répond-elle, souriante, tout en continuant à emballer de la vaisselle.

    C’en est trop! Je me mets à pleurer à chaudes larmes, sans retenue. Ma sœur suit, puis ma mère et enfin ma grand-mère. C’est impossible de partir sans elle. Elle est là depuis que je suis née.

    Mon monde s’écroule et on me répète que c’est une bonne nouvelle.

    Je me réfugie sur mon lit: je prends mon cellulaire et j’écris à mes amies.

    Maya: Allez-y sans moi aujourd’hui.

    Yasmine:??

    Marwa: Qu’est-ce qu’il y a?

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