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Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal
Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal
Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal
Livre électronique249 pages3 heures

Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal

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À propos de ce livre électronique

La série des Romans dont vous êtes la victime présente des choix narratifs déchirants au lecteur. Ici, pas besoin de calculs ni de notes; que des décisions à prendre, qui mèneront inévitablement à des péripéties et des fins différentes.

Vous comprendrez bien vite qu’il y a parfois des conséquences pires que la mort.

Un homme craignant pour sa vie se réfugie dans un petit village loin de tout et y achète une résidence bon marché, où d’étranges phénomènes ont lieu.

La famille qui y vivait autrefois s’est volatilisée sans laisser de traces.

Un nouveau voisin, agressif et imprévisible, terrorise la communauté et ne cesse de rôder autour de la vieille maison.

De nouvelles disparitions inquiètent... Quels affreux mystères hantent le village de Saint-Jude?
LangueFrançais
Date de sortie16 oct. 2020
ISBN9782898190445
Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal
Auteur

Sylvain Johnson

Sylvain Johnson est originaire de Montréal. Il passera toutefois une partie de son enfance dans le village de Sainte-Thècle, en Mauricie. Il se retrouvera ensuite à Shawinigan pour y étudier en Arts et Lettres avant de retourner vivre dans la région métropolitaine. Il occupera des postes dans quelques clubs vidéo et salles de courriers avant de s’exiler aux États-Unis. Ses passions sont l’écriture, la lecture, la randonnée pédestre et le voyage sous presque toutes ses formes.

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    Aperçu du livre

    Un roman dont vous êtes la victime - Voisinage infernal - Sylvain Johnson

    succès.

    Chapitre 1

    Montréal

    Jeudi 6 juin 2019

    Il y a quelqu’un d’autre dans l’appartement. Ce fut la première pensée de Christian à son réveil. Il avait subi une émersion hors du monde des rêves un peu trop brusque et précipitée pour être naturelle. La noirceur l’enveloppait ; il préférait dormir sans la moindre source lumineuse. Son corps accablé de fatigue protesta contre l’idée même de l’éveil, tandis que son esprit en alerte cherchait par tous les moyens à s’accrocher à la réalité. Ne pas sombrer s’affichait dans sa conscience en grosses lettres majuscules, clignotantes et colorées. Personne d’autre que lui ne possédait la clé de son logis, il vivait seul. Une présence nocturne représentait un problème des plus inquiétants.

    Un craquement subit chassa tout doute sur la possibilité de la présence d’un intrus, ce qui lui permit aussi de découvrir qu’il souffrait à nouveau de paralysie du sommeil. C’est-à-dire qu’il détenait la conscience de ce qui se déroulait autour de lui, sans toutefois bénéficier de la capacité de remuer, de mouvoir ses membres encore enveloppés dans les couvertures. Cela lui arrivait fréquemment depuis quelques années. Son médecin de famille croyait que le surmenage à son travail en était la cause. Une panique glaciale s’empara de lui, son visage se tordit sous l’impulsion de la crainte. Le bruit entendu n’était pas aléatoire, Christian en reconnaissait la source. Il s’agissait du plancher qui craquait toujours au même endroit, soit entre la porte de sa chambre et son lit. Il suffisait de mettre le pied à cet endroit stratégique pour provoquer la plainte du bois.

    C’était ce qui venait de se produire.

    Christian voulut bouger la tête, mais en fut incapable ; ses muscles n’identifiaient plus les impulsions issues de son cerveau comme des ordres implicites. Les yeux grands ouverts, il devait se contenter de fixer le plafond. Il eut même l’impression d’émettre des gémissements, sans toutefois en être certain.

    Une ombre se profila sur sa droite, à côté du lit. Une forme humanoïde toute vêtue de noir qui glissa pour se placer au-dessus de lui, dans son champ de vision. Sa panique en fut décuplée, tandis qu’il apercevait un visage anonyme partiellement recouvert par une cagoule de laine. Deux yeux vitreux le fixaient sans la moindre expression. Un filet de lumière venant du salon, dont les stores ne suffisaient pas à stopper la faible clarté des lampadaires du stationnement, lui permettait de discerner certains détails troublants. L’intrus à ses côtés tenait un couteau et leva son bras au-dessus de lui, sans cesser de le toiser. Christian pouvait entendre ses halètements ; l’autre respirait fort et animait le tissu de la cagoule qui recouvrait sa bouche de mouvements rythmés. Christian sentit l’apparition de larmes, qui se mirent à perler le long de ses tempes pour atteindre ses oreilles. Il émit une plainte d’animal apeuré qui n’eut aucun effet sur l’individu qui le dominait. Puisque le couteau s’abattit ensuite avec force.

    La lame se logea dans son épaule, perforant la chair et scindant les muscles. Elle percuta l’ossature et libéra un raz-de-marée de douleur qui le jeta en état de choc. Cette blessure servit à dissiper la paralysie, mais une main gantée lui couvrit la bouche pour éviter qu’il ne hurle à la mort. La proximité avec l’individu fit déferler l’odeur de son haleine, on y devinait des effluves d’oignon et de bière. Maintenant délivré de sa catatonie, Christian agrippa la poigne qui tenait toujours le manche du couteau planté dans son épaule. La douleur était si intense qu’il faillit tourner de l’œil. De sa main libre, il attrapa le coton ouaté noir de l’homme devant lui.

    Ils demeurèrent ainsi pendant un court moment, ce qui lui permit d’assimiler la réalité de cette violente attaque-surprise en pleine nuit. De laisser la peur froide et la souffrance aiguiser ses sens. Une seconde, il dormait à poings fermés et la suivante, un individu le poignardait dans son lit. Il ne cessait de se demander pourquoi. Pourquoi ?

    L’homme au-dessus de lui retira la lame de son épaule tout en grognant, ce qui le fit hoqueter de douleur et se tordre, sa vision se brouillant temporairement. Il sentit le sang qui coulait de la blessure, voulut rouler en bas du meuble pour se mettre debout, mais la main gantée qui lui couvrait la bouche le plaqua aussitôt sur le matelas. Elle lui broyait la mâchoire et écrasait ses lèvres.

    Le bras armé se releva vers le plafond pour s’immobiliser et Christian eut la brève pensée qu’il allait mourir ainsi, dans son lit. Tué par un inconnu pour une raison mystérieuse. Il protesta en grognant, en tentant de repousser l’autre, mais ne put empêcher le poignard de frapper à nouveau au même endroit. Son cœur parut s’arrêter un moment ; sa respiration suspendue, le choc de l’impact le tétanisa complètement.

    La lame se retira ensuite aussi subitement qu’elle était entrée dans son corps, pour enfin disparaître. L’ombre se recula et sa bouche fut libérée de cette puissante main gantée qui l’étouffait. Il aspira goulûment l’air frais qui parvint à lui. Christian vacillait indubitablement entre l’éveil forcé et la perte de conscience, il sentait son voile sombre prêt à s’abattre sur lui. Ses doigts touchèrent la plaie ensanglantée à son épaule, provoquant une vague de souffrance qui le fit se tordre comme un lombric désespéré au bout d’un hameçon.

    En état de choc, il ne pensa même pas à hurler tandis qu’une poigne robuste l’agrippait par les cheveux pour lui soulever la tête. Un morceau de tissu couvrit sa bouche et il comprit qu’on le bâillonnait. Il saisit le nouveau danger qui le guettait, se mit à frapper de sa main valide, poussant avec ses jambes, mais fut rapidement immobilisé par son assaillant lorsque celui-ci percuta sa blessure d’un coup de poing. Christian vit la pièce autour de lui vaciller, il tanguait au bord du précipice du néant, submergé par la souffrance. L’homme en profita pour lui passer un bras dans le dos et l’autre sous le fessier pour le soulever. Le mouvement forcé décupla la douleur à son épaule doublement meurtrie. Hissé au-dessus du matelas, l’individu fit quelques pas pour le déposer au sol, dans le coin de la chambre. Christian ne portait qu’un boxershort, il sentit le froid du mur et du plancher sur sa peau nue ; l’air climatisé fonctionnait très bien en cette nuit particulièrement chaude.

    Christian frissonnait, recroquevillé. Son regard fou aperçut l’intrus qui allumait une lampe de chevet. La chambre fut inondée de clarté, ce qui le fit cligner des yeux et se protéger temporairement en levant une main. Dès que le choc lumineux se résorba, il put voir le lit aux couvertures écarlates et la forme humaine maigrichonne qui s’activait nerveusement en gestes saccadés. L’individu fouilla brièvement son lieu de repos, sans sembler trouver quelque chose d’intéressant.

    Venait-il pour le voler ? Sûrement pas, puisqu’il ne toucha pas au portefeuille et ne prit même pas la peine de s’intéresser aux tiroirs de la table de nuit. Maintenant qu’il était bâillonné, il ne pouvait plus alerter les secours en ordonnant à son assistante virtuelle de contacter le 911. Tania détenait une capacité d’exécution surprenante, moyennant des commandes vocales définies.

    La silhouette menaçante revint vers Christian, tenant à la main un téléphone cellulaire. L’homme à la cagoule lui adressa la parole. Son regard vide suffit à lui donner des frissons. Aucune vie ne paraissait habiter les orbites, aucune âme, mais un néant capable de vous engloutir et de tout annihiler sur son passage. Le regard d’un tueur implacable. Il gardait d’ailleurs son couteau dans son autre main.

    — Faut des preuves de ce que je vais faire.

    L’esprit de Christian tournait comme la roue d’un pauvre hamster en cage. Il tenait ses jambes contre lui, abasourdi par la douleur et la surprise de l’éveil précipité. Des blessures infligées avec une violence inouïe. Il aurait pu essayer d’enlever son bâillon, mais n’en fit rien. D’autant plus que l’individu s’approcha avec des tie-wraps en plastique, déposa son arme et son cellulaire hors de portée sur le plancher. Christian, par pur réflexe, se recula pour s’éloigner de l’homme en se glissant contre le mur, mais l’autre s’élança pour le frapper aux côtes d’un coup de pied, ce qui le plaqua au sol.

    Merde ! Pouvait-on arrêter de lui faire mal ? Juste un moment ? Le souffle coupé, il ne vit plus que le flot de ses propres larmes. Il sentit qu’on le relevait, qu’on tirait ses bras dans son dos sans égard à la douleur à son épaule. Sans avoir eu le temps de se débattre adéquatement, il se retrouva avec les liens en plastique autour des poignets puis des chevilles. Ses coups de pied furent inutiles. Il était prisonnier d’un malade et incapable de bouger.

    L’individu l’appuya contre le mur, pour ensuite le relâcher. Christian pleurait autant de douleur que de peur, de panique devant son incroyable vulnérabilité, son incompréhension.

    L’homme s’empara de son couteau et de son portable, puis se tint debout devant lui et l’étudia. Nul doute que sans la cagoule, on aurait vu un sourire de satisfaction sur le visage de ce monstre. Une telle perversité ne pouvait que s’accomplir dans le plaisir. Traversé de douleur et d’émotions puissantes, Christian observa son assaillant. L’être méprisable ayant envahi son logis s’approcha pour prendre un cliché de lui avec son cellulaire.

    — Elle veut des photos.

    Ces mots le glacèrent d’effroi.

    Elle ? Christian comprit alors, en partie, ce qui se passait. Cet homme était un tueur professionnel venu l’éliminer, et il ne connaissait qu’une seule personne susceptible de lui vouloir du mal. Sa femme Shelby. Leur divorce était devenu un véritable spectacle où s’affrontaient des avocats très différents les uns des autres. Son épouse se faisait représenter par le meilleur procureur de la province, dont les frais étaient exorbitants. Le prix d’une voiture neuve. Christian ignorait comment elle pouvait s’offrir une telle célébrité du monde juridique. Quant à lui, le seul membre du Barreau ayant accepté de le défendre pour quelques dollars et des paiements mensuels sortait tout juste de l’école. Il s’agissait de David contre Goliath et jusqu’à maintenant, Christian subissait de véritables raclées à chaque présence en cour. Le camp de sa femme le malmenait, exhibait des détails oubliés de son passé, des preuves de son mauvais comportement, des courriels, des messages texte…

    Son agresseur prit quelques photographies supplémentaires et parut même s’amuser, avant de remettre son téléphone dans sa poche. Il tenait son couteau avec fermeté et renifla.

    — J’vais en faire d’autres après…

    Ce « après » ne laissait aucun doute dans son esprit : elle voulait des clichés de lui une fois mort. La nouvelle de son décès ne lui suffisait pas, elle désirait voir son corps poignardé et ensanglanté. Et dire qu’il avait vécu avec cette femme pendant cinq ans, heureux et sans la moindre occasion de questionner son amour. Elle était gentille, belle, douce et très avenante, avait semblé tout aussi comblée que lui. Un rêve incroyable que rien ne paraissait pouvoir ébranler. Jusqu’à un coup de fil dévastateur d’un homme qui prétendait coucher avec elle depuis quelques mois.

    Perdu dans ses pensées, grelottant, Christian ne vit pas venir le coup de pied à son menton, qui l’envoya contre le mur. Ce dernier donnant sur l’extérieur, le bruit était peu susceptible d’alerter les voisins. Il roula au sol, sa bouche envahie du goût métallique du sang. Il leva un visage stupéfait vers son agresseur. Incapable de cracher, il fut contraint d’avaler.

    — On va s’amuser un peu.

    L’homme se rua à nouveau sur lui pour lui agripper les cheveux d’une main et le faire percuter la paroi murale de son crâne, défonçant le plâtre. Le fait qu’aucun voisin ne se trouvait de ce côté-là rendait bien service à son assaillant. Or, ils étaient quand même en plein milieu de la nuit et, réalisant qu’ils pouvaient alerter les autres locataires, l’individu cessa après une frappe. Il repoussa Christian au sol et le fixa, le couteau séparant leurs visages.

    — Tu comprends pas ce qui t’arrive ? Ça fait sept jours que je te suis.

    Une semaine ? Christian se souvint alors de la voiture rouge aux plaques d’immatriculation de l’État de New York remarquée plus tôt dans le stationnement de l’immeuble. Il avait noté sa présence à plusieurs reprises. Difficile de ne pas repérer l’intérieur en désordre : vêtements empilés sur la banquette, déchets au sol, papiers et emballages de restaurants sur le siège passager, bloquant partiellement la vitre arrière. Comme si quelqu’un vivait dans le véhicule. Il revit aussi la maigrichonne silhouette du jeune qui en sortait, fuyant les regards. Une personne dont il n’avait eu, jusqu’à ce jour, aucune raison de se méfier.

    — Vingt mille dollars, qu’elle me donne…

    L’autre se mit à pouffer avant de nettoyer la lame salie de son couteau avec sa manche. Christian remarqua à ce moment que le coup de pied qu’il avait précédemment reçu avait légèrement fait glisser son bâillon. Il lui serait peut-être facile de le descendre suffisamment pour hurler. En remuant sa tête, sa mâchoire. Mais sa voix serait-elle assez forte pour être captée par ses voisins ? Il n’aurait qu’une chance pour appeler à l’aide tout en sachant qu’en plein milieu de la nuit, on risquait fort de ne pas l’entendre.

    Christian demeura donc recroquevillé, méfiant et apeuré. Il vivait peut-être les dernières secondes de sa vie. L’individu était manifestement bavard, probablement sa semaine de filature esseulée dans la bagnole lui donnait-elle le goût de communiquer avec un autre être humain. Toujours est-il qu’il se rapprocha pour parler.

    — Je l’ai même sautée !

    Christian accusa le coup. Le maigrichon cagoulé s’élança à nouveau pour lui enfoncer encore une fois le poignard dans l’épaule. Il était rapide. La lame pénétra la plaie déjà sanguinolente et douloureuse, lui faisant presque perdre connaissance. L’attaquant remua l’objet métallique en émettant une sorte de rire moqueur, un grognement jouissif déplacé. Incapable de relever les bras ou de se reculer, Christian glissa au sol au moment où l’arme fut retirée. Sa tête percuta le plancher et il fixa le plafond, haletant. Tout tournait autour de lui dans cette pièce jadis sécuritaire et confortable.

    Il tenta un coup d’œil vers son agresseur et sut que le prochain assaut serait définitif. L’individu paraissait nerveux, reniflait et jetait de fréquents regards vers la porte de la chambre. Il s’apprêtait finalement à agir, luttant contre ses dernières résistances.

    Il n’y avait rien que Christian puisse faire pour se libérer.

    Presque nu, couvert de sang et des larmes sur les joues, Christian demeura couché au sol, les bras dans son dos, écrasés par sa position inconfortable. Avec sa langue, en bougeant la mâchoire, il parvint à faire glisser le bâillon sur sa bouche. Il put aspirer un filet d’air grandement apprécié et parla enfin, sans crier, mais avec fermeté.

    — Tania. Je veux entendre Whiskey in the Jar de Metallica au volume 10.

    L’assaillant sursauta à ces mots, se figea en une pose défensive et son regard interrogateur se braqua sur lui. Il vit la bouche de Christian libérée de son carcan ; l’homme aveuglé par son arrogance n’avait pas remarqué la manœuvre. Une voix féminine robotique répondit.

    — Voici Whiskey in the Jar de Metallica au volume 10.

    Christian adorait la technologie et dès les premières vagues de commercialisation des assistants virtuels capables d’effectuer des tâches, il s’en était procuré un. Celui-ci représentait le dernier modèle sur le marché, installé dans trois pièces de son appartement, soit le salon, la cuisine et la chambre à coucher. Son but était l’automatisation complète de son logis, en commençant par les lumières, le chauffage, l’activation d’alarmes et le verrouillage des portes. Or, cela devrait attendre le jour où il posséderait une résidence à lui. Ainsi que les moyens financiers pour acheter les composantes qui manquaient. Christian économisait depuis plusieurs années pour y arriver. Il devait se payer l’équipement une pièce à la fois et évitait les dépenses inutiles.

    La pièce du groupe de heavy métal se mit à jouer à tue-tête. Son assaillant dut se couvrir les oreilles. Des haut-parleurs encastrés dans les murs s’occupaient de diffuser la chanson. Le système audio était beaucoup trop puissant pour un tel espace réduit, mais Christian n’avait pu résister à en faire l’achat. Le niveau acceptable maximal d’écoute se faisait au volume 3 et seulement durant le jour.

    L’inconnu gesticula, il hurlait probablement à sa victime d’arrêter la musique assourdissante, mais la voix du chanteur qui beuglait couvrait tous les sons. Paniqué, son agresseur se mit à faire le tour de la pièce. Il cherchait la petite boîte qui logeait Tania, son assistante virtuelle. Il ne la trouverait pas puisqu’elle était cachée sous le lit, difficile d’accès.

    Réalisant qu’il ne pourrait faire cesser le tintamarre, l’individu s’avança dans la direction de Christian, pour subitement changer de cap et quitter la chambre. De son point de vue couché, Christian ne voyait que le salon faiblement éclairé par les lampadaires du stationnement. La chanson se termina. Le silence qui tomba ensuite fut de courte durée. Des voix s’élevèrent, des pas se firent entendre dans son appartement. Son assaillant avait dû laisser la porte ouverte après sa fuite précipitée.

    Un de ses voisins apparut, visiblement en colère et prêt à en débattre, suivi par un autre. Dès qu’ils le virent couvert de sang et ligoté sur le plancher, ils se portèrent à son secours.

    Son calvaire venait de prendre fin.

    Chapitre 2

    Deux mois plus tard

    Mercredi 14 août 2019

    Saint-Jude

    Christian venait tout juste de s’asseoir sur la plus haute marche de son perron, une bière froide à la main. Il scruta l’entrée asphaltée qui reliait la résidence au rang des Pruniers, observa ensuite le ciel partiellement nuageux coloré par la descente amorcée du soleil derrière les arbres qui l’entouraient. Il trouvait la Mauricie vraiment belle et pittoresque. Un endroit où il faisait bon vivre. Il n’était pourtant qu’à vingt minutes de Trois-Rivières et de toutes ses commodités urbaines. Centre commercial, cinéma, boutiques et restaurants. Il bénéficiait du meilleur des deux mondes. Cette maison à vendre dénichée sur Internet représentait une aubaine à laquelle Christian n’avait su dire non. Une reprise de faillite qui avait coûté la moitié du prix de la valeur réelle. Un achat effectué sans besoin de visite ;

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