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Prédateurs - La rose noire
Prédateurs - La rose noire
Prédateurs - La rose noire
Livre électronique188 pages2 heures

Prédateurs - La rose noire

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À propos de ce livre électronique

Les restes du convoi 729 sont retrouvés en bordure de la route 138, à proximité de Saint-Siméon, alors que sévit un violent orage. L’autobus qui transportait dix-huit des plus dangereux meurtriers du pays a été renversé et éventré. À l’intérieur, les corps des gardiens et du chauffeur sont retrouvés sans vie, alors que les prisonniers semblent s’être tous évadés…
Même si Diane Langlois ne croit pas aux deuxièmes chances, la vie lui en offre une.
Au moment de son évasion, la dangereuse criminelle n’a qu’un seul objectif : retrouver son unique fils, celui à qui elle doit sa condamnation à perpétuité.
La course effrénée dans laquelle elle se retrouvera impliquée lui permettra-t-elle d’accomplir
son rêve avant que les autorités ne lui mettent le grappin dessus?
Dans la folie de la fuite, les dommages collatéraux s’accumuleront… un peu plus qu’elle ne l’aurait imaginé.
LangueFrançais
Date de sortie14 juin 2024
ISBN9782898191954
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    Aperçu du livre

    Prédateurs - La rose noire - Julie Nadeau

    Chapitre 1

    Saint-Siméon, le 11 juin 2003

    En proie à la douleur et aux étourdissements, Diane Langlois s’extirpe difficilement de la carcasse du fourgon carcéral lourdement accidenté. Déjà, elle sait que cette scène la marquera à jamais. Un instant, l’espoir euphorique de la liberté s’empare d’elle, enfermée depuis trop longtemps dans la prison de Port-Cartier pour ses crimes passés. Puis, la souffrance, doublée d’une violente nausée, la rattrape tant et si bien qu’elle peine à se traîner sur sa cheville maintenant aussi enflée que celle d’un hobbit. Elle erre et chancelle parmi les débris de véhicules fracassés. À quelques mètres du fourgon, deux épaves de voitures de police fument sous la pluie, leurs châssis criblés de balles.

    Ses yeux balaient la scène de gauche à droite cherchant les agents qui l’escortaient. Et soudain, son regard s’arrête sur les cadavres, des policiers manifestement traînés au sol, puis achevés d’une balle dans la tête. La vue des corps gisant dans la boue à côté de l’autobus la fait sourire. Étendus sur l’asphalte, un gros trou dans le front, la bouche pleine de sang et de pluie.

    Ses pensées s’entremêlent et son cœur qui s’affole envoie une trop grande quantité de sang dans ses veines. Les mains moites, elle essuie ses yeux embrouillés. À cause des larmes de douleur ? Ou de la pluie ? L’énorme ecchymose boursouflée qui bosse le dessus de son crâne la fait souffrir atrocement. Elle ignore à quel moment cela s’est produit, mais sa tête a violemment heurté un objet durant l’accident. Tout tourne autour d’elle. Même l’orage qui gronde et l’averse dont les rafales lui fouettent le visage lui donnent l’impression de sonner faux. Quelque chose d’étrange flotte dans l’air.

    Quelque chose de mauvais.

    Quelque chose de malsain.

    Son niveau d’adrénaline est tellement élevé que son cœur bat au point de lui secouer les côtes, accentuant le sentiment de vertige et d’ivresse qui l’habite. Sa pression artérielle explose et lui donne l’impression qu’elle pourrait accomplir n’importe quel effort physique, même le plus intense.

    La dernière fois où elle a éprouvé ce genre de sensation, elle venait de défoncer la tête de sa voisine de cellule à coups de talon, simplement parce que cette dernière prétendait connaître la véritable raison pour laquelle Diane avait été condamnée à passer le reste de sa vie derrière les barreaux, criant haut et fort que Langlois avait été enfermée pour avoir assassiné son propre fils.

    Avait-elle déjà assassiné quelqu’un ? Certes. Tuer n’avait jamais été un problème pour elle. Mais assassiner son fils… impossible. Il était la seule personne que son cœur ait jamais aimée.

    Tandis qu’elle s’élance le plus loin possible de l’accident sous l’orage battant, elle sent une forme d’exaltation s’emparer d’elle : c’est l’allégresse de la liberté qui la happe.

    Au mépris de ses blessures, de sa cheville foulée et de la douleur, elle avance à l’aveuglette, à travers les bois qui bordent la route. Au creux de sa main, elle tient fermement un curieux morceau de carton.

    L’aventure commence.

    Diane s’engouffre plus profondément dans les bois. Souvent, elle trébuche, tombe sur des racines noueuses, sur des branches qu’elle ne voit pas. Chaque fois, sa cheville l’élance encore davantage. Malgré la densité des feuillages, de grosses gouttes d’eau glissent sur son visage.

    Tandis qu’elle s’enfuit, cette sensation d’irréalité qui la suit depuis l’accident la possède. Le déluge accentue cette sensation, donne à la scène des airs de vieux films hollywoodiens des années 70. Pourtant, toute la vie de Diane avait été chargée de sang et de cadavres. La vengeance et la mort faisaient partie intégrante de son quotidien, et ce onze juin ne s’annonçait guère différent : il en était même la continuité.

    Tout un tourbillon de pensées la happe, tandis qu’elle halète et serre les dents pour dominer la douleur.

    Qui aurait bien pu orchestrer cette évasion ? Pourquoi avoir libéré une bande de violeurs, de tueurs et d’assassins de la pire espèce ?

    Et comment est-ce que j’ai fait pour me détacher ? Je m’en souviens même pas ?

    Est-ce que ça veut dire que j’ai perdu conscience ?

    Si oui, pendant combien de temps ?

    Mes poignets sont rougis et endoloris, sans être blessés pour autant. Est-ce que ça veut dire que ceux qui nous ont libérés avaient les clés des menottes ? Si oui, les ont-ils volées aux gardiens ? Ou est-ce qu’ils les avaient déjà ?

    Qui a percuté l’autobus ?

    Qui l’a renversé ?

    Qui a achevé les policiers d’une balle dans la tête ?

    Tandis que je m’éloignais du fourgon, j’ai eu l’impression de reconnaître Diego Moreno qui courait à dix, vingt mètres de l’épave. Câlisse, si j’avais eu un glock, je l’aurais tué sans hésiter. Cette brute épaisse doit jubiler à l’idée d’aller arranger le portrait de son ex-femme. À l’époque, sa condamnation et son incarcération avaient fait la une des journaux. Il était reconnu pour être l’un des pires assassins que comptait le Québec.

    Ciboire… Les gens ont pas idée à quel point ce monstre-là va faire des ravages. J’aurais préféré qu’il crève dans l’accident !

    C’est quoi ce maudit orage-là ? Pourquoi il pleut autant ? C’est tout juste si j’arrive à voir devant moi.

    Avant que la police débarque ici, de combien de temps je dispose pour prendre la fuite ?

    Pour me cacher ?

    Est-ce que je devrais demeurer ici et attendre sous la pluie comme un chiot piteux que les autorités me trouvent et me ramènent dans ma cellule ? Je viens d’y passer les vingt dernières années !

    À quel point y vaudrait mieux m’enfuir et me fondre dans la masse ? Ai-je vraiment envie de passer le reste de ma vie en cavale ?

    Deux options si différentes…

    Si je sacre le camp et qu’on me retrouve après une heure, deux jours, cinq mois ou trois ans, ils vont simplement ajouter de longues années à toutes celles qui me restent déjà à faire.

    Je n’ai pas grand-chose à perdre.

    Sauf… ma vie…

    Mais, ça non plus, ça ne vaut pas grand-chose.

    Le choix est donc simple.

    Fuir le plus loin possible, m’évader.

    Je tente le tout pour le tout.

    C’est sans aucun doute la seule occasion que la vie va m’offrir de réaliser mon rêve.

    Mon unique rêve ; la seule chose qui m’a empêchée au moins trente-deux fois de me pendre à l’aide des fils de vêtements que je récolte depuis des années. Parce que, oui, c’est possible de faire une corde avec des ficelles. Je vous le dis, c’est possible ! J’ai failli étrangler une gardienne avec cette corde, il y a un peu plus de cinq ans. Une salope qui m’a amenée dans un coin isolé de la prison pour me violer avec sa matraque. La chienne ! Elle ne savait certainement pas à qui elle avait affaire. J’ai tendance à croire qu’elle avait pas lu mon dossier. Dans mon livre à moi, violer quelqu’un a toujours été pire que tuer. Alors j’ai pas hésité un instant. J’étais bien partie, je voulais la vider de son sang, mais ses osties de ­collègues m’ont arrêtée juste à temps.

    Il y a qu’une seule et unique chose que je me suis promise de réaliser avant de mourir.

    Mon rêve, le seul que je chéris depuis plus de deux décennies.

    L’unique but de mon existence.

    Ce qui me tient en vie depuis toutes ces années.

    Ce qui m’a tant empêchée de mettre fin à mes jours.

    Ce qui me donne la force de me réveiller chaque jour.

    Revoir mon fils.

    Une seule fois.

    Il a beau être la raison pour laquelle je suis devenue une des tueuses les plus impitoyables que le Québec a connues, il est également la raison pour laquelle je suis toujours en vie.

    Mais avant de chercher à le retrouver, y a une tâche importante dont je dois m’acquitter, songe Diane en refermant davantage le poing au creux duquel se trouve le morceau de carton à présent détrempé.

    Chapitre 2

    L’orage qui gronde et la pluie abondante qui tombe ont permis à Diane de s’enfuir sans se faire remarquer, d’autant qu’elle a longé la route sous le couvert des arbres. En voyant l’enseigne de Saint-Siméon, elle comprend qu’elle s’avance dans la région de Charlevoix, loin de toutes agglomérations importantes, et ce détail la fait sourire. Depuis sa tendre enfance, elle a toujours préféré les petites villes aux grands centres urbains. Pourtant, dans sa situation, se retrouver dans une région très peuplée aurait été préférable. Se fondre dans la masse est plus facile lorsque la masse en question est grande. Devenir invisible lorsqu’on est recherché peut s’avérer très complexe.

    C’est ici, dans ce petit village reculé, sous l’averse battante, qu’elle décide d’arrêter sa cavale. Elle se camoufle à l’orée d’un petit sous-bois, près d’un pâté de maisons, un coin à première vue très tranquille.

    Sa priorité est de trouver une façon de se départir de cette tenue orangée qui trahit d’où elle sort et de dénicher des vêtements qui n’attireront pas les regards.

    Droit devant, elle aperçoit un immeuble à logements en grès qui semble tout droit sorti des années 70. Le bâtiment est sans doute la construction la plus miteuse de toute la rue, en dépit de l’état lamentable des maisons avoisinantes.

    Cachée derrière les arbres depuis presque une heure, Diane attend le moment propice pour faire irruption dans le hall vitré de cet immeuble, là où se trouve la cage d’escalier. Comme il pleut à boire debout, il n’y a personne dehors ; les gens restent enfermés chez eux, bien au sec, en cette matinée de déluge. Ceux et celles qui avaient à quitter leur nid douillet sont déjà rendus au travail. Les autres, soit ils sont emmitouflés sous des draps chauds, ou soit ils sirotent un café sur le coin d’un îlot, le nez dans leur journal.

    Diane espère donc profiter de la visibilité réduite dont elle jouit grâce à l’orage pour accomplir la prochaine étape de son évasion : se fondre dans la masse, s’arracher au statut de prisonnière que symbolise sa tenue.

    Le corps de Diane est depuis longtemps trempé jusqu’aux os. Mais, grâce à l’adrénaline, le froid de la pluie ne l’importune pas outre mesure. Toutefois, les battements de son cœur s’accélèrent à l’unique pensée qu’elle pourra se faire couler un bon bain chaud, dans la mesure bien sûr où son plan se déroule comme prévu. Parce que pour une prisonnière évadée comme Diane, les plaisirs simples de la vie et dont jouissent les gens normaux constituent autant de privilèges auxquels elle n’avait pas eu droit depuis une éternité.

    Toujours tapie derrière un tronc, elle décide d’enlever ses vêtements de détenue et de les enfiler à l’envers, afin d’en changer ne serait-ce que vaguement la couleur. Peu convaincue du résultat, elle doit, pour l’instant, s’en contenter. Pour la suite des choses, marcher en sous-vêtement dans l’orage n’étant pas la meilleure des idées pour passer inaperçue, voler quelque part de quoi se vêtir va tout simplement de soi. Tranquillement, elle s’habitue à la douleur de sa cheville. À force de marcher dessus, le mal s’estompe, quoiqu’il demeure encore présent.

    Diane comprend d’emblée qu’elle n’a pas droit à l’erreur. Si quiconque la repère, la police, qui doit déjà être sur le pied de guerre, la renverra illico finir ses jours en dedans. Depuis quelque temps déjà, elle a élaboré un plan qu’elle espère sans failles : d’abord, se faufiler dans l’immeuble en catimini, trouver un appartement où les propriétaires sont de préférence absents, y dénicher de l’argent liquide et des vêtements à sa taille, s’emplir l’estomac, prendre un bon bain chaud, couper ses longs cheveux noirs, s’habiller convenablement, mettre la main sur un sac à dos dans lequel elle pourra apporter des provisions non périssables en grande quantité, se maquiller pour camoufler ses traits fatigués, et avant de quitter, tout casser, tout détruire, s’assurer de briser l’écran de télévision pour faire croire que l’appartement a été forcé par une bande de jeunes voyous. Et, bien entendu, ne pas oublier ses vêtements de prisonnière sur les lieux. 

    Parvenue dans le hall d’entrée, Diane retient son souffle, inquiète qu’on la voie dans son état. Les battements de son cœur sont tels que son sang pulse à grands flots dans ses veines. Vite, elle jette un regard au tableau sur lequel sont répertoriés les noms et prénoms des occupants de l’immeuble. Un nom attire rapidement son attention.

    Ange-Aimé Dufour 304

    — Avec ce nom-là, murmure-t-elle, la dame doit sans doute avoir au-dessus de soixante-dix ans. Avec de la chance, elle vit ici toute seule.

    Sans hésiter davantage, Diane gravit l’escalier tout en essayant de conserver une démarche aussi naturelle que possible. Tandis qu’elle se dirige vers l’appartement 304, elle se croit bénie des dieux, puisqu’elle ne croise personne. Devant la porte, elle se trouve en face de deux options. Enfoncer. Alors, le vacarme risque d’attirer l’attention. Ou, simplement frapper et attendre que Ange-Aimé vienne lui ouvrir gentiment.

    En supposant qu’elle s’y trouve.

    Cependant, la seconde option l’obligerait à s’en prendre à une vieille femme. Bien qu’une violence aussi gratuite ne troublerait pas outre mesure sa conscience, elle n’a pas particulièrement envie de lui voler ces quelques kilomètres qu’il lui reste sur le chemin de sa vie, déjà presque achevée. 

    Diane décide tout de même de cogner trois coups rapides à la porte de l’appartement.

    Les secondes passent.

    Des gouttes de sueur coulent le long de ses tempes, elle craint qu’un voisin sorte et la remarque dans ce piteux état. Traits creusés, visage épuisé, chevelure complètement détrempée, tenue aux couleurs du pénitencier de Port-Cartier déchirée le long de sa cuisse, Diane ne ressemble à rien d’autre qu’à une psychopathe, ou plutôt à ce qu’elle est : une dangereuse

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