Menaces anonymes

Le soleil de juillet illumine le visage des gens.

Tout le monde semble heureux. Je salue le couple du pavillon voisin, en pleine activité dans son jardin. Je ferme à clé la porte grillagée de ma petite maison et m’éloigne, tiré par la laisse de Pop, mon labrador. Comme chaque week-end, je pars ainsi le cœur léger pour une balade dans le centre de Saint-Cloud. Je quitte bientôt la zone pavillonnaire pour m’engager dans des rues bordées de petits immeubles, avant d’atteindre la grande avenue qui conduit aux magasins d’alimentation. Ce matin, la voie est calme, presque déserte. De nombreux habitants sont déjà en vacances et les autres font sans doute la grasse matinée. Je marche d’un bon pas comme l’exige Pop. Soudain, la laisse se tend. Je dois m’arrêter brutalement car mon chien a décidé de lever la patte contre le tronc d’un arbre. Cet arrêt me sauve la vie: à la même seconde, un pot de fleurs s’écrase sur le trottoir à cinquante centimètres de mon épaule. Si j’avais poursuivi mon chemin, c’est sur mon crâne qu’aurait atterri le pot de terre cuite! Instinctivement, avant même de comprendre ce qui m’arrive, je lève la tête vers le sommet de l’immeuble que je viens de longer. Personne n’apparaît aux fenêtres. Nul ne semble vouloir s’excuser de cette chute, craignant sans doute insultes ou représailles de ma part.

Cette négligence aurait pu avoir de graves conséquences. Mais bon, cela peut arriver !

Un vent bien léger pourtant ce matin… Fataliste, je hausse les épaules et reprends ma route à la demande de mon labrador, indifférent au pot qu’il enjambe après l’avoir reniflé. Cet incident resterait anodin si, le lendemain, une autre étrange péripétie ne survenait dans la même avenue. Vers 19 heures, alors que je rentre de la banque où je suis employé et que je traverse le carrefour principal du quartier, un imposant 4x4 gris fonce sur moi. Non seulement le conducteur ne cherche pas à stopper son véhicule mais, au contraire, il accélère