La tête de l’emploi
Une fois la porte de la banque refermée, je me retrouve dans la rue, sans rien, dents et poings serrés. Mon intraitable conseiller de clientèle vient de m’interdire de chéquier et il a fait verrouiller ma carte bancaire au-delà de cinquante euros de retrait ou d’achat. Il n’est pas responsable de cette décision, m’a-t-il affirmé en me raccompagnant à la porte de son bureau. C’est la décision de la Banque de France.
En ce haut lieu de la finance, on aurait estimé que mes constants découverts, qui ne cessent d’augmenter de manière exponentielle et ne sont jamais épongés à temps, me placent dans la catégorie des clients manquant d’un sens des responsabilités. Pour mon bien, il faut refréner mes dépenses.
Mon conseiller m’a annoncé la chose avec beaucoup de courtoisie, mais il n’en reste pas moins, qu’enrobée ou pas de formules bienveillantes, je me retrouve sans rien.
J’erre quelques minutes dans la rue, indifférent à tout ce qui m’entoure. Je n’ai qu’une seule pensée : comment me sortir de cette galère ? Presque malgré moi, je passe la grille d’un square. J’avise un banc et je m’y pose lourdement pour réfléchir.
C’est vrai que je suis du genre panier percé. J’aime sortir, m’acheterde bellesfringues etparier à toutes sortes de jeux d’argent.Sandra, ma nana, n’a pas eu la patience et m’a quitté il y a quelques semaines. Et papa et maman m’ont fermé les robinets quand je leur ai appris que je laissais tomber mes études de droit – trop fastidieuses à mon goût. J’ambitionnais de chercher une autre voie – que je n’ai pas encore trouvée.
Ils m’ont indiqué du doigt la porte qu’ils m’invitaient à franchir sans tarder. Vraiment ? c’est ce qu’ils souhaitaient pour moi ? J’ai bien été obligé de trouver un job rapidement.
Le premier qui est venu : livreur de pizza. J’arrive juste à payer ma part de loyer du studio que je partage avec un ancien pote de la fac. Pour les extras, il aurait fallu que
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