Voyage en enfer
Au loin, des chevaux en liberté galopent dans les champs. On les sent heureux, sans contraintes, ravis de n’être pas soumis à la volonté des hommes. L’un d’eux, noir et magnifique, semble être le meneur. Derrière lui, la manade l’imite, ralentit quand il s’arrête, repart de plus belle quand il reprend sa fière allure. Au cœur de la Camargue ne règne aucune servitude, c’est du moins l’impression que je ressens en roulant en direction d’Istres, après avoir traversé Martigues puis longé l’étang de Berre.
J’ai quitté Marseille au petit matin, alors que le soleil commençait tout juste à animer le Vieux Port. Plutôt que prendre l’autoroute et foncer vers Avignon, j’ai préféré m’engager sur ces petites voies délaissées par les touristes. Je progresse à faible allure, prends le temps de découvrir la nature, ce qui m’arrive rarement depuis plusieurs années. En fond sonore, la radio diffuse des airs à la mode. La route est pratiquement déserte si l’on excepte les véhicules de quelques ouvriers agricoles et commerçants. L’absence de circulation me donne le sentiment d’être en vacances. Le soleil du printemps m’aveugle en chauffant le côté droit de ma voiture et m’incite à plisser les yeux malgré mes lunettes sombres.
A un carrefour, un panneau m’indique la direction d’Arles vers la gauche. Je n’hésite pas : j’opte pour la droite, préférant rester sur des routes calmes, au moins jusqu’à la Cité des papes. Après, j’aviserai… Le trajet que je préfère est plus court mais beaucoup moins rapide et m’envoie à Saint-Rémy-de-Provence, la ville de Nostradamus. Le mage du xvie siècle décidera-t-il ainsi de mon avenir ? Je m’apprête à embrayer lorsqu’un individu toque à la portière droite. Je ne l’avais pas remarqué, obnubilé par la direction à choisir. Je baisse la vitre, l’interroge du regard :
– Est-ce que vous pourriez me rapprocher ? Je vais vers Lyon mais si vous m’emmeniez vers le nord, ça serait déjà ça
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