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Prédateurs - Le Père des anges
Prédateurs - Le Père des anges
Prédateurs - Le Père des anges
Livre électronique200 pages2 heures

Prédateurs - Le Père des anges

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À propos de ce livre électronique

Les restes du convoi 729 sont retrouvés en bordure de la route 138, à proximité de Saint-Siméon, alors que sévit un violent orage.
L’autobus qui transportait dix-huit des plus dangereux meurtriers du pays a été renversé et éventré. À l’intérieur, les corps des
gardiens et du chauffeur sont retrouvés sans vie, alors que les prisonniers semblent s’être tous évadés…
Quelques heures seulement après l’accident du convoi 729, les villes paisibles du Bas-Saint-Laurent sont
rapidement transformées en sanglantes scènes de crimes. D’une violence aussi extrême que tordue, ces meurtres ne peuvent
avoir été perpétrés que par un seul homme, celui que l’on surnomme « Le Père des anges ».
Mandatée pour le traquer, la sergente Sophie Campeau remuera ciel et terre afin de renfermer ce dangereux
psychopathe au fond d’une cellule… ou pour lui loger une balle entre les deux yeux.
LangueFrançais
Date de sortie20 mars 2024
ISBN9782898191923
Prédateurs - Le Père des anges
Auteur

David Bédard

Né en juin 1982, David Bédard est un véritable passionné d’art. Il jongle rapidement avec la musique, la composition, le dessin et l`écriture. Pendant qu’il entreprend ses études dans le but d’enseigner, il a dans ses tiroirs l`ébauche d`un roman dans lequel l’action se mêle au fantastique et l’envie lui prend de l’achever. Ce premier roman, Minerun, sera finalement publié en 2018 aux Éditions ADA. Les Fils d’Adam est son cinquième roman.

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    Aperçu du livre

    Prédateurs - Le Père des anges - David Bédard

    Chapitre 1

    Juin 2003, Saint-Siméon

    Hypnotisé par le mouvement répétitif des essuie-glaces de son pick-up, les paupières alourdies par la fatigue, Jean Généreux utilise toute la concentration qui lui est possible de puiser afin de garder les yeux ouverts. La pluie, qui s’abat avec rage sur le pare-brise de son Silverado, ne lui facilite pas la tâche. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il a dû prendre le volant sous une averse aussi impétueuse. Même le soleil, pourtant levé depuis quelques heures déjà, préfère rester caché derrière l’épaisse couche de nuages. Malgré ces conditions horribles, Jean ne se gêne pas pour rouler plus de vingt kilomètres à l’heure ­au-dessus de la limite de vitesse, sous le seul prétexte qu’il connaît la route par cœur.

    Une cigarette à demi consumée coincée entre l’index et le majeur de sa main droite, il s’empare du café reposant dans son porte-gobelet depuis une bonne heure et en avale une gorgée. À la quantité de caféine qu’il ingère quotidiennement, il n’est pourtant pas sans savoir que les propriétés énergisantes de sa boisson n’ont plus le moindre effet sur son organisme.

    Après une seconde gorgée, il se glisse sa cigarette au bec et dépose son café, sans que sa main gauche abandonne le volant. Ses yeux se posent ensuite sur le cadran numérique, tout au centre du tableau de bord.

    — Ouin… Ça va être serré, mais je devrais arriver à temps, marmonne-t-il en laissant de discrètes émanations de fumée s’échapper d’entre ses lèvres. Si seulement la crisse de pluie pouvait se calmer.

    Déterminé à chasser le sommeil qui lui brouille les esprits, il s’envoie deux bonnes gifles au visage, avant d’allumer la radio et d’en augmenter considérablement le volume. À l’intérieur de l’habitacle, la chanson Paradise City, de Guns N’ Roses, joue avec tellement de force qu’elle fait à la fois vibrer les fenêtres du camion et les tympans du conducteur.

    Moins de dix minutes plus tard, le Silverado tourne sur la rue du Festival. D’ordinaire, Généreux aime bien s’arrêter au coin pour casser la croûte au Quévillon, mais cette fois, le temps joue contre lui. S’il ne parvient pas à attraper le prochain traversier, il devra attendre trois heures, peut-être quatre, avant de pouvoir embarquer sur le suivant.

    J’aimerais mieux traverser le fleuve à la nage que d’avoir à poireauter ici aussi longtemps, rumine-t-il en avalant le reste de son café. Surtout par une température aussi dégueulasse !

    Une fois tout en bas de la rue en pente, il est soulagé de constater que le traversier n’a toujours pas quitté Saint-Siméon et que les premières voitures commencent tran­quillement à se glisser à bord. Il immobilise donc son pick-up à la queue de la file et positionne le bras de vitesse sur park.

    — Y en a pour une minute à peine avant que ça se remette à avancer… J’ai clairement pas le temps d’aller tirer une pisse, se plaint-il, alors que sa vessie, alimentée en café depuis l’aurore, commence à lui envoyer des signaux de détresse. J’imagine que j’aurai pas le choix d’attendre pis d’y aller une fois en ded…

    Pendant qu’il se parle à voix haute, Jean entrevoit, dans son rétroviseur, quelque chose se déplacer tout près. Saisi, il s’interrompt et se retourne brusquement. Par l’étroite fenêtre arrière, la pluie s’abat avec une telle force qu’il finit par se convaincre d’avoir rêvé.

    Y a personne de sensé qui se baladerait dehors pendant un déluge du genre, raisonne-t-il. Le vent a dû transporter une cochonnerie…

    Le tonnerre choisit ce moment pour le rappeler à l’ordre. L’embarquement s’est fait plus rapidement qu’il ne l’avait anticipé. La voiture devant lui se met à avancer et il s’empresse de la suivre à basse vitesse. Un bref coup d’œil dans le rétroviseur lui confirme qu’il sera vraisemblablement le dernier passager à monter.

    À bord, un employé du traversier lui signale de s’engager dans la voie de droite à l’aide de mouvements des bras. Même s’il porte un gilet phosphorescent, c’est tout juste si les automobilistes arrivent à le voir. Le pauvre est assurément trempé jusqu’aux os. Comme son véhicule est garé tout à l’arrière du navire, un des rares emplacements totalement à découvert, Jean devine que ce sort lui est également réservé.

    — Au moins, je suis près de la porte, se console-t-il en éteignant le moteur de son pick-up. Et surtout, j’aurai pas besoin d’attendre comme un cave pendant un autre quatre heures avant d’arriver à Rivière-du-Loup. J’aurais quand même dû m’apporter un parapluie…

    Une fois dehors, Jean est aussitôt transformé en éponge humaine. Ses vêtements se gorgent instantanément de pluie et lui collent à la peau. Il a l’impression de prendre quinze livres d’un seul coup. Au-dessus de sa tête, les cieux continuent d’exprimer leur rage, comme si toutes les divinités qu’ils abritent s’y livraient une guerre.

    Pas étonnant que le traversier soit seulement occupé au tiers, se dit Jean en allant se mettre à l’abri. Au moins, le fleuve a pas l’air trop agité. Espérons que ça reste comme ça…

    D’un pas rapide, il contourne son véhicule et passe la porte qui le mène à l’intérieur. De là, il prend un moment pour secouer ses bras et s’égoutter un tant soit peu, même s’il devine ce combat perdu d’avance. Heureusement qu’il a apporté des vêtements propres, et surtout secs, en vue de son séjour à Rimouski. Il songe alors aux bons moments qu’il s’apprête à passer en compagnie de sa maîtresse, qui l’hébergera pour le reste de la semaine. À elles seules, ces pensées suffisent à le réchauffer et à lui faire oublier la température exécrable qu’il a à subir pour rejoindre sa douce.

    Après s’être assuré qu’il avait toujours son portefeuille sur lui, Généreux décide de grimper et d’aller payer son passage.

    Ça va être fait, se convainc-t-il. Y a pas grand monde, de toute façon. Ça devrait pas être ben long.

    En effet, c’est à peine s’il aperçoit d’autres passagers sur sa route.

    Son droit d’accès est tout juste réglé que Jean sent le bas de son ventre se comprimer, alors que ses intestins joignent leur voix à celle de sa vessie pour lui faire comprendre qu’une vidange devient de plus en plus nécessaire. Les fesses serrées, il traverse une partie de l’étage sur lequel il se trouve, longeant une série de fenêtres donnant sur le fleuve.

    Dehors, la tempête bat toujours son plein. Ralliés à l’obscurité que projette l’épaisse couche de nuages sombres, les roulements du tonnerre confèrent aux allées du traversier des allures de vaisseau fantôme. En chemin, Généreux ne croise pas âme qui vive. Même chose en ce qui concerne la salle de bain, déserte à son arrivée. Un détail qui n’est pas sans le réjouir, lui qui a toujours eu horreur d’être entouré d’étrangers lorsqu’il est forcé d’utiliser les toilettes publiques.

    La crisse de paix, se réjouit-il en se glissant dans la dernière cabine, tout au fond.

    Il ferme ensuite la porte et active le verrou d’une main, tout en détachant maladroitement sa ceinture de l’autre. Ses pantalons poussés jusqu’à ses chevilles, il peut enfin s’asseoir et souffler, tandis que tous les muscles de son corps se relâchent simultanément. Ce n’est qu’à ce moment qu’il constate qu’il n’a pas pris le temps de tapisser de papier hygiénique le beigne sur lequel ses fesses sont posées, mais il s’en moque. Il se dit que le responsable de l’entretien ménager est sûrement passé tout aseptiser avant l’embarquement.

    Sa besogne terminée, Jean tire la chasse et remonte ses pantalons. La sensation du denim froid et détrempé sur ses jambes lui soutire une grimace d’inconfort. L’idée de regagner son véhicule et d’enfiler des vêtements secs gagne sur lui, quitte à y passer tout le reste de la traversée.

    Je pourrais toujours faire le tour des autres passagers, voir si quelqu’un peut me prêter un parapluie, le temps que je me change et que je revienne m’asseoir au bar. On en a quand même pour plus d’une heure avant d’atteindre Rivière-du-Loup…

    Tout en songeant aux différentes options qui s’offrent à lui, Généreux déverrouille la porte de sa cabine et l’ouvre. Son cœur passe bien près d’éclater dans sa poitrine lorsqu’il aperçoit, à moins d’un mètre de lui, un homme âgé d’une soixantaine d’années, vêtu d’un uniforme orange brûlé, planter son regard dément directement dans le sien. Il s’imagine tout de suite un détenu. Malgré son physique frêle, l’individu se veut d’une taille supérieure à la sienne, lui qui n’a pourtant rien d’un nabot. Les yeux de l’homme, dans lesquels brille une effrayante folie, luisent au creux de deux profonds cratères cernés. Le premier réflexe de Généreux est de faire un pas vers l’arrière, mais le vieil homme lui agrippe aussitôt les cheveux. Sous la peau plissée de ce dernier se cache une force que Jean n’aurait jamais pu soupçonner. À l’aide de ses mains, il cherche à se dégager, mais n’y parvient pas. Non seulement l’étau d’os et de chair qui le retient ne cède pas, mais il accentue la pression sur son cuir chevelu.

    Affolé, Généreux frappe le bras de son assaillant une première fois. Ce n’est qu’à son second assaut qu’il distingue, dans la main libre de l’étranger, un morceau de tôle ondulé et pointu. Avant même qu’il puisse réagir, on le lui enfonce brutalement dans la jugulaire. Révulsés de terreur, ses yeux sont aux premières loges pour voir les lèvres du vieil homme s’étirer de plaisir, révélant du même coup une dentition que l’on aurait pu confondre avec celle d’un grand requin blanc.

    D’un élan vif, le fragment métallique est poussé jusqu’au fond de sa gorge. Impuissant, Jean n’arrive qu’à râler, alors qu’il sent un liquide chaud s’échapper par la blessure et s’écouler jusqu’à son torse. Consterné, c’est à peine s’il résiste lorsqu’on le pousse à se mettre à genoux. Sa tête est ensuite dirigée de force au-dessus de la toilette, dans laquelle commencent à chuter de nombreuses gouttes vermeilles.

    — Le plancher est étincelant. Ça serait bien dommage de le souiller, croit-il entendre murmurer.

    Généreux sent alors l’arme artisanale qui lui transperce le cou pivoter lentement, ce qui ne manque pas d’élargir de façon significative la plaie dont elle est responsable, et d’intensifier la douleur déjà intolérable qui en résulte. Panique et souffrance se ruent au centre de son crâne, dont le teint rubicond et les veines qui saillent donnent l’impression qu’il est sur le point d’éclater. Dès que le débris de tôle est retiré, la gorge de Jean ne se contente plus de laisser s’échapper du sang par l’entremise de coulisses ; elle en régurgite carrément. Les uns après les autres, les jets écarlates éclaboussent l’intérieur de la cuve.

    Après quelques coups de coude projetés à l’aveuglette, Généreux faiblit. Son esprit capitule et sombre dans le néant, peu de temps avant qu’il ne rende son dernier souffle.

    Les doigts toujours enroulés autour de la tignasse de sa victime, le détenu tire délicatement sur le papier hygiénique du distributeur, puis en arrache un morceau d’un mouvement sec. Il le chiffonne ensuite dans le creux de sa main et l’utilise pour essuyer les quelques gouttes de sang qui tachent le plancher.

    — Voilà. Impeccable. Maintenant, nous allons procéder à quelques petits échanges…

    Chapitre 2

    Lorsqu’il approche du point de rencontre des routes 138 et 170, l’inspecteur-chef James Rivera discerne de peine et de misère les nombreuses fusées de détresse, pourtant dispersées sur un impressionnant périmètre. De mémoire d’homme, il n’a jamais été témoin d’une averse aussi intense que celle-ci, et rien n’indique que la tempête soit sur le point de se calmer. Après avoir ralenti considérablement, James range son Chevrolet Tahoe noir sur l’accotement. À quelques mètres de lui, il aperçoit la carcasse d’un autobus éventré, dont la plupart des fenêtres sont éclatées. À travers le rideau de pluie, le véhicule a les allures d’une vieille épave échouée.

    Découragé d’avoir à affronter une température aussi hostile, il laisse échapper un grognement, s’empare de son parapluie et sort de sa voiture. Il est immédiatement accueilli par l’un des nombreux agents fourmillant sur les lieux.

    — Inspecteur-chef Rivera, annonce James avec suffisamment de tonus pour que sa voix s’élève au-dessus de la pluie. C’est vous qui êtes en charge, ici ?

    — Jusqu’à tant que la SQ prenne la relève. J’imagine que c’est vous le patron, maintenant !

    — Croyez-moi, j’aurais préféré vous laisser l’enquête et rester chez moi au chaud ! Pouvez-vous me confirmer qu’il s’agit bien du convoi 729 ?

    — 729, c’est en plein ça ! Plus tôt ce matin, un automobiliste nous a signalé sa présence. Un citoyen qui demeure tout près en a fait de même peu de temps après. Les agents Arcand et Fleury sont arrivés les premiers. Disons qu’ils se sont rendu compte assez vite qu’il s’agissait pas d’un autobus comme les autres.

    En terminant sa phrase, le flic invite James à le suivre jusqu’au véhicule abandonné. En s’approchant, l’inspecteur-chef remarque que celui-ci est légèrement incurvé, comme si quelque chose de massif l’avait percuté dans le flanc. Sans le garde-fou à sa gauche, il aurait possiblement terminé sa course tout au bas de l’escarpement longeant la route à cet endroit. D’innombrables débris de métal et quelques paires de menottes ouvertes jonchent la route. Les deux hommes font bien attention de ne rien heurter en se déplaçant.

    — On sait pas trop combien de prisonniers il y avait là-dedans, mais tout porte à croire qu’ils sont plusieurs à s’être évadés. Au moins dix, estime le policier. Peut-être plus.

    — C’est dix-huit prisonniers en tout qui devaient être transférés. Sinon qu’est-ce qui en est des gardiens présents à bord ? s’enquiert aussitôt Rivera.

    — Malheureusement, tous ceux qu’on a retrouvés sont morts. On leur a fait sauter la cervelle. Même chose en ce qui concerne le chauffeur.

    L’inspecteur-chef ne peut s’empêcher de se mordiller la langue. La situation est pire que ce qu’il avait anticipé.

    — Et pour les détenus ? Avez-vous réussi à en capturer ? Avez-vous des pistes ?

    La question semble embêter le policier, qui plisse légèrement les lèvres avant de répondre.

    — En fait… euh… y en a deux qui ont pas réussi à s’évader.

    — Vraiment ? ! Bon… ben y a au moins ça comme bonne nouvelle. Est-ce que vous les avez déjà amenés au poste ? Je vais absolument devoir leur parler.

    — C’est que… ça risque d’être plus compliqué que vous le pensez.

    — Comment ça, compliqué ?

    — Bien… ils sont morts.

    Morts ? se répète Rivera en haussant un sourcil, sceptique.

    Son regard retourne brièvement vers le bus. Peu importe ce qui l’a percuté, aucun doute que le choc ait été intense. Mais suffisamment violent pour tuer des passagers ? Rivera en doute.

    — Nous aussi, au début, on croyait qu’ils étaient morts dans l’accident, explique le policier, comme s’il avait pu lire dans ses pensées. Et c’est là que les choses deviennent étranges.

    — Vraiment ? Étranges comment ?

    — Bien… les deux prisonniers sont morts de la même façon que les gardiens : on leur

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