Condamné à Leurrer (Un Mystère Adèle Sharp – Volume 12)

Par Blake Pierce

"Quand tout va de travers, Blake Pierce nous régale d'un nouveau chef-d'œuvre, subtil dosage de thriller et mystère ! Un ouvrage riche en rebondissements, au dénouement surprenant. Chaudement recommandé pour tous les amateurs de thrillers superbement écrits."
- Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (Laissé pour Mort)

CONDAMNÉ À LEURRER est le 12ème tome d'un nouveau thriller avec l'Agent du FBI Adèle Sharp (Tome 1 - LAISSÉ POUR MORT). Blake Pierce est auteur à succès d'USA Today. Son best-seller, Presque Disparue (téléchargement gratuit) compte plus de 1 000 commentaires cinq étoiles.

Une victime est retrouvée pendue dans la Tour de Pise, la police locale perplexe présume qu'il s'agit d'un incident isolé. Jusqu'à ce qu'une nouvelle tragédie survienne dans un lieu tout aussi inhabituel.

L'Agent du FBI Adèle Sharp, hantée par la réapparition de l'assassin de sa mère, est amenée à enquêter sur ce tueur en série atypique qui franchit les frontières et échappe à toutes les polices. Quel est le lien entre les victimes ? Ce tueur est plus psychotique qu'elle l'imaginait ? Sera-t-elle en mesure de réunir les indices, pénétrer les méandres de son esprit et résoudre le mystère avant qu'il ne fasse d'autres innocentes victimes ?

CONDAMNÉ À LEURRER : une enquête menée tambour battant à l'échelle planétaire mêlant intrigue et suspense, nuit blanche garantie.

Tome 13 — CONDAMNÉ À DÉSIRER — déjà disponible !

• Langue: Français
• Éditeur: Blake Pierce
• Date de sortie: 16 juin 2022
• ISBN: 9781094354057

Blake Pierce

Blake Pierce is author of the #1 bestselling RILEY PAGE mystery series, which include the mystery suspense thrillers ONCE GONE (book #1), ONCE TAKEN (book #2) and ONCE CRAVED (#3). An avid reader and lifelong fan of the mystery and thriller genres, Blake loves to hear from you, so please feel free to visit www.blakepierceauthor.com to learn more and stay in touch.

Aperçu du livre

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CONDAMNÉ A LEURRER

(Un Mystère Adèle Sharp — Volume Douze)

B L A K E   P I E R C E

Traduit De L'anglais Par : Simon Odasso

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE qui comprend à présent dix-sept livres. Blake Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, composé de quatorze livres, de la série mystère AVERY BLACK, comportant six livres ; de la série à mystère KERI LOCKE, composé de cinq livres ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six livres ; de la série mystère KATE WISE, qui se compose de sept livres ; de la série mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six livres ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, composé pour le moment de quinze livres, de la série de suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, composé de trois livres ; de la série de mystère ZOE PRIME, avec six livres ; de la série mystère ADELE SHARP, composé actuellement de quinze livres (pour l’instant) ; de la série mystère VOYAGE EUROPEEN comprenant six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense LAURA FROST FBI, avec six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense ELLA DARK FBI, composé de onze livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère UN AN EN EUROPE, comprenant quatre livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère AVA GOLD composé de six livres (pour l’instant); et la nouvelle série mystère RACHEL GIFT composé de six livres (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

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Copyright © 2021 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’accord préalable de l’auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d’autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu’un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l’avez pas acheté, ou qu’il n’a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright andreiuc88, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

UN SUSPENSE FBI RACHEL GIFT

SON DERNIER SOUHAIT (Livre 1)

SA DERNIÈRE CHANCE (Livre 2)

UN ROMAN POLICIER AVA GOLD

LA VILLE DES PROIES (Livre 1)

LA VILLE DE LA PEUR (Livre 2)

UN SUSPENSE LAURA FROST, AGENTE DU FBI

DÉJÀ PARTIE (Livre 1)

DÉJÀ VUE (Livre 2)

DÉJÀ PIÉGÉE (Livre 3)

DÉJÀ DISPARUE (Livre 4)

UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

LA FILLE, SEULE (Livre 1)

LA FILLE, PRISE (Livre 2)

LA FILLE, CHASSÉE (Livre 3)

LA FILLE, MUSELÉE (Livre 4)

UN AN EN EUROPE

MEURTRE À PARIS (Livre 1)

MORT À FLORENCE (Livre 2)

VENGEANCE À VIENNE (Livre 3)

TRAGÉDIE EN ESPAGNE (Livre 4)

UN VOYAGE EUROPÉEN

MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

CRIME (ET BIÈRE) (Livre 3)

INFORTUNE (ET GOUDA) (Livre 4)

CALAMITÉ (ET PAIN AUX RAISINS) (Livre 5)

PAGAILLE (ET HARENG) (Livre 6)

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

CONDAMNÉ À LA DÉFAILLANCE (Volume 7)

CONDAMNÉ À DISPARAÎTRE (Volume 8)

CONDAMNÉ À TRAQUER (Volume 9)

CONDAMNÉ À CRAINDRE (Volume 10)

CONDAMNÉ À TOURMENTER (Volume 11)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

L’IMPRESSION IDÉALE (Volume 13)

LA TROMPERIE IDÉALE (Volume 14)

LA MAÎTRESSE IDÉALE (Volume 15)

L’IMAGE IDÉALE (Volume 16)

LE VOILE IDÉAL (Volume 17)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Dix-Sept

Chapitre Dix-Huit

Chapitre Dix-Neuf

Chapitre Vingt

Chapitre Vingt et Un

Chapitre Vingt-Deux

Chapitre Vingt-Trois

Chapitre Vingt-Quatre

Chapitre Vingt-Cinq

Chapitre Vingt-Six

Chapitre Vingt-Sept

Chapitre Vingt-Huit

Chapitre Vingt-Neuf

Chapitre Trente

Chapitre Trente et Un

Chapitre Trente-Deux

Chapitre Trente-Trois

Chapitre Un

Adèle sentait la fraîcheur de la salle d’interrogatoire lui mordre la peau. Assise devant la table de métal, elle s’attendait à moitié à ce que sa respiration ne soit que de la buée. Son cœur battait à un rythme dément, tel des coups des tambours de guerre montant crescendo.

Ses doigts ne touchaient pas complètement la table, restant à un centimètre au-dessus du métal glacial, comme pris dans son hésitation. Elle avait souvent vu l’agent Renee effectuer ce genre de geste lorsqu’il se préparait à passer à l’action. Les mains en l’air — le regard imperturbable, sur le point de déchaîner la violence.

Le petit homme à l’œil vitreux était enfoncé dans sa chaise, à l’observer. Son sourire hypocrite toujours affiché sur ses traits délicats. L’homme avait une peau blême et une ossature fragile. L’agent Renee l’aurait réduit en charpie s’ils s’étaient retrouvés seuls dans une pièce. Mais actuellement, elle avait la sensation qu’une cage invisible avait été érigée entre eux.

Adèle pouvait sentir sa fureur entrer en conflit avec son sens du devoir. Sa rage et sa douleur se confronter à son héritage. Pas uniquement le sien, mais également ceux de son père et de sa mère. « Dis-moi ce qui ne va pas ma petite Cara… » Elle pouvait encore se souvenir de la voix de sa mère lui chuchotant ces mots une fois rentrée de son cours de natation. Des filles de l’équipe l’avaient poussée dans le grand bain et empêché d’en ressortir. À chaque fois qu’elle avait tenté de s’extirper de l’eau, elles l’y avaient poussé à nouveau en riant et en gloussant. Elle s’était même moquée de son accent juste pour le plaisir de l’humilier.

Les gens pouvaient être cruels.

Et pourtant, sa mère s’était concentrée sur autre chose. Sur sa fille. La petite Cara. Surnom donné à cause des carambars — des bonbons au caramel contenant des plaisanteries à l’intérieur de l’emballage.

Comment Elise Romei était-elle parvenue à vivre de façon si angélique en étant piégée dans cet enfer ? Son existence avait finalement pris fin le jour où le démon déguisé en être humain assis en face d’elle l’avait torturé à mort.

Adele observa ses lèvres concupiscentes puis ses yeux. Elle soutint son regard, l’étudia, ses mains continuant à planer au-dessus de la table. Elle ignorait quoi faire. Que pouvait-elle faire ?

— Je le vois en toi, mon amie, murmura soudainement l’homme, prenant la parole pour la première fois depuis bientôt dix minutes. Je le vois dans ton regard… Tu as de si beaux yeux, tu le sais ? La façon qu’ont tes iris d’attraper la lumière… Je peux voir les formes de tes traits — tout le monde n’est que formes et couleurs. (Adèle expira lentement, sur le point de craquer. Elle inspira puis expira tout en fusillant l’homme du regard.) Ne veux-tu pas voir ce que je vois ? demanda le peintre autodidacte en penchant la tête.

Son sourire avait quelque peu diminué, remplacé par un air curieux.

Il avait assassiné Angus, son ancien petit-ami. L’homme qu’elle avait un jour cru épouser. Adèle toucha son téléphone dans sa poche. Il ne s’était écoulé que vingt minutes depuis l’appel de l’agent Lee Grant de San Franciso. Angus McClure — torturé à mort.

Le petit monstre avait voyagé jusqu’aux États-Unis simplement pour tourmenter un peu plus Adèle avant de revenir à Paris et de se rendre aux autorités. Depuis combien de temps avait-il planifié son coup ? Le délai de prescription avait expiré. Cela faisait plus de dix ans qu’il avait tué la mère d’Adèle.

Dans les autres affaires — Angus, Robert, l’attaque manquée contre son père — ils n’avaient pas trouvé de preuves. Et de toute façon, la France ne l’extraderait pas. Pas en Allemagne. Pas aux États-Unis. Ils l’avaient déjà prouvé auparavant, plus d’une fois, lors d’affaires internationales. L’attaque contre Robert était une impasse. Le peintre prétendait qu’un imitateur en était responsable.

Et à présent, il se tenait assis dans cette pièce, se moquant ouvertement d’elle. La déshabillant du regard.

— Eh bien ? insista-t-il. Veux-tu savoir ce que je vois ? (Adèle resta silencieuse, les lèvres serrées, ses mains touchant à présent la table, étalées sur le métal froid.) Humm ? Non ? Je vais te le dire quand même, continua-t-il de sa voix aiguë, presque efféminée. Toi et moi avons toujours été destinés à être amis, déclara-t-il doucement. Toujours. Je l’ai su lors de notre première rencontre. Oui. Je le vois dans tes yeux. À cet instant précis ! (Il se pencha au-dessus de la table, les mains serrées devant lui comme pour prier. Ils n’avaient pas menotté le petit monstre. Il agita la tête de bas en haut, son œil morne brillant sous la lumière du plafonnier.) Je vois que tu veux me tuer, pas vrai ? Tu deviendras comme moi. Nous serons amis, toi et moi, humm ?

Il sourit à nouveau, non pas avec une expression moqueuse, mais satisfaite. Son regard se perdit un moment sur le mur derrière Adèle, comme si elle n’était plus dans la pièce. Puis il murmura :

— Tout peintre a besoin d’une muse. Chaque artiste a besoin d’inspiration. Je ne t’ai pas assez remercié. Donc je suis venu à toi, pour te montrer ma gratitude. Merci Adèle. Du fond du cœur, merci.

Il semblait soudainement sincère et tendit la main, comme pour serrer la sienne. Elle la fixa, sa propre paume ne bougeant pas de la table.

— Tu me remercies ? marmonna-t-elle. Tu crois que je suis comme toi ?

Elle avait l’impression que son esprit était pris dans une tempête. Elle pouvait sentir un mépris glacial émaner de son corps. Il tentait de la manipuler. Il tentait de s’infiltrer dans ses pensées. Et le pire était qu’il y parvenait. Elle ne pouvait l’arrêter. Elle ne savait pas comment le relier à l’affaire de Robert. Elle ignorait ce qu’elle devait faire ensuite. Et à présent, il s’était rendu, juste pour pouvoir la voir quand elle apprendrait la mort d’Angus. Elle savait avec une certitude terrifiante qu’elle ne verrait jamais la fin de ce supplice.

Pas à moins de mettre une balle dans son petit crâne maléfique.

Mais cela lui donnerait-il raison à propos d’elle ?

Deviendrait-elle comme lui ?

— Tu le seras, déclara-t-il en hochant la tête comme s’il tentait de deviner ce qu’elle pensait. (Il garda la main tendue vers elle. Puis il grimaça légèrement, claquant la mâchoire comme s’il souffrait brusquement.) Il fait froid ici, dit-il. Pourrais-tu monter le chauffage ?

Adèle se contenta de le regarder, ne prêtant plus attention à sa main à présent.

— Là où tu vas, il va faire très chaud.

— En enfer ? Haha. Peut-être. Mais bien dit. C’était une bonne réplique. J’aime ta façon de réagir Adèle. Toi et moi avons beaucoup de travail devant nous, ensemble. Comprends-tu ?

Adèle sentit un nouveau frisson la parcourir. Pas seulement de fureur ou de haine cette fois, mais également de peur. Son père était toujours en France. John était également là. Il ne lui restait plus beaucoup d’êtres chers. Mais à qui le tueur s’en prendrait-il ensuite ? Il se remit à parler doucement :

— Nous avons commencé alors que tu étais jeune. À peine la vingtaine. Mais j’aurais voulu te rencontrer encore avant. C’est mon seul regret. Si je t’avais connue enfant, j’aurais perfectionné mon œuvre il y a bien longtemps. En l’état, il m’a fallu des années… Ce n’est pas grave, ceci dit. Vraiment. Toi et moi deviendrons semblables. Puis nous serons amis. Je peux le voir dans tes yeux. Tu veux m’aimer. Tu le veux. Je le sais.

— Tu es fou à lier, craqua Adèle, en s’écartant brusquement de la table. (Elle resta debout, tremblante dans la pièce froide, les jambes écartées à regarder le petit homme de haut.) Nous ne nous ressemblons en rien.

— Et pourtant, je vois la mort dans tes yeux. Je me trompe ?

Adèle y réfléchît à contrecœur, ne souhaitant pas accorder la moindre attention à cet homme. Mais il n’avait pas tort. Elle voulait le tuer. De tout son cœur. C’était la seule façon de l’arrêter. Rien n’allait se mettre en travers de son chemin à présent. Pas à moins qu’elle ne fasse quelque chose. La police ne Paris ne pouvait l’inculper — pas maintenant que dix ans s’étaient écoulés. Les Américains étaient impuissants, même s’ils parvenaient à relier le peintre à la mort d’Angus. Non.

Il ne restait qu’Adèle.

Et que pouvait-elle faire ? La mort de sa mère pouvait tout aussi bien ne pas avoir existé aux yeux du système judiciaire. C’était comme si elle ne s’était jamais produite. Ils laisseraient l’homme avouer puis abuser de leurs lois pour le relâcher dans les heures qui suivraient.

Où était la justice là-dedans ?

Une balle… une balle pourrait résoudre ses problèmes. De l’autre côté de la table, Adèle sentit sa respiration s’emballer sous la lumière du néon fluorescent. Elle avait encore son arme sur elle —dans sa hâte d’entrer dans la salle d’interrogatoire, elle ne l’avait pas déposée. Ses doigts s’approchèrent de sa taille. Ils la démangeaient. Elle voulait tellement mettre un terme à tout ça. Ici et maintenant.

Pendant un instant, ils se contentèrent tous les deux de se regarder, comme s’ils étaient seuls au monde. Le petit homme observa le regard féroce de l’agent de la DGSI.

— Non, finit par chuchoter Adèle en baissant la main.

Elle pensa à sa mère. À la Petite Cara. Le tueur s’était lamenté de ne pas l’avoir rencontrée plus tôt. Il aurait souhaité croiser sa route alors qu’elle n’était qu’une enfant. Mais il ne l’avait pas fait. Cette partie d’elle n’appartenait qu’à sa mère. Et à son père.

Cet homme ne représentait pas son existence — il n’était qu’une salissure. La rouille sur une voiture. Une chose qui n’avait rien à voir avec le véhicule en soi.

— Tu n’es que de la rouille, murmura-t-elle.

— Pardon ?

— Je n’ai rien à voir avec toi. Tu es un cancer. Et je trouver un moyen de me débarrasser de toi. Mais je ne suis pas comme toi.

Elle ajusta ses manches, tremblante, puis se retourna.

Il lui fallut toute sa volonté pour y parvenir. Elle dut rassembler tous les moments où elle s’était levée tôt pour aller courir deux heures. Chacune de ses rencontres avec un tueur où il lui avait fallu repousser ses peurs. Chaque conversation qu’elle avait eue avec John, à travailler sur ses doutes vis-à-vis de leur relation.

Il lui fallut toutes sortes de courages. La volonté farouche de faire ce qui était difficile.

Et, à cet instant, elle eut d’une certaine façon la sensation incroyable de s’être entraînée toute sa vie pour ce moment. Elle avait passé son existence entière à faire ce qui était dur. Et elle allait continuer.

Il méritait une balle. Elle voulait y mettre fin ici et maintenant.

Mais elle refusait de ressembler à ce bâtard.

Des images de sa mère… de Robert… qui se vidaient de leur sang, encore et encore… lui vinrent à l’esprit. Pendant une seconde, elle crut changer d’avis et…

Et faire quoi ?

Elle n’en était pas sûre.

Mais la partie d’elle qui se réveillait tôt, travaillait dur, se battait pour ce qui était juste, qui luttait pour amener des monstres devant la justice revint — cette partie d’elle qui lui donnait l’impression d’avoir une volonté de fer. Elle finit alors de se tourner, pivotant ses hanches en un geste extrêmement lent.

— Nous sommes très semblables, cria-t-il dans son dos. J'attends notre prochaine discussion avec impatience.

Adèle aurait voulu avoir une réponse inspirée, quelque chose de cinglant. Mais rien ne lui vint à l’esprit. Il avait tous les atouts en main et le savait. Toute autre chose que du silence aurait été mesquin, vain.

Donc Adèle ne dit rien, se contentant d’accélérer en direction de la porte fermée de la salle d’interrogatoire.

Elle sentit son regard sur elle, la regardant partir, l’étudiant comme un spécimen.

Où qu’elle aille, elle sentirait ces yeux. Elle aurait l’impression qu’il l’observait.

Alors même qu’elle lui tournait le dos, même à des milliers de kilomètres, elle savait que — d’une façon ou d’une autre — il faudrait un jour en finir. Il était impossible de revenir en arrière, de reculer.

À cet instant, à sa sortie de la salle d’interrogatoire, comme si le temps était ralenti, elle savait qu’elle devait lier le peintre à ses crimes. Alors qu’elle faisait le premier pas dans le couloir, elle étudiait déjà les possibilités qu’elle avait d’y parvenir. Il devait y avoir un moyen. Forcément.

Et elle était déterminée à le découvrir.

Adèle accéléra, ses mains tremblant au point de devoir les enfoncer dans ses poches.

Chapitre Deux

Les pleurs se refusaient à la nuit italienne, quand bien même des étoiles scintillaient dans le ciel sombre et inquiétant, telles des larmes brillant dans la voûte céleste. Antonio regardait la nuit, une main sur sa ceinture porte-outils, une autre faisant des signes distraits indiquant aux touristes de descendre les marches de la tour de Pise.

Le dernier groupe avançait en silence, épuisé par une journée de visite des monuments italiens, mais également, du moins Antonio l’espérait, en signe de respect.

Un jeune homme sourit et hocha la tête en direction du vigile. Il s’arrêta avant de lui poser une question en anglais. Antonio se contenta de sourire poliment, la main toujours sur sa ceinture, gonflant le torse sous son uniforme bleu et noir. Il fit vaguement non de la tête et pointa du doigt dans la direction opposée du monument. Il lui dit en italien : « Je ne parle pas anglais, désolé. La tour est fermée ».

Le touriste hocha la tête avec un air reconnaissant et fit signe à l’un de ses amis. Le groupe descendit la dernière marche et se dirigea vers le trottoir afin de s’éloigner de la tour de Pise.

Une fois que les touristes furent partis, le vigile revint à sa mission. Il récupéra sa lampe torche à sa