La Rumeur Idéale (Un thriller psychologique avec Jessie Hunt, tome 19)

Par Blake Pierce

« Dans ce chef-d’œuvre de suspense et de mystère, Blake Pierce a magnifiquement développé ses personnages en les dotant d’un versant psychologique si bien décrit que nous avons la sensation d’être à l’intérieur de leur esprit, de suivre leurs angoisses et de les encourager afin qu’ils réussissent. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. »
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (à propos de Sans Laisser de Traces)

LA RUMEUR IDÉALE est le tome 19 d’une nouvelle série de suspense psychologique par l’auteur à succès Blake Pierce qui commence par LA FEMME IDÉALE, best-seller n°1 disponible en téléchargement gratuit qui a obtenu plus de 5000 évaluations à cinq étoiles et 900 critiques à cinq étoiles.

On retrouve des couples morts dans leurs maisons luxueuses de la banlieue de Los Angeles et rien ne semble relier les meurtres les uns aux autres. Quand Jessie explore les us et coutumes de cette ville riche, elle découvre une vérité affreuse : ce tueur est beaucoup trop ordinaire. Il se trouve au beau milieu de cette banlieue, à la vue de tous, prêt à recommencer, et cela fait de lui le plus dangereux des tueurs.

Thriller psychologique palpitant aux personnages inoubliables et au suspense haletant, la série Jessie Hunt est une nouvelle série fascinante qui vous tiendra éveillé tard la nuit.

• Langue: Français
• Éditeur: Blake Pierce
• Date de sortie: 16 juin 2022
• ISBN: 9781094353876

Blake Pierce

Blake Pierce is author of the #1 bestselling RILEY PAGE mystery series, which include the mystery suspense thrillers ONCE GONE (book #1), ONCE TAKEN (book #2) and ONCE CRAVED (#3). An avid reader and lifelong fan of the mystery and thriller genres, Blake loves to hear from you, so please feel free to visit www.blakepierceauthor.com to learn more and stay in touch.

Aperçu du livre

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la rumeur idéale

(roman de suspense psychologique avec jessie hunt, tome 19)

b l a k e   p i e r c e

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE qui comprend à présent dix-sept livres. Blake Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, composé de quatorze livres, de la série mystère AVERY BLACK, comportant six livres ; de la série à mystère KERI LOCKE, composé de cinq livres ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six livres ; de la série mystère KATE WISE, qui se compose de sept livres ; de la série mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six livres ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, composé pour le moment de quinze livres, de la série de suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, composé de trois livres ; de la série de mystère ZOE PRIME, avec six livres ; de la série mystère ADELE SHARP, composé actuellement de quinze livres (pour l’instant) ; de la série mystère VOYAGE EUROPEEN comprenant six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense LAURA FROST FBI, avec six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense ELLA DARK FBI, composé de onze livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère UN AN EN EUROPE, comprenant quatre livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère AVA GOLD composé de six livres (pour l’instant); et la nouvelle série mystère RACHEL GIFT composé de six livres (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

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LIVRES PAR BLAKE PIERCE

UN SUSPENSE FBI RACHEL GIFT

SON DERNIER SOUHAIT (Livre 1)

SA DERNIÈRE CHANCE (Livre 2)

SON DERNIER ESPOIR (Livre 3)

UN ROMAN POLICIER AVA GOLD

LA VILLE DES PROIES (Livre 1)

LA VILLE DE LA PEUR (Livre 2)

LA VILLE DES OS (Livre 3)

LA VILLE DES FANTÔMES (Livre 4)

UN SUSPENSE LAURA FROST, AGENTE DU FBI

DÉJÀ PARTIE (Livre 1)

DÉJÀ VUE (Livre 2)

DÉJÀ PIÉGÉE (Livre 3)

DÉJÀ DISPARUE (Livre 4)

DÉJÀ MORTE (Livre 5)

UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

LA FILLE, SEULE (Livre 1)

LA FILLE, PRISE (Livre 2)

LA FILLE, CHASSÉE (Livre 3)

LA FILLE, MUSELÉE (Livre 4)

LA FILLE, DISPARUE (Livre 5)

UN AN EN EUROPE

MEURTRE À PARIS (Livre 1)

MORT À FLORENCE (Livre 2)

VENGEANCE À VIENNE (Livre 3)

TRAGÉDIE EN ESPAGNE (Livre 4)

UN VOYAGE EUROPÉEN

MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

CRIME (ET BIÈRE) (Livre 3)

INFORTUNE (ET GOUDA) (Livre 4)

CALAMITÉ (ET PAIN AUX RAISINS) (Livre 5)

PAGAILLE (ET HARENG) (Livre 6)

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

CONDAMNÉ À LA DÉFAILLANCE (Volume 7)

CONDAMNÉ À DISPARAÎTRE (Volume 8)

CONDAMNÉ À TRAQUER (Volume 9)

CONDAMNÉ À CRAINDRE (Volume 10)

CONDAMNÉ À TOURMENTER (Volume 11)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

L’IMPRESSION IDÉALE (Volume 13)

LA TROMPERIE IDÉALE (Volume 14)

LA MAÎTRESSE IDÉALE (Volume 15)

L’IMAGE IDÉALE (Volume 16)

LE VOILE IDÉAL (Volume 17)

L’INDISCRÉTION IDÉALE (Volume 18)

LA RUMEUR IDÉALE (Volume 19)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

SOMMAIRE

PROLOGUE

CHAPITRE PREMIER

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT-ET-UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE TRENTE-ET-UN

CHAPITRE TRENTE-DEUX

CHAPITRE TRENTE-TROIS

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

ÉPILOGUE

PROLOGUE

C’était la partie du travail que Tony Dante aimait le moins.

Ramasser les serviettes abandonnées sur le sol du vestiaire, cela ne le gênait pas. Il aimait réellement remettre des fournitures de toilette. Il trouvait satisfaisant de voir tous ces flacons colorés entièrement pleins. Même laver les toilettes n’était pas si désagréable quand on s’y mettait vraiment.

Cependant, le sauna, c’était autre chose. De tous ses devoirs comme employé au salon des hommes à la station thermale Peninsula, la maintenance était celui qu’il redoutait le plus. Comme la direction refusait qu’il coupe la vapeur pendant les heures d’ouverture, s’il voulait nettoyer cet endroit correctement, il ne pouvait éviter de transpirer. Donc, il était toujours obligé de prendre une douche après et de changer d’uniforme. C’était pour cela qu’il effectuait toujours cette tâche juste avant sa pause.

Il était presque cette heure, maintenant. Donc, comme l’imposait sa routine, il quittait ses chaussures de travail et se mettait une paire de tongs. Comme cela faisait un moment qu’il n’avait vu personne dans le salon des hommes, il envisagea de se déshabiller et de ne garder que son short puis changea d’avis. Quelqu’un pourrait arriver n’importe quand et, si l’on voyait « l’employé de maison » torse nu, ça pourrait choquer. Donc, il garda son tee-shirt, prit deux serviettes et sa bouteille de désinfectant, ouvrit la porte et entra dans la brume épaisse.

Il était presque impossible d’y voir. Il commença à l’extrémité droite de la pièce et se mit à asperger et à essuyer le banc en carrelage blanc en faisant attention à ce qu’il n’y ait personne. Comme il n’avait vu personne entrer dans cet endroit ou en sortir dans les quinze dernières minutes, il était quasiment sûr qu’il était vide. Rester aussi long là-dedans était un effort herculéen, et mauvais pour la santé, en plus. Cependant, conformément à son habitude, il vérifia pour la forme.

— Y a quelqu’un ? cria-t-il d’une voix étrangement étouffée par la vapeur. Je viens nettoyer.

Il n’y eut aucune réponse. Il passa au banc du milieu, qui était plus long, et le vaporisa lui aussi. Alors qu’il essuyait le carrelage avec sa serviette, il remarqua une forme sombre dans le coin, à l’endroit où le banc du milieu et le banc de gauche se rejoignaient. Le brouillard était si épais que, au premier abord, Tony eut du mal à être sûr que c’était une personne. Cependant, quand il approcha, il vit que c’était un homme, nu et avachi sur le flanc, la tête étrangement suspendue à un angle inconfortable.

— Monsieur, ça va ? demanda fortement Tony, espérant que l’homme s’était seulement endormi et qu’il pourrait le réveiller avec sa voix retentissante.

L’homme ne répondit pas. Tony trouvait que quelque chose n’allait pas, mais il était réticent à secouer ou même à toucher l’homme. Il ne voulait pas se faire licencier pour attitude indécente. Il préféra quitter la pièce et appuyer sur le bouton qui permettait d’éteindre la vapeur et d’aspirer l’humidité. Le processus s’accomplit en moins d’une minute.

Quand ce fut fait, Tony rentra dans la pièce. Ce qu’il vit lui fit lâcher les serviettes et la bouteille de désinfectant. Maintenant que la vapeur s’était dissipée, il voyait clairement l’homme et il n’était pas endormi. Tony aurait voulu crier, mais il était trop abasourdi pour produire le moindre son. Si la tête de l’homme formait un angle inconfortable avec son corps, c’était parce qu’elle était retenue par une sorte de bande ou de ruban épais qui était enroulé autour de son cou. L’autre extrémité du tissu était attachée à une poignée en métal située environ un mètre au-dessus et derrière le banc carrelé. L’homme avait les yeux écarquillés. Il était mort.

Tony avait de la peine à en croire ses yeux. Il aurait voulu s’enfuir, mais ses jambes étaient paralysées par la peur et il recula en trébuchant et glissa sur le carrelage humide. Il atterrit durement sur le derrière mais se releva immédiatement et sortit en toute hâte du sauna pour aller dans le salon. Il y prit le téléphone interne et appela la réception de la station thermale. Quand la réceptionniste décrocha, il dut déployer un effort énorme pour ne pas crier dans le téléphone.

— Appelez la police ! dit-il vivement. Il y a un homme mort dans le sauna des hommes.

CHAPITRE PREMIER

Jessie essaya d’oublier la douleur.

Au lieu de se laisser aller, elle concentra toute son énergie sur le but final en essayant de ne plus penser aux difficultés qu’il fallait surmonter pour y parvenir. Même si elle avait les cuisses en feu et la respiration laborieuse, elle continua, les yeux rivés sur sa destination : son allée.

Trente secondes plus tard, elle y arriva. Elle cessa son sprint, ralentit puis marcha. Elle sortit son téléphone et appuya sur « Stop » pour arrêter le chronomètre de son appli de course à pied. Elle indiquait 42 :29.

Pas mal pour huit kilomètres. Elle parcourait un kilomètre en guère plus de cinq minutes.

Elle s’autorisa à se sentir fière d’elle-même pendant un moment. Elle ne parcourait plus un kilomètre en seulement cinq minutes comme à l’université, mais elle s’était beaucoup améliorée dans les mois récents. Or, vu toutes les blessures qu’elle avait subies ces quelques dernières années, les coups de couteau, les blessures par balle, les commotions cérébrales multiples et au moins deux tentatives de strangulation, elle considérait qu’elle s’en sortait très bien.

Jessie alla jusqu’au bout du pâté de maisons pour laisser à sa respiration le temps de redevenir normale. Elle repensa au séminaire de profilage criminel qu’elle avait donné la veille à l’Université de Californie à Los Angeles. C’était un des derniers qu’elle devait donner avant de rejoindre la Section Spéciale Homicides de la Police de Los Angeles à temps plein et elle se sentait mitigée. La dernière fois, les étudiants l’avaient suppliée de changer d’avis comme ils l’avaient fait pendant des semaines. La séance de questions post-exposé avait duré plus longtemps que d’habitude, comme si les étudiants avaient espéré lui soustraire un maximum de connaissances. Cela faisait plaisir et, en même temps, c’était un peu déprimant. Jessie ne voulait pas que ces séminaires se terminent.

Jessie se retourna et revint à la maison en essayant de se débarrasser de la tristesse que lui inspirait la fin proche d’une expérience aussi positive. Elle avait accepté de revenir parce que le capitaine Roy Decker le lui avait demandé, ou plutôt, parce qu’il l’avait suppliée. Decker était à la tête du Poste Central de la Police de Los Angeles et supervisait la Section Spéciale Homicides, ou la SSH. Il avait dit à Jessie qu’elle pourrait rester consultante plutôt qu’employée et continuer à travailler avec l’inspecteur Ryan Hernandez qui, en plus d’être son collègue de façon quasi-régulière, était aussi son fiancé. Decker avait aussi offert à Jessie une énorme augmentation.

En temps normal, cela n’aurait pas été le facteur décisif. Même sans son travail, Jessie était riche suite à son divorce et à l’héritage que lui avaient laissé ses parents adoptifs. Cependant, comme elle avait un mariage à planifier et comme sa sœur venait de « déménager », ce supplément de revenu allait s’avérer utile.

Jessie atteignit la porte d’entrée et commença à s’étirer. Elle savait que se soucier des factures courantes et futures ne l’aiderait pas à détendre ses muscles, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Même si elle ne voulait pas de mariage clinquant, Ryan semblait insister pour qu’ils en aient un. Les établissements et les prestataires qu’il suggérait étaient tous haut de gamme et, bien sûr, très chers. C’était de plus en plus un sujet de dispute et elle en avait assez de céder du terrain.

De plus, il y avait Hannah. Jessie soupira en pensant à elle. Sa demi-sœur cadette, Hannah Dorsey, qui aurait dix-huit ans dans quelques semaines, était actuellement résidente au Seasons Wellness Center de Malibu. Le nom générique de l’établissement donnait l’impression qu’il s’agissait d’une station thermale chic. Elle coûtait certainement aussi cher. Une fois l’assurance payée, chaque semaine dans cet établissement coûtait un minimum de 7000 $ et cela ne couvrait que le gîte et le couvert.

En fait, cet établissement était un institut psychiatrique pour patients internes destiné aux gens qui souffraient de toutes sortes de maladies mentales comme les idées suicidaires, les troubles de l’alimentation menaçant le pronostic du patient et même les troubles obsessionnels compulsifs incontrôlés. Hannah s’y était inscrite volontairement deux semaines auparavant à la demande insistante de la psychiatre qu’elles consultaient, elle et Jessie, la docteure Janice Lemmon.

Officiellement, Hannah était dans cet établissement pour y suivre un traitement contre une tendance à l’autodestruction, mais cela n’était pas exactement la vérité. Depuis des mois sinon plus longtemps, Hannah s’était délibérément placée dans des situations dangereuses susceptibles de mal se terminer. Elle avait admis que les interactions humaines normales ne lui inspiraient la plupart du temps qu’une absence de sensations et d’émotions. Pour cette raison, elle avait cherché la confrontation avec les brutes du quartier, des harceleurs sordides, des marchands de drogue, des pédophiles et même un réseau d’esclavage sexuel afin de jouir de poussées d’adrénaline. Même si la sensation ainsi obtenue était fugace, au moins, c’était quelque chose.

Cependant, un jour, un vieux tueur en série que l’on appelait le Chasseur Nocturne avait piégé Jessie, Ryan et Hannah dans un chalet montagnard isolé. Jessie et Ryan avaient réussi à capturer l’homme et à le maîtriser mais, pendant qu’il était menotté et désarmé, Hannah l’avait abattu d’une balle. Elle avait déclaré que c’était une forme d’auto-défense, une manière de neutraliser un homme qui, savait-elle, n’arrêterait jamais de chercher une manière de s’en prendre à eux, même de derrière les barreaux.

Ce n’était que plus tard que Jessie avait appris que, si Hannah avait assassiné le Chasseur Nocturne, c’était parce qu’elle avait simplement voulu savoir quelle impression ça donnerait. En fait, elle avait aimé ça. Cet assassinat lui avait donné une euphorie qu’elle n’avait jamais ressentie et elle voulait retrouver cette euphorie. Dans les semaines après lesquelles elle avait abattu le Chasseur Nocturne de sang froid, elle avait rêvé de tuer quelqu’un d’autre en espérant retrouver le frisson qu’elle avait ressenti alors.

Quand, plus d’un mois plus tard, Hannah avait finalement révélé la vérité à la docteure Lemmon, la docteure avait eu l’idée de l’envoyer au Seasons, où elle résidait depuis. Elle y participait à des séances de thérapie intenses, aussi bien en groupe qu’individuelles, et elle avait aussi participé à deux séances avec Jessie. La docteure Lemmon avait aussi demandé toutes sortes de services, de la thérapie de redirection à la cartographie du cerveau. Elle envisageait toutes les possibilités. Rien n’était exclu. Le but était double : d’abord, aider Hannah à ressentir des émotions sans avoir besoin de situations extrêmes et, ensuite, éradiquer son désir addictif de trouver de l’excitation dans, pour le dire crûment, le meurtre.

En finissant son dernier étirement profond, Jessie se souvint de sa dernière visite, qui ne remontait qu’à deux jours. Ce n’avait pas été une séance de thérapie, seulement une visite informelle, mais elle n’avait pas été particulièrement décontractée. Hannah n’avait pas été d’humeur très bavarde.

— Es-tu venue me jeter des cacahuètes ? avait-elle demandé, après quoi la conversation avait dégénéré.

Tentant de se débarrasser de ce souvenir, Jessie ouvrit la porte de la maison du quartier Mid-Wilshire qu’elle avait héritée de son mentor en profilage, Garland Moses, suite à son assassinat. Elle alla dans la chambre pour se déshabiller et se doucher. Quand elle entendit Ryan grogner dans la cour de derrière, elle alla voir ce qu’il faisait.

Son fiancé profitait de la douceur de cette journée de la mi-mars de Los Angeles pour effectuer sa séance d’entraînement dehors et torse nu. Maintenant, cela faisait plus de huit mois qu’il avait été poignardé à la poitrine et, après avoir passé des semaines dans le coma, il avait récupéré environ quatre-vingt-quinze pour cent de ses capacités.

En ce moment, il faisait des squats tout en tenant des haltères de dix-huit kilos. Jessie l’admira silencieusement de derrière la porte coulissante en verre. Ses cheveux noirs courts et sa peau bronzée brillaient dans la lumière du soleil. Ses yeux marron, habituellement doux, étaient concentrés. La sueur coulait sur sa poitrine musclée quand il s’agenouillait puis se relevait, les mollets tendus sous l’effort. Même si Ryan n’était pas prétentieux, Jessie savait qu’il tenait à préserver le physique sculptural qu’il avait eu avant son agression. Son corps d’un mètre quatre-vingt-deux et de quatre-vingt-dix kilos avait toujours été à la fois une source de fierté et une arme à utiliser contre les criminels qu’il croisait sur sa route. Son but était de retrouver sa forme physique d’avant et il y était presque.

Quand il eut fini sa série, Jessie tapota sur la vitre et ouvrit la porte.

— Je vais prendre une douche, lui dit-elle. Tu as presque fini ?

— Juste cinq minutes. Je te rejoins juste après.

Jessie fut tentée de lui suggérer de finir en avance pour la rejoindre, mais elle savait qu’il voulait vraiment récupérer sa force d’avant et que tout ce qui retarderait cet objectif, même un plaisir de milieu de matinée, était moins important pour l’instant.

Donc, elle se tut et se rendit dans la salle de bains. Son tee-shirt de course était trempé et son pantalon noir commençait à lui paraître inconfortablement chaud contre les jambes. Elle fit couler la douche et se contempla dans le miroir pendant que l’eau réchauffait. Elle constata avec plaisir que ses courses de huit kilomètres portaient leurs fruits.

Elle avait l’air plus solide que quelques mois auparavant. Comme elle approchait rapidement de son trente-et-unième anniversaire, elle trouvait qu’elle se débrouillait très bien. Ses longues jambes, qui mettaient en valeur son corps d’un mètre soixante-dix-sept, avaient récupéré une grande partie du tonus musculaire qu’elles avaient perdu pendant qu’elle se remettait de ses blessures diverses. Ses cheveux bruns mi-longs étaient lustrés et ses yeux verts luisaient d’énergie. Même si sa vie comportait toujours des facteurs de stress, elle trouvait qu’elle tenait fort bien le coup. De plus, les regards furtifs qu’on lui adressait quand elle marchait dans la rue semblaient le confirmer.

Elle se doucha rapidement, consciente du fait que Ryan attendait forcément son tour. Quand elle coupa l’eau et tira le rideau, elle le trouva là, en train de lui tendre une serviette.

— Service serviette personnalisé ! fit-elle remarquer. À quoi dois-je cet honneur ?

— J’aimerais pouvoir dire que c’est seulement pour être serviable, dit-il d’un air désolé, mais je suis ici pour faire avancer