Condamné à Désirer (Un Mystère Adèle Sharp – Volume 13)

Par Blake Pierce

"Quand tout va de travers, Blake Pierce nous régale d'un nouveau chef-d'œuvre, subtil dosage de thriller et mystère ! Un ouvrage riche en rebondissements, au dénouement surprenant. Chaudement recommandé pour tous les amateurs de thrillers superbement écrits."
- Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (Laissé pour Mort)

CONDAMNÉ À DÉSIRER est le 13ème tome d'un nouveau thriller avec l'Agent du FBI Adèle Sharp (Tome 1 - LAISSÉ POUR MORT). Blake Pierce est auteur à succès d'USA Today. Son best-seller, Presque Disparue (téléchargement gratuit) compte plus de 1 000 commentaires cinq étoiles.

Après plusieurs années passées dans la police, l'Agent Spécial du FBI Adèle Sharp est convaincue d'avoir tout vu — jusqu'à ce que des cadavres soient expédiés dans des caisses à destination de maisons de ventes aux enchères réservées à l'élite européenne. Les antiquités des milliardaires sont en danger, l'affaire fait la une des médias, la pression atteint son paroxysme.

Qui est le tueur ? Pourquoi expédier ces cadavres ? Adèle l'arrêtera avant qu'il ne fasse une nouvelle victime ?

Une enquête menée tambour battant à l'échelle planétaire, suspense hors pair et intrigues à foison, nuit blanche garantie.

Nouveaux tomes prochainement disponibles !

• Langue: Français
• Éditeur: Blake Pierce
• Date de sortie: 16 juin 2022
• ISBN: 9781094354064

Blake Pierce

Blake Pierce is author of the #1 bestselling RILEY PAGE mystery series, which include the mystery suspense thrillers ONCE GONE (book #1), ONCE TAKEN (book #2) and ONCE CRAVED (#3). An avid reader and lifelong fan of the mystery and thriller genres, Blake loves to hear from you, so please feel free to visit www.blakepierceauthor.com to learn more and stay in touch.

Aperçu du livre

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CONDAMNÉ À DÉSIRER

(Un Mystère Adèle Sharp — Volume Treize)

BLAKE PIERCE

Traduit de l’anglais par Simon Odasso

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE qui comprend à présent dix-sept livres. Blake Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, composé de quatorze livres, de la série mystère AVERY BLACK, comportant six livres ; de la série à mystère KERI LOCKE, composé de cinq livres ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six livres ; de la série mystère KATE WISE, qui se compose de sept livres ; de la série mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six livres ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, composé pour le moment de quinze livres, de la série de suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, composé de trois livres ; de la série de mystère ZOE PRIME, avec six livres ; de la série mystère ADELE SHARP, composé actuellement de quinze livres (pour l’instant) ; de la série mystère VOYAGE EUROPEEN comprenant six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense LAURA FROST FBI, avec six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense ELLA DARK FBI, composé de onze livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère UN AN EN EUROPE, comprenant quatre livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère AVA GOLD composé de six livres (pour l’instant); et la nouvelle série mystère RACHEL GIFT composé de six livres (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

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Copyright © 2022 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’accord préalable de l’auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d’autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu’un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l’avez pas acheté, ou qu’il n’a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright elegeyda, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

UN SUSPENSE FBI RACHEL GIFT

SON DERNIER SOUHAIT (Livre 1)

SA DERNIÈRE CHANCE (Livre 2)

SON DERNIER ESPOIR (Livre 3)

UN ROMAN POLICIER AVA GOLD

LA VILLE DES PROIES (Livre 1)

LA VILLE DE LA PEUR (Livre 2)

LA VILLE DES OS (Livre 3)

LA VILLE DES FANTÔMES (Livre 4)

UN SUSPENSE LAURA FROST, AGENTE DU FBI

DÉJÀ PARTIE (Livre 1)

DÉJÀ VUE (Livre 2)

DÉJÀ PIÉGÉE (Livre 3)

DÉJÀ DISPARUE (Livre 4)

DÉJÀ MORTE (Livre 5)

UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

LA FILLE, SEULE (Livre 1)

LA FILLE, PRISE (Livre 2)

LA FILLE, CHASSÉE (Livre 3)

LA FILLE, MUSELÉE (Livre 4)

LA FILLE, DISPARUE (Livre 5)

UN AN EN EUROPE

MEURTRE À PARIS (Livre 1)

MORT À FLORENCE (Livre 2)

VENGEANCE À VIENNE (Livre 3)

TRAGÉDIE EN ESPAGNE (Livre 4)

UN VOYAGE EUROPÉEN

MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

CRIME (ET BIÈRE) (Livre 3)

INFORTUNE (ET GOUDA) (Livre 4)

CALAMITÉ (ET PAIN AUX RAISINS) (Livre 5)

PAGAILLE (ET HARENG) (Livre 6)

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

CONDAMNÉ À LA DÉFAILLANCE (Volume 7)

CONDAMNÉ À DISPARAÎTRE (Volume 8)

CONDAMNÉ À TRAQUER (Volume 9)

CONDAMNÉ À CRAINDRE (Volume 10)

CONDAMNÉ À TOURMENTER (Volume 11)

CONDAMNÉ À LEURRER (Volume 12)

CONDAMNÉ À DÉSIRER (Volume 13)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

L’IMPRESSION IDÉALE (Volume 13)

LA TROMPERIE IDÉALE (Volume 14)

LA MAÎTRESSE IDÉALE (Volume 15)

L’IMAGE IDÉALE (Volume 16)

LE VOILE IDÉAL (Volume 17)

L’INDISCRÉTION IDÉALE (Volume 18)

LA RUMEUR IDÉALE (Volume 19)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT SEPT

CHAPITRE VINGT HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE TRENTE ET UN

CHAPITRE TRENTE-DEUX

ÉPILOGUE

CHAPITRE UN

Adèle Sharp resta au-dessus du corps, sous les branches des vieux arbres alignés, dans le brouillard silencieux et humide. Sa respiration faisait à présent de la buée dans l’air frais, se mélangeant au tourbillon opaque et humide environnant. La cascade goutait à ses pieds. Un son accusateur, un gargouillement, un chuchotement secret suivant le fil de l’eau, transportant des rumeurs à travers le reste du parc.

Ses mains tremblaient le long de son corps… En un geste doux, elle essuya la boue de son arme et la rangea dans son étui avant de le refermer. Une partie d’elle voulait lancer l’objet le plus loin possible, la cacher dans les bois en bordure du parc.

Mais, malgré sa stupeur, elle pouvait entendre le son des sirènes. Des bruits de pas approchant rapidement.

— Adèle ! (La voix de l’agent Renee était facile à percevoir au milieu des autres cris et appels.) Claudia ! Ohé !

Elle n’avait pas la force de lui répondre. Derrière elle, la jeune fille de l’agent Renee continuait à serrer son sac à dos tel un bouclier, réfugiée sous le pont. Ses petites chaussures étaient tachées de boue et elle ne cessait de lancer des regards apeurés à Adèle, comme si elle hésitait à répondre aux appels provenant des bois.

Adèle sentit une pointe de honte l’envahir.

— Tout va bien se passer, murmura-t-elle par-dessus son épaule, sans vraiment regarder l’enfant de dix ans terrifiée.

Elle se retourna vers l’eau. Au moins, il était tourné vers le bas. Au moins ainsi, dans la mort, il cesserait de la regarder.

Le Peintre… un homme aux nombreux alias, aucun n’étant vrai. Elle ne le connaissait que comme le monstre qui avait torturé à mort sa mère.

Et à présent, Adèle comme le reste de Paris, ne le verrait plus que comme un cadavre.

Les fines trainées de sang coulant de ses blessures aux jambes continuaient à colorer l’eau, emportées par le liquide agité. Sa main serrait toujours le couteau qu’il avait désespérément tenté de conserver.

Il avait été incapable de lâcher cette stupide lame.

Et il s’était donc noyé, les jambes trop handicapées par les blessures pour lui permettre de sortir.

Et elle l’avait regardé…

Elle aurait pu l’aider — Adèle le savait. Elle aurait pu le sortir de l’eau. Mais elle lui avait tiré dessus et l’avait regardé se vider de son sang avec une sombre satisfaction avant d’attendre qu’il coule. Elle pouvait encore voir ces petites bulles sortir de son horrible bouche. Comment elles avaient éclaté à la surface, à quelques mètres de l’endroit où il s’était noyé, à cause du courant.

Ce n’était pas tant qu’elle l’ait observé.

Ni qu’elle lui ait tiré dessus.

Mais plutôt… qu’elle était contente de l’avoir fait.

Heureuse de ne pas l’avoir aidé. De l’avoir laissé mourir.

Évidemment, l’entrainement de la DGSI indiquait que refuser de porter assistance un suspect maitrisé était comparable à un homicide. Elle avait tué l’homme qui avait assassiné sa mère. Qui avait torturé Robert Henry. Qui avait traqué son ex-petit-ami.

— Adèle !

Elle entendit un cri soudain en haut de la berge. Elle perçut des bruits de pas et des injures. Le son des sirènes restait audible au loin. De nouveaux murmures suivirent tandis que l’agent Renee descendait le long de la pente boueuse, en direction du pont.

— Adèle, où est — es-tu —

Le grand français criait, mais elle parvenait à peine à l’entendre. Elle tendit la main en direction du pont alors que ses doigts tremblaient toujours horriblement. C’était donc à ça que l’état de choc ressemblait — elle avait déjà connu une expérience similaire auparavant, mais jamais à ce point. Son esprit partait dans toutes les directions. Elle ne parvenait plus à réfléchir.

Dix ans de sa vie… Dix ans de motivation qui avaient mené à ça.

Qui était-elle à présent ? Qu’était-elle ?

— Adèle — Adèle, es-tu — Claudia ! Mon Dieu — Claudia ! Viens là… Tout va bien, ma chérie, viens, viens me voir. Non — Non, n’aie pas peur. Viens ici, ma belle, je t’en prie. Agent, éloignez-vous d’elle ! Reculez. Claudia, tu vas bien ?

Adèle continuait à regarder l’eau, à fixer le corps sous la cascade. L’une de ses mains pâles tremblotait à présent, remuée par le courant tourbillonnant. Elle ne voulait pas tourner la tête. Elle ne voulait pas croiser le regard de John Renee. Combien d’agents étaient avec lui ?

Elle entendit vaguement de nouvelles voix, de nouveaux bruits de pas sur la colline boueuse. Elle perçut le son des bottes sur le pont au-dessus de l’eau. Puis un cri, d’une voix inconnue.

— Un corps — capitaine, là ! Vous le voyez ?

— Merde – allez chercher un médecin. Agent Sharp ! aboya une voix qu’elle ne reconnut pas. Sharp, il est mort ?

D’autres injures, des pas pressés. Elle se tenait toujours au-dessus du corps, continuant à trembler. Mais elle parvint à hocher une seule fois la tête.

Mort ? L’était-il ?

C’était presque impossible à croire. Comment pouvait-il être mort ? Après toutes ces années… le croque-mitaine était-il enfin décédé ? Était-elle enfin libre ?

Doux Jésus… Cela lui paraissait impossible.

Elle pensa à Robert Henry. Elle envisagea même de prononcer une petite prière reconnaissante comme il avait l’habitude de faire. Mais les mots ne convenaient pas à des lèvres comme les siennes. Elle envisagea de fermer les yeux, d’imaginer le sourire de sa mère. L’amour le plus pur qu’elle ait jamais connu.

Mais cela aussi ne sembla être qu’un fragment de son imagination, une pensée furtive.

— Que s’est-il passé ? s’enquit une voix à côté d’elle. (Elle sentit une main puissante lui tirer brusquement le bras.) Agent Sharp— que s’est-il passé ?

— Je vais faire mon rapport, dit doucement Adèle.

Plutôt qu’une des prières de Robert, que l’un des doux baisers de sa mère, tout ce à quoi elle pouvait penser était la détonation de son arme. Le léger recul dans sa main. Le grognement de douleur. La voix malicieuse et moqueuse du tueur en série agonisant. La façon dont il s’était trainé au sol pour attraper son couteau…

Le tourbillonnement, les coups…

Puis, finalement, le silence.

— Légitime défense, dit-elle simplement. Tout sera dans mon rapport.

Ce ne fut qu’alors qu’elle s’autorisa à regarder à nouveau sous le pont. Cinq policiers en uniformes bleus et vêtus d’épais manteaux inspectaient les lieux. L’un d’entre eux, une femme, tentait d’arracher Claudia des bras de John, mais l’agent Renee ne cessait de gronder tel un doberman montrant les dents, un air furieux sur le visage. Claudia pleurait, sa tête posée sur l’épaule de son père qu’elle enlaçait de toutes ses forces, se raccrochant au seul visage familier à proximité.

Renee n’était pas une présence régulière dans la vie de la petite fille, mais ces derniers temps, il avait fait de gros effort pour changer cela. Il avait fait de son mieux.

À cet instant, son visage affichait un air hagard. La cicatrice qui s’étendait de son menton, le long de sa gorge, jusqu’à son torse, semblait translucide dans le brouillard.

— Ça va aller, murmura Renee à l’oreille de sa fille. (Adèle était trop sonnée pour voir s’il pleurait.) Je ne vais pas te laisser, je te le promets.

Il caressa les cheveux de sa fille, son sac à dos désormais au sol, à ses pieds. Combien de fois John lui avait-il dit exactement la même chose ? Ça va aller.

Il avait raison. Tout allait à présent.

Mais pour y parvenir, elle avait tué un homme. Elle l’avait regardé mourir alors qu’elle aurait pu l’aider. Elle avait déjà été obligée d’appuyer sur la détente, mais uniquement lorsqu’elle avait été personnellement confrontée au danger. Cette fois… c’était différent.

De la légitime défense ?

Il était désarmé… désespéré. En train de se noyer. Elle était restée à quelques mètres, refusant de lever le petit doigt. Elle avait vu suffisamment de policiers être poursuivis pour avoir dépassé les bornes pour savoir que si elle avait été filmée, le procureur s’en donnerait à cœur joie.

Elle était une meurtrière.

Tout comme le peintre l’avait voulu…

Ce n’est pas la même chose… protesta une petite voix dans sa tête. Pas du tout la même chose. Elle voulait la croire. Elle voulait par-dessus tout se persuader qu’elle l’avait emporté. Et pas lui.

Elle sentit la main continuer à tirer sur sa manche avec insistance, tentant de la pousser à s’éloigner de l’eau. Elle tituba et ses pieds s’enfoncèrent dans la boue humide avant qu’elle ne les retire avec un léger bruit de succion. Elle ne voulait pas partir. Ni bouger.

Elle voulait garder le monstre à l’œil. Juste pour être sûre.

Un autre petit frisson descendit le long de sa colonne vertébrale. John et sa fille se trouvaient sous le pont, mais les yeux trempés de larmes de Claudia étaient à nouveau ouverts. Elle regardait autour d’elle, les clignant frénétiquement. Lorsqu’ils se posèrent sur Adèle, elle se contenta cependant de la fixer.

Adèle lui rendit son regard et trembla à nouveau.

Personne n’avait été présent pour assister à la scène. Personne ne l’avait vu se noyer.

Personne à l’exception de la fille de dix ans de John Renee.

Dirait-elle ce qui s’était passé ? Parviendrait-elle à rassembler les morceaux ? Elle avait eu tellement peur. Adèle l’avait sauvée, d’une certaine façon. Le tueur aurait aimé lui faire des choses absolument terribles. Mais Claudia comprendrait-elle ?

— S’il vous plait – venez avec moi. J’ai besoin que vous répondiez à quelques questions, agent. Voulez-vous une veste ?

La voix qui résonnait dans son oreille lui paraissait désincarnée. Elle ne voyait plus que Claudia à présent.

La fille détourna à nouveau le regard, appuyant son visage contre l’épaule de son père.

Une autre poussée de panique.

Et si Claudia en parlait à John ? Pourrait-elle lui faire face ?

Renee avait proposé de se salir les mains en son nom dans le passé… Mais il tenait à elle parce qu’elle valait mieux que ça. Du moins, c’était ce qu’il avait dit. À quoi pourrait-il bien servir de protéger leur relation si l’étape suivante la conduisait derrière les barreaux ?

La petite voix irritante dans sa tête revint. Tu as fait ce que tu avais à faire…

— La ferme, aboya-t-elle dans sa barbe.

Elle commença à avancer et se laisser emmener au loin par un agent la tenant par la taille. Peu importait à quel point elle tenterait de se convaincre qu’elle avait fait ce qui était juste — qu’elle n’avait pas eu le choix — rien ne pourrait changer le fait qu’elle avait tué un homme de sang-froid. Elle pouvait se souvenir de nombreuses autres fois où elle s’était précipitée pour aider un suspect maitrisé. Il y avait à peine quelques mois, à Venise, elle avait tiré sur un tueur puis s’était précipitée à ses côtés pour arrêter le saignement.

Mais pas cette fois…

Elle l’avait regardé mourir. Elle l’avait laissé se noyer.

Et elle avait fait de bon gré.

— Par ici, dit la voix à côté d’elle. S’il vous plait, agent Sharp. Juste quelques questions. Vous pourrez parler avec votre partenaire plus tard.

Des questions, en effet. Le début de nombreuses questions, entretiens, peut-être même interrogatoires.

CHAPITRE DEUX

Leur luxueux logement de montagne se détachait devant les Alpes suisses. Des pics enneigés aux flancs gris encerclaient des sapins épineux montant jusqu’à un horizon de nuages fins et clairsemés transpercés par la lumière des étoiles.

Les clignotants d’Anita Vosloo s’illuminèrent dans son dos lorsqu’elle verrouilla les portes de sa Mercedes. Elle fit le tour de la voiture, sa mallette à la main, ses talons hauts claquant contre l’asphalte lisse de l’allée de garage.

Elle entendit le léger grincement du portail en métal derrière elle, au bout de chemin, tandis qu’il se fermait lentement. Devant elle, leur maison, dont le jacuzzi du jardin arrière était visible au coin du bâtiment de brique, donnait sur les montagnes.

La lumière du garage était allumée et elle s’arrêta pour regarder par la fenêtre.

— Henry ? appela-t-elle en fronçant les sourcils.

Elle pouvait voir le rétroviseur latéral de sa BMW à travers l’ouverture. Sa voiture était là…

— Henry, répéta-t-elle plus fort, inquiète.

Où pouvait-il bien être ?

Elle soupira, jeta un regard à ses clés puis se tourna vers sa berline. Son mari avait pris l’habitude de garer les voitures pour elle. Du moins, c’était ce qu’il prétendait. Pour elle. Il le faisait pour lui, en fait. Il avait peur qu’elle n’égratigne accidentellement la peinture de sa BMW adorée.

— Une seule fois, marmonna-t-elle dans sa barbe. Elle jeta un regard à sa montre puis son smartphone. Pas de message.

En temps normal, lorsque le portail s’ouvrait, cela envoyait une alerte sur le téléphone de son mari. Il avait ainsi largement le temps d’aller jusqu’à l’allée et de mettre sa voiture dans le garage. Elle ne se souvenait pas de l’avoir déjà vu en retard.

Elle se demanda si elle ne devrait pas simplement le faire elle-même. Mais elle se rappela de la dernière fois que quelqu’un avait rayé sa voiture. Henry n’était pas sorti de son bureau pendant une semaine. Elle soupira, lâcha une plainte silencieuse dirigée envers les hommes et leurs jouets avant de décider qu’il valait probablement mieux se contenter de trouver son mari.

Elle monta les marches du manoir en direction de deux imposantes portes en chêne. Une boite en carton de grande taille, entourée de plusieurs attaches en plastique était posée sur la marche du haut. La boite avait été déchirée lors de l’ouverture, de la mousse à picots était visible là où elle avait remplacé le contenu recherché du paquet qui en avait été retiré.

Elle fit une pause assez longue