La belle canuse

2 RÉSUMÉ : Anne-Lise est une jeune orpheline qui a été recueillie, au cœur de la campagne du Bugey, par les sœurs de l’ordre de Saint-Joseph, réputées pour l’éducation, austère et rigoureuse, qu’elles prodiguent dans leur fabrique couvent. Sœur Marie-Prudence qui a beaucoup d’affection pour la jeune fille, a espéré que cette dernière choisirait la vie religieuse mais Anne-Lise aspire depuis toujours à fonder une famille. Et un jour, alors qu’elle ne s’y attendait pas, on lui annonce qu’un homme souhaiterait lui faire sa demande en mariage. Il s’agit de Joseph Forel, canut, propriétaire de ses métiers et de son atelier. Il est veuf et père de trois enfants. La rencontre est organisée, le mariage aussitôt conclu. Anne-Lise emménage à Lyon, à la Croix-Rousse, avec son nouvel époux et les petits. (Voir Veillées n^os 3467 et suivants.)

Pour son premier mariage, Joseph Forel a épousé Marie, la fille de son maître et il a repris l’atelier, comme cela se fait généralement dans la canuserie ; ses beauxparents se sont retirés à la campagne.

Sa femme était courageuse, aimable, ils s’entendaient bien mais il doit bien l’avouer, leurs sentiments étaient plus amicaux qu’amoureux. Une union raisonnable comme il y en a tant. Il ne regrette rien et la mort de Marie lui a fait grand chagrin. Ces trois dernières années ont été très difficiles, et sans l’aide de Pierre et de Paulette pour les enfants, il ne s’en serait pas sorti.

Il a vite compris qu’il lui faudrait se remarier mais il n’imaginait pas qu’il pourrait ainsi s’embabouiner ! De son côté, Anne-Lise s’inquiète, même si l’éducation des religieuses ne lui a guère appris sur la condition maritale, elle a parfois surpris des confidences de ses camarades d’atelier et cela lui a donné quelques enseignements sur les choses de la vie. Elle sent bien qu’il n’est pas coutumier qu’un époux ne partage pas la couche nuptiale. Joseph déroule chaque soir un matelas derrière son métier.

Oh! bien sûr, il range tout à l’aube et personne ne connaît cette situation particulière. Anne-Lise lui en est reconnaissante, elle aurait trop honte si les compagnons avaient connaissance de ce secret mais elle est bien triste. Joseph ne l’aime pas, il regrette peutêtre