Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance
Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance
Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance
Livre électronique226 pages2 heures

Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La série des Romans dont vous êtes la victime présente des choix narratifs déchirants au lecteur. Ici, pas besoin de calculs ni de notes; que des décisions à prendre, qui mèneront inévitablement à des péripéties et des fins différentes.

Vous comprendrez bien vite qu’il y a parfois des conséquences pires que la mort.

Sébastien Cournoyer, ministre des affaires étrangères et ancien avocat en droit criminel, est capturé avec sa fille à sa sortie du centre d’achat.

On lui bande les yeux, on l’emmène il ne sait où.

En recouvrant la vue, il remarque qu’il est attaché dans une pièce close.

Une caméra le fixe à sa droite.

Et devant, le canon d’une arme à feu pointe la tempe de sa fille.
LangueFrançais
Date de sortie9 avr. 2020
ISBN9782898190209
Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance

En savoir plus sur Lp Sicard

Auteurs associés

Lié à Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance

Livres électroniques liés

Fiction d'horreur pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Un roman dont vous êtes la victime - Hymne à la vengeance - LP Sicard

    C843/.6—dc23

    Chapitre 1

    Sébastien Cournoyer adore les jours pluvieux d’octobre ; les gens préfèrent demeurer chez eux, concoctant quelques recettes propres à l’automne qui propagent dans le quartier des effluves de cannelle, de muscade et de tartes à la citrouille. Les rues sont presque désertes, les centres d’achat de même. Ce n’est pas que Sébastien déteste les foules, c’est qu’il y est trop souvent confronté. Il ne compte plus les fois où des caméras peu scrupuleuses se sont immiscées à quelques centimètres de son visage alors qu’il était avocat en droit criminel, gérant des dossiers parmi les plus médiatisés et les plus terribles du Québec. Et depuis qu’il est ministre des Affaires étrangères, les choses ne se sont guère améliorées.

    Évidemment, ce n’est pas comme s’il était une vedette de hockey ; lorsqu’on l’interrompt sur la place publique, ce n’est pas pour quémander un autographe. Au mieux, on lui offre une poignée de main accompagnée d’une promesse d’un vote dans quelques années ; au pire, on l’invective au sujet de dossiers qui ne sont pas même sous sa juridiction.

    Ce qui le trouble le plus demeure lorsqu’on le pointe du doigt en raison des anciens cas judiciaires qu’il a pris en charge, à l’époque où il œuvrait dans un cabinet réputé. Il a en effet permis à des présumés criminels de s’en tirer presque miraculeusement de par sa gestion impeccable des dossiers, s’attirant par le fait même la mésestime de plusieurs. Au même titre que des passants crachent aux pieds de l’acteur incarnant un personnage hideux à la télévision, certains individus manquent du jugement nécessaire pour dissocier l’avocat du criminel ; ce n’est pas parce que Sébastien a défendu un pervers, qui a droit comme tous à une représentation légale, qu’il en est un lui-même. De toute manière, il a contribué d’une manière exceptionnelle au bien-être de la société depuis qu’il a été élu dans son comté, proposant des projets de loi adoptés à majorité en assemblée, projets qui n’avaient pour but que la revalorisation du niveau de vie des classes dites pauvres et moyennes.

    Du reste, Sébastien aimerait ne plus être « honorables », ni « maître », ni « ministre », lorsqu’il est en compagnie de Charlie, sa fille bien-aimée.

    Il souhaiterait être « papa », tout simplement.

    — Qu’est-ce qu’on cherche aujourd’hui, Charlie ? demande Sébastien à sa fille en lui ouvrant la porte du centre d’achats des Promenades Saint-Bruno.

    — Des décorations ! répond la gamine avec entrain.

    Père et fille viennent en effet chercher le nécessaire pour se préparer à l’Halloween. C’est là ce que Sébastien chérit presque le plus, lorsqu’il est en présence de Charlie : le retour à l’enfance. Il prend autant plaisir que sa fille à décorer la maison et la cour, à se déguiser, à retrouver cette naïveté si précieuse qu’ont ceux qui n’ont pas encore confronté la dureté de la vie. Sébastien donnerait tout pour préserver cette ingénuité aussi longtemps que possible, pour protéger son enfant des innombrables dangers qu’incarne l’être humain. Combien de meurtres, de vols et de viols a-t-il vus au courant de sa carrière ? L’amour qu’il porte envers sa fille est sans doute l’unique chose qui parvient à chasser les horreurs qui torturent sa mémoire.

    — Et des bonbons, aussi ! précise le père. On ne les mangera peut-être pas, mais ce n’est pas une raison pour les oublier !

    Sébastien aurait pu, bien sûr, choisir un Dollarama plutôt que l’imposant centre d’achats, mais il y voit l’occasion de faire une agréable sortie avec sa fille. Ils se dirigent donc vers une première boutique, dans la vitrine de laquelle sont présentées des dizaines de chandelles odorantes. Le bouquet est si vif qu’il se rend jusqu’aux locaux voisins.

    — Je veux aller les sentir ! s’exclame la fillette.

    Poussant un soupir que trahit le sourire à ses lèvres, Sébastien accepte cet arrêt imprévu. La petite prend minutieusement chaque bougie, en dévisse le couvercle, puis porte son nez vers la cire parfumée. Son air envoûté est parfois remplacé par une grimace, lorsqu’elle hume une odeur déplaisante. Au moment où elle s’approche de la chandelle affichant « Guimauve grillée », Sébastien sait d’avance qu’il s’agira d’un coup de cœur.

    — Je veux celle-là ! lance Charlie en serrant la bougie contre elle.

    Comment pourrait-il la lui refuser ? Malgré le prix exorbitant de la bougie, Sébastien acquiesce à la demande de sa fille.

    — Ça compte comme ton premier cadeau de Noël, dit-il en prenant le sac que lui tend la caissière.

    — C’est pas juste !

    Le père n’a qu’à flatter moqueusement le dessus de la tête de Charlie pour lui faire savoir qu’il plaisante. C’est ainsi que tous deux poursuivent leur léchage de vitrines jusqu’à ce que leurs quatre bras soient encombrés d’os de plastique, de pierres tombales en styromousse et de boîtes de barres de chocolat variées. Sébastien, à qui rien n’échappe, se souvient du numéro de l’entrée par laquelle ils sont entrés.

    — Charlie, marche comme il faut !

    La fillette a cette fâcheuse manie de traîner les pieds ; les semelles de ses bottes laissent alors des traces noires sur le plancher.

    Ronchonnant, la petite consent néanmoins à adopter une démarche plus convenable. Une fois près de la porte, Sébastien doit user de gymnastique pour ouvrir la porte à Charlie, qui gagne l’extérieur en premier.

    La pluie se fait plus abondante qu’à leur arrivée. Par chance, le peu de voitures présentes face au bâtiment a permis à Sébastien de se stationner relativement à proximité.

    — Attends ici ma belle, je vais chercher l’auto.

    La petite hoche la tête. La vingtaine de mètres pour rejoindre sa voiture suffit pour faire dégouliner les cheveux de Sébastien. Ce qui le frappe, en débarrant les portes de sa Subaru, est la présence de deux véhicules noirs de chaque côté du sien. Alors qu’il y a des places libres dans le stationnement par centaines, les gens préfèrent venir se coller…

    Il ouvre la portière arrière aussi vite qu’il le peut afin d’y déposer les sacs emplis de friandises et d’accessoires.

    C’est à ce moment qu’il entend l’ouverture de nombreuses portières à gauche comme à droite. Sébastien, avec une curiosité naïve, se redresse pour regarder de chaque côté de lui. Quatre hommes cagoulés occupent l’étroit passage entre les deux véhicules.

    — Entrez dans la voiture, se fait-il ordonner avec un calme déconcertant.

    De toute évidence, ces hommes désignent une de leurs propres voitures. Si Sébastien s’étonne de constater l’absence d’arme à feu ou de couteau, il comprend bien vite que celles-ci ne sont pas nécessaires. Son cœur se met brusquement à s’emballer, ses battements résonnant jusqu’à ses tempes. Ses pensées, comme prises dans un entonnoir, convergent vers un point bien précis.

    Charlie.

    Dans un geste trahissant toute son agitation, il se retourne vers le centre d’achats. Ce qu’il aperçoit lui glace les sangs.

    Des sacs, au contenu épars, abandonnés sur le trottoir.

    Charlie n’est nulle part.

    — Où est ma fille ? demande-t-il avec cette voix qu’a l’homme vaincu cherchant désespérément une contenance qu’il n’a guère.

    — Entrez dans la voiture, répète implacablement l’homme cagoulé.

    Sébastien ne connait pas cette voix, jamais ne l’a-t-il entendue. Il déglutit, cherchant follement une solution dans sa tête. Sa fille n’a pas pu disparaître ; il doute par ailleurs que ces hommes soient entrés dans le centre d’achat avec elle.

    — Dites-moi où est ma fille, et j’embarque, dit-il d’une voix tremblante.

    Pour toute réponse, l’homme cagoulé qui lui a parlé tourne la tête vers l’intérieur de la voiture chargée d’emmener les captifs. De l’autre côté de celle-ci, la portière est ouverte, l’enfant jetée négligemment sur la banquette arrière. Étendue, elle ne remue pas le moindrement. En d’autres circonstances, Sébastien aurait pu croire qu’elle est simplement endormie. Or, il devine qu’elle vient de respirer un quelconque somnifère.

    Aucun mot supplémentaire n’est nécessaire ; le ministre sait trop bien qu’il n’a pas d’autre option. Résigné, l’esprit embrouillé par la peur, il penche la tête afin de prendre place. Un des individus embarque à son tour, se collant désagréablement à lui.

    — Votre cellulaire, énonce-t-il froidement.

    Sébastien déglutit, puis obtempère.

    — Videz vos poches.

    — Je n’ai rien d’autre, j’ai…

    — Vos poches.

    Jetant un coup d’œil à sa gauche vers Charlie, dont la respiration est anormalement lente, Sébastien vide les poches de ses pantalons. L’homme assis à son côté confisque ses clés et son portefeuille. Alors qu’il s’apprête à rassurer sa fille d’un murmure, Sébastien sent une main se poser sur sa nuque, puis un bandeau noir couvrir ses yeux. Le rugissement d’un moteur indique qu’on démarre le véhicule. Aveuglé par le tissu opaque, le ministre n’a aucune idée où on compte les emmener, lui et sa fille. Sa main tremblotante tâte le cuir froid de la banquette puis repère les mèches de Charlie.

    Il lui caresse doucement la tête, sentant des larmes imbiber son bandeau.

    Quelque chose en lui sait trop bien que sa vie, dès ce moment, ne sera plus jamais la même.

    Chapitre 2

    Le trajet est affreusement long – ou peut-être que Sébastien n’a plus une notion du temps adéquate. Son état de perpétuelle agitation de même que son aveuglement ne l’aident pas à compter les minutes avec précision. Tout ce qu’il sait est que plusieurs heures ont passé ; sa gorge sèche demande à boire, et sa vessie à se soulager. Il n’est pas assez crédule pour demander une pause, ceci dit. Il attendra.

    Sébastien a longuement pensé à Isabelle, sa femme. Elle doit depuis longtemps déjà attendre son retour. L’angoisse grandissante qui la dévorera sous peu la fera probablement alerter la police.

    Mieux vaut ne pas y penser.

    Ce qui l’inquiète le plus est Charlie, encore inconsciente. Le père aurait pensé qu’après un certain temps, elle se serait réveillée, mais il n’en est rien. Pas un mouvement, pas un tressaillement. Il en est venu à croire qu’elle se mourait peut-être, allant jusqu’à prendre ses signes vitaux. Son rapide examen à l’aveuglette lui a confirmé que le petit cœur battait toujours, faiblement.

    Ce voyage a néanmoins permis au ministre de réfléchir.

    Qui ces hommes peuvent-ils être ? Plus important encore, au compte de quel individu travaillent-ils ? En tant que ministre des Affaires étrangères, il est sans contredit une cible de choix pour un groupe terroriste quelconque ; Sébastien ne serait pas surpris qu’on exige une rançon au gouvernement ou qu’on le force à lire un manifeste devant caméra. Cependant, il sait que l’État ne négocie pas avec les terroristes. Ce qu’il espère, c’est que les forces de l’ordre ne tarderont pas à le trouver, et que sa fille sera rapidement en sécurité.

    Les heures se succèdent impitoyablement. Balloté au rythme des virages secs de la voiture, Sébastien essaie tant bien que mal de se contenir. Il a essayé à quelques reprises de soulever légèrement le bandeau en feignant d’éternuer. Or, les hommes qui l’ont capturé ne sont point bêtes, et n’ont que resserré davantage le nœud, écrasant ses yeux dans leurs orbites.

    Par ailleurs, les kidnappeurs n’ont pas échangé un seul mot entre eux, maintenant un mutisme exemplaire. Cette fois encore, Sébastien sait qu’il n’apprendra rien en leur posant des questions ; ces hommes, qui qu’ils soient, sont des professionnels.

    — Est-ce qu’on peut s’arrêter ? articule-t-il, la gorge affreusement sèche.

    Aucune réponse.

    Pourtant, contre toute attente, le véhicule ralentit jusqu’à s’immobiliser complètement. Lorsque le moteur s’éteint, le ministre comprend qu’il ne s’agit pas d’un simple arrêt à un feu de circulation.

    Ils sont arrivés à destination.

    Le claquement des portières résonne. Sébastien est sèchement tiré hors du véhicule. Ses jambes engourdies peinent d’abord à soutenir son poids.

    — Papa ? s’inquiète la petite voix de Charlie.

    Le cœur du père se serre douloureusement. Après toutes ces heures, c’est à ce moment terrible qu’elle s’éveille.

    — Tout va bien, Charlie, dit Sébastien d’une voix qui se brise. Papa est là.

    — Où on est ? Qui sont ces gens ?

    Sébastien, qui ignore s’il existe une réponse rassurante et crédible à ces questions, garde le silence. En revanche, un indice s’offre de lui-même : une odeur d’algues et de mazout. Sont-ils près de la mer ? Près d’un port ? Les lointains cris de goélands tendent à confirmer cette hypothèse.

    Saisi par les deux bras, Sébastien se contente de suivre docilement ses ravisseurs. Il manque perdre pied en descendant des marches, dont le métal résonne sous ses semelles. Le bruit caractéristique des boutons d’un système d’alarme qu’on enfonce précède celui d’une porte qui s’ouvre, puis le groupe reprend sa marche. Leurs pas et les pleurnichements de Charlie font écho dans un apparent corridor. Un froid désagréable règne dans ce lieu, arrachant des frissons à Sébastien. Au terme de nombreuses bifurcations, on s’immobilise enfin. On demande au père de retirer son veston et sa chemise, ne laissant son torse vêtu que d’une camisole.

    — Asseyez-vous.

    Qu’on persiste à le vouvoyer dans cette situation est pour le moins ironique. S’assurant qu’un siège se trouve bel et bien sous lui, le ministre obéit. Une corde rêche est solidement attachée à son torse afin de le maintenir cloué à la chaise. Les fibres rudes lui éraflent les bras et lui compriment la poitrine, rendant son souffle plus court encore.

    — Papa…, larmoie la petite Charlie.

    Elle est encore tout près de lui.

    Deux mains, jouant près de la nuque du père, détachent soudain le bandeau. Il faut toutefois plusieurs secondes à Sébastien pour s’habituer à la clarté aveuglante des néons fixés au plafond. Il cligne des yeux tel un ivrogne, puis focalise sur ce qui se trouve devant lui.

    Charlie est attachée comme lui à une chaise. Son visage rougi garde les traces des larmes qui continuent de couler de ses yeux et qui l’implorent silencieusement. Le père tente de rassurer sa fille aussi bien que le peut un regard, mais lui-même n’y croit pas. Haletant, il promène ses yeux dans la pièce : dans un coin, un trépied supporte une caméra, près de laquelle se trouve un des hommes cagoulés ; dans un autre, une longue table présente une foule d’objets divers, parmi lesquels Sébastien reconnaît des armes à feu. Ses ravisseurs s’affairent ici et là sans lui porter la moindre attention — pour l’instant.

    D’être en situation de complète impuissance en présence de sa fille est insoutenable. Il voudrait tant la prendre dans ses bras, la sortir de cet endroit, la bercer…

    Un déclic lui provient depuis la caméra sur son trépied. Les hommes se consultent du regard, s’échangent quelques hochements de tête, puis s’approchent de Sébastien. L’un d’entre eux extirpe d’une gaine à sa ceinture un couteau acéré. Le père se raidit, tente vainement de se déprendre. Inexplicablement, cependant, le couteau est déposé dans sa main, qui se referme lentement sur la poignée. Pourquoi lui tendre cette arme ? D’essayer de couper la corde qui le lie à la chaise ne lui effleure guère l’esprit ; Sébastien reste pantois, attendant il ne sait quelle consigne dérisoire.

    Tous

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1