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Cacher son jeu (63)
Cacher son jeu (63)
Cacher son jeu (63)
Livre électronique321 pages3 heures

Cacher son jeu (63)

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À propos de ce livre électronique

Je ne suis pas comme les autres gars de ma gang. J’ai d’énormes responsabilités qui m’attendent : ma blonde est enceinte et les factures s’accumulent. La pression monte et mes économies fondent à la vitesse de l’éclair.
Voilà pourquoi je tente à tout prix de remporter le gros lot : billets de loterie, machines à sous, soirées poker…
Tout le monde n’arrête pas de me dire que j’ai un problème, mais c’est que personne ne me comprend ! Si je ne joue pas mes numéros, je perds une occasion de gagner ! Et je SAIS que la chance va finir par tourner.
Je me fous de ce que les gens pensent, car c’est moi, le prochain millionnaire !
Alors que des publicités présentent la loterie comme un rêve, la dépendance aux jeux de hasard et d’argent reste un danger tapi dans l’ombre. Bien qu’ils soient réservés aux 18 ans et plus, ces jeux réussissent parfois à atteindre les adolescents, qui se mettent à rêver à coup de millions. Le jeu doit rester un jeu : il n’est pas une solution aux problèmes d’argent.
LangueFrançais
Date de sortie14 sept. 2022
ISBN9782897923952
Cacher son jeu (63)
Auteur

Jessica Di Salvio

Surnommée « le rat de bibliothèque » durant toute son adolescence, Jessica Di Salvio n’a jamais laissé les commentaires négatifs amoindrir son amour de la lecture. Après avoir écrit plus de cinquante (oui, oui !) fanfictions de Harry Potter, elle se lance dans l’écriture de ses propres histoires en 2015. Diplômée en Histoire et civilisation du Collège Lionel-Groulx et détenant un certificat en Création littéraire de l’Université Laval, elle tente avec ses livres d’apporter un changement autour d’elle. Poète amateur, elle autopublie ses recueils sur Amazon. Son premier roman-feuilleton numérique, intitulé Les vagues de Tallahassee, paraît aux éditions Luzerne Rousse à l’automne 2020. C’est en 2017 qu’elle se penche sur un nouveau projet qui la motive énormément : écrire pour la collection « Tabou ». L’ayant découverte à l’âge de quinze ans, Jessica souhaitait plus que tout en être une des autrices. Seul contre elle est son premier roman et elle réalise avec lui un rêve de jeunesse. Elle est également critique littéraire pour son blogue, Le monde imaginaire de Mione.

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    Cacher son jeu (63) - Jessica Di Salvio

    Prologue

    Un bruit sourd me réveille alors que je suis installé inconfortablement sur le sofa du salon. Je grogne et lève la tête vers la porte. Un gaillard qui m’est inconnu se tient devant la fenêtre et tente de regarder à l’intérieur. Je me recroqueville pour qu’il ne me voie pas, mais il recommence à frapper contre la vitre.

    « Mais vas-y, brise-la tant qu’à y être ! » me dis-je avec mauvaise humeur.

    Je me lève à contrecœur, passe une main dans mes cheveux et défroisse de l’autre mon t-shirt sale. Ça fait combien de temps que je l’ai sur le dos ? Deux jours ? Trois ?

    D’un pas appuyé, je me dirige vers la porte d’entrée, que j’ouvre à la volée. L’homme devant moi se tient droit. Il est vêtu d’un veston, sans cravate. Ses tempes grisonnantes m’indiquent qu’il doit avoir à peu près l’âge de mon père.

    — Ouais ? Je peux t’aider ? lui dis-je.

    Il se racle la gorge.

    — Vous êtes bien Christian Lemieux ? me demande-t-il en ouvrant une pochette plastifiée.

    Il en sort une feuille qu’il consulte brièvement.

    Je hoche la tête lentement, encore engourdi par les vapeurs du sommeil. Je me demande ce qu’il me veut. Il finit par me tendre un bout de papier que je regarde à peine.

    — Mon nom est Simon Lavallée. Je suis huissier pour l’agence de recouvrement Anderson. Je suis venu faire l’inventaire des biens à saisir.

    Huissier ? Biens à saisir ? De quoi me parle-t-il ? J’attrape la feuille. C’est bel et bien écrit. Noir sur blanc. Oh. Mon. Dieu. Voyons donc ! Ce n’est pas possible ! Je n’ai reçu qu’un avertissement ! Ou deux ? Je ne sais plus ! Mais ils auraient pu me laisser le temps de payer le petit montant que je leur dois au lieu d’envoyer un huissier ! Franchement !

    — Monsieur, je dois vous avertir que si vous n’autorisez pas mon entrée dans votre domicile pour faire l’évaluation, je serai dans l’obligation d’appeler la police. Sachez également que ce n’est pas personnel. Je ne fais que mon travail.

    Je panique et lui ferme la porte au nez. Je fais les cent pas dans ma cuisine, la feuille entre les mains. L’homme derrière le battant fait un appel. Je suis dans la merde. Je ne vais quand même pas me faire arrêter pour quelques dettes ? C’est juste quelques centaines de dollars. Je me retourne vers la fenêtre. L’huissier est parti. Je sais que son absence sera brève et qu’il reviendra avec d’autres personnes. Que dois-je faire ? Ils ne vont quand même pas prendre mes affaires. C’est tout ce qui me reste.

    Le cœur battant la chamade, je saute sur mon téléphone cellulaire. Je fais défiler mes contacts, ne sachant pas qui appeler pour me sortir de ma merde, encore une fois. Grand-mère ? Non. Grand-père ? Encore moins. Maman ? Eh boy, je ne suis pas suicidaire. Kelly ? Elle va me dire qu’elle m’avait prévenu. Lena ? Elle ne répondra pas. Il ne me reste qu’une seule option : papa. Je clique sur son numéro. Une sonnerie. Puis deux. Allez, papa, décroche ! Trois…

    « Bonjour, vous êtes bien sur le cellulaire de Marc Lemieux. S’il vous plaît, laissez-moi un message avec votre numéro et je vous rappellerai dès que possible, merci. BIIIIP. »

    — Tabarnak, papa, faut que tu viennes ! Y a un huissier à la porte, pis là, y a appelé la police ! J’suis dans la marde ! S’te plaît ! J’te jure que j’te demanderai pas une cenne !

    Je raccroche, jette mon téléphone sur le sofa et m’y laisse tomber, la tête entre les mains. Comment en suis-je arrivé là ? Des affaires de même, ça arrive aux assistés, aux autres, pas à moi ! Je sens une vibration sous ma cuisse et me dépêche de récupérer mon cellulaire pour répondre.

    — Papa !

    — Veux-tu ben me dire dans quelle marde tu t’es mis encore ? T’es chez vous, là ?

    Je lui réponds sèchement, avec une pointe d’ironie :

    — Où veux-tu que je sois ?

    Je l’entends soupirer. Silence. Je lève les yeux vers le plafond et prie les cieux pour qu’il ne raccroche pas. Je n’ai jamais cru en Dieu, mais là, je lui demande de venir m’aider. Tout de suite !

    — C’est bon, je m’en viens. Si les policiers arrivent, dis-leur d’attendre, j’en ai pour quinze minutes.

    Je remercie mon père avec trop d’enthousiasme. En l’impliquant dans mes problèmes, je le mets dans le pétrin, je le sais. Il ne pourra pas dire à ma mère pourquoi il quitte la maison. Si on a de la chance, elle est déjà partie au travail, et il n’aura pas à se justifier. L’avantage d’avoir un père qui travaille de la maison, c’est qu’il est toujours disponible. Ma mère, elle, est infirmière au CHUM1.

    On cogne de nouveau à ma porte. Cette fois, je remarque l’uniforme bleu et noir d’un agent du SPVM2. Je regarde l’heure : sept heures treize. Ils sont malades de venir frapper chez quelqu’un à cette heure-là ! Mes mains se mettent à trembler,  mais je finis par me lever et ouvrir la porte. Avant que le policier devant moi prononce le moindre mot, je lui annonce l’arrivée imminente de mon père. Il consulte brièvement l’huissier du regard, puis son collègue derrière lui, avant de me demander si je suis mineur. Je secoue la tête. Il affirme qu’il est donc en mesure de procéder sans sa présence.

    — J’ai même pas le droit de choisir ? dis-je avec affolement. De mettre des affaires importantes de côté ?

    Les deux hommes ignorent ma requête. L’huissier, qui vient de monter les marches du perron, me montre une feuille avec des lignes et des cases. Il me pose plein de questions : si je travaille de la maison, si j’ai un ordinateur pour mon emploi ou mes études, un coffre-fort et sa combinaison, le cas échéant, des objets de valeur cachés quelque part…

    Non. Non. Non et non ! Je n’ai rien, moi ! Je ne suis qu’un pauvre gars paumé dans un petit quatre et demie d’Hochelaga-Maisonneuve !

    Un des agents me demande de sortir de l’appartement. En voyant que j’hésite, il ajoute que lui et son collègue sont prêts à procéder à une arrestation, ce qui me convainc de ne pas faire le con. Je m’assois sur la première marche en bas de l’escalier, la tête dans les mains, pendant qu’ils font leur travail. Des passants regardent la scène avec curiosité, mais je m’en fiche. Je suis foutu. Complètement foutu.

    Le bruit d’un moteur approche. Je relève la tête et vois mon père descendre de sa voiture neuve. Lui, les problèmes d’argent, il ne connaît pas ça. Lui, il est assez riche pour se la payer, sa maudite bagnole ! Lui, il n’a jamais dû affronter le regard désolé d’un huissier venu cogner à sa porte ! Je ressens beaucoup de colère, mais je sais que je ne dois pas la diriger contre lui. Si je suis dans la merde, c’est ma faute, et je commence à comprendre le sens des mots prononcés par Lena deux semaines plus tôt.

    Mon père adresse un signe de tête aux policiers, qui se tiennent en haut de l’escalier, dans l’embrasure de la porte, puis il s’assoit à côté de moi. Je replonge ma tête dans mes mains. Il dépose la sienne sur mon épaule et serre doucement. C’est le geste de trop. J’éclate en sanglots. Mon père n’est pas très affectif, donc je ne m’attends pas à ce qu’il me console. De toute façon, je ne veux pas de sa pitié. Il m’avait prévenu. Comme maman. Comme Kelly. J’ai continué, comme un cave. C’est ça que je suis ? Un imbécile ? Dans ce cas, Lena a eu raison d’agir comme elle l’a fait.

    Je renifle et essuie mon nez sur le bas de mon chandail avant de tourner la tête vers mon père, qui a pris un air dégoûté.

    — Qu’est-ce qui va arriver, papa ? Qu’est-ce que j’vais faire ?

    — Là, l’huissier est en train d’évaluer tes biens. Il n’est pas censé les prendre tout de suite. La seule manière de contrer la saisie, c’est la faillite. T’as pas le choix, mon gars.

    Faillite ? Le mot rebondit violemment dans mon esprit. J’écarquille les yeux de stupeur. Mon père soupire en secouant la tête, et je me défends :

    — Franchement, j’ai juste dix-neuf ans ! Comment veux-tu que j’fasse faillite ? Ma vie est finie après ça !

    — Parce qu’elle l’est pas déjà ? Allume, Christian ! T’as trois mois de loyer en retard, ils viennent saisir ton stock. Le mois prochain, t’es à la rue ! Là, va falloir que tu te bouges et que tu reprennes ta vie en main, parce que c’est pas vrai que ta mère et moi, on va s’endetter pour te sortir encore de la marde. Je l’ai fait à l’arrivée de Raphaël, pas question que je recommence.

    Je me remets à sangloter, comme le faible que je suis. Mon paternel a raison ; c’est allé trop loin. J’ai perdu ma job, ma blonde, une partie de ma famille et mes amis. Pis là, je perds mon appartement… Découragé, je bascule la tête vers l’arrière et vois l’huissier sortir de chez moi. Je me lève précipitamment, et il me tend une liste de toutes les affaires qui seront saisies.

    — Sur ce procès-verbal, vous avez toutes les informations concernant le lieu et la date de saisie pour la vente, normalement prévue après trente jours. Bien entendu, si vous payez votre dette avant, vous serez en mesure de garder vos effets personnels. Je vous souhaite bonne chance, monsieur Lemieux.

    Il me tend la main, mais je ne la prends pas. Il ne pense quand même pas que je vais le remercier ? Les policiers me saluent et le suivent. Mon père m’arrache le document des mains et le lit, les sourcils froncés.

    — Tu vas devoir trouver une solution, Christian, et rapidement, déclare-t-il dans un soupir. J’appellerai un syndic de faillite en rentrant à la maison. En attendant, va prendre une douche. Tu pues comme c’est pas possible.

    Je hoche la tête pour la millième fois depuis mon réveil. Mon père se détourne sans rien ajouter, rejoint son auto et monte à l’intérieur. Avant de démarrer, il me jette un dernier coup d’œil. La déception dans son regard me fait l’effet d’un coup de poignard.

    Chapitre 1

    — Je suis enceinte, Christian, m’annonce-t-elle, les joues baignées de larmes, un test de grossesse à la main.

    Je me laisse tomber sur mon lit, mais manque le bord et me retrouve les fesses sur le sol. Est-ce que c’est ça, un état de choc ? J’ai toujours cru que le jour où ma petite amie, voire ma femme, m’annoncerait cet heureux événement, je crierais de joie, sauterais dans les airs et le clamerais à la terre entière. Mais ce n’est pas du tout ce que je suis en train de vivre. Je me suis effondré sur le cul, comme un minable, tentant de remettre dans l’ordre les mots qu’elle venait de prononcer. Comment… mais… quoi ?

    Je lève finalement les yeux et constate qu’Elena s’est assise sur ma chaise de bureau. Je remercie la vie, car j’ai le sous-sol à moi tout seul, alors mes parents n’ont probablement pas entendu la nouvelle qui vient de chambouler ma vie, sa vie, notre vie ! Toujours sonné, je lui demande :

    — Tu… on… tu… vas le garder ?

    Son regard plonge dans le mien et elle se met à pleurer. Je rassemble mon courage, me lève et vais la prendre dans mes bras. Ses larmes mouillent mon t-shirt, mais je n’en ai rien à faire. Ayoye ! Je ne peux pas croire que je vis ça maintenant.

    — Je… peux… pas… avorter… Je serais… pas capable, me dit-elle entre ses sanglots.

    Je comprends. Moi non plus, je n’en serais pas capable si j’étais une fille. Il paraît que c’est douloureux autant pour le moral que pour le physique. Juste à y penser, j’ai des frissons. Cet enfant, dans son ventre, il est là, c’est un fait. Accident ou non, on ne peut pas revenir en arrière. Mais quand il sera sorti, qu’est-ce qu’on va faire avec ? Qu’est-ce que ça mange, un bébé ? Je ne connais rien là-dedans !

    J’aimerais lui demander comment c’est arrivé, parce qu’elle prend la pilule depuis plus d’un an, mais je m’abstiens. Ce n’est pas le moment. Je repousse mes inquiétudes et prends la tête de ma blonde entre mes mains pour déposer un baiser sur son front.

    — Ça va aller, Lena. Ça va aller. J’me prendrai une deuxième job en plus de celle au Tim, de nuit au pire, et on va y arriver. J’vais nous trouver un appartement, on sera bien et… cet enfant, il manquera jamais de rien. J’t’en fais la promesse !

    — Christian ! Tu chiales tout le temps que t’as pas une cenne ! Comment on va faire pour les couches, les vêtements, le mobilier ?

    Je ferme les yeux et penche la tête en arrière. Un enfant nécessite beaucoup de choses, mais je me dis que d’autres parents l’ont fait avant nous. S’ils s’en sont sortis, on peut y arriver, nous aussi. Je sais que Lena a raison en ce qui concerne l’argent, mais je ne dois pas me laisser abattre.

    Lena et moi sommes en couple depuis le milieu de la troisième année du secondaire, soit depuis deux ans. On s’est rencontrés en cours d’histoire, alors qu’on avait madame Bédard comme enseignante. Elle était horrible et détestait les adolescents, aucun doute là-dessus. Quand Janie, une des élèves les plus douées de notre promotion, a levé la main pour demander quand avait commencé la guerre de Sécession, notre professeure a soupiré et a refusé de répéter les informations qu’elle venait de nous donner, lui conseillant plutôt de faire ses lectures obligatoires avant de venir en classe. Janie était morte de honte. Des larmes perlaient au coin de ses yeux. C’est alors que Lena s’est levée. Elle est allée lui porter un mouchoir et a dit bien fort pour qu’on l’entende tous :

    — T’en fais pas, elle est bête, car elle doit pas avoir baisé depuis le début de la guerre… en 1861.

    Des « oh ! » ont fusé dans la classe, et madame Bédard s’est retournée, les sourcils relevés. Elle n’a eu le temps de rien dire ; Lena a récupéré son sac avant de sortir. Instinctivement, je l’ai suivie. Dans le couloir, je l’ai rattrapée et félicitée pour son audace.

    — Méchante bitch, sérieux ! s’est-elle exclamée. Il était temps que quelqu’un lui ferme la trappe !

    Nous nous sommes promenés dans les couloirs pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’un surveillant nous aperçoive. Redoutant une retenue, nous avons fui en courant et nous nous sommes retrouvés dans le parc situé à quelques rues de la polyvalente. Il faisait froid, alors nous nous sommes réfugiés au Tim Hortons, où je lui ai offert un café à la vanille française avec mes petites économies. Nous avons discuté pendant des heures. Depuis ce jour, nous sommes inséparables.

    Et nous voilà futurs parents. J’ai de la difficulté à me faire à l’idée. J’ai toujours voulu des enfants, mais pas maintenant. Ce n’était pas dans les plans… Dans cinq mois, nous aurons notre diplôme, et Elena parle sans cesse du bal des finissants. Merde ! Le bal ! Avec la grossesse, il est évident qu’elle ne rentrera plus dans sa robe. Et l’école ? Va-t-elle y rester ? Tant de questions et si peu de réponses.

    Mon cellulaire vibre sur la table de chevet, me sortant de mes réflexions. Lena me fait signe de décrocher.

    — Allô ?

    — Christian, je viens de recevoir un appel de la compagnie de cellulaire. Apparemment, tu n’as pas payé les deux derniers mois. Je te rappelle que j’ai signé pour toi, car tu es mineur, et on me force à payer la facture ! s’écrie ma mère à l’autre bout du fil.

    Shit.

    — Y a forcément une erreur, stresse pas avec ça, maman. Je vais vérifier dans mon compte en banque.

    — T’as intérêt, jeune homme ! Tu t’es engagé à régler les factures. Ton père et moi, on ne paiera pas pour ton luxe.

    Et elle raccroche. Je ferme les yeux en soupirant. Je m’étais promis de gagner un peu plus pour respecter mon engagement, mais la chance n’est pas de mon côté ces temps-ci.

    — Je sais pas ce que tu fais avec ton argent, mais tu vas devoir changer tes priorités. On va avoir un enfant, Christian.

    Ma blonde est assise sur mon lit. Son regard plein de larmes est suppliant. Je prends place à ses côtés et entoure ses épaules de mon bras. Je ne sais pas quoi lui répondre. Si seulement je pouvais gagner un peu plus que deux piastres chaque fois que je mise, plusieurs de mes problèmes seraient réglés.

    Saut espace temps.

    Je suis couché sur mon lit et réfléchis en lançant une balle vers le plafond. Ma blonde est partie depuis une heure, me faisant promettre d’en parler à mes parents, ce que je compte faire, mais pas maintenant, pas aujourd’hui.

    Un enfant. Comment vais-je faire vivre un petit être humain quand je suis incapable de payer une simple facture de téléphone ? J’ai passé une bonne heure à regarder sur Internet les choses essentielles à la venue d’un bébé. On en a pour des centaines de dollars ! Je capote !

    Je grogne, maudissant ma mauvaise fortune. Un gros montant pourrait régler plusieurs de mes malheurs, mais ce sont toujours les vieux à l’article de la mort qui gagnent des millions au 6/49. De toute façon, à dix-sept ans et demi, je ne pourrais même pas empocher l’argent que je gagnerais. Vivement juillet, que je puisse sortir et valider mes propres billets. Ce sera beaucoup plus simple que de toujours demander l’aide de Millie, la sœur de mon meilleur ami Loïc. Elle ne pose jamais de questions quand je lui demande d’acheter des billets à gratter pour moi, et c’est très bien ainsi.

    Ma mère entre dans ma chambre, me faisant sursauter. Plongé dans mes pensées, je ne l’ai pas entendue frapper. Comme je ne suis vêtu que d’un caleçon, je relève la couverture sur moi et lui lance un regard noir. En la voyant poser ses

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