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Pour la vie (67)
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Livre électronique281 pages2 heures

Pour la vie (67)

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À propos de ce livre électronique

Ma meilleure amie et moi, on se connaît depuis toujours. On se partage tous nos secrets, toutes nos histoires. On est tout le temps l’une avec l’autre. C’est simple, on est Fanny et Abi pour la vie !
Enfin, c’est ce que je croyais… jusqu’à ce qu’on arrive au cégep. Entre nos programmes complètement opposés et les nouveaux amis que Fanny s’est faits, j’ai l’impression qu’une distance commence à s’installer. Qu’on est rendues trop différentes pour être aussi proches qu’avant.
Ça ne semble pas déranger Fanny, alors que moi, j’ai le sentiment qu’une partie de mon être m’est arrachée…

Les peines d’amitié peuvent parfois faire aussi mal, sinon plus, que les peines d’amour. Mais il peut être difficile d’en parler, parce qu’on les prend généralement moins au sérieux. Pourtant, elles sont bien réelles. Lorsqu’une relation amicale se termine, il est normal de vivre un deuil.
LangueFrançais
Date de sortie13 sept. 2023
ISBN9782897925277
Pour la vie (67)
Auteur

Marilou Addison

Marilou Addison Originaire de la région de Montréal, Marilou Addison a grandi entre une mère écrivaine et un père enseignant de français. Aimer les livres n’était donc pas une option… Après avoir travaillé quelques années à la bibliothèque de son quartier, elle a combiné le métier de libraire avec ses études en littérature à l’Université de Montréal. Diplômée en 2002, elle est ensuite devenue attachée de presse chez un diffuseur de livres, pour ensuite tomber enceinte de son premier enfant. De 2001 à 2006, elle a été la coordonnatrice du Prix Cécile Gagnon, prix décerné à la relève en littérature jeunesse depuis maintenant plus de dix ans. Elle s’occupe aujourd’hui de ses trois enfants (tous des garçons !), tout en gardant un pied dans le domaine du livre grâce à ses romans déjà publiés, ainsi qu’à tous ceux qui germent présentement dans sa tête. Depuis la dernière année, la jeune écrivaine a élargi son créneau, puisqu’elle écrit désormais aussi pour les adolescents. Ce nouveau public lui plaisant particulièrement, elle a désormais des tonnes de projets qui ne demandent qu’à naître sous sa plume…

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    Aperçu du livre

    Pour la vie (67) - Marilou Addison

    Prologue

    8 ans

    Fanny déboule dans sa chambre, un large sourire dessiné sur son visage. Je me décale pour lui laisser un peu de place sur le lit. Elle est colleuse, Fanny. Elle essaie tout le temps de m’embarquer dessus. Peut-être parce qu’elle a l’habitude de se chamailler avec son frère. Alors que moi, je suis fille unique. Me faire toucher, bousculer et secouer, ça me paraît toujours un peu bizarre.

    Mais j’essaie fort de ne pas le montrer.

    Parce que Fanny, je l’adore. C’est ma meilleure, meilleure amie de l’Univers. Et aujourd’hui, on va se marier !

    Je ne sais plus trop qui en a eu l’idée. Mais peu importe. Quand on s’en est parlé, ç’a sonné comme une évidence. Oui… on allait le faire. Et c’est ce matin que doit avoir lieu la cérémonie. Avant, il a fallu se trouver chacune une jolie robe. La mienne, c’est la même que celle que je portais à Noël dernier. Elle a de longues manches en dentelle et un collet qui grimpe sur mon cou. Fanny, elle, a choisi un costume de princesse.

    De sa poche, elle sort alors deux anneaux brillants. On se penche toutes les deux vers les bagues afin de les inspecter. Hum… ça me paraît bien. Un peu fragile, par contre. Les yeux plissés, je tends les doigts pour en saisir une, puis je demande :

    — C’est du plastique ?

    — J’imagine. Je les ai eues chez le dentiste, la dernière fois que j’y suis allée. Elles traînaient dans le sous-sol, avec le reste de mes déguisements.

    Je fais miroiter le faux diamant dans les airs, avant de hocher la tête. Ça me va. Je m’apprête ensuite à essayer la bague, quand Fanny m’interrompt.

    — Hé ! Non, c’est moi qui dois te la mettre. Viens… on va commencer !

    Je lui rends son sourire, puis je descends du lit pour m’installer au centre de la pièce. Face à moi, mon amie tente de garder un air sérieux. Les coins de sa bouche se soulèvent. Je sens qu’elle est sur le point d’éclater de rire. On prend de grandes inspirations.

    Le moment est sérieux.

    Après une longue seconde, je murmure :

    — C’est toi ou moi qui commence ?…

    Elle me fait taire en fronçant les sourcils. J’obéis, la trouvant rigolote, avec son air grave qui ne lui ressemble pas du tout. Elle prend le temps de déglutir. Enfin, elle ouvre la bouche et s’écrie :

    — Moi, Fanny Pelletier, je te marie, toi, Abigaël Belzile, et je jure d’être ton amie pour la vie !

    Elle termine sa phrase en attrapant ma main, pour enfiler la bague à mon annulaire. D’un geste du menton, elle me fait signe que c’est à mon tour. Mon cœur bat vite. Ma voix tremble un peu, quand je répète les mêmes mots que mon amie.

    — Moi, Abigaël Belzile, je te marie, toi, Fanny Pelletier, et je jure d’être ton amie pour la vie !

    Je prends une grande inspiration afin de me calmer un peu. Déjà, Fanny tend le bras vers moi, excitée par la perspective que je lui enfile la bague. Je m’exécute, et avec un grand sourire, mon amie lève deux doigts dans les airs, qu’elle pose ensuite sur son cœur. Je fais de même, car c’est notre symbole depuis toujours. Le signe de notre amitié. Une seconde plus tard, elle m’agrippe par les épaules et me tire vers elle. Elle me fait une énorme étreinte, à m’en broyer les os.

    Elle me décolle tout aussi vite et demande, le regard sérieux :

    — On devrait s’embrasser, tu crois ?

    — Euh… je sais pas trop.

    Elle hésite, puis finit par s’incliner dans ma direction. Je reste figée un instant. C’est à ce moment-là que la porte s’ouvre sur notre droite, dévoilant le visage de Robin, le frère aîné de mon amie.

    On tourne la tête dans sa direction, comme prises en faute. Lui, il plisse les yeux et nous fixe tour à tour.

    — Vous faisiez quoi ?… demande-t-il, suspicieux.

    — Rien ! Va-t’en, lui hurle presque mon amie en se précipitant vers la porte, pour la lui refermer au nez.

    — Hé ! Je vais le dire à maman ! rétorque Robin, du couloir, insulté.

    — Elle est même pas là. Et laisse-nous tranquilles ! lui crie Fanny en s’appuyant contre la porte, que son frère essaie d’ouvrir de nouveau.

    — Vous alliez vous embrasser ! Je vous ai vues !

    — Même pas vrai ! lui ment sa sœur en écarquillant les yeux et en me jetant un coup d’œil.

    Les coups dans la porte s’arrêtent soudainement, tandis que Robin s’éloigne en maugréant. J’ai posé la main sur ma bouche, légèrement honteuse. Mais Fanny se précipite vers moi en rigolant et me pousse sur le lit. Je rebondis sur le matelas, oubliant vite ma gêne, et j’éclate de rire à mon tour.

    Après quelques chatouilles et une quantité astronomique de hurlements de plaisir, je reprends mon souffle, toujours étendue sur le lit. Fanny est la première à lever le bras dans les airs pour fixer sa bague. Je fais pareil.

    Nos mains se joignent. On tourne la tête l’une vers l’autre en souriant.

    Ma meilleure amie me murmure :

    — Fanny et Abi pour la vie.

    Je répète, un sourire dans la voix :

    — Abi et Fanny pour la vie…

    1

    17 ans

    J’hésite.

    Assise sur un tabouret, dans la salle de bain de Fanny, je fais la moue. Elle va vraiment me coller ce truc sur les cils ? Me comprenant sans même que j’aie besoin de dire un seul mot, mon amie me rassure :

    — Tu vas être super belle, je te le dis !

    — C’est pas ça qui me fait peur…

    — C’est quoi, alors ? demande-t-elle en approchant les mains de mon visage.

    Je les repousse.

    — Et si je fais une réaction allergique ?

    — Ben voyons, s’entête Fanny. Y a des tonnes de filles qui en portent pis elles sont pas mortes. Laisse-moi donc faire !

    Je pousse un long soupir, avant de baisser les bras. Elle peut bien me les coller, ces foutus faux cils, si elle y tient. Je cligne tout de même des yeux quand ses doigts s’approchent un peu trop de ma pupille. Ça fait rager Fanny, qui ne parvient à rien.

    La voix de son frère Robin, passant dans le couloir au même moment, nous parvient :

    — Coudonc, Fan ! On dirait que tu la tortures.

    — Je l’ai même pas encore touchée ! réplique mon amie en reculant, l’arme du crime toujours dans la main.

    Robin passe la tête dans la salle de bain pour m’examiner. Un sourcil relevé, il semble bien découragé par mon apparence. Il faut dire que je suis loin de mon allure habituelle, car Fanny a su me convaincre de me chickser dans les règles de l’art. Ma jupe est si courte qu’on peut apercevoir ma culotte dès que je lève les bras. Et là, je ne parle même pas de ce que je dévoile si j’ai le malheur de me pencher…

    Pour que Robin n’en voie pas plus que nécessaire, justement, je croise les cuisses et raidis mon dos. Je doute qu’il me regarde de « cette façon », mais je préfère ne pas courir le risque. Pour lui, je ne dois être que la meilleure amie fatigante de sa petite sœur. Pire, il me voit sûrement un peu comme sa deuxième sœur. La mère de Fanny et Robin est infirmière et monoparentale. Alors disons qu’elle est souvent occupée… Quand ils étaient jeunes, je ne compte plus le nombre de fois où ils se sont retrouvés chez moi, car la jeune fille censée les surveiller ne s’était pas pointée. On fait pratiquement partie de la même famille…

    Avec un sourire maladroit, je tente de le rassurer :

    — Ça va, je m’excuse si j’ai parlé trop fort. C’est juste que… les faux cils, je pense que c’est un peu too much pour moi.

    Fanny soupire de manière théâtrale, puis elle essaie de se débarrasser des poils qui collent à ses doigts en secouant intensément les mains. J’éclate de rire, tandis que Robin, lui, s’éloigne en soupirant. Visiblement, il nous trouve jeunes et immatures.

    Je m’en fiche bien. Tout ce que je souhaite, c’est que le doorman du bar, lui, ne pense pas la même chose. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on a autant forcé sur le maquillage. Sur Fanny, ça fonctionne à la perfection. Je lui donnerais un bon deux ou trois ans de plus avec ses yeux charbonneux et ses lèvres recouvertes de gloss. Mais en ce qui me concerne – je pivote sur le tabouret et m’examine dans le miroir –, ça ne va pas du tout !

    J’ai juste l’air d’une petite fille qui essaie de ressembler à une adulte. Mes cheveux remontés sur ma tête me vont plutôt bien. C’est le maquillage qui cloche. Le rouge sur mes lèvres est trop pétant et le noir, sur mes paupières, est beaucoup trop foncé. C’est sans parler du fond de teint… Pourquoi Fanny m’en a-t-elle mis autant ? Je n’ai même pas de boutons ! Supposément que ça devait atténuer mes cernes et illuminer mon regard. La seule chose que ça fait, c’est de donner un aspect gras à ma peau.

    Déroutée devant mon image, je plisse le nez. Aussitôt, j’aperçois les crevasses de maquillage qui se forment.

    — Argh ! J’ai l’air d’avoir utilisé de la peinture sur ma face !

    — Ben non ! T’es super belle, tente de me rassurer Fanny. Anyway, au bar, dans le noir, personne va s’en rendre compte, que t’as trop de make-up.

    — Si tu le dis… mais oublie les faux cils !

    Mon amie baisse les yeux vers le plancher, où reposent de toute façon les coupables. Ils n’ont plus trop fière mine. Pas question de me foutre ça en plein visage ! Je les pousse du bout du pied.

    — Ish… on dirait un mille-pattes écrapouti.

    — T’exagères encore ! me lance Fanny. Au moins, laisse-moi t’appliquer un peu de mascara.

    Bonne joueuse, je lui permets de terminer mon maquillage, avant de me pencher vers le miroir pour jeter un dernier coup d’œil à mon look. Avec la touche finale, c’est… passable.

    J’ai toujours été beige avec mes cheveux châtains, mes yeux bruns, mon teint pâle et ma silhouette bâtie tout en longueur et en minceur. Je n’ai jamais attiré les regards. Il faut dire que je n’ai pas les formes pour cela. À croire que ma puberté a oublié de me donner quelques morceaux… Et ce n’est pas le maquillage de Fanny qui va y changer quelque chose ! Mais puisque je ne vois pas comment faire mieux qu’elle, je me relève et la suis hors de la pièce. On traverse le couloir pour s’arrêter dans le salon, où se trouvent nos sacs à main et nos souliers à talons. Je tente maladroitement de chausser les miens sans perdre l’équilibre.

    Peine perdue…

    Fanny me rattrape avant que je chute. De la cuisine, j’entends Robin grogner. Puis, il vient vers nous, les bras croisés.

    — C’est pas une bonne idée, Fan…

    — Mais mêle-toi donc de tes affaires ! se fâche Fanny. On a bien le droit de sortir si on veut !

    — Vous avez pas encore dix-huit, alors non… vous avez pas le droit, s’entête son frère.

    — Viens pas me faire croire que toi, t’es jamais allé dans un bar avant ta majorité !

    Mon amie secoue la tête et se corrige aussitôt :

    — Ah non, c’est vrai… Toi, t’es trop parfait pour pas respecter les règles ! Ou plutôt, toi, t’es plate à mort ! Retourne à tes devoirs pis fous-nous la paix !

    En se retenant visiblement de répliquer, Robin lève les yeux au ciel. Puis, en ignorant sa sœur, il s’approche de moi. Je sens qu’il voudrait me dire quelque chose, mais il se retient. Son regard me parcourt de bas en haut. Subitement, il tend une main vers moi. Je me fige, surprise.

    Jamais il ne m’a touchée auparavant…

    Mais c’est à peine si sa main m’effleure. Il replace simplement la bretelle de ma camisole, qui était descendue sur mon épaule. Ses yeux s’arrêtent sur les miens un instant. Une fraction de seconde seulement. Déjà, il se tourne vers sa sœur et lui frotte le haut des cheveux. Immédiatement, Fanny se met à hurler en le repoussant.

    — Eeeeeeille ! Tu vas me dépeigner !

    — Tu l’as bien mérité, réplique Robin.

    La bagarre s’enclenche entre eux. Je fais un pas vers l’arrière pour ne pas recevoir un coup de coude de la part de l’un ou de l’autre. Mais Robin abandonne vite la partie. Les mains dans les airs, il signifie sa défaite.

    — OK, OK, allez-y pis laissez-moi travailler en paix.

    — Qu’est-ce que t’as de si important à étudier, aussi ? demande mon amie. Le cégep est même pas encore commencé !

    — Cours d’été, Fan, t’as jamais entendu parler de ça ?

    — Hum… c’est ce que je disais : t’es plate à mort ! rétorque cette dernière. Bon, allez, Abi, on y va ! C’est l’heure de faire des folies !

    Elle pousse la porte, abandonnant son frère et ses devoirs derrière nous. Je l’accompagne joyeusement, alors qu’on met les pieds dehors.

    La soirée est étouffante et je suis contente de n’avoir mis qu’une camisole et une jupe. Je n’ai pas envie de suer ma vie quand on sera au bar. J’imagine qu’il doit faire chaud, là-dedans. Tandis qu’on se dirige vers l’arrêt, je me demande si on va danser, Fanny et moi. Ou si on va simplement rester sur place, à commander de la bière et à rire. À regarder les gars, aussi. Un peu en tout cas…

    Mes réflexions sont interrompues par l’arrivée du bus. On y monte et je fais part de mes questionnements à mon amie. On en parle durant tout le trajet. Mais Fanny est inflexible : elle veut avoir frenché quelqu’un avant la fin de la soirée.

    — Mais s’ils sont tous laids, les gars… tu vas faire quoi ?

    — Ben je m’essayerai sur les filles.

    Je fais la moue. À ma connaissance, Fanny n’a jamais été intéressée par les femmes. Elle éclate de rire, me prouvant ainsi que c’était une blague.

    — Tu pognes trop facilement, Abi, me dit-elle en me faisant un clin d’œil. T’es tellement naïve, c’est fou.

    — C’est pas vrai…

    Sauf que oui, ça l’est. Mais je n’ai pas le temps de me vexer, parce que je jette un œil par la fenêtre. Je pointe du doigt la rue où on vient de tourner.

    — On y est, non ? Faut descendre ?

    — Sur mon cell, ça dit qu’on y est presque… Au pire, on marchera, ajoute mon amie en me tirant par la main pour que je la suive hors du bus.

    Une fois sur le trottoir, on décide de suivre la foule qui déambule dans la rue. L’ambiance est festive. Des gens sortent des différents bars qu’on

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