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William
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Livre électronique152 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.

Tous les gais ont une histoire intéressante à raconter au sujet de leur coming out, quand la vie les a poussés à devoir assumer leur homosexualité. Si vous demandiez à mes parents, ils vous raconteraient la fois où ils ont trouvé de la porno gaie sur mon ordinateur. L’heure horrible qu’on a passée à la table de la cuisine.
Ma mère et son sourire figé. Mon père avec son bel habit d’agent immobilier, cramponné à la table, qui répétait sans cesse «OK, une minute... Attends une minute...» comme si le passage du temps était tout le problème.

Psst! L’auteur de ce roman s’appelle Michael! Il vit à Vancouver, avec son amoureux et leur chien. Son moment favori dans une journée est le matin, alors qu’il boit son café. Il déteste discuter avec des gens peu curieux. Tout comme le personnage principal de ce roman, il vit parfois des épisodes de paralysie du sommeil.
LangueFrançais
Date de sortie21 sept. 2016
ISBN9782897581893
William
Auteur

Michael Harris

MICHAEL HARRIS is a contributing editor at Western Living and Vancouver magazine. His award-winning writing appears regularly in magazines such as The Walrus and Frieze and has been featured in several books. He lives in Vancouver.

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    Aperçu du livre

    William - Michael Harris

    1

    Chapitre 1

    — Tu vas brûler ta guimauve.

    — On voit que t’y connais rien, c’est meilleur quand c’est brûlé.

    Julie a retiré sa branche du feu en la secouant. Ça a fait un nuage de fumée et des étincelles. La fille à côté de nous s’est écriée «Hé, attention!» en essuyant la cendre qui s’était déposée sur son épaule rougie par le soleil. Elle s’est levée de sa bûche et Julie a grimacé, contente d’être débarrassée d’elle.

    — Pauvre p’tite princesse.

    La fille déambulait dans la noirceur à la recherche de compagnons un peu plus civilisés que nous. Julie a commencé à arracher les croûtes noircies sur sa guimauve. En dessous, c’était blanc et gluant. Elle a déposé les bouts calcinés sur sa langue en s’allongeant, les yeux à moitié fermés. Je lui ai souri dans l’obscurité en lui donnant une petite poussée avec mon épaule.

    On devait être à peu près une cinquantaine de jeunes en tout, rassemblés au lac Cultus pour célébrer la fin de l’été. Un gars saoul qui s’appelait Nicolas était tombé dans le feu un peu plus tôt et ses amis avaient dû le mettre à l’arrière d’un pick-up pour le ramener. Il avait hurlé comme un damné en essayant de décoller son t-shirt à moitié brûlé de sa poitrine ensanglantée.

    On était tous pas mal éméchés. Il y en a qui se promenaient avec leur bouteille alors que d’autres préféraient rester en petits groupes pour partager des anecdotes que tout le monde aurait oubliées le lendemain. De l’autre côté du feu, il y avait un gars qu’on n’arrivait pas à voir à travers les flammes qui répétait toujours les mêmes mots:

    — J’sais pas. J’te jure, j’sais pas.

    Julie a lancé un petit caillou par-dessus le feu, aux pieds de l’inconnu mystérieux.

    — De quoi tu parles? Qu’est-ce que tu sais pas?

    Un silence… un tintement de bouteilles… puis encore les mêmes mots.

    — J’sais pas…

    Il s’est levé en titubant et il est parti. On n’a jamais pu savoir qui c’était.

    Il s’est écoulé un peu de temps. Julie était appuyée contre moi et on lançait des cochonneries dans le feu. On écoutait distraitement les jeunes qui se baignaient dans le lac. On les a vus ressortir de l’eau en sous-vêtements trempés. Ils se jetaient des regards amusés entre eux. Le tissu mouillé ne cachait pas grand-chose et moulait les moindres détails de leur anatomie.

    Julie et moi étions absorbés dans une conversation top secrète au sujet du début de notre dernière année du secondaire et de l’avenir incertain qui nous attendait une fois qu’elle serait terminée. On buvait à tour de rôle dans un Thermos de vodka jus d’orange. Au fur et à mesure que le Thermos se vidait, je prenais de plus en plus conscience que mon but principal dans la vie était de quitter Chilliwack. J’ai posé ma main sur le genou de Julie.

    — J’ai pas l’impression que je vais revenir un jour, tu sais.

    — Revenir d’où?

    — De l’université. Je vais aller à Vancouver et quand j’aurai mon diplôme, je vais pas vouloir revenir ici. On dirait bien que tu vas être obligée de venir avec moi, qu’est-ce que t’en dis?

    — À Vancouver?

    — Ah, Julie… ma belle Julie.

    Je l’ai embrassée sur la joue en lui tapotant la cuisse.

    — On fera la belle vie, à Vancouver. La grande ville, t’imagines? On va se trouver du travail et on va habiter dans une espèce de grande maison délabrée avec un gros chien stupide. On aura jamais besoin de revenir ici.

    Quelqu’un est sorti d’un buisson derrière nous et s’est mis à vomir, comme pour appuyer ce que je venais de dire.

    Julie avait l’air triste.

    — Ce serait cool, mais tu sais que je peux pas laisser ma grand-mère toute seule. Pas avec mon père, tu sais comment il est.

    Son regard s’est posé sur la cime des grands cèdres.

    — Il boit tout le temps, c’est de pire en pire. Et si j’étais pas là, personne s’occuperait de vider le sac à merde de ma Lola.

    — Allons, dis pas ça.

    Elle m’a ignoré.

    — Mon père finirait par la placer dans une maison de vieux et elle se laisserait mourir.

    Julie a secoué la tête et son sourire est réapparu graduellement dans son visage.

    — C’est vrai que ce serait cool, Vancouver. Un jour…

    Elle s’est penchée vers moi pour m’embrasser, mais ce n’était pas un petit bisou sur la joue comme on avait l’habitude de se donner, mais un vrai baiser sur la bouche, avec la langue et tout. Son haleine puait l’alcool. Au contact de ses lèvres, je me suis raidi.

    — Oh là! Du calme.

    J’ai plaqué ma main sur son épaule pour la tenir à distance. J’essayais de sourire, mais j’imagine que j’avais l’air tout crispé. Elle a essayé de m’embrasser à nouveau.

    — Ça va, relaxe.

    — Euh… non, ça va pas.

    Je me suis redressé en m’éloignant sur la bûche. J’avais l’air d’essayer de m’excuser.

    — Julie, tu sais bien que je suis… gai.

    Elle a regardé ses pieds en soupirant.

    — J’imagine que je savais, oui.

    Elle a vidé le Thermos d’un trait avant d’essuyer sa bouche avec la manche de son chandail à capuchon.

    — Au moins, je suis contente que tu sois enfin capable de l’admettre.

    On n’entendait plus que le crépitement du feu.

    — Je pensais que ça commençait à être évident.

    — Hum, j’imagine que ça paraissait.

    Elle faisait oui de la tête en jouant dans le feu avec sa branche. La cendre collait sur les résidus de guimauve fondue.

    — En passant, c’est mieux que ce que t’avais fait en secondaire 2. Je veux dire… comment tu m’avais repoussée quand j’avais essayé de t’embrasser.

    — Il y a rien de pire que ce que j’ai fait en secondaire 2.

    — Bah, il y a plein de gars qui laissent leur copine par texto… t’étais pas le premier à me faire le coup.

    — Vraiment?

    — Ce qui m’avait vraiment fait péter les plombs, c’était l’émoticône de face triste que t’avais collée dans le texto.

    Je lui ai arraché le Thermos des mains et je l’ai mis dans le sac à dos à mes pieds.

    — T’es la seule personne qui est au courant… à part mes parents, évidemment.

    — Quoi? Tu l’as dit à tes parents avant de me le dire à moi?

    — Ben en fait, c’est la page d’un site porno que j’avais oublié de fermer sur mon ordinateur qui leur a mis la puce à l’oreille.

    — Hum, OK…

    Julie était fatiguée, ça se voyait dans ses yeux.

    — Bon, je vais me coucher. Fais attention de pas me réveiller, OK?

    Je l’ai vue se faufiler dans notre minuscule tente bleue et se coucher tout habillée sur le petit matelas de camping. Je suis allé lui mettre une couverture et j’ai zippé l’entrée de la tente. Après, je me suis dirigé vers le lac pour marcher un peu. Il était tellement tard que la lumière du jour commençait à éclaircir l’horizon et les oiseaux s’étaient mis à piailler dans les arbres.

    J’étais tout seul au bord de l’eau. J’ai sorti mon téléphone de ma poche, c’est ce que je fais quand je n’ai pas envie de penser. J’ai ouvert l’application de la carte routière et j’ai demandé à mon téléphone de me localiser. Un petit point bleu est apparu sur la carte, juste au-dessus d’un lac perdu au milieu des montagnes. Pas très loin, il y avait comme des petites pattes de mouche. C’était les rues de Chilliwack.

    J’ai rapproché mes doigts sur l’écran pour zoomer en arrière jusqu’à ce que je sois assez haut pour voir les limites de la Colombie-Britannique. J’ai zoomé pour redescendre et j’ai atterri à Vancouver, un ramassis de lignes entremêlées avec des noms de rues que je ne connaissais pas. Ça avait beau être à seulement une heure de route de Chilliwack, pour moi c’était complètement un autre monde.

    J’ai flâné un moment près du lac, en attendant que quelque chose arrive. Mais il ne s’est rien passé et ma tête s’est mise à tourner. Je suis retourné à la tente et je me suis couché en cuillère à côté de Julie. Elle a marmonné trois petits mots, à peine audibles, et je lui ai répondu.

    — Je t’aime aussi.

    Chapitre 2

    C’était jour de rentrée, et Julie avait promis de me rejoindre devant l’école, mais je ne la voyais pas. Ça grouillait de monde sur la pelouse de Spencer High et je me promenais à travers la foule pour ne pas avoir l’air d’être en train d’attendre quelqu’un.

    J’ai fini par la voir apparaître. Elle semblait vouloir me mettre au défi de ne pas lui parler du fait qu’elle avait fait raser ses beaux cheveux noirs.

    — Dis donc, t’es beau comme un cœur!

    — Et toi, tu t’es vue?

    Je l’ai serrée dans mes bras.

    — Bon alors, qu’est-ce qui s’est passé?

    Je n’ai pas pu m’empêcher de rire et j’ai passé ma main dans le peu de cheveux qu’il lui restait. Elle m’a regardé de travers.

    — Mon père a décidé de me couper les cheveux après avoir bu quelques bières. Quand j’ai vu le résultat, je me suis dit que le mieux à faire était de tout raser.

    — En tout cas, ça te va super bien.

    — Tu diras ça à mon père. Il n’aime pas trop mon nouveau «look lesbienne», comme il dit. En fait, il a dû avoir l’impression que je mettais en doute ses talents de coiffeur.

    — C’est le cas, non?

    Julie a haussé les épaules en observant les chiens autour de nous, qui étaient en fait nos camarades de classe. En tout cas, ils aboyaient comme des chiens, ils se bousculaient et ils se chamaillaient pour des morceaux de nourriture. Ce n’était pas beau à voir. Julie Matining avait l’habitude de ne pas trop s’approcher de la meute. Il faut dire qu’elle était philippine, la seule de notre très blanche école. Elle était aussi hyper brillante, même si elle le cachait bien.

    On était sur le point d’entrer quand Julie a aperçu le gars qui était tombé dans le feu au lac Cultus la semaine précédente. Elle a décidé d’aller le voir et de me laisser planté là. Elle s’est retournée en s’éloignant.

    — En passant, je sais que t’es pas sur Facebook, mais ça va peut-être t’intéresser de savoir que la nouvelle de ton homosexualité fait pas mal jaser.

    — Julie…

    — Moi j’ai rien dit. C’est juste… Internet.

    — Attends, mais c’est pas…

    Elle était déjà loin. Elle avait rejoint le petit

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