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Je voulais juste être libre: Roman jeunesse
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Je voulais juste être libre: Roman jeunesse
Livre électronique171 pages1 heure

Je voulais juste être libre: Roman jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Pourquoi Manon, 16 ans, réputée pour être une fille très sage, s’est-elle enfuie de chez elle un soir de juin ? Pourquoi sa mère a-t-elle attendu si longtemps avant de signaler sa disparition ? Pourquoi Salomé, qui était pourtant sa meilleure amie, n’a-t-elle plus aucune nouvelle d’elle ? Et pourquoi Valentin ne veut-il pas révéler jusqu’où il a accepté d’aller par amour pour Manon ?

Si chacun confie ce qu’il sait, peut-être percera-t-on, au final, l’énigme de cette étrange disparition – celle d’une jeune fille qui rêvait juste d’être elle-même, en toute liberté.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Depuis 2004, Claire Gratias a publié plus d’une trentaine d’ouvrages destinés aussi bien aux adolescents (et aux enfants) qu’à toutes celles et à tous ceux qui ont su le rester au fond de leur cœur. Maîtrisant à la perfection l’art du polar, elle écrit des textes qui tiennent en haleine ses lectrices et ses lecteurs, tout en les invitant à réfléchir sur nos choix de société actuels et à venir. Ce qui la passionne avant tout, c’est l’être humain. Observer et écouter l’autre, apprendre à le connaître, avec ses envies, ses rêves, ses peurs, ses secrets et ses contradictions, découvrir sa trajectoire, sa destinée. Très attachée à la notion de transmission, elle anime également des ateliers d’écriture et participe régulièrement à des rencontres avec les jeunes.
LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie15 avr. 2021
ISBN9791096935772
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    Aperçu du livre

    Je voulais juste être libre - Claire Gratias

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    ACTE  I

    « Elle me dit, après un moment de silence, qu’elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse, mais que c’était apparemment la volonté du Ciel, puisqu’il ne lui laissait nul moyen de l’éviter. »

    Abbé Prévost

    Histoire du Chevalier des Grieux

    et de Manon Lescaut

    1

    Témoignage de Salomé J.

    Je suppose que vous venez me voir à propos de Manon… Des questions à me poser ? Les besoins de l’enquête ? Pff ! Qu’est-ce que ça changera ? Rien !

    Bon, vous voulez savoir quoi ? Non, laisse, maman, ça va aller. Ce n’est pas vraiment le bon moment, mais de toute façon, pour ça, il n’y aura jamais de bon moment…

    Elle est gentille votre collègue, elle pense réellement que je me sentirai mieux après ? Mais comment je pourrais me sentir mieux ? On n’est pas là pour parler d’une inconnue, d’une vieille dame qui habite au bout de ma rue ou de quelqu’un que je croise quelquefois à l’arrêt de bus. Il s’agit de Manon. Manon ! Mon amie. Ma meilleure amie. Vous comprenez ces mots-là ? Évidemment, je suis bête, c’est même pour ça que vous êtes là. Que vous voulez m’interroger. C’est votre métier. Vous êtes flics.

    Mais je n’ai rien à vous apprendre, je ne l’ai pas vue depuis presque un an ! Les dernières nouvelles que j’ai eues d’elle remontent à huit mois. Comment on a pu en arriver là ? Elle et moi, on était comme les doigts de la main. On s’est connues en CE1 et on ne s’est plus quittées. Enfin, jusqu’à ce que…

    Excusez-moi, j’arrête pas de pleurer en ce moment… Je voudrais être forte, ne pas craquer. Surtout devant des gens que je ne connais pas. En plus, des flics…

    Je n’y arrive pas. J’aimerais avoir son courage, mais j’ai toujours été plus faible qu’elle, malgré les apparences. Au lycée, tout le monde vous le dira, dans notre duo, il y avait Manon la douce et Salomé la casse-cou. Personne ne voyait à quel point elle était en réalité… résistante, oui, c’est le mot. Remarquez, il fallait bien, pour supporter ce qu’elle devait supporter… Pardon ? Je parle de sa mère, évidemment !

    Quoi ? Ne me faites pas croire que vous n’avez rien remarqué. Ah, mais oui, j’imagine la scène. Elle vous a joué la comédie de la mère effondrée d’apprendre ce qui est arrivé à sa chère petite fille, je parie ! Pauvre folle… Je vous choque ? On voit que vous ne la connaissez pas. Faut pas être très malin pour tomber dans le panneau. Comment ? Vous pensez être malin, justement ? Tant mieux, parce que vous savez, rien que de parler de cette sale bonne femme, ça me met en rage…

    Quand on était gamines, elle me fichait la trouille. Pas qu’à moi, d’ailleurs. Nos copains de l’école la craignaient tous. Elle était tellement sévère ! Dès qu’on ouvrait la bouche, elle nous reprenait, pire qu’une prof. On n’avait pas prononcé trois mots qu’elle nous coupait la parole : « On ne dit pas Bonjour mais Bonjour Madame. On ne dit pas Je m’excuse mais Je vous prie de m’excuser ». Si on avait le malheur de renifler, c’était direct : « Ta mère ne t’a pas appris à te moucher ? » En deux secondes, elle nous collait la honte. Et jamais un sourire ou une parole gentille.

    Pourtant, on n’était que des gosses ! On s’efforçait d’être polis… Mais elle nous traitait comme des moins que rien.

    Après la classe, dès que Manon avait franchi la grille de l’école, sa mère l’attrapait par la main et la ramenait à la maison fissa. Et quand Manon se retournait pour nous adresser un signe, elle lui tirait sur le bras d’un coup sec. Comme si elle ne supportait pas qu’elle ait des amis.

    Avec le temps, ça ne s’est pas arrangé. Au contraire… Des exemples ? Il y en a des milliers ! Dressez la liste de ce qui est normal pour une ado – faire la grasse matinée le dimanche, boire du Coca, avoir des fringues sympas, sortir le week-end avec des copains, aller prendre un pot en ville, manger de temps en temps au McDo, faire un peu de shopping, se payer un ciné, regarder des séries télé, surfer sur Internet, avoir un compte Instagram, organiser une soirée pyjama, feuilleter un magazine féminin… Vous mettez tout ça sur un papier et vous barrez d’une grande croix au marqueur rouge. Chez elle, c’est IN-TER-DIT. Pour quelle raison ? Allez donc le lui demander, à l’autre cinglée ! Quand Manon avait envie de passer un samedi après-midi chez moi, c’était tout de suite non. Il fallait que ma mère appelle la sienne et négocie une demi-heure au téléphone, en lui promettant de nous surveiller et en lui jurant qu’elle ne nous laisserait pas traîner en ville !

    Vous commencez à comprendre ?

    Un jour, en quittant le lycée, on l’a aperçue au coin de la rue, en planque dans sa voiture ! Je vous jure que c’est vrai ! Elle espionnait Manon pour vérifier qu’elle ne mentait pas sur son emploi du temps, qu’elle prenait directement son bus après les cours ou, pire, qu’elle ne sortait pas avec un garçon ! Parce que ça aussi, bien sûr, c’était absolument inenvisageable tant qu’elle n’aurait pas terminé ses études. Une fille sérieuse n’a pas de temps à perdre avec ce genre de bêtises inutiles et perturbantes. Pour elle, garçon ça rime avec poison. Et elle l’a eue comment, sa fille ?

    Bref, la voir, là, tassée sur le siège conducteur, le nez au ras du volant, ça m’a tellement énervée que j’ai eu envie d’arriver discrètement par-derrière et taper du poing à la vitre de la voiture en criant : « Vous ici, Madame L. ? Ça alors, quelle coïncidence ! ». Avec un peu de chance, je lui aurais fichu la trouille. J’aurais aimé qu’elle sursaute au point de se cogner la tête au plafond.

    Manon m’a suppliée de laisser tomber. J’ai accepté uniquement parce que je savais que ça retomberait sur elle. Que le soir, sa mère le lui ferait payer en lui interdisant de me voir ou en lui confisquant son portable pour l’empêcher de m’appeler. Manon avait bataillé dur pour l’obtenir, ce portable. Elle avait négocié pendant des semaines. Pour finir, c’est sa tante qui le lui avait offert pour son anniversaire.

    Sa mère ne s’était pas privée de dire le mal qu’elle en pensait. Mais d’un autre côté, c’était un moyen de contrôler où était sa fille et ce qu’elle faisait. Et vu que ce n’était pas elle qui payait le forfait…

    Manon a pu garder le téléphone (elle a halluciné, trop contente !) mais, bien sûr, il y a eu tout de suite une liste de règles à respecter.

    Par exemple, ne pas avoir de conversation de plus de dix minutes, ne pas l’utiliser après vingt heures le soir ni avant huit heures le matin… Manon a promis, en prenant son air de petite fille sage comme elle savait si bien le faire. Ce qui ne l’a pas empêchée de m’envoyer des SMS ou de regarder des vidéos en cachette, la nuit dans son lit.

    Mais non, quand je parle de vidéos, n’allez pas imaginer n’importe quoi.

    Juste les épisodes de nos séries préférées. Ça lui a changé la vie, vu qu’elle avait l’interdiction de choisir ce genre de programme à la télé et que sa mère avait installé un contrôle parental sur son PC de manière à bloquer tout ce qui n’est pas utile pour le lycée. Ah ! j’oubliais, ajoutez à cela l’obligation d’être couchée le soir à huit heures et demie. Oui, oui ! Vous avez bien entendu. Je vous assure, elle est complètement folle, cette bonne femme !

    Excusez-moi, il faut que je me calme, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que rien ne serait arrivé si Manon avait eu une mère normale.

    Dans ces conditions, n’importe qui aurait… explosé, vous ne croyez pas ?

    Perso, je m’étonne que Manon n’ait pas pété un câble plus tôt.

    Elle restait toujours si calme, si douce, si souriante, ça me sidérait. Moi, dès qu’elle me parlait de sa mère, je regrettais de ne pas être un mec, balèze de préférence, le genre qui lui aurait fait comprendre qu’il était temps qu’elle laisse sa fille tranquille ! Je sais, je ne devrais pas dire ce genre de choses, surtout à la police, mais je parie qu’à ma place, vous auriez ressenti exactement la même chose…

    Plus le temps passait et plus je me répétais : mais comment elle fait ? Elle ne se disputait jamais avec sa mère, elle lui obéissait toujours.

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