Les tribulations du petit Didier

JoeyStarr n’est pas que cette figure éminente du rap français, fondateur avec Kool Shen, du groupe Suprême NTM, dont un biopic retraçant leur aventure sort ce mois-ci (lire aussi page suivante), il est aussi Didier Morville charismatique, indocile, qui aujourd’hui, outre la musique, investit le cinéma, le théâtre et la télévision. Il faut faire connaissance avec Le Petit Didier, titre de son livre, facette introspective de son enfance, que le tonitruant JoeyStarr a voulu retrouver. Une enfance de silence, alors qu’aujourd’hui, il harangue son public de cette voix gargantuesque: «Faites du bruit!» Une enfance qui ne vaut pas cher, alors que désormais il prend toute la place. Dans une écriture pudique, factuelle, presque atone, il raconte ce garçon délaissé, entouré de vague et de mensonges. Avec ce brouillard lointain qu’est sa mère disparue. À lire pour ne jamais laisser les enfants seuls…

Pourquoi avez-vous voulu parler de ce petit garçon?

C’est le prequel de ce que l’on connaît déjà de ma vie. En fait, j’ai quasiment tout dit sur mon père. Mais peut-être que j’en ai encore besoin. Et peut-être, qu’on comprenne pourquoi je suis encore un inadapté. J’arrive de loin. Ce genre d’exercice sonne comme une thérapie pour moi, parce que je ne suis pas allé voir beaucoup de psys dans ma vie. Je me confie aux gens que j’aime, et encore. J’ai dédicacé ce livre à ma mère et à mes enfants. J’aime bien l’idée d’inscrire ma petite légende personnelle qui ira au-delà du simple album de famille. Ce livre, c’est les tribulations du petit Didier.

Comment avez-vous fait pour retrouver les sensations de cet enfant, qui sont pour la plupart très désagréables?

Ce n’est pas la justification d’une enfance malheureuse. Mais ce petit garçon est là. Il est toujours là. Il revient parfois. Par exemple, mon fils Matisse, qui