Mon ami l'alcoolique
Par Henri R. Miñana
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À propos de ce livre électronique
À partir de témoignages ou de paroles entendues au sein d'un mouvement d'anciens malades abstinents, l'auteur essaie de faire comprendre ce qu'est la maladie alcoolique, donne quelques clefs utilisées pour s'en sortir et répond également à diverses questions habituellement posées par les personnes en difficulté avec l'alcool.
Il dévoile ainsi comment s'est insinué le besoin de boire toujours plus, la perte de contrôle face au produit alcoolique et les ravages qu'elle a engendrés.
Cependant, au delà de la maladie alcoolique, cet ouvrage montre aussi que tous les espoirs sont permis et qu'il est possible de retrouver une dignité humaine. Enfin c'est aussi le témoignage du formidable élan de générosité propre aux malades abstinents qui en toute empathie se mettent au service des autres.
Henri R. Miñana
Ancien enseignant, Henri R. Miñana a aussi oeuvré au niveau de l'action sociale communale puis a participé pendant 28 ans aux réunions d'une association d'aide aux malades alcooliques.
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Avis sur Mon ami l'alcoolique
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Aperçu du livre
Mon ami l'alcoolique - Henri R. Miñana
Depuis plus de 28 ans, je participe régulièrement, deux fois par mois, aux réunions d’une association d’aide aux malades alcooliques. Lors de ces rencontres, je fréquente des anciens buveurs qui se sont donné comme tâche d’aider d’autres malades dans leur combat contre la dépendance. Il se trouve que les personnes qu’ils se proposent d’aider, viennent chercher là des témoignages, des conseils, des encouragements, un accueil chaleureux, tout ce qui peut les aider à surmonter leur solitude et leur souffrance.
Parmi les participants à ces réunions, on peut voir et entendre donc, des anciens buveurs ; mais avec eux des « abstinents volontaires », non dépendants de l’alcool et dont la motivation paraît claire : ils s’interdisent de boire quelque boisson alcoolique que ce soit par simple et noble solidarité avec les malades ; parfois le malade est un proche, qu’ils ont décidé d’accompagner en pratiquant la même abstinence. On peut également imaginer que leur choix de vivre sans alcool procède d’un engagement philosophique ou spirituel parfaitement respectable.
D’autres membres, dont je suis, sont des « membres sympathisants ». Ceux-ci, qui ne se disent pas malades de l’alcool, s’engagent intimement à ne consommer que très modérément, non pas « comme tout le monde », mais beaucoup moins que tout le monde, à savoir une ou deux doses par mois et encore. Ces personnes peuvent être motivées par un élan compassionnel, un intérêt particulier pour cette maladie. Parfois c’est une recherche d’arguments, de témoignages qui leur permet d’aider un proche, de comprendre, de parfaire leur connaissance de cette pathologie tellement particulière. Alors que de nombreux Français ne reconnaissent pas encore le fait que l’alcoolisme est une vraie maladie, le premier objet de mon engagement est, pour le moins, d’affirmer ce fait.
On rencontre également dans ces réunions des personnes plus ou moins en souffrance. Ce sont des malades en soin au centre hospitalier d’alcoologie, en cure dite ambulatoire ou bien encore des hommes ou des femmes qui s’interrogent sur leur état de santé, leur rapport à l’alcool, en quête de renseignements, de conseils, d’encouragement à se faire soigner etc.
Enfin, il arrive que des parents ou des enfants de personnes en souffrance viennent nous voir pour apprendre comment se comporter avec un malade alcoolique, comment l’aider à prendre conscience de ce qui lui arrive, apprendre à ne pas juger leur proche, apprendre surtout quelles sont les erreurs à ne pas commettre.
C’est à l’écoute de ces gens que l’on peut se faire une idée de la façon dont se manifeste cette maladie aux conséquences à la fois sanitaires, sociales, financières, professionnelles, familiales etc. C’est à leur écoute que je me suis forgé une connaissance intuitive de ce qui passe encore pour un sujet tabou dans notre société.
La démarche que j’entreprends ici me place donc à mon tour sous un statut de témoin, et mon objectif est de tenter d’aider à ma propre compréhension en tout premier lieu. Pour ce faire, je m’appuierai sur les dires que j’ai entendus depuis tout ce temps. Pour préserver l’anonymat de mes amis je donnerai des noms fictifs aux personnes qui seront citées. Parfois plusieurs témoignages offerts par diverses personnes, seront attribués à une seule personne. « Rien ne doit sortir de ces réunions » dit-on, mais je pense que si les paroles entendues relèvent de la vie intime des participants, elles méritent quand même d’être divulguées en respectant l’anonymat de ceux qui les ont prononcées, car elles peuvent participer au changement de regard que notre société porte trop souvent sur cette maladie.
Je tenterai donc de livrer ici, les réflexions qui se sont imposées à moi tout au long de ces années ; et ces réflexions ne manqueront certainement pas de susciter autant de questions. En effet, l’alcoolisme est si singulier que chaque cas demeure encore et pour longtemps une énigme.
Note : Les citations, lorsqu’elles ne sont pas référencées, sont tirées tout simplement du « Petit Robert ».
Table des matières
Une maladie...
Tomber malade
Habitus
Dépendance
Addiction
Malade alcoolique vs buveur excessif
Le déni
Vers une prise de conscience
Le déclic
Le courage
L’humilité
Égotisme
Égocentrisme
Égoïsme
Narcissisme
Guérir
La rechute
La rechute et le faux pas
Le trépied thérapeutique
… qui pose question
Les conseils
Héritage ou hérédité ?
L’abstinence totale et définitive ?
La volonté ?
Le retour de la confiance ?
Et la confiance en soi ?
Responsable vs coupable… « Avouer » ?
Les envies ?
Les tentations ?
Dire ou ne pas dire ?
Prosélytisme ou non ?
Combien de cures ?
Être fier ou non de son état ?
Jusqu’à quel âge peut-on se faire soigner ?
Quels sont les produits dangereux ?
Et les enfants d’alcooliques ?
Retrouver son rôle dans le foyer ?
La prévention
En sortant de cure, les nouveaux membres
Les visites au centre ou auprès des soignants
La résilience
Et en dernier pour la route
Une maladie...
Tomber malade
J’ai commencé à boire à 14 ans, à chaque fois que je buvais un peu trop, je me sentais pousser des ailes, je devenais le maître du monde. J’étais un garçon tout à fait ordinaire, mais quand j’avais bu, je me transformais en héros, et avec mes potes, on s’éclatait, chaque week-end.
Damien
Damien racontait tout ça de la manière la plus simple du monde, en rigolant. Il faisait rire les autres.
Tout comme moi ! Mais moi, c’est vers 18 ans que ça m’a pris. Mais au bout de quelques années, pas mal d’années à vrai dire, ça ne me faisait plus le même effet, et il fallait que j’augmente les doses pour que ce soit encore marrant, jusqu’au jour où rien ne me transformait en super héros. Au contraire, plus je buvais et plus j’étais honteux, incapable de me contrôler : je buvais de plus en plus et je rigolais de moins en moins.
Augustin
Combien de participants nous ont décrit le même processus : on boit pour faire comme les autres, on s’aperçoit que c’est bon, on constate que l’effet produit est agréable, on prend de l’assurance, on se fait des amis, on est sociable, on admet les autres et on est admis parmi les autres. On apprécie la compagnie, puis insensiblement, pour retrouver les mêmes effets, on augmente les doses. J’apprendrai assez vite ce qu’est l’accroissement du seuil de tolérance : l’effet ressenti s’amoindrit au fil des jours, et la personne se voit dans l’obligation d’augmenter les doses pour ressentir du plaisir, jusqu’au jour où il faut boire non plus pour le plaisir mais pour masquer la douleur du manque.
Je bois pour me sentir libre et je ne suis plus libre de ne pas boire…
François
Moi, c’est beaucoup plus tard que je me suis rendu compte du problème : en rentrant chez moi, le soir, après le travail, je me versais un petit verre, un seul, en attendant que mon mari rentre à son tour. Ce n’était même pas pour chercher un effet quelconque, c’était une habitude innocente, ça ne pouvait pas faire de mal, et cela a duré quelques années. Mon mari a changé d’employeur, et il rentrait plus tard, alors, pour occuper cette nouvelle attente, je me suis mise à prendre deux verres, puisque c’était devenu plus long. J’ai augmenté les doses à partir du moment où il n’est plus rentré, on s’est séparés, et là, c’était parti jusqu’à boire une demie bouteille de whisky dans la soirée. Pendant la journée, au boulot, je ne buvais rien, et j’ai toujours assuré, mais le soir, honteuse de ce qu’il m’arrivait, aussitôt rentée, je partais pour un délire. Des collègues m’ont dit, depuis, qu’elles me trouvaient un drôle d’air, mais qu’elles mettaient certainement cela sur le compte de la fatigue, de l’âge qui avançait, que sais-je ? Pour moi, ce comportement résultait de ma solitude, mais j’avais bien honte quand même. C’est quand je suis passée à