Histoires de famille

9 – RÉSUMÉ : Tandis que ses frères, Louis et Jean-Roger, ont rejoint le maquis, Robert décide de leur venir en aide. Jusqu’au jour où il apprend que leur cachette a été livrée aux Allemands. Malgré les supplications de Marie-Louise, il se précipite pour les prévenir, prêt à prendre tous les risques. Abattu alors qu’il vient à peine de les alerter, Robert contribue à sauver ces hommes, meurt en héros et sera célébré à la mesure de son courage. Contre toute attente, Adélie ne s’effondre pas, elle sombre juste un peu plus dans le désespoir, puis s’éteint à son tour un soir de juin 1948. Madame Houot prend soin de Daniel. Il a dix ans quand il devient orphelin. (Voir Veillées n^os 3515 et suivants.)

Daniel n’accordait qu’un temps restreint à ses devoirs. « Il est intelligent, mais paresseux », grondaient ses professeurs. Il parvenait tout juste à se maintenir à la barre symbolique de la moyenne, et s’en contentait, tandis que madame Houot soupirait qu’il gâchait ses possibilités. Il était comme un coq en pâte dans cette vaste maison, entre ces deux femmes aux petits soins pour lui. Car Jeannette, à son grand désespoir, était encore vieille fille, et reportait sur lui tous ses trésors d’affection inemployée. Et puis, il était bien à plaindre, n’est-ce pas?

– Tu te rends compte, maman, disait-elle, il n’a déjà plus de parents, à son âge !

– Cela ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort, répondit sèchement madame Houot. Des orphelins de guerre, il y en a à la pelle.

– Oui, mais sa pauvre maman…

– Certes. Mais, dans sa situation, il aurait pu tout bonnement se retrouver à l’Assistance publique. Je pense que l’existence que nous lui faisons est plus enviable, non ?

Sa maman. Il n’en parlait jamais, bien qu’il en eût quelques vagues souvenirs. Il avait comme tiré un trait sur le début de son existence, pressentant qu’elle n’avait pas été des plus normales. Alors, quand ses camarades prenaient Jeannette pour sa mère à