Aux confins de ses absences
Par Paul Dourret
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À propos de ce livre électronique
Sur les lieux du drame, Jolan se lie d’amitié avec Sarah et Lucie. Désormais, les deux sœurs l’accompagneront dans sa vie parisienne.
Mais très vite une succession d’évènements contraires vient compromettre ses desseins. De retour au Liban, les secrets de famille enfin révélés lui permettront d’ouvrir les premières pages de l’existence cachée d’Alicja. Contre toute attente, il répondra à la convocation d’un notaire et prendra connaissance d’un ultime et surprenant testament maternel. Il découvrira les dernières volontés de sa maman et une imprévisible vérité.
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Aux confins de ses absences - Paul Dourret
Aux confins
de ses absences
Paul Dourret
Aux confins
de ses absences
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
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Une trilogie :
La Fugue maudite : Roman, Édilivre.
Carla, just fly away : Amazon KDP
Carla, fly away : Amazon KDP
Destinées : Recueil de textes et nouvelles. Éditions Le Lys Bleu.
Les Femmes du Jas Malpasset : Roman, Books On Demand.
La vie m’a trahie : Roman, Amazon KDP
Amazonia, les Amazones de la sixième extinction : Roman d’anticipation, Amazon KDP
Une Demoiselle Diaphane : Essai fantastique. Amazon KDP
Les chemins de traverse des amours buissonnières : Roman policier, Amazon KDP
À paraître :
La vendetta de l’ombre : Une sulfureuse histoire corse.
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-12840-5
À son arrivée à Roissy, Paul, une relation de son père et ami de longue date de la famille, patientait au bout du couloir face à la sortie des voyageurs. Jolan ne pensait pas rencontrer des conditions météorologiques aussi exécrables pour un mois de septembre : du vent, de la pluie et une température qui ne dépassait guère les quatorze degrés, bien loin du réchauffement climatique dénoncé depuis des décennies par les écologistes. Rien de bien agréable pour une mise en route européenne. L’homme le conduisit directement chez lui, il lui fit découvrir le logement et la chambre qu’il lui avait octroyée. Elle constituait pour lui un lieu exigu, mais elle comprenait des toilettes, une douche, un coin bureau dans quelques mètres carrés habitables, agrémentés d’un ridicule balcon d’environ un mètre sur deux, il débouchait sur une avenue large et bruyante ; bien loin de son confort et de son espace habituel. Il visita en sa compagnie les pièces réservées à Ewen, Damyan et Emrys les trois neveux de son hôte. Face à la sienne, Paul ne daigna pas ouvrir la porte. Il commenta simplement de trois mots : « La mienne. Zone privée ». Il apprécia ensuite la cuisine avec son long comptoir à l’ancienne et ses tabourets de bar d’un autre temps ; l’imposante armoire réfrigérante où il trouverait toujours de quoi boire ou se restaurer ; la salle de vie, un salon avec toutes les technologies audio ou visuelles dernier cri, un autre à l’atmosphère feutrée avec une immense bibliothèque, un endroit réservé à la lecture ou au travail. Chaque matin, une employée s’occupait du ménage, du linge, du réapprovisionnement et de la préparation des repas.
En homme infatigable, Paul œuvrait en tant que haut fonctionnaire de la sécurité pour l’État français. Il était également engagé au sein d’une organisation humanitaire internationale et s’impliquait dans leurs actions sur le terrain. Jolan n’avait jamais trop su ou compris la finalité de ses activités dont il ne parlait jamais. Des rendez-vous importants pour lui étaient programmés de longue date ; il le laissa s’installer et l’abandonna ainsi en lui suggérant, pour adoucir l’ennui ou une éventuelle faim, de puiser parmi les vivres, ou de fouiller dans les placards où tout était casé à portée de mains. Au cours de son séjour, il devrait s’autogérer, se servir et se nourrir sans gêne et sans l’aide de personne. Il disposait aussi sur place et tout autour de lui de quoi s’occuper ou se distraire.
Après avoir rangé ses affaires, il regagna l’office. Il opta pour quelques fruits et une canette fraîche d’eau minérale gazeuse. Il posa le tout devant lui et s’installa sur l’un des sièges surélevés. Accoudé à la table, il appela en priorité son père, il le prévint d’une arrivée sans encombre sur le sol français. Il devait ensuite téléphoner à Élyssa. Il appréhendait l’instant. Il savait combien son départ l’avait perturbée, voire contrariée. Elle n’admettait pas son choix pour un si lointain pays, même si celui-ci restait celui d’origine d’Alicja, sa maman. Elle l’imaginait encore et toujours petit garçon. Elle ne parvenait pas à le considérer comme un homme à part entière, même si elle n’avait pas tout à fait tort. Elle craignait, redoutait tout pour lui ; elle le couvait sans cesse, il éprouvait pas mal de difficultés à se libérer d’une affection exclusive, d’un amour débordant et embarrassant. L’option parisienne lui permettait par la force des choses de rompre un lien trop fusionnel.
– Élyssa ? Tu vois, tout va bien. J’ai atteint ma destination sans problème. Tu t’inquiétais à tort. Paul m’attendait à l’aéroport. Nous avons gagné son appartement au centre de Paris.
– Jolan ! S’il t’était arrivé quelque chose, ton père et Alicja ne me l’auraient jamais pardonné. Sois prudent, fais attention à toi, les mœurs, les gens, là-bas…
– Élyssa ! Maman est décédée depuis plus de dix ans, je n’ai que de vagues souvenirs d’elle, hormis des photos et tout ce que, toi et papa, vous m’avez toujours raconté sur sa vie, tout est abstrait pour moi. Il y a trop d’absences dans son existence, dans la mienne. Arrête avec tes délires ridicules, tourne la page. Laisse-moi vivre ! Je suis bien entouré avec Paul et le reste de sa famille et… Je t’en supplie, ne pleure pas, ne te fais pas de souci. Père souhaitait lui aussi cette voie pour moi. Attends ! Je crois qu’il y a quelqu’un ici, je te rappelle plus tard.
Une splendide brune, entièrement nue, sortit de la chambre de Paul. Elle se présenta, souriante et sans complexe, face à lui.
– Salut mec !
– Euh ! Salut, je suis Jolan ! Et toi ?
– Oui ! Oui, je m’en doutais, on m’avait prévenue. Moi, c’est Sophie ! En fait, c’est Sophia. Paul m’a baptisée Sophie le premier jour. Il t’expliquera.
– Enchanté ! Euh… Tu n’as rien à mettre sur toi ? Je vais dans ma piaule. Pardon ! J’ignorais ta présence, si j’avais su. Je suis désolé !
– Eh ! Ne t’échappe pas, beau gosse ! Tu ne me déranges pas. T’as jamais vu une fille en tenue d’Ève déambuler dans un appart ?
– Euh… Non ! Enfin, oui ! Mais pas en chair et en os au milieu d’une cuisine et face à un inconnu !
– Comique en plus !
Elle se pencha, le buste en avant, jambes tendues et légèrement écartées, pour fouiller dans le bas de l’armoire réfrigérante ; elle affichait avec audace, sa plus tendre intimité. Surpris, Jolan scruta les fesses de la demoiselle ainsi exposées, un entrecuisse généreux, un pubis sans la moindre pilosité apparente, un sexe avec des lèvres entrouvertes sur un orifice rose pâle. Il détourna la tête, gêné par tant d’impudeur. Après avoir râlé et trifouillé dans les rayons, elle finit par sortir une boisson aromatisée.
– Tu vis avec Paul ? Sa compagne sans doute ?
– Non ! T’es fou ! Lui ! S’emmerder avec une meuf ! Non ! Il les prélève quelques heures pour les installer dans son pieu une fois en passant ! Il m’a ramenée ici hier après une soirée trop bien arrosée. On s’est défoncé ! Et avec lui ? Aujourd’hui, c’est moi, demain ce sera une ou deux autres et s’il lui prend l’envie, il me rappellera. C’est la troisième fois, il baise bien, généreux, il paye tout, j’aime bien. C’est comme ça, ici et avec lui ! Et moi, je lui ressemble ! Pas d’attaches ! Célibataire endurcie. Pas de gosse pour déformer ce que j’ai mis des années à obtenir. Juste la baise. Tranquille ! Cool !
– Ah ! T’es jeune par rapport à lui !
Elle se posa sur un siège face à lui pour mordre dans une pomme et dégoupiller sa canette.
– Vingt-quatre ans dans trois mois ! Il paraît que tu viens de chez les Arabes ? Ta mère est française, pourtant.
– Oui ! Et alors ? Je suis originaire du Liban. Ma mère a des ascendances polonaises, mais elle est née en France.
– Et là, t’étais avec elle, je suppose ? À elle que tu parlais tout à l’heure ? J’ai rien compris à ton charabia !
– Non ! Pas elle. Elle est décédée, j’étais encore gamin.
– Ha ! C’est con pour toi !
– Oui !
– T’es là pour tes études ? Qu’est-ce que tu fous ?
– Oui ! L’université ! Droit, économie et gestion, formation, stages dans des multinationales. Mes parents et maman surtout, tenaient à ce que je poursuive mes connaissances en France.
– Maman ! Tu me fais rire, petit garçon !… et si elle est morte depuis des lustres !
– Oui ! Pour les différencier. Avec l’absence de ma mère, la sœur de mon père m’a élevé ; elle, je l’appelle mère, une habitude. Oui ! Donc, elle au téléphone… Et toi ? Tu exerces dans quoi ?
– Les beaux-arts ! Le design ! L’événementiel et mannequin à l’occasion. Je vais là où on me demande. Mes collègues masculins raffolent de mes formes et de mes seins depuis qu’un chirurgien les a retouchés, sans omettre les courbes généreuses de mon corps pour diverses raisons. Je ne te fais pas de dessin ! J’avais les fesses plates. Elles aussi remodelées, regarde !
Elle descendit de son piédestal, leva les bras en l’air et tourna plusieurs fois sur elle-même en se dandinant.
– Sexy, non ? Parfaite !… pour une petite fortune ! Paul en a financé une grande partie. Je me suis familiarisée avec la nudité, ma pudeur s’est envolée avec mon premier mec. Tu découvriras des photos, des dessins, des peintures de moi partout, des pubs sur les écrans. Et puis tu sais, entre étudiants… J’en ai croisé plus d’un dans l’intimité, je pourrais t’en croquer un paquet. Mais toi, brun, bronzé avec tes yeux bleus, je te trouve beau comme un dieu. Je t’imagine dans le plus simple appareil, étendu sur un sofa blanc, une pomme verte ou un verre de vin rouge à la main, par exemple, le contraste des couleurs, etc. Faudra que tu poses pour moi, impératif ! On cherche toujours des modèles et lorsque l’on en dégote un magnifique, un prototype, sublime comme toi, on l’emmène en cours pour en faire profiter les autres et après tu ne repars jamais seul. Mais là, j’exercerai un droit de préemption.
– Tu démontres une fâcheuse tendance à exagérer les choses. Je pense que tu risques de patienter fort longtemps.
– Oh, le timide, j’adore ! Trop pudique le mec ! Arrête ! Eh mec, quand tu baises avec une meuf, tu ne te déshabilles pas ? Des bites, j’en ai vu à la pelle ! Pas de panique ! Je ne vais pas te la bouffer ! Quoique !
– Des quoi ?
– Houla ! Là, tu m’inquiètes ! Tu sors d’où, toi ? Va falloir que je m’occupe sérieusement de ton cas ! Approche !
– Non ! Je te quitte ! J’ai encore quelques trucs à déballer et des fringues à caser dans les placards.
– Ouais ! C’est ça ! File ranger ton barda et verrouille derrière toi, sinon je viendrais moi-même choisir ma tenue préférée, une que tu ne risqueras pas de froisser ! Allez ! Si tu as besoin d’aide… Je suis là !
Elle fut secouée par un interminable fou rire, elle en profita pour se blottir contre lui, déposer un baiser sur ses lèvres et saisir sa main pour la coller sur son sein.
– Alors, beau gosse ? Ça ne déclenche pas une érection ? Fais voir ! Tu ne le diras pas à maman ! Hein ?
Il préféra s’échapper. Elle hurla derrière lui :
– Paul va se charger de ton éducation, ça urge ! Je lui en toucherai deux mots à son retour ! Tu as des lacunes inimaginables, inconcevables à ton âge ! Tu débarques d’une autre planète ! Tout à découvrir ! Je me désigne comme volontaire pour procéder à ton dressage.
Sophie, Sophia avait pris une douche, elle ressortit avec une serviette-éponge sur la tête, elle poussa la porte de Jolan avec ses vêtements sur un bras. Provocatrice, elle s’habilla devant lui, contre lui, avec seulement un pantalon moulant qu’elle eut un mal fou à enfiler malgré de pénibles contorsions et un simple sweat qu’elle glissa sur son buste, rien d’autre !
– Tchao Beau gosse ! T’es pas impuissant au moins ? Je t’attends pour une séance de croquis. Et plus, même sans affinités !
Elle lui accorda un nouveau baiser sur la joue, tout en rigolant ; elle agrippa une main du garçon qu’elle positionna sur ses fesses. De l’autre, elle osa une approche ferme sur son pénis. Les yeux dans les yeux, elle lui adressa un sourire éblouissant.
– Alors ? Tu n’es toujours pas tenté ? Je n’ai pourtant pas senti tant d’indifférence.
Elle éclata de rire et disparut sans plus de commentaires.
*
Damyan rentra vers dix-sept heures. Afin d’engager la conversation, Jolan lui demanda des nouvelles de ses deux cousins. Contre toute attente, le garçon lui dressa un long historique d’une dizaine d’années sur leur famille. Il lui expliqua que depuis la crise cardiaque et le décès de leur père Henri, leur mère Amélie avait beaucoup vieilli, elle était devenue malade et acariâtre, personne ne s’intéressait plus guère à elle.
– Mais Ewen et Emrys ne se préoccupent pas d’elle ?
– Emrys est un vagabond du commerce international et Ewen ? Ewen ! Si tu savais !
Il sourit d’un air béat en secouant la tête avant de poursuivre.
– Il s’est disputé avec elle, il te développera le méli-mélo lui-même, tu comprendras mieux en le voyant. Ewen ! J’ai l’impression que pour toi ce sera très particulier ! Un choc. Tu ne croiseras pas Emrys tout de suite, il voyage beaucoup, un bosseur. Il est parti la semaine dernière pour Londres et l’appartement n’est pour lui qu’un lieu de passage transitoire pour éviter l’hôtel. On a de la chance d’avoir notre oncle Paul à Paris et qu’il nous offre le gîte. Il se montre généreux, mais par certains côtés, il ressemble aux hommes de la famille. Les gènes incontournables.
– Les femmes à volonté ? C’est cela ? Lui aussi ?
Il sourit et soupira impuissant.
– Oui ! Tu en verras défiler quelques-unes, il change régulièrement de partenaire, il ne s’est jamais fixé.
– Oui ! Mais lui avec Amélie, sa belle-sœur, et veuve de surcroit ?
– Il lui téléphone très rarement, pour ne pas dire jamais, c’est plutôt elle qui effectue la démarche, elle prend surtout à travers lui des nouvelles de ses deux fils. J’ai cru comprendre qu’un jour, une violente altercation les a opposés. Ma tante a reproché à Paul d’avoir entraîné Henri dans une aventure extraconjugale fatale pour leur couple. En fait, que tu le saches, il est décédé au creux d’un lit et dans les bras de sa maîtresse.
– Ouah ! Quelle claque pour elle.
– Elle est spéciale, Amélie ; beaucoup de principes vieillots et elle ne voyait que par ses gosses ! Lors de mon dernier séjour chez elle, je devais avoir une douzaine années, j’ai surpris malgré moi une discussion avec l’une de ses voisines. Elle lui affirmait que je n’étais qu’un bâtard non désiré, conçu à la va-vite avec un sauvage. Un étranger avait profité de l’innocence et de la crédulité de ma mère. J’ai appelé aussitôt chez moi. Mon père m’a récupéré sans aucune explication