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102.670, Talion: Un thriller angoissant
102.670, Talion: Un thriller angoissant
102.670, Talion: Un thriller angoissant
Livre électronique192 pages2 heures

102.670, Talion: Un thriller angoissant

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À propos de ce livre électronique

Malade, Charles Depreez refuse l’acharnement thérapeutique et fera tout pour que ses dernières volontés soient respectées.

102.670, c’est la clé du secret que cet homme s’apprête à révéler à Florence, une auxiliaire de vie qu’il considère comme sa fille. Une révélation difficile à accepter pour cette jeune femme en proie à la violence conjugale.

Peut-on rendre justice soi-même ? Avons-nous le droit de vie ou de mort sur les autres ? Œil pour œil, Florence sera entraînée dans la spirale d’une Loi vieille comme le monde: celle du Talion.

L'auteure nous entraîne dans une spirale de haine et de vengeance, où une seule loi règne : celle du Talion.

EXTRAIT

— Flo, vous voulez bien venir dans monbureau, s’il vous plaît !
Il ne s’agissait pas d’une question, Florence le savait. Et encore moins d’une expression formulée avec politesse car le « s’il vous plaît » venait de claquer dans le couloir du bureau comme le fouet sur la croupe d’une bourrique têtue. Son chef de service n’était pas enclin aux égards ou à la courtoisie, encore moins à la compassion. Il faisait partie de cette catégorie de supérieurs hiérarchiques qui considère que les échelons de la bureaucratie sont suprêmes.
Et qui se servent de cette soi-disant supériorité pour asseoir un appétit de puissance sans imaginer un seul instant que la plus élémentaire amabilité serait au service d’un rendement accru de leurs employés. Son savoir-vivre se limitait aux formules toutes
faites et usuelles. Sa galanterie était urbaine. C’était un chef de service, simplement. Ni plus, ni moins. Il n’était donc pas question de tergiverser. Florence

À PROPOS DE L'AUTEUR

Petite fille, née en hiver d’un père d’origine bretonne et d’une mère ardennaise, j’ai affiché très rapidement un caractère trempé.
Aujourd’hui, je suis professeur de cours philosophiques. Active et engagée, mes objectifs pédagogiques et mes travaux d’écriture sont tous tournés vers la réflexion humaniste, certains avec force et désespoir, d’autres avec l’ironie propre aux vrais sensibles, mais toujours avec le même dénominateur commun : la condition de l’Homme, ses espoirs et ses doutes.
Cet engagement citoyen m’a valu la reconnaissance de mes pairs avec le prix de la Fondation Reine Paola pour l’enseignement, le prix de la CommunautéFrançaise de Belgique et le prix Condorcet-Aron. En 2003, j’ai été Namuroise de l’Année et reconnue « Enseignant Entreprenant ». Certaine que les actes prévalent sur les paroles, j’affiche une attitude résolument anti-tartuffe en disant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une face de Carême pour défendre la vie car défendre la vie c’est l’aimer. J’apprécie cette réflexion de Zola qui dit qu’il faut savoir où on veut aller, que c’est bien... mais que c’est encore mieux de montrer qu’on y va et il m’arrive d’ajouter « Tu veux du bonheur? Donne du bonheur...
LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2018
ISBN9782930848280
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    Aperçu du livre

    102.670, Talion - Brigitte Guilbau

    Mars

    — Flo, vous voulez bien venir dans mon bureau, s’il vous plaît !

    Il ne s’agissait pas d’une question, Florence le savait. Et encore moins d’une expression formulée avec politesse car le « s’il vous plaît » venait de claquer dans le couloir du bureau comme le fouet sur la croupe d’une bourrique têtue. Son chef de service n’était pas enclin aux égards ou à la courtoisie, encore moins à la compassion. Il faisait partie de cette catégorie de supérieurs hiérarchiques qui considère que les échelons de la bureaucratie sont suprêmes. Et qui se servent de cette soi-disant supériorité pour asseoir un appétit de puissance sans imaginer un seul instant que la plus élémentaire amabilité serait au service d’un rendement accru de leurs employés. Son savoir-vivre se limitait aux formules toutes faites et usuelles. Sa galanterie était urbaine. C’était un chef de service, simplement. Ni plus, ni moins. Il n’était donc pas question de tergiverser. Florence traversa le couloir, ouvrit la porte de verre et, toujours la main sur la clenche dorée, attendit.

    Les bâtiments du centre-ville qui regroupaient l’entreprise de services aux personnes étaient austères.

    Probablement fallait-il montrer aux clients que leur argent n’était pas dépensé en futiles articles de bureau ou superficielle décoration. Tout respirait, ici, le travail sévère, la besogne utile, le fonctionnement réfléchi, la fatigue salutaire et l’ennui rémunérateur. Etait-ce le chef de service qui avait déteint sur l’environnement ou l’inverse, Florence se posait souvent la question.

    Il n’y avait que deux…non, trois digressions à cette morosité ambiante…un, la cravate du chef de service ; deux, la réceptionniste qui ne comprenait toujours rien au fonctionnement de la centrale d’appel téléphonique et riait à tous bouts de champs en se trompant dans la distribution des communications et trois, cette habitude qu’il avait d’appeler tout le personnel par un diminutif. C’était des Flo par-ci, des Steph par-là, des Domi, des Nath et des Jo ! Comme s’ils étaient intimes ! Comme si son statut lui permettait cette condescendance qu’il jugeait familière, courtoise et de bon aloi et que tout le monde trouvait effrontée et ordinaire. La seule qui y échappait était la Galloise Connie et tout le monde comprenait pourquoi !

    Après cinq années passées dans cette boîte, Florence ne savait toujours pas dire lequel de ces trois écarts à l’austérité ambiante l’énervait le plus.

    Ceci était pourtant un moindre mal comparé aux cravates de l’intéressé qui choquaient sur le personnage autant que des palmes à un oiseau, des ailes à un éléphant, un sourire serviable chez la concierge ou une tenue à paillettes de vedette des eighties sur un croque-mort.

    Ces cravates étaient toutes plus ridicules les unes que les autres, se disait-elle. D’autant que ce chef, à l’allure qu’il pensait classique mais restait quelconque, poussait la balourdise à afficher ce qu’il appelait ses « cravates tendances » à toutes occasions ! Une horreur ! Les quatre saisons et autres jours festifs défilaient sur ces satanés bouts de tissus ! Le personnel avait droit, de janvier à décembre, aux motifs adaptés à la saison : verdure au printemps, feuilles mortes en automne, fleurs jaunes, roses ou rouges en été sans oublier, bien entendu, le bonhomme de neige en décembre, le Père Noël et le feu d’artifice pour présenter ses bons vœux au patron qui offrait alors son fameux mousseux à vous flanquer une migraine jusqu’à l’Epiphanie. En juin, il était apparu avec un palmier et un parasol, en mars avec Titi et Gros Minet et tous avaient pu découvrir Betty Boop pour la fête des secrétaires ! A l’anniversaire de la mort d’ Hergé, son geste mémoriel avait été de nouer autour du col de sa chemise un capitaine Haddock qui jurait son bien connu Mille sabords ! Il ne manquait plus à sa collection qu’un poilu en cuissardes pour la Gay Pride, un cercueil à la Toussaint et une paire de seins à la Lolo Ferrari pour la journée de la mammographie !

    Hubert, c’était son prénom, portait une alliance mais personne n’avait jamais vu sa femme. Peut-être faisait-il semblant d’être marié finalement, logique ! C’était bien le genre d’homme à considérer que ça lui donnait un statut d’équilibré social. Et puis, qui oserait se promener au bras d’un homme qui exhibe de telles cravates ou le détester à ce point pour les offrir ?

    Florence avait passé les débuts de son stage à passer l’attitude de son supérieur à la loupe, ne pensant rien de valorisant, arrivant parfois à le mépriser.

    Puis elle avait changé d’avis. A bien le regarder, à le fréquenter, à le cerner, ce n’était pas ses cravates qui dérangeaient… Non, ce n’était pas elles le problème. Parce que les mêmes accessoires portées par quelqu’un d’autre auraient été bien sympathiques ! Les mêmes compléments qualificatifs auraient été des clins-d’œil humoristiques, comme un calendrier de l’Avant réparti sur trois cent soixante-cinq jours. Elles n’avaient aucune responsabilité sur l’image qui était renvoyée. Parce que c’était lui, le problème. Oui. Le problème venait de la contradiction entre les cravates colorées et comiques et le reste de la personne, autoritaire, arrogante, sévère, refoulée et terne.

    En souriant, elle se disait simplement : « Pauvres cravates ».

    On devrait faire comme pour les chiens, pensait elle, en le regardant trifouiller dans ses papiers à la recherche d’elle ne savait quoi à son intention. N’importe quel éleveur vous dirait que c’est le chien qui doit choisir son maître et non l’inverse. Et bien, ce devrait être identique pour les cravates ! Elles devraient avoir le choix. C’est de la non-assistance à cravate en danger !

    Florence souriait toujours, perdue dans ses pensées. Elle attendait qu’il lui propose de s’asseoir.

    Elle ne s’était jamais rendue compte qu’elle dénotait, elle aussi, dans ce bureau par sa fraîcheur et sa spontanéité.

    Elle était jolie, dans cette position de nonchalance, accoudée au chambranle de porte. Petite mais bien proportionnée, elle portait merveilleusement le Slim et le petit pull rose échancré. Ses longs cheveux bruns soyeux étaient retenus par une barrette dans le dos. Ses yeux en amande étaient d’un brun profond que son teint mat rehaussait. Elle était le type même de la jeune femme qui donne l’impression d’être encore lycéenne, ce qui entraînait un manque de confiance de la part de ses collègues, encore trop nombreux à la penser inexpérimentée. Pourtant, tout qui se serait arrêté sur ses yeux, qui les aurait vraiment regardés, aurait constaté qu’ils étaient traversés d’un chagrin subtil, amer et mélancolique mais en même temps d’un amène appétit pour la vie pourtant contradictoire. Ils étaient capables de vous fusiller, de vous envoyer mille éclats réjouissants et dans la même seconde de se voiler et d’aller se perdre dans un monde où plus rien n’existait.

    Quelques année auparavant, la jeune femme avait, avec mention, terminé ses études classiques.

    Passionnée par les us et coutumes des civilisations passées, animée d’une volonté d’analyser et de contextualiser les témoignages matériels des croyances parfois oubliées, Florence, jeune femme curieuse, dotée d’une rigueur et d’un esprit d’analyse pointu, avait donc décidé d’entamer un cycle de Bachelier en Histoire de l’Art et Archéologie, seule voie susceptible d’étancher sa soif de savoir ancien.

    La disparition brutale de sa mère laissa son père dans une prostration affective dont il ne sortit que pour aller la rejoindre au cimetière trois mois plus tard. La jeune femme ne trouva jamais la force, l’abnégation ou l’amour nécessaire pour l’aider à sortir de la dépendance alcoolique où il s’était laissé sombrer. Peut-être parce qu’elle avait compris que c’était sa volonté et que l’alcool ne l’avait pas pris en traitre mais que c’était bien lui qui se l’était annexé des années auparavant, lorsqu’il avait perdu son travail et que les agences pour l’emploi ne pouvaient lui venir en aide.

    Il avait alors poussé la porte de l’établissement voisin, un bistrot qui accueillait les personnes en mal de vie. C’était alors installée une routine : métro, crédo, bistrot, dodo.

    La mort de sa femme, la seule qui donnait un sens à sa vie, lui fit perdre tous ses repères. Et comme il n’eut pas le goût d’en chercher d’autres parce qu’il se disait trop vieux, ou trop seul ou trop inutile, ou trop imbibé, ou qu’il utilisait ces excuses pour ne pas en trouver, il lâcha les rames. Florence s’en voulait depuis lors de ne pas l’avoir aidé, de ne pas avoir vu les rames qui flottaient de plus en plus loin de la barque qui s’éloignait ou, pire, de les avoir vues sans broncher parce qu’elle l’avait jugé, elle aussi, trop vieux, trop seul ou trop inutile ou trop imbibé mais il était trop tard. Elle savait qu’elle n’était pas coupable mais se sentait responsable. Parce qu’il ne suffit pas d’être coupable pour être responsable ! Elle n’avait pas de remords, elle avait des regrets comme on en a toujours quand on n’a pas tendu la main à ceux qu’on aimait. Elle ne savait pas non plus si elle s’en voulait de ne pas l’avoir soutenu parce qu’elle le jugeait insoutenable dans sa déchéance qu’elle condamnait ou si elle s’en voulait de l’avoir laissé dépérir parce qu’elle lui en voulait de ne pas l’avoir choisie pour donner un sens nouveau à sa vie.

    Toujours est-il que cette double disparition la laissa sans ressources et donc dans l’impossibilité de poursuivre ses études. Après avoir galéré, elle aussi, d’agence en agence en évitant de passer par la case « bistrot », elle atterrit dans cette entreprise d’aides multiples aux personnes qui travaillant avec des assureurs proposant les services d’auxiliaires de vie aux personnes dépendantes. Comme elle n’avait aucune spécialité dans ce domaine, elle remplissait les fonctions de préposée au nettoyage, dame de compagnie et assistante aux menus travaux tels que les emplettes.

    — Prenez place, dit enfin son chef de service qui venait de retrouver le document qu’il cherchait.

    Tiens, se dit-elle, il me demande de m’asseoir. Il a donc un service à me demander. Elle sourit discrètement, se déplaça prestement, tendit la main, tira le dossier du siège et s’assit.

    Polie, elle attendit. Tout, dans sa manière, était retenu. Même sa façon de s’asseoir sans ostentation. Elle ne croisa pas les jambes et ne prit aucune pose. Elle resta droite, les mains sur les genoux, bien à plat.

    Son chef, engoncé dans ses papiers et son costume, avec cette cravate où Obélix soulevait un menhir, affichait la mine de celui à qui on ne la fait pas. Le masque était bien entraîné. Florence ne savait toujours pas ce qu’on ne pouvait pas lui faire, ni lui dire, mais le message fonctionnait : tout le monde se tenait à carreau !

    En cachette, tout le personnel s’amusait à imaginer ce chef obscur d’une agence provinciale sans envergure en train d’obéir à son épouse que chacun fantasmait et c’était très amusant. Pour sa part, Florence l’imaginait aisément en tablier, les fesses à l’air, en train de faire la vaisselle dans son appartement décoré de meubles sans âme, soumis à sa maîtresse-épouse.

    Pendant qu’il parcourait le document d’un air concentré, elle laissa vagabonder son imagination.

    Certains hommes, se dit-elle, sont unis à des squaws, ce sont des femmes guerrières qui traversent la ville comme elles iraient à la chasse, elles sont nomades et l’horizon les chatouille. Ils ont peur de les voir filer avec les papooses et le produit de la chasse alors ils sont aimables, courtisans et mortifiés.

    Certains ont des épouses, des compagnes, des doudous, elles affichent régulièrement des petits sourires légèrement désabusés qui en disent long, parce qu’elles ont enterré la hache avec la squaw qu’elles étaient il y a longtemps et préfèrent le calumet de la paix aux espaces sans fin pour la satisfaction de leur sédentaire de mari que ça ne rend de toute façon pas heureux et qui rêve dès lors d’espaces et de femmes guerrières en regardant la leur qui sourit mais ne rit plus. En tout cas, plus avec eux.

    D’autres sont des filles d’Eve, ce qu’on appelle des femelles. En général, elles ne trouvent pas de mari car elles n’attirent que les croqueurs de pommes. La majorité des maris rangés les désirent mais durcissent le regard pour que ça ne se voie pas ! Surtout devant leur femme ! Evidemment ! Comment expliquer à sa doudou casée, semblant satisfaite en société mais ne riant plus qu’il rêve de la voir transformer leurs soirées spartiates en banquets de plaisirs où elle évoluerait en femelle hétaïre cultivée et lubrique ?

    Quelques répliques du Royaume Introuvable qu’elle avait lu il y a plusieurs années lui traversèrent l’esprit :

    « — J’aimerais…

    — Quoi donc, mon garçon, demanda Dickson en voyant rougir son élève.

    — Voir danser les moukères dans l’un ou l’autre café arabe ! confessa le jeune homme un peu confus » ¹

    Florence eut envie de rire. Mais pourquoi donc pensait-elle à cet extrait ?

    Elle se

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