Elles ne viennent pas du même monde mais habitent un univers proche, où l’on est sensible à la révolte qui gronde et où l’on sait faire preuve, sous des dehors parfois rugueux, d’une grande délicatesse. Elles s’admirent depuis longtemps et publient en cette rentrée leurs magnifiques nouveaux romans, le multi-chroniqué Cher connard(1) côté Despentes, et Stardust(2) côté Miano – qui est en réalité son premier livre écrit à 23 ans quand, jeune mère sans domicile fixe, elle courait avec sa petite fille les centres d’hébergement d’urgence à Paris. Les romancières se sont retrouvées au Centquatre, dans le nord de Paris où, heureuse des débuts euphoriques de Cher connard en librairie, Virginie Despentes a plus écouté que parlé, comme si elle voulait laisser la part belle à la pensée affûtée de Léonora Miano.
Je me souviens t’avoir découverte à la télévision, dans le petit salon de la maison maternelle de la porte des Lilas dont je parle dans Je regardais les émissions littéraires et suis tombée sur toi; tu m’avais beaucoup impressionnée avec ton air à la fois très timide et prêt à tout casser. Il n’y a pas tant de voix comme la tienne dans la littérature française, une langue dans les marges mais qui est très écrite. Tu es