La Claque et le Bonbon !
Par Philippe Loubry
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À propos de ce livre électronique
Elle était à la tête du célèbre cabaret-dancing chanté par Léo Ferré, « Le Mikado ».
Préférant rapidement l’école de la rue à l’école publique, il passa une adolescence atypique de « Poulbot sur le fil ». Une adolescence sans contrainte que celle de vivre et de faire comme il l’entendait.
Passionné par le monde de la nuit, il les passa souvent à la pleine lune avec ses potes ou dans l’ambiance feutrée des cabarets de la butte, voire dans l’intimité de sa chambre, devenu très tôt boulimique de littérature.
Il aime à dire que la lecture lui a évité la délinquance et la prison et permis de faire de beaux voyages.
Aujourd’hui, la soixante bien tassée et après une vie, qualifiée par lui-même, de grande réussite de par ses nombreux échecs, il nous livre, trente-cinq ans plus tard, les pensées d’Elise, notées dans un petit carnet bleu, en les accompagnants de quelques réflexions personnelles non alambiquées et brutes de décoffrage.
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Aperçu du livre
La Claque et le Bonbon ! - Philippe Loubry
Philippe Loubry
La Claque
et le Bonbon !
Fortuna Editions
Chaussée de Lille 327/0.4 B-7500 TOURNAI Belgique
J’adresse mes plus vifs remerciements à celles et ceux , nombreux, qui d’une façon ou d’une autre
et chacun à leur manière m’ont apporté leur soutien
durant ces dernières années.
Ils savent que j’ai une excellente mémoire
et quelle importance je donne à l’amitié.
Un « clin d’œil » pour mon pote Olivier Zitvogel
digne héritier d’Épicure . Une pensée appuyée
pour les membres honoraires de ma famille recomposée : Anand Mons Baichoo, Jonathan Beck,
Jean-Philippe Frauli et Antony Gasperment
Pour contacter l'auteur : laclaqueetlebonbon@gmail.com
© Fortuna Editions, 2019
ISBN : 978-2-87591-220-6
À Alexandre Nickels (dit Skander),
sans lequel rien n’aurait été possible.
img1.jpgHommage à Élise, ma mémé !
« La Claque et le Bonbon ! »
C’est la lumière et les ténèbres
Le soleil et la neige
Le blanc et le noir
Le bien et le mal
La joie et la douleur
L’aigre et le sucré
L’amour et la déchirure
Les collabos et les résistants
La Claque et le Bonbon, c’est le résumé d’une vie.
Élise détestait qu’on lui fasse des compliments ; elle aimait à dire que c’était juste bon pour les dindes et les courtisanes, elle n’aimait pas davantage les hommages qu’elle prenait pour de l’hypocrisie et a toujours refusé que je fasse graver quelque chose sur sa pierre tombale pour, disait-elle, « ne pas être emmerdée après ma mort par des visiteurs imprévus ».
Alors, aujourd’hui, « Élise », je ne vais pas déroger à ta règle, sinon pour te dire que je t’ai tant aimée… juste avant de me barrer en courant de peur que tu m’en colles une…
Avant-propos
Je me souviens d’avoir vu Philippe sortir souvent de chez Dali qui l’avait invité à prendre un chocolat ou une citronnade, c’était un gosse très bien élevé, très curieux, qui semblait s’intéresser à tout et qui suivait la mode de près.
C’était aussi un vrai « titi » fantasque qui n’en ratait pas une lorsqu’il était avec ses camarades et qu’ils traînaient dans les rues de la Butte jusqu’à des heures impossibles. Plus tard, il continua à passer de longs moments à discuter avec Dali sans que je ne sache jamais quels étaient leurs sujets de conversation. Je crois qu’à cette époque il travaillait « Chez Régine » et voulait devenir chanteur. Ils ont dû se croiser une dernière fois au restaurant « La Petite Galette » chez Pierre Martin, rue Lepic, où j’étais moi aussi présent ce soir-là. Quelques mois après la mort de sa grand-mère, il m’a dit qu’il allait quitter Paris, je l’ai revu une fois au cimetière de Montmartre puis plus rien avant qu’il ne me contacte pour me parler de son premier livre. Je n’ai toujours pas compris ce qu’il est allé faire à Strasbourg…
Bruno Gigliotti dit « Orlando » frère de Dalida
Préface
« Un titi parisien en Alsace », par le hasard de la vie, croise une mère de famille nombreuse, militante du droit des femmes. Une rencontre improbable lors d’une campagne électorale à Strasbourg en 2000, entre les numéros 5 et 2 d’une liste municipale. Le début d’une amitié sans faille entre une femme et un homme.
Peu à peu, j’ai découvert un personnage haut en couleur, fort en gueule, qui manie aisément le verbe, mais aussi un homme de paradoxes tour à tour d’une force inouïe ou d’une fragilité extrême. Un écorché vif.
Élevé dans un monde de femmes, il est particulièrement marqué par sa grand-mère qui lui permet de s’épanouir dès l’enfance.
Philippe a été façonné par Montmartre. J’ai beaucoup aimé découvrir avec lui les lieux de son enfance, aller déposer une rose blanche sur la tombe de Dalida, dont il était le voisin, déjeuner à « La Mascotte », assister à son désarroi lorsqu’il découvre que la maison qu’il habitait avec sa grand-mère a perdu un étage, celui où se trouvait sa chambre.
Je me réjouis de lire La Claque et le Bonbon !, « Mémé » que je ne fais qu’imaginer par ce que j’ai entendu d’elle, mais que je crois connaître.
Cathy Loos{1}
Préface
Philou ! Loulou ! Brilou ! Loubry tête carrée, tête ronde, personnage atypique sortant de l’ordinaire, que l’on aime ou que l’on déteste, personnage vrai, écriture touchante, tranchante parfois, mais empreinte d’une réalité troublante et qui secoue. Grande gueule que l’on écoute avec un petit sourire qui peut être pris comme de la moquerie, pour celui qui n’aura pas la possibilité de s’élever et de prendre le recul nécessaire à la compréhension du message passé.
Philippe a cette humilité, il sait se reconnaître, car il a commencé à reconnaître qu’il existe une autre réalité que la sienne. Pas d’ego ! Il sait où est sa place, au-delà du centre.
Nous sommes liés par un parcours parfois identique, mais tellement différent. Je suis loin de faire de l’Audiart comme on peut le lire ou l’entendre chez notre Philippe qui met tellement de cœur à nous raconter cette belle période auprès de « Mémé » qui devait être une sainte par le bon sens et l’analyse de vie qu’elle a su transmettre.
« Mémé », comme Philippe, est juste et vraie, dans ses paroles comme dans ses actes – il n’offense jamais personne sciemment, au contraire, et s’oppose à la méchanceté, la bêtise et l’injustice. « Mémé », comme Philippe, a toujours fait preuve d’ouverture de générosité et de largesse, secourant le pauvre, la veuve et l’orphelin, bannissant l’orgueil et l’égoïsme pour le bien de ses amis.
La Claque et le Bonbon !, serait-ce une leçon de vie ? Un cadeau ?
Alain Brau{2}, initié à la GLNF en 1992
Chapitre 1
J’ai finalement bien peu de souvenirs de la première partie de mon enfance jusqu’à l’âge de dix ans, quelques flashs tout au plus réapparaissent de temps à autre entre deux zones d’ombre. Je n’ai pas l’impression d’avoir été heureux durant cette première partie de vie sans pour autant que je puisse en donner les raisons précises, c’était un tout. J’étais un petit garçon triste qui avait l’impression d’être enchaîné quelque part à quelque chose et qui était terrorisé à l’idée que la vie ne puisse être autrement qu’une accumulation de contraintes, de servitudes, d’obligations et de convenances, un môme fantasque qui s’ennuyait un peu trop. Elena était une daronne ritale ressemblant à une vedette oubliée de la Cinecitta, qui restait confinée dans le trois-pièces familial loué rue Michel-Bizot dans le XIIe arrondissement de Paris, dont elle ne s’évadait qu’en lisant ou en chantant quelques chansons de Dalida. Mon géniteur était un ouvrier communiste syndicaliste qui n’avait pas inventé le fil à couper le foie gras, qui ne rentrait que pour couper le sauciflard avec son propre couteau et se goinfrer en beuglant ; heureusement, il ne buvait pas. Je partageais une carrée de taille insignifiante avec mes deux frangins, mes parents ayant apparemment eu comme motivation principale de fabriquer trois branleurs en moins de quatre ans.
À sept piges, âge de raison oblige, j’ai décidé que mon père ne m’aimait pas et que je ne l’aimais pas non plus, qu’il ne devait pas être mon vrai père et, pour ces raisons, il devait mourir le plus rapidement possible. Je crois qu’il a dû le sentir, car les rapports que nous avons entretenus à partir de cette époque devinrent détestables. À l’école, lorsque l’on me demandait ce que faisait mon vieux, j’aimais dire qu’il était mort en Algérie après avoir été torturé, ce qui me permettait d’obtenir la compassion de mes instituteurs et une sorte de satisfaction personnelle malsaine et jouissive à la fois, qui duraient jusqu’à la découverte du pot aux roses et la branlée qui allait suivre. Mes frères ne m’intéressaient pas davantage, nous n’étions pas trois garçons, mais « deux et un » et c’était là une différence de taille, j’ai toujours eu l’impression d’être un étranger dans ma propre famille. Je n’aimais pas l’école non plus, bien que je fusse un excellent élève très en avance sur son âge, je préférais de loin m’évader et marcher des heures dans le bois de Vincennes tout proche dont j’ai fini par connaître tous les recoins, de la pelouse de Reuilly à la Cartoucherie.
J’aimais m’arrêter au moindre bruit de branches piétinées, m’embusquant pour y voir des choses qui ressemblaient à ce que faisaient les animaux parqués au zoo de Vincennes tout proche de là et qui ont développé en moi dès cet âge un côté voyeur de collection, coquin pour les uns, malsain pour les autres. On peut dire avec ironie que j’ai passé une grande partie de ma petite enfance au bois entre sept et dix ans…
Mes parents passaient leur temps à me chercher partout et, l’hiver, j’allais traîner chez le cordonnier de la rue de Wattignies ou l’ébéniste de la rue de Picpus, je posais mes fesses dans un coin et je les regardais travailler de leurs mains usées par des années de labeur. J’aurais tellement aimé que mon père m’apprenne au moins une fois quelque chose, il ne répondait même jamais aux questions que je lui posais. « Tu m’emmerdes à toujours vouloir tout savoir, demande à ta mère ! »
Nous dormions, mes frères et moi, dans des lits superposés, j’occupais celui du haut et lorsque nous nous étions engueulés ou tapés dessus, je pissais au lit durant la nuit après avoir soulevé mon matelas de façon à les arroser copieusement, j’aimais passer pour un môme qui avait un truc qui ne collait pas, ce qui d’ailleurs était sans doute une réalité et il n’était déjà pas question que quelqu’un d’autre que moi mette ma vie en scène à ma place. Face à mon comportement qui le désarçonnait, mon père piquait des crises en prétendant que j’étais marbré, ma mère tentait de le calmer en affirmant que j’étais sans doute et compte tenu de ma moitié italienne un enfant original fantasque, un futur artiste bohème, alors que je n’étais rien d’autre qu’un têtard incompris. J’étouffais dans notre logement qui devait atteindre péniblement les soixante-cinq mètres carrés et je détestais cette table de cuisine multifonctions recouverte d’une toile cirée et qui était le centre névralgique de notre vie de famille. De table d’un restaurant imaginaire, elle se transformait en un coup d’éponge en un bureau d’écolier, en table de couture, ou de réunion syndicale, parfois en pharmacie et j’avoue avoir rêvé très tôt qu’elle puisse servir à autre chose de moins avouable tant j’étais un môme imaginatif aux multiples fantasmes concernant les choses du sexe.
Dès mon plus jeune âge, j’ai eu du mal à dormir la nuit et j’entendais souvent des bruits suspects qui ressemblaient à s’y méprendre à ceux que j’entendais au bois, provenant de la chambre de mes parents. Un matin, je me souviens avoir fixé mon père en imitant le râle indiscret et vulgaire que j’avais entendu la nuit précédente, ce fut la première fois de ma vie que j’ai pris un bol de Banania très chaud en pleine poire et compris qu’il y avait des choses qui, au nom d’une morale à la con et certainement chrétienne, ne devaient pas être débattues à table à 8 heures du matin.
Mes parents étaient des gens tristes, des taiseux qui ne recevaient personne, ne semblaient avoir aucun ami ; nous vivions emprisonnés dans une sorte de bulle et étions de corvée lorsqu’il fallait se taper, le dimanche, la famille de Maman et visiter le grand-père interné à l’hôpital Sainte-Anne régulièrement depuis qu’il était rentré d’Italie où il avait été interné