Pierre Bayard COMMENT PARLER DES FAITS QUI NE SE SONT PAS PRODUITS ?
Le phénomène des fake news est-il si grave ? Sans doute, quand il s’agit de journalisme. Mais dans d’autres domaines, les fausses nouvelles et mensonges peuvent n’être que des péchés véniels ; il arrive même qu’ils permettent de cerner la réalité de manière plus vivante et communicative que les faits authentiques, voire qu’ils fassent progresser la science ! Telle est la thèse défendue par Pierre Bayard dans Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?, faisant suite à Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? et Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? À partir de cas célèbres, comme les voyages imaginaires de Chateaubriand ou la biographie arrangée de Saint-John Perse, il prend à contre-pied le discours contemporain sur « l’entrée dans l’ère de la post-vérité », phénomène qui, pour lui, n’est pas nouveau et, surtout, nullement nocif. Plausible en matière littéraire, où la vérité factuelle n’est qu’un enjeu secondaire, sa thèse est plus inattendue dans d’autres domaines comme les sciences humaines, où elle se vérifie cependant. Ainsi l’affaire Kitty Genovese, à l’origine de l’importante théorie de l’« effet témoin » en psychologie sociale, reposait-elle sur des faits largement démentis par la suite. CQFD : la vérité la plus féconde n’est pas toujours la plus congruente au réel. Léger sans être superficiel, cet essai anticonformiste – au risque de la mauvaise foi, qui fait partie du jeu – ravira les amateurs de paradoxes et de points de vue décalés, tout en justifiant par avance nos petits arrangements quotidiens avec le vrai.
LE LIVRE
COMMENT PARLER DES FAITS QUI NE SE SONT PAS PRODUITS ?, PIERRE BAYARD, 176 P., 16,50 €. COPYRIGHT MINUIT.EN LIBRAIRIES LE 5 NOVEMBRE.
CHAPITRE PREMIER
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