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La vendetta de l'ombre
La vendetta de l'ombre
La vendetta de l'ombre
Livre électronique368 pages5 heures

La vendetta de l'ombre

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À propos de ce livre électronique

Malgré un isolement forcé dans le Cap Corse, les vacances de ces adolescentes auraient pu, auraient dû se dérouler sans aucun problème. Mais l’alcool et la drogue emporteront les deux demoiselles aux personnalités contrastées dans des excès incontrôlés. La venue imprévue d’un jeune garçon débouche même sur une totale débauche. Des jeux sexuels aboutissent contre toute attente sur d’inattendues maternités. Mais comment expliquer à leur famille respective des grossesses simultanées ?
Des années plus tard, l’étalon prodigue débarque à nouveau dans l’existence des deux amies établies dans la vie. Justificatifs à l’appui, l’homme mettra ses terribles menaces à exécution. Contre leur silence, il exigera tout d’elles jusqu’à une intolérable soumission. Après avoir enduré les pires sévices, Vanina imposera son diabolique stratagème à Solène. Les habituelles investigations d’un policier viendront fragiliser l’unité du duo. Plus grave encore, l’insoutenable chantage recommence, s’amplifie, persiste sans fin…
D’où sortent ces nouvelles photos à caractères sexuels et si compromettantes ? Qui les détient ? Qui se cache sans cesse dans l’ombre des deux amies ?
LangueFrançais
Date de sortie24 oct. 2022
ISBN9782312128511
La vendetta de l'ombre

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    Aperçu du livre

    La vendetta de l'ombre - Paul Dourret

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    La vendetta de l’ombre

    Paul Dourret

    La vendetta de l’ombre

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Du même auteur

    Aux confins de ses absences

    J’aurai sa tête

    La fugue maudite (1)

    Carla, just fly away (2)

    Carla fly away (3)

    Les femmes du Jas Malpasset

    La vie m’a trahie

    Amazonia, les amazones de la sixième extinction

    Une demoiselle diaphane

    Les chemins de traverse des amours buissonnières

    © Les Éditions du Net, 2022

    ISBN : 978-2-312-12851-1

    Elle rentra épuisée par sa dernière nuit, sa montre affichait cinq heures du matin. Le jour pointait à peine le bout de son nez derrière Elbe. Elle avait jugé plus utile de s’éclipser discrètement sans le réveiller. Elle rejoignit sa villa du Cap. Elle préférait profiter du ridicule laps de temps offert pour se reposer un peu, quelques minutes d’un sommeil réparateur se révéleraient les bienvenues.

    L’alarme de son portable sonna vers 7 h 30. Elle eut un mal fou à émerger puis à s’extraire enfin de son lit douillet. Exténuée par ses excès nocturnes répétés, elle traîna longtemps sous la douche. Elle s’éternisa devant un café trop serré tout en songeant au déroulement de sa dernière soirée. Le garçon d’apparence si réservée l’avait surprise ; il s’était révélé doux, attentionné et surtout bon amant. Mais il lui paraissait beaucoup trop jeune pour maintenir une relation durable avec lui. Elle s’était une nouvelle fois laissée emportée par l’habituel tourbillon qui aiguisait ses sens. Lui, avec sa généreuse insistance l’avait entraînée dans son sillage de rire et d’exubérance, persuadé qu’il avait ferré là, la femme fatale dissimulant une impétueuse sensualité. Elle ne donnerait pas suite et le gommerait de ses tablettes ! Il appartiendrait aux souvenirs périssables dans la liste de ses trop nombreuses aventures. Dans Bastia, une agglomération de moindre importance, leurs chemins seraient malgré tout appelés à se recroiser, tant pis ! Tant mieux ! Et qui sait ?

    Avant de partir, elle soutint avec difficultés son effroyable image dans la glace du hall d’entrée. Elle grimaça face au miroir et poussa un grognement de déception, voire de dégoût. Malgré une ultime, mais inutile touche de maquillage, d’horribles cernes sombres entouraient ses yeux rougis. Les ravages de l’alcool et ses nuits sans sommeil s’étalaient de manière cruelle sur son visage. Elle passa une dernière fois ses doigts dans ses longs cheveux pour les lisser. Déçue, elle secoua la tête pour tout remettre en place.

    « Pas le temps de faire mieux pour l’instant ! » murmura-t-elle. Dépitée, elle enfila ses chaussures à talons ; elle saisit ses deux trousseaux de clefs sur une console voisine. Elle claqua la porte de la maison et la verrouilla derrière elle. Elle courut instable sur l’allée de graviers pour sauter dans son 4x4. Elle tourna la clef sur le contacteur et mit en route le moteur. L’horloge du tableau de bord indiquait 8 h 55. Comme d’habitude, elle serait en retard. Elle pressa le bouton de la télécommande, le portail électrique coulissa bien trop mollement à son goût. Elle stoppa quelques mètres plus loin face à la boîte aux lettres. Elle entrouvrit la vitre de sa portière et sans descendre de l’engin elle releva son courrier. Elle jeta un œil rapide sur le flot de paperasse. Parmi les habituels « Corse-Matin » et pubs, traînaient encore des relances de fournisseurs, un envoi de l’EDF, sans doute le rappel de la dernière facture impayée, un oubli plus ou moins volontaire. Elle haussa les épaules, rien de bien important en fait. Elle balança le tout sur le siège passager. Elle bâilla bruyamment avant de s’étirer une nouvelle fois. Elle se massa les seins trop comprimés ou meurtris encore par la fureur de son amant. Elle boucla la ceinture de sécurité et enclencha la première. Au bout du chemin de terre cahoteux, après avoir jeté un coup d’œil à gauche et à droite, elle bifurqua sur la nationale en direction de Bastia. À cette heure, la circulation se révélait plus fluide. Ils avaient tous et depuis fort longtemps levé l’ancre pour rejoindre la ville et leur boulot. Les vendeuses coincées devant la porte de sa boutique devaient râler et s’impatienter. L’inventaire prévu ce lundi, jour de la fermeture hebdomadaire s’annonçait déjà mal engagé.

    Elle stoppa la musique et chercha la station RCFM sur l’écran digital de son véhicule. Elle avait raté les infos internationales. Soudain, apostrophée par les propos du commentateur, elle augmenta le volume du son pour écouter d’une oreille attentive :

    « Avec le cadavre du Golo, on se dirige vers une délicate enquête : accident, suicide ou meurtre, tout reste aujourd’hui envisageable. La macabre découverte dans le lit du fleuve à des kilomètres de toute habitation, interpelle les services de police de notre île. En effet, aucune disparition n’a été signalée à ce jour dans la région. Les investigations ont débuté dès hier sur les lieux du drame ; elles apporteront certainement quelques premiers éléments de réponse. Nous savons qu’il s’agit d’un homme de type européen d’une trentaine d’années, 1,80 m environ, blond, yeux clairs, allure athlétique. L’inconnu était vêtu d’un polo gris uni et d’un jean. Les enquêteurs n’ont trouvé aucune pièce d’identité sur l’individu, et plus étrange encore, aucun véhicule stationné ou abandonné dans un proche périmètre. L’homme porterait sur le ventre un tatouage représentant un visage de femme. Un détail primordial, il devrait permettre une rapide identification. »

    D’un geste brusque, elle coupa la radio. Elle mit le clignotant pour ranger son véhicule sur le bas-côté de la chaussée. Elle déplia le journal du lundi. Là, sous le titre à la une, elle parcourut l’entrefilet. Sans attendre, elle poursuivit sa lecture dans la rubrique des faits divers.

    Pas le moindre doute, il l’avait retrouvé. Il s’agissait bien de lui.

    Douze ans plus tôt.

    L’année scolaire s’était mal terminée pour les deux copines avec un baccalauréat raté et agrémenté d’une sanction non négociable pour Vanina. On lui imposait des vacances dans la maison de campagne familiale du Cap Corse, loin de la ville, de sa liberté, de ses tentations, loin de tout, avec les sorties interdites et le portable supprimé. Face à une mère intransigeante, elle supporterait à défaut son compagnon et elle punirait à sa manière la despote maternelle. Dès qu’il reviendrait de ses tournées commerciales, elle se retrouverait seule avec lui au sein de l’immense propriété. Dans l’impossibilité de s’échapper, sans la volonté évidente de le repousser, elle savait comment cela finirait.

    Anthony avait débarqué un après-midi de printemps, un repas partagé à trois, suivi de longues heures, où elle entendait depuis la chambre voisine gémir sa maman. Puis debout dans le couloir, elle avait écouté sa maman encourager son nouvel amant et vibrer de façon aussi surprenante que naturelle. Habituée au silence religieux de la demeure, elle n’aurait jamais imaginé sa génitrice sous un tel angle. Elle ne pensait pas qu’à son âge, la présence d’un homme dans son lit puisse provoquer des réactions si violentes et surtout si retentissantes. Une dame au caractère réservé, même si le manque ou le désir de convaincre débouchait sans doute sur des comportements excessifs.

    Mais pour elle, depuis quelques mois ses premiers émois réveillaient son corps d’adolescente écervelée et tous les sens d’une féminité déjà trop exacerbée. Elle se souvenait de ses mains baladeuses. Bien sûr, elle se savait fautive. Elle s’exhibait sans cesse dans des tenues de plus en plus sexy et provocantes, histoire de le défier de le pousser dans ses derniers retranchements, afin de voir jusqu’où sa convoitise affichée l’emmènerait. Les regards de l’homme, ses sourires, ses clins d’œil, ses gestes ne trompaient pas. Elle portait aussi une grande part de responsabilité dans une situation inédite, mais exaltante. Elle avait plus ou moins inconsciemment autorisé l’inacceptable. Une manière originale de narguer sa mère, de se venger d’elle et de sa rigueur. Elle la jugeait trop stricte, trop sévère, jamais disponible, et toujours critique envers sa personne. Depuis des semaines, elle délaissait, négligeait sa fille unique au profit d’un compagnon beaucoup plus jeune. Elle lui vouait soudain une exaltation sans borne. Après des années d’abstinence supposée, il avait au-delà de toute espérance, réactivé la femme qui sommeillait en elle.

    Vanina se rappelait leur premier petit-déjeuner, un étrange matin. Elle dévisageait avec malice et admiration le coupable d’un charivari nocturne sans précédent. La partenaire encore engourdie par une interminable nuit d’amour, le nez dans ses tartines, ne remarqua pas les coups d’œil et les rictus moqueurs d’Anthony. Amusée par son attitude, Vanina souriait, pouffait derrière son bol de café, allant même jusqu’à accepter la main de l’homme sur sa cuisse…

    Elle n’oublierait jamais cet après-midi, une première fois où seule, coincée contre le divan, il l’avait entourée de ses bras puissants. Elle revoyait bien l’instant ; l’homme lui avait tenu un discours explicite et excitant :

    « Quinze ans et presque une femme. Ton corps arrive à maturité. Il est temps de le laisser s’exprimer. Si tu veux, je t’enseignerai tout ce que tu dois connaître des rapports amoureux ; tu découvriras les caresses, toutes celles qui vous transportent ; et comme ta mère, tu hurleras de plaisir, je te le promets ! Tu l’as souvent entendue ! Profite de mon savoir-faire. Rien de tel pour une première qu’un amant expérimenté. Fais-moi confiance. Nous nous protégerons, aucun risque. Tout se passera bien ! »

    Et il avait continué son baratin… Puis d’un coup, il l’avait embrassée, un baiser long, langoureux et agréable, si surprenant qu’elle s’abandonna quelques secondes dans ses bras. Les yeux fermés, écrasée contre lui, elle songea à sa maman et à ses cris de jouissance, ils déchiraient toutes les nuits du domaine. Curieuse et séduite par ses propos, elle toléra tout d’abord ses mains sur sa taille découverte, puis le long de sa colonne vertébrale. Elle apprécia ses effleurements prolongés jusque sur ses seins tendus comme jamais, la présence de ses doigts indiscrets, ils se déplaçaient sous le tissu de ses vêtements, ils supplicièrent son ventre pour atteindre leur objectif. Émoustillée, elle se laissa manipuler. Il suscitait en elle d’étranges sentiments, des sensations parfois occultées, elles conspiraient dans un mal nouveau au creux de son abdomen. Il insista, puis mutine, elle s’échappa, il la poursuivit jusque dans les recoins de l’appartement. Sans réelle conviction, elle tenta de le dissuader, mais elle l’attendait un sourire narquois au coin des lèvres afin qu’il pose encore ses mains sur elle. Il se montra alors de plus en plus entreprenant face à un corps en partie dévoilé. Elle hésita à fuir, à rompre une sorte de charme indécent, il l’emprisonnait et stimulait tous ses sens.

    Au fond d’elle-même, elle éprouvait malgré tout une peur panique bien compréhensible face à l’inconnu, avec l’appréhension d’un domaine encore inexploré, mais si prometteur de plaisir. Quelques lambeaux de défense, de conseils maternels persistaient quelque part dans son esprit. Un ultime instinct de sauvegarde la préserva d’un passage à l’acte, si proche, si tentant. Elle redoutait la démarche finale, mais au fond d’elle-même, elle la sollicitait de tout son être. Et lui sentait la conclusion si tangible. Dans un dernier réflexe, elle saisit le poignet délictueux pour entraver ses phalanges. Elle le repoussa, le supplia de la laisser tranquille. Perturbée, les sens exacerbés, d’un savant coup de reins, elle réussit à s’extraire de ses agréables tentacules. Elle déguerpit pour se réfugier dans sa chambre. Encore tout excitée par l’insistance dont il avait fait preuve, elle regrettait déjà sa fuite, son propre manque d’audace. Elle se réconforta en martelant dans sa tête qu’il était plus sage de mettre un terme à une situation incongrue en plein jour et au milieu du salon familial face à un adulte qu’elle considérait presque comme son propre beau-père. Avec un « oui, peut-être » formulé du bout des lèvres, dans une ultime échappatoire, elle avait quand même consenti à la possibilité d’un hasardeux rendez-vous nocturne. Il se révélerait plus discret et il lui accordait le temps nécessaire pour réfléchir sur un éventuel passage à l’acte avec lui. Tant de copines avaient déjà franchi le pas, avec pour certaines des expériences mitigées, pour d’autres un accomplissement inéluctable et un plaisir incomparable.

    Sa maman médecin quitta le domaine après le repas du soir. Elle effectuait sa semaine de garde à l’hôpital. Lui, était sorti en même temps pour une nouvelle virée en ville. Vanina avait débarrassé la table, tout rangé avant de regagner sa chambre. Elle avait hésité à tourner la clef sur la porte. Il fallait qu’elle sache jusqu’où le désir était susceptible de les emmener. Une lumière tamisée, un signal de vie d’une faible clarté baignait la pièce. Elle songeait à lui, à tout ce qu’il avait si bien su provoquer en elle, à ses promesses. Indécise, elle patienta sur son lit dans l’expectative de sa venue. Elle tergiversait encore, devait-elle se relever pour clore l’accès et interdire l’irrémédiable ? Elle l’espérait et redoutait tout à la fois. Elle somnolait déjà lorsque la porte s’ouvrit. La lumière du couloir envahit la chambre. Il se tenait là, debout dans l’encadrement, vêtu d’un seul caleçon. Les bras croisés sur sa poitrine, il la scrutait. Il attendait encore une possible réaction négative. Appuyée sur un coude, le cœur battant, troublée par sa venue, elle savait. La lumière, le verrou non enclenché, des signes tangibles et volontaires, ils proféraient de manière éclatante son assentiment. Seule face à lui, elle ne pouvait plus reculer.

    Sûr de lui, il avança vers elle. Il s’assit sur le lit. Elle sentit ses doigts effleurer l’un de ses seins. Ses lèvres se promenaient sur son visage. Il la repoussa, la força à s’allonger. Bien vite, la nuisette glissa sur sa peau. Déjà, ses mains expertes domptaient ici ou là un corps en totale abdication, sa bouche avide enclencha un processus irréversible. Puis il s’agenouilla enfin face à elle. Elle le surprit à enfiler un préservatif. Son geste la rassura. Elle ne risquait rien. Elle savait, elle ne regrettait pas. Maintenant, elle le désirait. Il lui imposa un dernier et long baiser et elle s’abandonna sans la moindre pensée pour sa maman.

    Depuis, l’homme utilisait parfois les services de l’adolescente au retour de ses sorties nocturnes et dès lors que la compagne officielle s’absentait. Pour punir l’amant inconstant, Vanina restait parfois deux ou trois jours avec l’accès de leurs ébats verrouillé à double tour. Vexée qu’il la néglige, jalouse qu’il plébiscite trop souvent sa mère ou qu’il ne l’oublie volontairement. Elle enrageait contre lui quand elle entendait au plus profond de sa solitude, leurs insupportables gémissements. Elle patientait, se morfondait, déçue. Lorsqu’une éventualité se présentait à elle, n’y tenant plus, elle le cherchait, le défiait ! Elle le narguait, le fuyait, lui interdisait sa chambre, puis revenait vers lui, le suppliait parfois. Malin, il jonglait avec une éclatante panoplie de préliminaires. Elle finissait par lui offrir son corps. Ils se rejoignaient alors dans d’intenses moments de jouissance partagée. En maître amant, il était parvenu à lui transmettre un goût démesuré pour la chose.

    Elle ne l’aimait pas, pas de réels sentiments pour lui. Il l’avait entraînée vers un univers de débauche totale. Il l’avait poussée à fumer un joint avant l’acte. Elle estimait l’homme trop imbu de sa personne, mais elle adulait le partenaire confirmé, il annihilait en elle toutes capacités de résistance. Elle accédait de manière systématique une magistrale et inéluctable conclusion. Elle lui devait son éducation si particulière, l’éveil de ses sens et sa totale addiction au sexe. Elle appréciait ses qualités. Elle le jugeait souverain dans l’art de caresser, d’exciter une femme. Il s’efforçait de la transporter vers un incomparable état second. Il l’avait maintes fois conduite vers quoi tendait tout son corps. Il concrétisait les promesses annoncées au-delà du possible escompté. Un drôle de bonhomme, elle condamnait son double jeu ; elle le détestait durant ses trop longues absences. Elle l’exécrait lorsque sa maman l’accaparait toute une nuit, mais elle ne parvenait plus à s’en passer ou à s’en débarrasser, dès qu’il posait une main sur elle, esclave de lui.

    Lorsque repu, il l’abandonnait, elle maudissait son pitoyable statut :

    « Maîtresse de l’amant de sa mère ».

    La situation l’indisposait. Il l’engageait pourtant à tester d’autres partenaires, à profiter de ses acquis, et à tout connaître d’un destin d’adulte ; et grâce à lui, il s’ouvrait déjà à elle sur un avenir radieux. Elle essaya. Mais elle rentrait trop souvent au port avec la faim au ventre, rarement sevrée par de courtes séances avec des ados timides, pressés et moins expérimentés que lui. Elle se retranchait alors sur une convenance, une vérité abjecte : l’homme de la maison comblait à merveille les exigences des deux femmes de la maison.

    Elle avait sans doute hérité des gènes particuliers de ses parents, d’un papa trop volage. Après deux années, l’épouse bafouée et sans cesse dévalorisée mit dehors le mari adultère. Et ce, malgré l’arrivée désirée dans le couple de leur enfant : Vanina. Ils avaient rapidement divorcé. Lui vagabonda de femme en femme, d’aventure en aventure et finit par ne plus donner signe de vie. Il ne versa jamais la pension alimentaire, ignorant depuis jusqu’à l’existence de sa progéniture.

    ***

    Durant des jours et des jours, Vanina harcelait sa mère et la suppliait d’accepter la venue de quelques copines pour ses vacances d’été au domaine afin de meubler sa triste solitude. Têtue, elle revenait sans cesse à la charge, elle négociait âprement à chacun de leur tête-à-tête prenant à témoin un Anthony compatissant et intéressé. Elle finit par obtenir auprès d’une maman excédée par tant d’obstination, la présence de trois filles. Solène viendrait en priorité, la complice, l’amie de toujours, les inséparables ; les deux compères présentaient des caractères et des personnalités à l’opposé, mais leur dissimilitude débouchait sur une parfaite entente.

    Cécile l’intellectuelle du groupe de lycéennes, la médiatrice participerait au voyage. Elle traînait bien souvent avec elles, l’adolescente sérieuse et bachelière, obligeante dans l’assistance scolaire apportait à des camarades moins motivées ou moins assidues aux études, son aide généreuse. Elle rallierait la propriété avec Aude, une cousine continentale aux vacances programmées depuis des mois et désireuse de découvrir un autre visage de la Corse. Ces deux invitées demeureraient au domaine une dizaine de jours tout au plus.

    Personne n’avait prévu l’autre arrivée. Lui ! L’intrus, l’empêcheur de tourner en rond s’incrusterait dans un prélude malsain.

    ***

    – Pouah ! C’est immense !

    – Vanina ! Cumu va ? (Comment ça va ?)

    – Va bè ! (Ça va !) Salut les filles ! Allez, venez ! Posez vos sacs dans la remorque et montez ! J’adore piloter cet engin, un véhicule électrique pour nous déplacer sur le terrain. Je vous conduis dans notre lieu de résidence. Nous ne logerons pas dans la villa. Des amis à ma mère vont se succéder ici au fil des jours en villégiature estivale. Nous occuperons loin d’eux, le pagliaghju (pailler). Pour toi, Aude qui affiche des origines pinzutu, on nomme pagliaghju une bâtisse construite en pierres sèches. Les premiers ont été peut-être érigés par les Génois après leur colonisation de la Corse. Un abri pour les hommes, un endroit où l’on stockait des produits agricoles, mais à l’origine surtout de la paille, les bergers s’y reposaient à l’ombre. Regarde ! Le voilà ! En fait, il est composé de deux parties accolées en deux niveaux, une structure certainement unique dans notre région. Ils se trouvaient sur nos terres. Mon grand-père puis ma maman les ont restaurés puis aménagés. Ils ont été construits à deux époques différentes. Plus loin, tu apprécieras dans le lointain horizon une magnifique tour génoise dans son écrin de maquis, comme se plaisent à dire les guides touristiques. Tu verras, des monuments typiques à la Corse. J’espère que ta cousine t’a initiée un peu à la vie insulaire, à notre langue et aux expressions locales, elles risquent de te surprendre parfois.

    – Ouais ! Elle les utilise souvent ! C’est la seconde fois que je viens seule sur l’île ! Je découvre encore !

    – Aspetta ! (Attends) On t’apprendra ! Bon ! Rassurez-vous, nous vivrons ici avec toutes les commodités. Allez ! Entrez !

    Elles débouchèrent dans un séjour agrémenté d’un immense divan avec méridienne. Dans le fond trônait une minuscule kitchenette avec comptoir et tabourets de bar. Plus loin derrière une porte en bois massif se cachaient les toilettes et la salle d’eau, une douche à l’italienne. Au-dessus, agencée sur une sorte de pilotis en poutres, une mezzanine au plafond bas comportait un immense couchage. Cinq marches permettaient d’accéder à la seconde dépendance dissimulée par un simple rideau opaque. Dans une ambiance sobre et une lumière tamisée, un grand lit occupait l’espace du bas. Derrière le bâtiment en plein sud étaient implantées une immense terrasse avec douche et une cuisine d’été entièrement équipée.

    – Nous nous ravitaillerons à la villa, nous ne manquerons de rien. À nous d’anticiper les repas, de faire la tambouille, de tenir propre et ranger l’ensemble ; les seules contraintes que je vous impose, enfin celles que ma mère exige de moi ! Je vous annonce des vacances idéales et presque parfaites !

    – Superbe !

    – Mais ! Car oui, les filles ! Il y a un « sacré mais » ! Une petite objection ! en fait, un gros bémol. Mon « baulu » de beau-père, non ! le compagnon de ma maman, a invité un pinzutu (Continental, touriste à l’accent pointu), un certain Yohann, son neveu ! Un imprévu !

    Solène la scruta du regard lorsqu’elle entendit le mot baulu (idiot). Elle n’ignorait rien de la relation intermittente entretenue avec le compagnon de sa mère. Elle durait depuis des mois, et son amie y trouvait probablement son compte. Elle connaissait tout du bonhomme, tout de son comportement fonceur, voire agressif face au sexe opposé ; tout, de ses éternelles mains baladeuses et du harcèlement utilisé auprès de chaque femme. Plus d’une fois et face à ses tentatives plus qu’audacieuses, elle l’avait remis en place.

    – Le mec doit avoir douze ou treize ans. Les affaires professionnelles du copain de maman le maintiennent parfois loin d’ici ; il ne souhaite pas laisser un merdeux au milieu des convives, ou le retrouver dans ses pattes en rentrant du boulot. Nous héritons donc d’un cadeau empoisonné pour trois ou quatre semaines. Normalement, il s’absentera quelques jours pour rejoindre un pote en vacances sur l’île avec sa famille. Les parents de Yohann sont en instance de divorce. Il est pas bien dans sa peau et vit très mal la chose. Le pòveru ! (Le pauvre) Bref ! On va se le coltiner. Sol et moi, nous dormirons en haut dans la mezzanine, vous deux en dessous dans la pièce du fond et lui ici ! Il se contentera du canapé ! Je suis désolée, je n’avais jamais envisagé pareille contrainte. On m’a imposé sa présence. Il débarquera dans la soirée.

    – Comment il est ? Bête et goffu (moche) ?

    – Non Solène ! Mi chi macu lui (tu vois, lui, il est bien), mais encore gamin, plutôt mignon pour son âge, un air enfantin, un sportif assez longiligne, maigre, blond aux yeux bleus, d’apparence timide, mais très forte tête, paraît-il. Je le connais à peine pour l’avoir croisé une seule fois. On doit se montrer sympa, cool avec lui ! Mais j’ai posé mes conditions ! Il nous obéira ; un mec à notre service pour les corvées et tout ce qui me déplaira. À la moindre dispute, il dégage et rentre chez lui.

    – Oh ! Vanina ! N’exagère pas quand même ! Tu es dure ! Qu’il fasse sa vie et basta !

    – Aió ! Tu t’en occuperas toi, Sol !

    ***

    Dès le second soir, tout débuta par le refus de Vanina de verser au garçon un verre de vin rosé-pamplemousse d’une bouteille entamée subtilisée dans le frigo de la villa. Puis, pour une histoire de vaisselle à terminer, une vive explication entre une maîtresse des lieux autoritaire et un peu éméchée et un Yohann à l’esprit rebelle, dégénéra en une violente altercation. Le second soir, les mêmes faits se reproduisirent. Une bouteille d’alcool de myrte circulait entre les filles, puis Vanina sortit un joint qu’elle s’empressa d’allumer. Cécile et Aude refusèrent de fumer. Curieuse, Solène tira une bouffée. Yohann pestait. Il tenta en vain de s’approprier la bouteille. Le ton monta vite crescendo. Vanina était de plus en plus irritée par la présence de celui qu’elle considérait comme un étranger indésirable ; lui était furieux de se voir rejeté et exclu de toutes activités communes et ce, dès son arrivée par le groupe des quatre. Après un nouvel échange virulent, des insultes et quelques gestes obscènes, les deux belligérants en vinrent aux mains, avant d’être séparés par le reste de la troupe. Cécile tenta bien de calmer le jeu. Mais Vanina ne décolérait pas, en meneuse vindicative, excitée par l’alcool, troublée par les vapeurs de haschich, elle argumenta pour rallier les filles à sa cause, défendre ses intérêts et isoler davantage le gamin. Face à l’attitude réservée de ses copines, elle se réfugia boudeuse, à l’étage. Contrariée par un cas de figure prévisible, Solène tenta à son tour une savante médiation pour dégonfler un conflit latent qui risquait de dégénérer à tout instant. Le séjour ne devait pas être terni par une querelle absurde dès les premiers jours ! Pour éviter que la situation ne détériore davantage, elle parlementa avec les deux antagonistes, allant de l’un à l’autre. Elle leur suggéra d’enterrer la hache de guerre. Trop fière, son amie refusa de s’excuser, mais elle obtint avec facilité l’agrément de l’adolescent contre une gorgée d’alcool. Au bout d’un moment, jugeant la tension suffisamment retombée, elle supplia le garçon de monter pour essayer « d’arranger les choses » et d’entériner un fragile protocole de paix.

    L’air triomphant, la petite troupe escalada les quelques marches. Le spectacle de Vanina en tenue légère le stupéfia. Il s’arrêta au sommet de l’escalier, amusé. Il dévisagea Vanina à genoux sur le lit. Assise sur ses pieds, elle brava encore son regard. Elle glissa ses doigts dans ses longs cheveux noirs pour les lisser. Elle les attacha avec une barrette qu’elle avait tenue coincée entre ses dents. Solène poussa l’ado en avant. Il remarqua tout de suite que la demoiselle ne portait visiblement pas de sous-vêtements. Il aperçut grâce à la transparence du tissu coincé entre ses cuisses la touffe sombre de son ennemie jurée. Il sourit. Soudain conciliant, il s’approcha d’elle et lui tendit une main courtoise.

    – On oublie ? Allez ! On fait la paix. Je m’excuse. On boit un coup, à toi l’honneur.

    Sans le quitter des yeux, elle continua à lier, à triturer sa chevelure. Elle hésitait encore. Il s’était abaissé à effectuer le premier pas, elle sauvait la face et demeurait maîtresse de la situation. Elle se décida et esquissa, les lèvres pincées, la mine renfrognée, un geste timide vers lui. Elle saisit le goulot et ingurgita une bonne dose de liquide. Elle lui tendit ensuite la bouteille. Mais dans un mouvement vif et inattendu, l’adolescent la repoussa pour la culbuter sur le couchage ; stupéfaite et surprise par son action, elle dévoila dans sa chute et aux yeux du garçon toute sa tendre intimité. Le reste du liquide se répandit sur sa poitrine, l’étoffe collé sur ses seins révélait de beaux mamelons bruns.

    – Ouais, Vanina ! La belle foufounette frisée !

    Furieuse et vexée par l’affront, elle se releva d’un coup. Elle se jeta sur lui, aidée par des copines devenues soudain solidaires face à une impardonnable traîtrise. Après maintes difficultés, elles l’immobilisèrent sur le sol. Vanina vengeresse chercha aussitôt un moyen de lui faire payer son humiliation publique. Elle entreprit de dégrafer et de tirer sur le bermuda du rebelle pour une « déshonorante mise à l’air » devant les trois autres filles.

    – Nous n’étions pas d’accord entre nous ; maintenant, on saura si tu en as ou pas.

    – Arrête ! Qu’est-ce que tu crois ! Lâchez-moi !

    – Oh ! Monta sega ! (Vantard) Ouais ! Mi ! À peine un peu de duvet, même pas pubère, le mec ! mais déjà bien équipé le merdeux ! Alors ? Comment réagis-tu devant une fille à poil ? Fais voir si tu bandes ?

    D’un geste rapide et osé, elle ôta son vêtement poisseux. Elle commença à le tripoter avant de le masturber d’une main experte.

    – Sol à toi ! Moi, je connais ça par cœur ! Après Cécile puis Aude, on saura s’il est en mesure de jouir ce petit con. Non ! Bien trop jeune, le puceau ! l’arme certes, mais pas encore de munitions !

    – Non ! T’es folle ! Moi, je ne touche pas ça ! s’exclama Aude ! C’est dégueulasse ce que vous faites ! T’es malade ! Je me casse.

    – Va bé ! Regarde ! Pourtant facile !

    – Tu me dégoûtes ! Je descends ! Arrêtez vos conneries !

    Elle lâcha le bras du gamin, soudain hilare, il appréciait visiblement le travail de l’expérimentée Vanina, sans se rebeller.

    – Tu aimes Yohann ? Macu ! (Trop bien) Hein ?

    – Ouais ! J’adore ! Continue ! Ça me plaît ! Tu vois, on va finir par bien s’entendre ! J’en rêvais !

    – Aspetta (Attends), mon coco ! Puisque rien ne sort, ça confirme ce que je pensais, j’ai mieux à te proposer.

    Elle se positionna sur lui avant de l’engager en elle et entamer un savant mouvement de va-et-vient !

    – Je redoutais d’être, par la force des

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