Game over
Jean, Julia et leurs deux filles habitaient un quartier résidentiel de Maisons-Laffitte. Ils avaient quitté Paris à la naissance de leur première fille et ne pouvaient que se féliciter d’avoir franchi le pas. Ils vivaient désormais dans une maison avec jardin, au sein d’un quartier aux rues tranquilles, parsemées d’ormes et de platanes, et au voisinage chaleureux. Une ombre planait cependant sur ce décor idéal.
Jean avait en effet une passion qui n’était pas du goût de sa femme: les jeux vidéo.
Il pouvait passer douze heures successives, voire quinze, à bâtir des civilisations, discuter de stratégies avec les membres de sa guilde de héros ou savourer le développement de son équipe sportive jusqu’aux marches du podium.
Sa passion, qui était devenue une véritable addiction – même s’il refusait de le reconnaître –, provoquait de nombreuses disputes dans son foyer. Les manquements à l’éducation de ses filles, les moments romantiques précieux devenus si rares, ou encore tout simplement son absence de participation aux tâches ménagères rendaient sa femme furieuse. Le cœur gonflé de frustrations, elle ne lui renvoyait généralement que l’image d’un adolescent attardé. Bien sûr, ces disputes avaient pour seul effet de le pousser davantage à s’échapper dans les mondes virtuels. Il regrettait cette situation. Et, enfin, il décida un matin qu’il était temps de recoller les morceaux. Il prépara alors un bon petit déjeuner selon les goûts de sa femme. C’était un petit pas, mais c’est souvent par là que commencent les réconciliations, se dit-il.
Après avoir ajouté une fleur sauvage dans un petit vase incurvé, il monta les marches qui menaient à la chambre conjugale.
Il gratta doucement à la porte. Aucune réponse. Il entra sans faire de bruit et s’assit près du corps endormi de sa femme. Il agita doucement son épaule en murmurant :
– Ma chérie, j’ai une surprise pour toi !
Le doux ronflement cessa. Elle se retourna lentement… puis vivement. En voyant le visage, la mâchoire de Jean tomba.
Il n’eut pas le temps de demander à cette femme ce
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